Title: Les troubles du comportement
1Les troubles ducomportement
- Approche de la notion, incidences sur les
apprentissages et stratégies éducatives et
pédagogiques
Bruno EGRON INSHEA 2007
2Le champ du handicap mental(troubles importants
des fonctions cognitives)
3 - A
- LEVOLUTION DE LA NOTION
4Troubles du caractère
- Apparait dans les textes officiels en 1944
- incapacité de lenfant à sadapter à la
discipline de la classe - Hypothèse organique du trouble, déterminisme
biologique
5Le trouble du comportement et de la conduite
- 1950 (congrès international de psychiatrie)
- Troubles symptomatiques de processus organiques,
troubles graves du comportement dallure
psychopathique, troubles dallure névrotique et
états réactionnels simples (extension de la
notion au-delà du caractériel) - Déterminisme social
- Conception dynamique et évolutive
6Les troubles graves du développement, les
troubles psychopathiques
- Circulaires de 1982 et 1983
- enfant dintelligence normale dont léchec
scolaire se confirme au cours des ans, tandis que
se développent des troubles du comportement
(EN) - Psychopathie troubles dominés par la tendance
à lagir, des troubles des conduites dans les
échanges, le défaut de contrôle, le déni des
règles sociales, la répétition des échecs, le
défaut dinfluence des sanctions (CIM) - Origine psychologique des troubles
- Prise en charge dans des instituts de ré-éducation
7 8Définition OMS
- Par troubles mentaux et du comportement, on
entend des affections cliniquement significatives
qui se caractérisent par un changement du mode de
pensée, de l'humeur (affects) ou du comportement
associé à une détresse psychique et/ou à une
altération des fonctions mentales. - Les troubles mentaux et du comportement ne sont
pas de simples variations à l'intérieur des
limites de la normalité , mais des phénomènes
manifestement anormaux ou pathologiques
9La CIM 10 et le DSM IV Classifications de l OMS
et de l Américan psychiatric association
- Troubles hyperkinétiques
- Troubles des conduites
- Troubles mixtes des conduites et des émotions
- Troubles émotionnels apparaissant spécifiquement
dans lenfance - Troubles du fonctionnement social
- Autres troubles apparaissant dans lenfance et
ladolescence - Déficit de lattention et comportement
perturbateur (DSM)
10La CFTMEA (classification francophone des
troubles mentaux chez lenfant et ladolescent)
- Troubles hyperkinétiques
- Troubles des conduites alimentaires
- Tentatives de suicide
- Troubles liés à lusage de drogues et alcool
- Troubles de langoisse de séparation
- Troubles de lidentité et des conduites sexuelles
- Phobies scolaires
- Autres troubles caractérisés des conduites
(kleptomanies, fugues, conduites à risques )
11Fréquence (DSM)
- En augmentation ces dernières décennies
- 6 à 16 des garçons
- 2 à 9 des filles
- Plus élevée en milieu urbain que rural
12 13Généralités
- Ce ne sont pas des malades mentaux, mais si lon
ne soccupe pas deux, ils peuvent sombrer dans
des états délirants. - Ils ne sont pas porteurs dune pathologie
construite mais ont besoin dun soutien qui
leur permette de sinsérer dans la réalité et
lordre social. - ces jeunes sont rejetés par lécole, par la
psychiatrie, par la santé (Rapport IGEN 1999) - Cette population apparaît en développement
quantitatif, pour des raisons sociales notamment.
14 Généralités
- Ces troubles semblent apparaître de plus en plus
tôt. - Pas de facteur génétique ou héréditaire, ni de
facteur biologique. - Il ny a pas non plus nécessairement de retard
mental, certains sont dans la moyenne, voire
brillants. - Les éléments repérés sont dordre social
familles en grande difficulté (le plus fréquent
mais pas systématique). - Vécu marqué par de nombreuses ruptures.
