Title: Politiques publiques
1Politiques publiques
- H THOMAS
- Professeur des universités en science politique
2Chapitre introductif Des politiques publiques Ã
laction publique
- I. Les domaines de la politique et la définition
du public - A. Les politiques publiques comme approche et
comme domaine - 1. Les politiques publiques comme approche,
lapproche par le haut / Top down/hiérarchique - 2. Les politiques publiques comme approcheÂ
lapproche dite par le bas ou bottom-up
permet-elle de passer de la politique Ã
laction ? - 3. Les politiques publiques comme domaines de
lEtat - B. Définitions de la notion de politique(s)
publique(s) - 1. Les politiques publiques de la police du
royaume et de lEtat de police aux politiques
(policies) dites publiques. - 2. La notion de programme politique
- 3. Les publics
- II. Fondements et cadres dapplication des
politiques publiques - A. Etat moderne et administration bureaucratique
- 1. Centralisation, concentration des pouvoirs et
fonctions de lEtat - 2. Les caractéristiques de ladministration
bureaucratique - B. Les cadres dapplication
- 1. Homogénéisation du maillage territorial et
centralisation des décisions
3La politique
- La politique est lensemble des normes,
mécanismes et institutions attribuant lautorité,
désignant les leaders, réglant les conflits qui
menacent la cohésion de lensemble intérieur et
organisant les relations avec lextérieur (tout
ceci avec plus ou moins de succès), ou encore
linstance où sarticulent depuis le début des
rapports de commandement - obéissance (le
droit)et de puissance - soumission (la force)
Jean LECA, Traité de science politique,
Introduction, PUF, 1986.
4La politique
- Â Une organisation de domination
Herschafstverband est une organisation
politique Politischer Verband lorsque et tant
que son existence et la validité de ses
règlements sont garanties de façon continue Ã
lintérieur dun territoire géographique
déterminable par lapplication et la menace dun
contrôle physique de la part dune direction
administrative. Une organisation politique
contraignante de caractères institutionnel
politischer Anstaltsbetrieb sera appelée un
Etat pour autant que sa direction administrative
revendique avec ce succès dans lapplication des
règlements, le monopole de la contrainte physique
légitime Max Weber, Economie et société t.1,
p.17
5La politique programme
- En un premier sens la politique désigne donc le
programme, la méthode daction ou laction
elle-même dun individu ou dun groupe concernant
un problème ou la totalité des problèmes dune
collectivité Raymond Aron, Démocratie et
totalitarisme, Paris, Gallimard, 1965, cité in
coll. Idées, 1975, p. 21-22.
6Versus la politique-domaine
- b. la politique-domaine (politics)Â
- -espace du conflit (politics ou la politique) et
de la compétition entre les programmes et les
candidats à lexercice du pouvoir mais aussi de
la coopération et du compromis entre ces acteurs.
7Versus la politique domaine
- -Â En un autre sens, la politique, politics en
anglais, sapplique au domaine dans lequel
rivalisent ou sopposent les politiques diverses
(au sens de policies). - La politique-domaine est lensemble où sont aux
prises individus ou groupes qui ont chacun leur
policy, cest-Ã -dire leurs objectifs, leurs
intérêts leur philosophie parfois.
8Deux sens connexes
- Ces deux sens du mot politique bien quils soient
distincts, sont connexes. - () la sociologie de la politique traite de
certaines institutions, telles, dans les sociétés
modernes, les partis, le Parlement,
ladministration , ibid p.22 et 24. - Des sens connexes une influence réciproqueÂ
- une influence de la politique (politics) sur les
politiques publiques (policies) et inversement. - Lexemple des politiques de lutte contre
linsécurité en France.
9Politics ? Policies
- Le débat autour des actions à mener sest
développé depuis de lélection présidentielle de
2002 çà cest de la politique (politics)
influant sur les programmes daction menés par le
gouvernement en la matière (policy ou politique
publique de lutte contre linsécurité) . - En retour
- Policy ? Policies ces politiques publiques menées
influent à la fois sur les autres politiques
publiques sectorielles menées par le gouvernement
(policies) par exemple sur les politiques
pénales, judiciaires, éducatives, sociales, de la
ville etc.,
10Policy? Politics
- Influe aussi
- sur le débat politique national entre la majorité
parlementaire et lopposition à lassemblée et
dans les médias bref sur la politique au sens de
politics, - Et également sur les aspects non politiques de la
vie des citoyens (leur vie familiale, leurs
rapports de voisinage, etc.).
11trois sens du mot politique
- les modes dorganisation des gouvernements et
des sociétés humaines - les types daction qui concourent à la
direction des affaires publiques - les stratégies résultant de la compétition des
individus et des groupes - G. Balandier , Anthropologie politique, PUF,
1967, p.32
12II. Les moyens et les cadres dapplication en
démocratie
- II. Fondements et cadres dapplication des
politiques publiques - A. Etat moderne et administration bureaucratique
- 1. Centralisation, concentration des pouvoirs et
fonctions de lEtat - 2. Les caractéristiques de ladministration
bureaucratique - B. Les cadres dapplication
- 1. Homogénéisation du maillage territorial et
centralisation des décisions - 2. Du territoire au secteur et retour
- 3. Gouvernementalité, gouvernabilité gouvernance
des politiques publiques à laction publique.
