Title: Logique et raisonnement scientifique
1Logique et raisonnement scientifique
- Une théorie des raisonnements valides-2
2Une théorie du raisonnement
- Exemple effort des médiévaux pour rechercher
des formes dargumentation correctes. - Est-ce que le raisonnement suivant est
correct ? - dû à Anselme de Cantorbury
- (1033 1129)
3Largument ontologique
- l insensé ltcelui qui dit que Dieu nest pasgt,
quand il entend cela même que je dis "quelque
chose de tel que rien ne se peut penser de plus
grand", comprend ce qu'il entend, et ce qu'il
comprend est dans son intellect, même s'il ne
comprend pas que ce quelque chose est. - Donc l'insensé aussi, il lui faut convenir qu'il
y a bien dans l'intellect quelque chose de tel
que rien ne se peut penser de plus grand,
puisqu'il comprend ce qu'il entend, et que tout
ce qui est compris est dans l'intellect.
4- Et il est bien certain que ce qui est tel que
rien ne se peut penser de plus grand ne peut être
seulement dans l'intellect. - Car si c'est seulement dans l'intellect, on peut
penser que ce soit aussi dans la réalité, ce qui
est plus grand. - Si donc ce qui est tel que rien ne peut se penser
de plus grand est seulement dans l'intellect,
cela même qui est tel que rien ne se peut penser
de plus grand est tel qu'on peut penser quelque
chose de plus grand mais cela est à coup sûr
impossible. - Il est donc hors de doute qu'il existe quelque
chose de tel que rien ne se peut penser de plus
grand, et cela tant dans l'intellect que dans la
réalité.
5Problème de lexistence
- Soit P(x) x est tel que rien de plus grand ne
peut être pensé x possède toutes les qualités
imaginables - Saint-Anselme ?x?Q Q(x)
- Soit E(x) x existe dans la réalité
- Si x est tel que ?Q Q(x) et ?E(x), il y a une
contradiction - Donc E(x), autrement dit x existe!
6Mais nest-ce pas étrange?
- Lexistence est-elle une propriété?
- Dire x est tel que P(x) et Q(x) et R(x) et
- Ou dire x est tel que P(x) et Q(x) et R(x)
et et que x existe - Est-ce que la deuxième formulation apporte
quelque chose de plus par rapport à la première?
7Logique et raisonnement scientifique
- Une théorie basée sur la vérité ?
8Différentes conceptions de la vérité
- La vérité correspondance
- Aristote dire de ce qui est que cela nest
pas, ou de ce qui nest pas que cela est, est
faux, et dire que ce qui est est et de ce qui
nest pas que cela nest pas est vrai
(Métaphysique, ?7) - alors le vrai un rapport à lêtre?
- quapporte le vrai à ce qui est ?
- quelle différence entre dire p et dire p
est vrai ? - sil y a une différence, alors pourquoi pas
p est vrai est vrai et ainsi de suite
9Différentes conceptions de la vérité
- La vérité correspondance (suite)
- Frege un accord ne peut être total que si les
choses en accord coïncident, donc ne sont pas de
nature différente or, cest ce quon ne peut
pas avoir si lon définit la vérité comme
laccord dune représentation et de quelque chose
de réel. Il est essentiel que lobjet réel et la
représentation soient différents . - La notion de vérité est indéfinissable et
primitive - On ne peut pas aller plus loin que
- p est vrai si et seulement si p
10Quelques illustrations
- Que la représentation et la chose représentée
doivent être différentes - Le billet de banque est vrai sil est
superposable à un autre billet de banque (censé
être vrai ), mais il nest pas superposable à
un stock dor (pour fonder la vérité du deuxième
billet, il faut un troisième et ainsi de suite
jusquau stock dor) - La carte et le territoire (A. Korzybski) pour
être de plus en plus précise et correspondre
parfaitement à la région quelle décrit, la
carte finit par être aussi grande que le
territoire et nest plus alors une carte!