15Description
- Contrôle difficile des émotions
- Très faible estime de soi
- Détresse existentielle et forte quête affective
- Affrontement défensif
- Repli défensif
- Rapport perturbé à la temporalité
- Perturbation des liens inter générationnels
- Recherche de plaisirs immédiats
- Instabilité extrême
- Difficultés dinsertion dans un groupe
16Contrôle difficile des émotions
- Les sentiments, les affects (envie, colère, peur,
angoisse ) ne sont pas endigués dans la plupart
des situations de la vie, ils envahissent le
temps et lespace de la relation de façon
directe, sans censure ni retenue - Manifestations pulsionnelles non retenues et
excessives (violences, injures, gestes et paroles
obscènes ) - Actes de destruction contre les autres ou soi-même
17Faible estime de soi
- Doute, peur de léchec, sentiment de ne pas être
à la hauteur - Difficultés à relativiser, prendre des distances,
composer avec les sentiments, les limites - Les exigences de la socialisation et des
apprentissages font courir le risque de prendre
conscience de ses insuffisances ou de ses
faiblesses - Fuite de toute mentalisation, toute
représentation ou élaboration, en bravant,
provoquant, défiant ou sisolant
18Détresse existentielle et quête affective
- Difficulté à se considérer comme incomplets
- Tout ou rien, ici et maintenant, difficulté à
différer - Recherche surprenante et indirecte dadultes
sécurisants et structurants - Leur passé de ruptures et de rejets les amène
souvent à tester ladulte dans sa capacité à
laimer - La prise de conscience dune dépendance
relationnelle provoque des attitude de fuite, de
rupture, de destruction - Létayage est accepté sil nest pas manifeste
- Alternance de comportements régressifs et de défis
19Affrontement défensif
- Pour ne pas mettre en danger leur désir
domnipotence, ou découvrir ce qui se joue dans
leur relation à autrui, certains peuvent chercher
à dominer, réduire, détruire,nier lautre - Ils ne respectent pas les adultes, surtout dans
leur fonction dautorité - Ils instrumentalisent les plus faibles et les
plus vulnérables
20Repli défensif
- Lorsque lautre est vécu sur un mode intrusif ou
aliénant - Lorsque lattaque parait impossible ou non
favorable - Stratégie de la forteresse
21Rapport perturbé à la temporalité
- Tout effort de mémoire ou de projet semble
activer langoisse existentielle - Négation du passé et du futur
- Le vécu est morcelé, le passé est souvent
difficile à reconstruire, les séquences se
juxtaposent sans prendre sens - Difficulté à se projeter, vécu de linstant qui
amènent des comportements à risque
22Perturbation des liens intergénérationnels
- La place et le rôle des membres de la famille
apparaissent souvent ambivalents, flous et
fluctuants - Difficultés de repérage des liens dappartenance,
des générations, des fonctions paternelles ou
maternelles, des sexes - La famille ou lentourage ne font pas la part
entre désirs et besoins, les exigences sont
parfois immodérées ou le laxisme important. Les
références à la loi, la règle la norme,
fluctuent selon les envies, les pulsions, les
circonstances
23Recherche de plaisirs immédiats
- Lici est le maintenant est leur fonctionnement
- Difficultés à différer lobtention du plaisir, ou
latteinte dun objectif - Difficulté à se projeter
24Instabilité extrême
- Colère, violence, transgressions, bouderie,
séduction, repli, phobies, obsessions sont des
fonctionnements complexes substitutifs dun
conflit interne qui ne peut être mis en mots - Ces manifestations résistent au rappel et à
