Title: Implications thiques des refus de traitements
1Implications éthiques des refus de traitements
- Sadek Beloucif,
- Service d'Anesthésie-Réanimation,
- CHU Avicenne, Bobigny
- sadek.beloucif_at_avc.aphp.fr
- DES AR, Paris 15 juin 2009
2(No Transcript)
3(No Transcript)
4(No Transcript)
5Avis du Comité consultatif national déthique
pour les sciences de la vie et de la santé(14
Avril 2005)
- Certains obstétriciens considèrent que la femme
qui, au moment du travail, refuse une césarienne,
nest plus en situation de donner un consentement
ou un refus éclairé. Ce refus qui met en cause
lenfant à naître, ne peut être considéré comme
lexpression dune totale liberté à respecter. La
société doit en loccurrence protéger le plus
faible cest à dire lenfant à naître - Ici encore, il ny a pas de bonne solution en
tout point
6(No Transcript)
7Transfusion de globules rouges linformation et
le consentement du patient
Indication vraisemblable de transfusion
. Prise en compte des avis
. Décision dans lintérêt du patient
non
(ex. coma)
oui
Tenter de convaincre
refus
non
consentement
oui
. Alternative ? Proportionnalité ?
. Justifier dans le dossier la décision (de
transfuser ou de ne pas transfuser)
8(No Transcript)
9Bowling A Ebrahim S, Quality in Health Care
2001, 10 i2-i8
10Bowling A Ebrahim S, Quality in Health Care
2001, 10 i2-i8
Les préférences des patients
- Expression en faveur d'une alternative après
délibération des risques et des bénéfices - ex cancérologie, cardiologie (ttt anti-coagulant)
- Un domaine actuellement en expansion
- attention de la société, information,
- craintes médico-légales, rôle des médias
- Une demande influencée par la situation, ex en
cas de - Demande de participation des patients à leur
traitement - Manque de données objectives sur l'efficacité
d'un ttt - Existence d'un choix réel entre traitements
invasifs ou non - Influence de la qualité et de l'espérance de vie
11(No Transcript)
12Fried TR, NEJM 2002 346 1061-6
13Meier DE Morrison RS, NEJM 2002 346 1087-9
14Meier DE Morrison RS, NEJM 2002 346 1087-9
15Meier DE Morrison RS, NEJM 2002 346 1087-9
16Meier DE Morrison RS, NEJM 2002 346 1087-9
17Meier DE Morrison RS, NEJM 2002 346 1087-9
18(No Transcript)
19Le dilemme éthique
- Il nengage pas exclusivement la personne mais
aussi - La médecine invitée à partager avec le malade et
sa famille la réflexion sur sa finalité naturelle
de soigner et de soulager. - la société entière, remise en cause dans sa
conception de bienfaisance à légard de lun de
ses membres. - La justice, invitée elle aussi, en dernier
recours à choisir entre des impératifs
contradictoires reposant chacun sur des arguments
légitimes - respect du consentement de la personne dun côté,
- assistance à une personne en péril de lautre,
éventuellement sans son consentement.
20Diverses significations dun refus de traitement
- Concernant le malade
- revendication de la part dune personne dont le
jugement serait affaibli ? - pressions dun entourage ou dune culture
excessivement contraignants ? - choix éclairé, conscient des conséquences, même
graves? - ou simplement manque de compréhension des enjeux
réels ? - Concernant lentourage
- pression excessive, culturelle ou spirituelle
dun entourage qui se substitue à la personne
malade ? - ou divergence quant à lappréciation de ce qui
est (serait) bienfaisant entre une équipe
soignante et lentourage dun malade ? - Concernant le médecin
- manifestation dun excès de paternalisme, de
pouvoir ? - ou information déficiente, plus ou moins
maladroitement livrée, dun malentendu, qui
aboutit à ce que ce refus thérapeutique soit vécu
comme une remise en cause de sa finalité propre
qui est de soigner au mieux ? - Concernant la société
- valeurs collectives de solidarité, laïques ou
religieuses? - ou au contraire respect abusif dune liberté mal
comprise?
