Title: Logique%20et%20raisonnement%20scientifique
1Logique et raisonnement scientifique
cours transversal Collège Doctoral Pr. Alain
Lecomte
25. Vérité et cohérence en logique
- Tarski, Gödel et léchec du formalisme hilbertien
3Comment prouver la cohérence dune théorie?
- 1) Par des voies directes
- Hilbert arriver à prouver quon ne peut pas
déduire une absurdité du genre 1?1 - Théorie de la démonstration
- Le prédicat  être démontrable est-il récursif?
- Est-ce que par utilisation des moyens de
démonstration  finitistes , on peut toujours
arriver à démontrer quune théorie est cohérente? - Gödel prouvera que non (cf. plus loin)
4Comment prouver la cohérence dune théorie?
- 2) Par des voies indirectes la théorie des
modèles - Prouver que tout ce quon démontre est  vraiÂ
mais, dans quel sens de  vrai ? - Retour au problème de la  définition de la
vérité !
5Tarski et la définition de la vérité
- Alfred Tarski 1902 1983
- écrit en 1931, publié en 1933
- le concept de vérité dans les langages
formalisés - Déception  Il est impossible non seulement de
définir ce que signifie lexpression du langage
quotidien  proposition vraie mais encore de
sen servir dans ce langage ! - Se limiter aux  seuls langages actuellement
connus qui soient construits à laide dune
méthode scientifique, à savoir les langages des
sciences déductives formaliséesÂ
6Tarski et la définition de la vérité
- Le schéma général dune définition de la notion
de  proposition vraie - x est une proposition vraie
- si et seulement si
- p
7Tarski et la définition de la vérité
- Le schéma général dune définition de la notion
de  proposition vraie -  il neige est une proposition vraie
- si et seulement si
- Il neige
8Tarski et la définition de la vérité
- Le schéma général dune définition de la notion
de  proposition vraie -  la route est verglacée est une proposition
vraie - si et seulement si
- la route est verglacée
9Tarski et la définition de la vérité
- Considérons la proposition  la proposition A
nest pas une proposition vraie , où A désigne
la proposition elle-même ( la proposition A
nest pas une proposition vraie ) -  la proposition A nest pas une proposition
vraie est une proposition vraie - si et seulement si
- la proposition A nest pas une proposition vraie
10Tarski et la définition de la vérité
- Considérons la proposition  la proposition A
nest pas une proposition vraie , où A désigne
la proposition elle-même ( la proposition A
nest pas une proposition vraie ) - A est une proposition vraie
- si et seulement si
- la proposition A nest pas une proposition vraie
11Les langages formalisés
- ceux quon a  artificiellement construit de
telle sorte que le sens de chaque expression
soit univoquement déterminé par sa forme - Notion de système formel
- Ne sont pas  universalistes comme lest le
langage quotidien - pas de terme  appartenant à la science du
langage , ni  des signes ou des expressions qui
décrivent les relations structurelles existant
entre ces signes et expressionsÂ
12Langage-objet du calcul des classes
- N (négation), A (disjonction), ? (quantification
universelle), I (inclusion) - variables x , x, x, ., x, ..
- règles de formation permettant dobtenir des
expressions comme - Ix , x, NIx , x, ?x Ix , x etc.
- axiomes, règles, etc.
- ceci donne un langage-objet.
13Un autre langage
- non, ou, pour tout, inclusion
- ?x Ix,x est vrai
- si et seulement si
- pour tout x, x est inclus dans x
- Un méta-langage
14structures et modèles
- Langage prédicatif extensionnel
- symboles
- Variables individuelles x, y, z, .