11Différentes conceptions de la vérité
- Wittgenstein
- (Tractatus logico-philosophicus)
- 4.01 - La proposition est une image de la
réalité. - 4.022 La proposition montre son sens. La
proposition montre ce quil en est, quand elle
est vraie. - 4.12 La proposition peut représenter la réalité
tout entière mais elle ne peut représenter ce
quelle doit avoir en commun avec la réalité pour
pouvoir la représenter la forme logique. - Pour pouvoir représenter la forme logique, nous
devrions pouvoir nous situer avec la proposition
à lextérieur de la logique, cest-à-dire à
lextérieur du monde.
12Une illustration la fresque du Jugement Dernier,
de Michel-Ange (chapelle Sixtine)
Michel-Ange dans les plis de la peau de St
Barthélémy
Voulant peindre luniversalité des êtres, M-A
doit se représenter lui-même, mais sous une
forme inattendue, soulignant limpossibilité de
représenter lacte même de représenter.
13Différentes conceptions de la vérité - 2
- Théorie de la vérité cohérence
- Vers un accord de nos jugements et
représentations entre eux (plutôt quavec un
extérieur) - les propositions doivent passer un test de
cohérence (par exemple, cohérence non
contradiction, thèse soutenue par les formalistes
en mathématiques) - théorie trop laxiste?
- plusieurs théories différentes se rapportant aux
mêmes objets peuvent être également cohérentes
14Une illustration de la théorie de la cohérence
- En mathématiques, lidée propre au formalisme
que, pour admettre lexistence de quelque chose,
il suffit que cette existence nentraîne pas
dincohérence (de contradiction) - Exemple on admet lexistence densembles
infinis (N, Z, Q, R, ) au sens de linfini
actuel dAristote - On donne une définition axiomatique de N, mais
cette définition axiomatique admet plusieurs
modèles (et même des modèles non isomorphes) - La définition axiomatique est cohérente, mais
elle peut servir à caractériser des objets
différents ? relative indétermination de la
définition
15Formalisme et intuitionnisme
- Intuitionnisme (Brouwer) on nadmet lexistence
dun objet mathématique que si on en possède un
mode de construction univoque - Exemple cas de la phrase
- Il existe ici quelquun tel que, si lui ou elle
comprend la logique, alors tout le monde comprend
la logique! - Intuitionnisme cette phrase doit pouvoir être
vraie ou fausse - Formalisme elle est toujours vraie! (cest une
tautologie)
16Un raisonnement formaliste
- Il existe ici quelquun tel que, si lui ou elle
comprend la logique, alors tout le monde comprend
la logique! - Supposons que Charlotte me dise quelle comprend
la logique. Je demande si tous les autres
comprennent la logique. Si tout le monde me dit
oui cest ok, la phrase est vraie. Si
quelquun me dit non , par exemple Olivier,
alors je mets Olivier à la place de Charlotte. La
phrase Olivier comprend la logique étant
fausse, la phrase si Olivier comprend la
logique alors tout le monde comprend la logique
est vraie, donc la phrase il existe quelquun
etc. est vraie.
17Différentes conceptions de la vérité - 3
- Théorie pragmatiste de la vérité
- les idées vraies sont celles qui réussissent le
mieux! - C. S. Pierce croire que p est vrai, cest être
disposé à certaine action - le vrai est ce qui est utile cognitivement (par
exemple, une idée peut être plus riche
dimplications intéressantes quune autre) - Théorie voisine le vérificationnisme
- une théorie est vraie si on peut la vérifier
(voir plus loin) - Objection plusieurs théories différentes
peuvent entraîner les mêmes prédictions, ou être
également vérifiées (ex théorie
corpusculaire vs théorie ondulatoire). Problème
de la sous-détermination des théories par les
données empiriques.
18Logique comme théorie du raisonnement
- J. Stuart Mill (1806-1873)
- les lois de la logique sont tirées de
lexpérience - mais Kant
- Recourir à la psychologie aussi absurde que tirer
la morale de la vie. Il ne s'agit pas des règles
contingentes (comment nous pensons) mais des
règles nécessaires qui doivent être tirées de
l'usage nécessaire de l'entendement que sans
aucune psychologie on trouve en soi - la Logique ne peut être définie que
postérieurement à la position de ces facultés,
bien qu'elle prétende les diriger - Sen remet à lintuition transcendantale (les
intuitions pures , intuition du Temps, de
lEspace, de la Logique?)