21Refus de traitement par le malade
- Lurgence et lextrême urgence
- Refus de transfusion
- Refus de césarienne dans une situation durgence
- Situations thérapeutiques vécues comme invasives
- refus dhospitalisation
- refus de nourriture
- anorexie mentale
- grève de la faim et non assistance à personne en
danger - refus de trachéotomie
- refus de chimiothérapie
- situations de fin de vie
22Situations où le refus a des conséquences pour un
tiers
- Tiers identifié
- césarienne en dehors du contexte durgence et
enfant à naître - Tiers non identifié ou collectif
- refus de vaccination
- refus de traitement anti-tuberculeux
- refus de tri-thérapie pour linfection VIH
- anticipation dune transfusion sanguine à
loccasion dune intervention programmée ou dune
greffe dorgane - formulaire de lEfG pour les greffes de rein
- Dès lors quun organe pourra vous être
attribué, vous allez subir une intervention
chirurgicale. Nous avons bien noté que vous vous
opposez à la transfusion de sang total et de ses
dérivés. Nous nous engageons à mettre en uvre
tous les actes médicaux compatibles avec votre
état pour éviter de vous transfuser les produits
que vous refusez. Nous vous informons cependant
que si, au cours ou au décours de lintervention,
une transfusion savérait nécessaire et urgente
en raison dun risque vital, nous y aurions
recours. Vous attestez en avoir été informé par
léquipe médico-chirurgicale et maintenir votre
souhait dêtre inscrit sur la liste nationale
dattente en vue de lattribution dun greffon.
23Le Code de déontologie médicale et la loi
- Prééminence du consentement du patient art
1111.4 du Code de la Santé Publique - Toute personne prend, avec le professionnel de
santé, compte tenu des informations et des
préconisations quil fournit, les décisions
concernant sa santé. - Le médecin doit respecter la volonté de la
personne après lavoir informé des conséquences
de son choix. - Si la volonté de la personne de refuser ou
dinterrompre tout traitement met sa vie en
danger, le médecin doit tout mettre en oeuvre
pour la convaincre daccepter les soins
indispensables. - Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut
être pratiqué sans le consentement libre et
éclairé de la personne et ce consentement peut
être retiré à tout moment
24Les décisions de justice contradictoires
vis-à-vis du respect de la volonté du malade
- Le médecin ne commet pas linfraction de
non-assistance à personne en danger et nencourt
aucune sanction disciplinaire dès lors que la
thérapeutique préconisée navait pu être
appliquée en raison du refus obstiné et même
agressif du malade. - ex. de la prescription seulement dun traitement
palliatif à une malade atteinte dun cancer de
lutérus qui refusait de se soumettre au seul
traitement susceptible davoir une action
efficace sur son mal (CE 6 mars 1981) - Mais
- Une patiente atteinte dun cancer avait refusé
tout traitement chirurgical ou radiothérapique.
Le praticien lui a prescrit des produits
homéopathiques et de lacupuncture et navait
adressé la malade à un spécialiste quen phase
terminale. - Le Conseil dEtat a considéré que le médecin
avait commis une faute en acceptant de traiter la
maladie par des traitements illusoires qui
lavaient privée dune chance de survie (CE 29
juillet 1994), le médecin navait pas tenté de
convaincre la patiente de la nécessité dun
traitement plus approprié.
25Lasymétrie des positions médecin/malade
intervient naturellement dans le cadre du refus
de traitement
- Cest parce que la médecine est devenue de plus
en plus scientifique - que le médecin doit intégrer plus de doutes
quauparavant - et doit apprendre à maîtriser les nouvelles
formes de consentement quil demande au patient. - A coté du consentement, lautorisation,
lassentiment, la permission, l'acquiescement,
l'approbation ou ladhésion sont autant des
concepts proches et différents que des voies
nouvelles pour ces relations entre personnes.
26Comment apprécier la réalité dune capacité libre
de jugement ? Un libre arbitre existe-t-il ?