- Constantes individuelles a, b, c,
- Foncteurs darité n f, g,
- Constantes prédicatives darité n P, Q,
- règles de formation des formules
- Ex
15sémantique
- Une L-structure M pour le langage L est défini
par un couple (D, Val) où - D est un ensemble non vide (domaine)
- Val est une fonction telle que
- c constante individuelle Val(c)?D
- f foncteur n-aire Val associe à f une
fonction de Dn dans D - P prédicat n-aire Val associe à P une partie
de Dn
16assignation
- Une assignation g pour le langage L et la
structure M est une fonction de lensemble des
variables individuelles dans D
17Évaluation par rapport à une structure
- Si M (D, Val) est une L-structure pour le
langage L, alors toute formule de L peut être
évaluée par rapport à M et à une assignation g
donnée - On écrit ? M,g la valeur de ? par rapport à M
et à g
18Règles dévaluation - I
- Si x est une variable xM,g g(x)
- f foncteur et t1, , tn des termes
- f(t1,, tn )M,g val(f)( t1M,g,,
t1M,g) - P prédicat et t1, , tn des termes
- P(t1,, tn )M,g val(P)( t1M,g,,
t1M,g)
19Règles dévaluation - II
- On note M g ? le fait que ? soit vraie dans la
L-structure M pour lassignation g - M g P(t1,, tn ) ssi P(t1,, tn )M,g 1
- M g ?A ssi M ?g A
- M g A?B ssi M g A et M g B
- M g ?x A ssi M g A pour toute assignation g
qui ne diffère de g que par la valeur assignée Ã
x
20langage et domaine
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
21Val
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
22Val
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
23Val
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
24Val
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
25Val
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
26Val
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
27Val
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
28Val
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
29Val
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
30Assignations
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
x paul y marie z jules
31Assignations
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
x paul y paul z jules
32Assignations
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
x marie y lucie z jules
33Assignations
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
x robert y robert z robert
34?x E(x,y)? F(y)
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
x robert y jules z robert
35E(x,y)? F(y)
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
x _ y jules z robert
36E(x,y)? F(y)
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
x robert y jules z robert
37E(x,y)? F(y)1 ? 0
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
x robert y jules z robert
38E(x,y)? F(y)0
L constantes p, j, m, l, r variables x, y,
z cstes prédicatives F1, G1, C2, E2
D
x lucie
x marie
x robert
x paul
x jules
x robert y jules z robert
39modèles
- Définition étant donné un ensemble de formules
closes ? dun langage L et une L-structure M, on
dit que M est un modèle de ? si toutes les
formules de ? sont vraies dans M
40définitions
- ? est dit consistant sil en existe un modèle
- B se déduit sémantiquement de A1, , An si et
seulement si tout modèle de A1, , An est aussi
un modèle de B - Une formule A dun langage L est dite
universellement valide si elle est vraie dans
toute L-structure
41Retour au problème de la vérité
L
 image de L dans LÂ
L
La vérité dans L est fondée sur la vérité dans L
42Retour au problème de la vérité
L
 image de L dans LÂ
L
La vérité toujours en construction
43Liens entre théorie et modèle
- Tarski (cas du calcul des classes) Tout
théorème est vrai, donc le calcul des classes est
non contradictoire - mais il peut exister des cas où des propositions
vraies ne sont pas des théorèmes
44Le problème de la complétude
- Définition 1 une théorie est (syntaxiquement)
complète si pour chaque formule close ?, elle est
capable de fournir soit une preuve de ? soit une
preuve de ?? - Définition 2 une théorie est (sémantiquement)
complète si toute proposition sémantiquement
vraie est démontrable dans la théorie
45Complétude de la logique des prédicats du premier
ordre
- Gödel
- Gentzen
- Henkin (revu par Hintikka)
- mais non décidabilité (Church, 1936) au sens
 pas dalgorithme général permettant de décider
de la vérité dune formuleÂ
46métathéorèmes
- Théorème de compacité si une théorie T est
telle que toute partie finie possède un modèle,
alors elle a elle-même un modèle - Théorème de Löwenheim Skolem si une théorie T
admet un modèle infini, alors elle admet un
modèle dénombrable
47Quelques conséquences
- Compacité ? laxiomatique de Peano exprimée en
premier ordre nest pas catégorique - Löwenheim Skolem ? Il est vain despérer une
théorie du premier ordre pour la théorie des
ensembles
48Laxiomatique de Peano exprimée en premier ordre
nest pas catégorique
- En premier ordre infinité daxiomes
- On peut ajouter à N une constante c avec une
infinité daxiomes c ? 0, c ? 1, c ? 2, c ? 3,
etc. ? N - Les parties finies de N ont toutes des modèles
valables aussi pour celles de N - Donc un modèle pour N est un modèle pour N
- Mais un modèle pour N nest pas isomorphe à un
modèle pour N, donc N admet des modèles non
isomorphes
49Laxiomatique de Peano exprimée en premier ordre
nest pas catégorique
- Ce nest plus vrai en second ordre
- Mais le second ordre nest pas axiomatisable
50Gödel et lincomplétude de larithmétique formelle
- Kurt Gödel 1906 - 1978
- 1931 Â Sur les propositions formellement
indécidables des Principia Mathematica et des
systèmes apparentés .