19objections de Frege
- Frege
- il (Kant) veut saider de lintuition de doigts
ou de points, en quoi il risque de donner un
aspect empirique à ces propositions, à lencontre
de ce quil pense. Car lintuition de 37 863
doigts nest certainement pas une intuition
pure (lintuition va bien pour des petits
nombres) - Si la vérité de telles propositions néclate pas
immédiatement, comment seraient-elles comprises
autrement que par une preuve ? - Les preuves ne ressortent pas de lintuition,
donc la logique ailleurs que dans cette
intuition transcendantale ?
20Husserl (1859 1938)
- Prolonge lanti-psychologisme de Frege
- Croyance en une conscience transcendantale
- Opération logique en tant quacte subjectif
- Une philosophie de la Conscience
21Différentes conceptions de la vérité - 4
- La vérité stratégique ou communicationnelle
- celle que lon construit au cours du débat
libre (J. Habermas) - idée que de toutes façons, le réel nest pas
atteignable (en tout cas directement)
22Constructivisme (anti-réalisme)
- Idée que la vérité nexiste que de manière
indirecte, via les justifications et les preuves - Retour aux jeux
- Un jeu de la vérité
- Le proposant propose une thèse
- Lopposant tente de la réfuter
- Si le proposant possède une manière de répondre
victorieusement à tous les coups de son
adversaire, on dit quil a une stratégie
gagnante. - Une thèse est vraie sil existe une stratégie
gagnante pour la défendre -
23Formes dargumentation
- Forme dargumentation une présentation
schématique concernant une formule composée. - comment une assertion faite par X peut être
attaquée par Y et comment, si cest possible, une
telle attaque pourra être contrée par X. - Comme la forme logique dune formule composée
détermine complètement largumentation, il
suffira de définir une forme dargumentation pour
chaque connecteur et chaque quantificateur.
24conjonction
- ? assertion Xw1?w2
- attaque Y?i (Y choisit i 1 ou i 2)
- réponse Xwi
- commentaire supposons que X soit le proposant
( je ) et Y lopposant. Je soutiens A ? B. - Lattaque correspondante pour mon opposant
consiste à choisir lun des deux conjoints, ma
réponse consistera alors à soutenir le conjoint
choisi.
25disjonction
- ? assertion Xw1?w2
- attaque Y?
- réponse Xwi (X choisit i 1 ou i 2)
- commentaire cette fois lattaque porte sur le
connecteur ?, mon opposant me demande de prouver
que lun des deux membres, au choix, est vrai,
jai donc le choix du membre à asserter.
26implication
- ? assertion Xw1?w2
- attaque Yw1
- réponse Xw2
- commentaire je soutiens une implication
- A ? B. Mon opposant me met au défi.
- Pour cela, sa stratégie consiste à me donner
lantécédent. A moi de prouver que je peux
soutenir B.
27négation
- ? assertion X?w
- attaque Yw
- réponse pas de défense possible
- commentaire si je soutiens ?w, mon adversaire
peut mattaquer en soutenant w. - En ce cas, si w est atomique, je nai pas de
défense jai perdu, si w est non atomique, je
peux attaquer w en ce cas il est devenu le
proposant et moi lopposant. Et cest une
nouvelle attaque, pas une défense par rapport au
coup associé à la négation.
28Quantificateur universel
- ? assertion X?xw
- attaque Yt (Y choisit le terme t)
- réponse Xw(t)
- commentaire jasserte que tous les x vérifient
la propriété w, alors mon opposant me met au défi
en prenant un exemplaire dobjet pouvant se
mettre à la place de x et me demande de justifier
que cet objet vérifie w, ma seule défense
possible est donc de soutenir que cet objet
vérifie w.
29Quantificateur existentiel
- ? assertion X?xw
- attaque Y?