- Toujours faire une analyse approfondie dun refus
de traitement - trouble de la compréhension, de lappréciation
par le malade, à loccasion dun déni délirant ou
non, de limpossibilité de curabilité? - trouble du raisonnement ?
- expression dune attitude systématique ou
dopposition aux personnes des soignants
elles-mêmes ? - Le droit des malades peut être en contradiction
avec le devoir des médecins. - La demande de la société dassurer toujours plus
de sécurité, dindemnisation, dadopter en toute
situation un principe de précaution sans limite,
créée une attitude de défense de la part de la
médecine qui peut avoir le sentiment davoir à se
défendre du reproche de ne jamais en avoir fait
assez.
27Recommandations
- 1 - Tout faire pour éviter que les décisions
importantes ne soient prises quen situation
critique. Anticiper au maximum les situations,
toutes les fois où cela est possible, afin
déviter que surgissent des conflits graves. - 2 Promouvoir le sentiment et des attitudes de
reconnaissance mutuelle. - En dehors dune situation dextrême urgence le
médecin ne doit jamais imposer une solution
thérapeutique, il ne doit pas non plus adopter
une attitude de fuite, dabandon ou de chantage. - Sa responsabilité professionnelle est celle du
maintien du soin en respectant au maximum les
décisions dun malade qui doit pouvoir
comprendre, lui aussi, les obligations morales de
celui qui le soigne.
28Recommandations
- 3 Ne pas céder à lobsession médico-légale du
concept de non assistance à personne en péril
qui ne doit pas occulter une relation
médecin/malade fondée avant tout, sur la
confiance dans laide que ce médecin peut
apporter au malade, même sil faut aussi que le
médecin puisse se protéger de situations rares
mais toujours possibles par une mention écrite de
ce refus. - 4 Etre conscient quune information doit, dans
toute la mesure du possible, être progressive,
réévaluée, évolutive en fonction du temps, tenant
compte déventuels phénomènes de sidération
psychique.
29- Le refus de traitement clairement exprimé par une
personne majeure ayant encore le gouvernement
delle-même ne peut être que respecté, même sil
doit aboutir à sa mort. - Soigner une personne, ce nest pas prendre en
compte chez elle seulement laspect médical mais
lunité même de sa personne. - Venir en aide à une personne nest pas
nécessairement lui imposer un traitement. - Cest ici tout le paradoxe parfois méconnu par la
médecine qui doit accepter dêtre confrontée à
une zone grise où linterrogation sur le
concept de bienfaisance reste posée.
30(No Transcript)
31Proposition de loi relative aux droits des
malades et à la fin de vie (Assemblée Nationale,
30 nov 2004)
32Proposition de loi relative aux droits des
malades et à la fin de vie (Assemblée Nationale,
30 nov 2004)
33Proposition de loi relative aux droits des
malades et à la fin de vie (Assemblée Nationale,
30 nov 2004)
34La discussion éthique www.unibas.ch/aeme
Might? Ought? Should?
- Aider les parties impliquées
- Prévenir une escalade du conflit
- Surmonter les "polarisations"
- Reconnaître des principes éthiques généraux
partagés par tous - Formuler et documenter le consensus obtenu
35"Information des patients.Recommandations
destinées aux médecinshttp//www.anaes.fr
- - contenu de linformation à donner au patient
- - informations objectives et validées
- - manière de présenter les risques et leur prise
en charge - - informations compréhensibles des patients
- - fonction strictement informative des documents
- - information envisagée comme un élément du
système de soins. -
36Corke CF BMJ 2004
37Corke CF BMJ 2004
38Langewitz W, BMJ 2002 325 682-3
39Quelles valeurs?
- lapprentissage local de léthique, de la
civilité, de la courtoisie et de la politesse
Est-ce de léthique? Ou encore de la médecine
40En fait, le besoin de parole et de communication
ne concerne pas seulement le patient
- Le médecin lui-même a aussi besoin de parler avec
le patient ou sa famille. - état desprit honnête, réaliste, en se comportant
comme lon voudrait être traité dans ces
circonstances difficiles.