linjonction, au changement de méthode, de milieu
ou dinterlocuteur
25Difficultés dinsertion dans un groupe
- Liées le plus souvent aux symptômes décrits plus
tôt
26 27 - Très corrélée au handicap social
- Dépend du degré de tolérance de lenseignant ou
de létablissement - Les troubles disparaissent souvent à la fin de
ladolescence - Étiquetage utilisé , comme le QI autrefois, pour
se débarrasser des élèves qui posent problème
28 - E
- INCIDENCES SUR LES APPRENTISSAGES
29 - la capacité de comprendre existe mais il y a une
grande difficulté à satteler à une tâche qui va
entraîner un échec. Cela peut finir par entraîner
une déficience secondaire . Toute leur énergie
est absorbée par leur comportement immature. - Ils se caractérisent par lintolérance au doute,
au manque, à la capacité passive daccepter
lautre ou un savoir extérieur. - Un nouveau savoir désorganise lensemble des
savoirs antérieurs et cela soppose à leur besoin
de maîtrise. - Ils demandent un cadre affectif sécurisant pour
apprendre
30- F
- Une grande diversité des offres institutionnelles
31Famille daccueil
AEMO
Carcéral
Prévention spécialisée
Foyer de lenfance
UER
Ateliers et classes relais
MECS
RASED
CLIS UPI
SESSAD
HJ
SEGPA
CHS infanto-juvénil
IME
CMPP
ITEP
Famille
32 - G
- STRATEGIES
- EDUCATIVES ET PEDAGOGIQUES
33Travailler en équipe
- Cohérence du cadre éducatif, des actions et des
attitudes de tous les adultes pour éviter quils
ne se glissent dans les failles et contradictions
éducatives - Identification et analyse des schémas
comportementaux individuels (enfant comme adulte) - Un projet commun qui définit les objectifs et les
moyens pour latteindre - Un projet pédagogique qui prend en compte les
difficultés comportementales
34Participation active des parents et de la famille
- Contact fréquent et systématique avec les
parents, selon les forces et les besoins
particuliers de la famille. - Les parents sont au courant des comportements
acceptables en milieu scolaire, ainsi que du
fonctionnement et de la composition de la classe. - Collaboration avec les parents et la famille pour
leur proposer des stratégies pour gérer les
comportements inadaptés et les situations
délicates.
35Planifier les transitions
- Lorsquune transition dans le parcours de
lenfant est prévue - définir les objectifs de cette transition au
début de lannée et les travailler avec lenfant. - Préparer et accompagner le personnel de la
structure daccueil. - Préparer et accompagner lenfant dans cette
nouvelle structure
36Gérer et structurer lenvironnement temporel et
spatial
- Les routines, les processus, les attentes et les
horaires sont prévisibles et clairement formulés. - Des signaux sont utilisés pour débuter et
terminer les activités habituelles de la classe. - Les adultes jouent le rôle de modèle et
renforcent les comportements responsables et
respectueux. - Les élèves se concentrent sur lapprentissage.
37Structurer et gérer les relations sociales et
affectives
- Un cadre contenant et sécurisant, avec une loi
(le règlement de linstitution ou de la classe)
juste, construite avec les élèves, énoncée,
écrite et appliquée, définissant des droits et
des devoirs, des réparations et des sanctions. - Cette loi est évolutive et son application fait
lobjet de renforcement positif. - Les problèmes de comportement mineurs sont gérés
dune manière positive et immédiate. - Lanticipation des comportements difficiles
chroniques est assurée et des plans de prévention
sont établis en conséquence. - Limplicite est verbalisé, en particulier sur le
plan affectif et relationnel.