- réponse Xw(t) (X choisit le terme t)
- commentaire je soutiens lexistence dun x
vérifiant w, alors mon opposant porte son attaque
sur lexistentiel, autrement dit me met au défi
de trouver un exemple, ma réponse est de choisir
un objet t et de soutenir quil vérifie w.
30Règles structurelles
- (D12) Une attaque a au plus une réponse,
- (D13) Une P-formule peut être attaquée au plus
une fois.
31Jeux de Lorenzen (D-dialogues)
- (D10) P ne peut asserter une formule atomique que
si celle-ci a déjà été assertée par O auparavant, - (D11) Si, à une position k-1, il y a plusieurs
attaques ouvertes auxquelles il peut être répondu
à k, alors cest seulement à la dernière attaque
faite quil sera répondu à k,
32Jeux gagnés
- Un D-dialogue est dit être gagné par P sil est
fini, sil se termine par une position paire et
si les règles ne permettent pas à O de continuer
par une autre attaque ou une autre défense.
33Un exemple de D-dialogue
- 0. P(a?b)?(a?b)
- O(a?b) 0, A
- P?1 1, A
- Oa 2, D
- P?2 1, A
- Ob 4, D
- P(a?b) 1, D
- O?1 6, A
- Pa 7, D
- ou bien
- 7. O?2 6, A
- 8. Pb 7, D
34commentaire
- Je soutiens (a?b)?(a?b).
- Mon opposant ne peut attaquer quen concédant
a?b. - Du coup, ma stratégie est de lui faire concéder
dautres choses, que je pourrai utiliser ensuite.
- En lattaquant sur chacun des deux conjoints de
la formule, je loblige à concéder dabord a,
puis b. - Alors, je peux soutenir a?b sans risque, à toute
question de sa part (attaque) portant sur lun
des deux conjoints, je pourrai répondre par la
formule atomique correspondante quil ma déjà
concédée. - Jarrive donc dans tous les cas, quil sagisse
de la première branche (7, 8) ou de la deuxième
(7, 8) à une situation dassertion de formule
atomique que mon opposant ne peut attaquer
(puisquil ny a plus de connecteur en activité).
35Autre exemple
- 0. P((a?a)?b)?b
- Q(a?a)?b 0, A
- P(a?a) 1, A
- Qb 2, D
- Pb 1, D
- Qa 2, A
- Pa 5, D
- 3. Qa 2, A
- 4. Pa 3, D
- 5. Qb 2, D
- 6. Pb 1, D
36commentaire
- Je soutiens ((a?a)?b)?b.
- Daprès la forme associée à ?, lopposant asserte
lantécédent (a?a)?b, - je réponds donc en lattaquant par lassertion
de lantécédent de cette nouvelle implication
a?a. - A ce stade, lopposant peut immédiatement se
défendre par rapport à mon attaque, ou bien il
peut attendre en lançant une nouvelle attaque
consistant à asserter a. - Dans le premier cas, je lai amené à concéder b,
je peux donc le reprendre à mon compte pour me
défendre de lattaque faite en 1. - Ce qui reste à lopposant cest de mattaquer en
5 en me concédant a, que je peux alors
immédiatement reprendre pour me défendre et alors
lopposant na plus de coup à jouer. - La deuxième branche conduit aux mêmes opérations
dans un ordre différent.
37Exemple logique des prédicats
1
2
3
4
Une relation R
38 39Exemple de partie
- P
- O choisit 2
- P
- O choisit 1
- P
- O dit à P de choisir un membre de la disj.
- P
- O dit à P de choisir un objet
- P
- O choisit le 2ème membre de la conjonction
- P R(3,1) test P gagne
40Autre partie
- P
- O choisit 2
- P
- O choisit 4
- P
- O dit à P de choisir un membre de la disj.
- P
- O dit à P de choisir un objet
- P
- O choisit le 2ème membre de la conjonction
- P R(3, 4) test O gagne
41 - A ce jeu, O a une stratégie gagnante
- (2 ne peut être relié à 4 en moins de deux coups)