(Kurt Gödel et Albert Einstein à Princeton)
51-  Le développement des mathématiques vers plus de
précision a conduit à la formalisation de vastes
domaines de telle sorte que les démonstrations
puissent être développées en suivant un petit
nombre de règles mécaniques. Les systèmes formels
les plus étendus à ce jour sont, dune part les
Principia Mathematica de Whitehead et Russell et,
dautre part, le système de Zermelo-Fraenkel de
la théorie axiomatique des ensembles. Ces deux
systèmes sont si vastes que toutes les méthodes
de démonstration utilisées aujourdhui en
mathématiques peuvent y être formalisées,
cest-à -dire peuvent être réduites à un petit
nombre daxiomes et de règles de déduction. Il
semblerait donc raisonnable de conjecturer que
ces axiomes et ces règles de déduction suffisent
pour décider de toutes les questions
mathématiques qui peuvent être formulées dans le
système concerné. Dans ce qui suit, il sera
montré quil nen est pas ainsi, mais plutôt, que
dans les deux systèmes cités, il existe des
problèmes relativement simples de la théorie des
nombres entiers ordinaires dont on ne peut
décider sur la base des axiomes .
52Le théorème de Gödel
- Idée centrale à partir du moment où nous avons
un système formel incluant la possibilité
dexprimer des relations arithmétiques (les
nombres entiers et leurs propriétés
élémentaires), alors ce système est capable
dexprimer des propriétés sur lui-même, et si
nous sommes capables de construire rigoureusement
dans un tel système une formule analogue à celle
du Menteur, alors de deux choses lune ou nous
acceptons quil y ait une contradiction dans le
système ou nous acceptons quil y ait des
formules vraies qui ne puissent pas être
démontrées et cest bien sûr la deuxième
possibilité que nous choisirons.
53Quelques précisions1- la numérotation de Gödel
- ? 1
- ? 2
- ? 3
- ? 4
- ? 5
- 0 6
- s 7
- ( 8
- ) 9
- , 10
- x 11
- y 13
- z 17
- p 112
- q 132
- r 172
- P 113
- Q 133
- R 173
var. numériques
var. propositionnelles
var. prédicatives
54Quelques précisions1- la numérotation de Gödel
- ( ? x ) ( x s y )
- 8 4 11 9 8 11 5 7 13 9
- ?
- 28.34. 511.79.118.1311.175.197.2313.299
55Etendre la numérotation de Gödel aux déductions
- Exemple
- 1
- 2
- deux lignes possibles dune déduction
(substitution de 0 Ã y dans la ligne 1)
56Etendre la numérotation de Gödel aux déductions
- Exemple
- 1 ? m
- 2 ? n
- k 2m?3n
-  la déduction de nombre de Gödel k est une
démonstration de la formule de nombre de Gödel
nÂ
57Etendre la numérotation de Gödel aux déductions
- Plus généralement
- Lassertion  la suite de formule de nombre de
Gödel x est une démonstration de la formule de
nombre de Gödel z  se trouve reflétée dans le
système par une relation arithmétique Dem(x, z) - Mais cette relation possède elle-même un nombre
de Gödel!