38Soutenir et renforcer les comportements attendus
- Identifier avec les élèves les comportements
attendus - Récompenser les comportements adaptés plutôt que
sanctionner les comportements inadaptés - Valider positivement et régulièrement leurs
acquis cognitifs et comportementaux. Une
fréquence élevée de renforcement, est plus
susceptible damener une modification du
comportement. - Avoir des attentes accessibles par lélève, donc
adaptées à sa situation (contrats de comportement
par exemple) - Les succès comportementaux sont annoncés et
célébrés (au groupe pour les enfants,
individuellement pour des adolescents)
39Donner du sens aux apprentissages
- Proposer des activités signifiantes auxquelles
ils donnent du sens, qui sortent des limites de
la classe (difficulté à différer) - Donner des contenus culturels riches
(mythologies, contes, littérature) cf Boimare
40Sur les démarches
- Les approches classiques ne sont pas toujours
productives (par exemple les manipulations
peuvent être source de débordement) - Le conflit socio-cognitif nest pas toujours
utilisable, même sil reste, au-delà un moyen,
un objectif à atteindre
41Soutenir la difficulté à apprendre
- Restaurer lestime de soi, les mettre en
situation de réussite dans des activités
difficiles par un étayage fort. - Les amener à construire des activités à long
terme (se projeter) - Détacher lévaluation de leur travail de
lévaluation de leur personne
42Annexe
- Sur la sanction éducative
-
- Cf Eric Prairiat
43Les 4 principes structurants de la sanction
éducative
- Principe de signification, elle sadresse à un
sujet, - Principe dobjectivation ,elle porte sur des
actes - Principe de privation , elle supprime des droits
ou des avantages - Principe de socialisation, elle appelle une
réparation ou un geste matériel et/ou symbolique
à destination de la victime ou du groupe.
44Principe de signification
- la sanction éducative sadresse à un individu et
non à un groupe - Cela renvoie à deux exigences une exigence
négative et une exigence positive. - Lexigence négative consiste à renoncer aux mises
en scène spectaculaires, à toutes les formes
punitives exemplaires et édifiantes. Cela ne
signifie pas que lon doit se priver des formes
qui travaillent le symbolique. La solennité a
toute sa place lorsque les circonstances
lexigent - Lexigence positive la sanction appelle la
parole. Pas de sanction appliquée qui ne soit
expliquée
45Principe dobjectivation
- On sanctionne des faire-contre, des passages à
lacte, des actes attentatoires à lordre commun.
On ne punit pas lintégrité dune personne mais
un acte particulier qui a été commis dans une
situation particulière. - La sanction nest donc pas incompatible avec la
dignité éducative puisquelle ne sanctionne que
lindignité dun comportement. Sen tenir aux
actes répréhensibles est non seulement un
principe dobjectivation ( comment sanctionner
des intentions qui ne se sont pas objectivées ?)
mais aussi un principe de préservation (
"communication congruente ). - Dans la relation dialogique congruente, ladulte
centre son intervention sur la situation et se
refuse à tout discours sur le caractère ou la
personnalité de lenfant
46Principe de privation
- La sanction éducative peut déjà être privation de
lexercice dun droit, au sens juridique du
terme. Proposition qui na de sens que si
lespace éducatif décline de manière lisible les
droits et les obligations de chacun. Sil est bon
que les règles de vie fixent avec clarté les
obligations et les interdictions, il nest pas
bon en revanche quelles se résument à une liste
dinterdits car le travail de socialisation doit
sinscrire dans un espace marqué par le pôle des
interdits et celui des licences. - Privation dusage, interdiction dactivité, mise
à lécart temporaire... Il sagit, plus
largement, de priver le contrevenant des
avantages de la communauté. La sanction compromet
les droits, les occasions et les opportunités,
elle restreint les possibles dun mot elle
diminue momentanément la capacité dagir. Son
ressort nest pas lhumiliation mais la
frustration. - Mais ce troisième principe nest pas suffisant
car la sanction ne doit pas être une pure
passivité, elle doit comporter une part
dactivité pour sinscrire dans une dynamique de
reconstruction du lien social.
47Principe de socialisation
- La sanction doit saccompagner dun geste du
coupable à lattention de la victime ou du
groupe. - La réparation est une tentative dapaisement et
délaboration des pulsions, un processus de
maturation qui se fonde sur la reconnaissance de
la souffrance causée. - Le besoin de réparer est aussi le désir de se
réparer. Cest en recréant lobjet que le fautif
se recrée lui-même. La réparation est, en ce
sens, un mouvement de construction du moi. Cest
aussi être en position de reconnaissance par
rapport à autrui car on répare aussi et dabord à
quelquun. Cest introduire une tierce personne
qui est la victime. - En ce sens, on peut dire quune sanction
éducative est une sanction reconstructive car
elle tend à retisser les fils et à renouer le
lien social.