58Construction de la formule GÂ
- La formule possède un nombre de Gödel
- Elle signifie  il nexiste pas de
démonstration (représentée par un nombre de Gödel
x) de la formule de nombre de Gödel z - Soit sub(m, p, q) le ndG obtenu en substituant
dans la formule de ndG m, Ã la variable de ndG p,
le chiffre q
59Construction de la formule GÂ
- Soit la formule
- elle dit  la formule obtenue en substituant
dans la formule de ndG y, Ã la variable de ndG p,
le chiffre y - elle possède un nombre de Gödel n, quon peut
substituer à y, on obtient G
60Etude de la formule G
- Quel est son nombre de Gödel?
- On la obtenue en substituant au sein de la
formule de ndG n, Ã la variable de ndG p, le
chiffre n, ce qui est la définition de sub(n, p,
n)! - donc son ndG est sub(n, p, n)
- dautre part elle dit que  la formule qui
possède le ndG sub(n, p, b) nest pas
démontrable - Donc elle dit delle-même quelle nest pas
démontrable
61Le cœur de la démonstration
- Si G est démontrable, ?G est démontrable
- Supposons G démontrable, il existe une suite de
formules de ndG k telle que Dem(k, sub(n, p, n)),
- Si Dem(x, z) alors cette formule est démontrable,
- Donc Dem(k, sub(n, p, n)) est démontrable,
- Donc ?(?x)? Dem(k, sub(n, p, n)) ?G est
démontrable - On prouve aussi si ?G est démontrable, G est
démontrable. - Donc ni G ni ?G ne sont démontrables (si
larithmétique est consistante!)
62 mais G est vraie!
- G nest pas démontrable
- Mais cest justement ce que dit G!!!!
- Donc G est vraie!
- Doù lexistence dune formule vraie non
démontrable
632ème théorème de Gödel
- Larithmétique est-elle consistante?
- La consistance sexprime par la formule
- A
- La formule  A ? G est démontrable
- Si A était démontrable G le serait donc aussi!
- Donc A nest pas démontrable
64Conséquence fondamentale
- La consistance de larithmétique formelle ne peut
pas être démontrée dans la théorie de
larithmétique formelle - On ne peut pas prouver au moyen de méthodes
finitistes à la Hilbert la non-contradiction
dune théorie incluant au minimum larithmétique
formelle - Échec du programme de Hilbert
65Comment interpréter le théorème de Gödel?
- Interprétations abusives cf. Régis Debray (Le
Scribe, p. 70)  Du jour où Gödel a démontré
qu'il n'existe pas de démonstration de
consistance de l'arithmétique de Peano
formalisable dans le cadre de cette théorie
(1931), les politologues avaient les moyens de
comprendre pourquoi il fallait momifier Lénine et
l'exposer aux camarades "accidentels" sous un
mausolée, au Centre de la Communauté nationale Â
!!!!!!!!!!! - Lire J. Bouveresse  prodiges et vertiges de
lanalogie (ed. Raisons dagir)
66Comment interpréter le théorème de Gödel?
- G.G. Granger Tout ce qui est dit
métaphoriquement est incertain nous enseignait
déjà Aristote (Topiques 1, 139b34). Nous y voyons
(...) l'un des plus grands périls de la pensée
philosophique, dans la mesure où, ne parlant pas
des choses, le philosophe est sans cesse sommé de
s'exprimer par images (...). La métaphore, dans
le pire des cas, peut devenir ainsi le lieu de
l'illusion et de la méprise, chacun y entendant
ce qu'il veut et ce qu'il peut. Cette situation
éminemment poétique est certainement un
empêchement dirimant pour l'obtention de la
rigueur. Certains philosophes, il est vrai, s'y
sont complu autrefois mais aucun des plus grands
ne s'y est en tout cas établi à demeure. - Pour la connaissance philosophique, chap.7
Les concepts philosophiques et le travail du
symbolisme 3-2 les conditions de la rigueur
conceptuelle en philosophie éd. Odile Jacob,
1988.