Interaction entre échelons décisionnels et
niveaux de mise en œuvre échelles et
territorialisation des politiques publiques.
13Administration patrimoniale
- Cependant on trouve également partout, même dans
les formations politiques les plus anciennes, la
régie personnelle du chef. Celui-ci cherche Ã
devenir le maître de ladministration en la
confiant à des subordonnés attachés à sa
personne, Ã des esclaves, Ã des domestiques, Ã
des commis, à des favoris ou encore à des
prébendés quil attire par des dotations en
nature ou en espèces prélevées sur ses réserves.
Il fait face aux dépenses administratives par des
prélèvements sur sa fortune personnelle ou bien
en distribuant les revenus de son patrimoine et
il crée une armée dépendant personnellement de sa
seule autorité puisquelle est équipée et
approvisionnée dans ses greniers, dans ses
magasins et dans son arsenal. Dans le premier
cas, celui dun groupement structuré en
 états , le souverain ne gouverne quavec
laide dune aristocratie indépendante et partage
de ce fait avec elle le pouvoir. Dans le second
cas il sappuie soit sur des gens de sa maison,
soit sur des plébéiens, cest-à -dire sur des
couches sociales sans fortune et dépourvues de
tout honneur social propre. Par conséquent ces
derniers dépendent entièrement de lui du point de
vue matériel, mais surtout ils ne sont soutenus
par aucune sorte de pouvoir capable de
concurrencer celui du souverain. Toutes les
espèces de pouvoir patriarcal et patrimonial
aussi bien que le despotisme dun sultan et les
États à structure bureaucratique appartiennent Ã
ce dernier type, jinsiste tout
particulièrement sur lÉtat bureaucratique parce
quil caractérise au mieux le développement
rationnel de lÉtat moderne.
14Etat moderne et administration des moyens de
gestion
- Partout le développement de lÉtat moderne a pour
point de départ la volonté du prince dexproprier
les puissances  privées indépendantes qui, Ã
côté de lui, détiennent un pouvoir administratif,
cest-à -dire tous ceux qui sont propriétaires de
moyens de gestion, de moyens militaires, de
moyens financiers et de toutes les sortes de
biens susceptibles dêtre utilisés politiquement.
Ce processus saccomplit en parfait parallèle
avec le développement de lentreprise capitaliste
expropriant petit à petit les producteurs
indépendants. Et finalement on voit que dans
lÉtat moderne le pouvoir qui dispose de la
totalité des moyens de gestion politiques tend Ã
se ramasser en une seule main aucun des
fonctionnaires ne reste plus propriétaire
personnel de largent quil dépense ou des
bâtiments, des stocks et des machines de guerre
quil contrôle. lÉtat contemporain et cela est
important sur le plan des concepts a donc
entièrement réussi à  couper la direction
administrative, les fonctionnaires et les
travailleurs de ladministration des moyens de
gestion. Cest alors que lon voit apparaître un
processus tout nouveau qui se déroule
actuellement sous nos yeux et qui essaye
dexproprier lexpropriateur des moyens
politiques et du pouvoir politique.
15Administration politique et économique
- Telle semble du moins être lœuvre de la
révolution allemande de 1918 dans la mesure où
des chefs nouveaux se sont substitués aux
autorités établies, où ils se sont emparés par
usurpation ou élection du pouvoir qui contrôle
lensemble de ladministration et lappareil des
biens matériels, et où ils font dériver peu
importe avec quel droit leur légitimité de la
volonté des gouvernés. Mais on peut se demander
si ce premier succès au moins apparent
permettra à la révolution de réaliser
lexpropriation de lappareil économique du
capitalisme dont lactivité soriente, par
essence, selon des lois totalement différentes de
celles de ladministration politique. Il ne nous
appartient pas de prendre aujourdhui position
sur ce point.
16Etat moderne
- Je me contenterai de retenir pour mon propos
cette constatation dordre purement conceptuelÂ
lÉtat moderne est un groupement de domination de
caractère institutionnel qui a cherché (avec
succès) à monopoliser, dans les limites dun
territoire, la violence physique légitime comme
moyen de domination et qui, dans ce but, a réuni
dans les mains des dirigeants les moyens
matériels de gestion. Ce qui veut dire quil en a
exproprié tous les fonctionnaires qui, suivant le
principe des  états , en disposaient autrefois
de leur propre droit et quil sest substitué Ã
eux, même au sommet de la hiérarchie. - Max Weber  Le métier et la vocation dhomme
politique 1919
17Etat moderne et administration bureaucratique
- LEtat moderne est le résultat dun lent
processus de construction de la souveraineté
judiciaire, fiscale et politique imputée à un
centre et diffusée selon un modèle hiérarchique
du centre vers les périphéries territoriales et
sociales. Ce processus est parachevé lorsque
lautorité politique sautonomise par rapport Ã
lautorité religieuse et dispose pour exécuter
les ordres du souverain dune administration
spécialisée fondée sur les critères de
permanence, dimpersonnalité, de loyalisme envers
la fonction et de compétence
18Centralisation, concentration des pouvoirs et
fonctions de lEtat
- Processus de développement de lEtat moderne en
Europe, un processus millénaire de centralisation
politique et territoriale de la souveraineté
autour dun centre (le monarque) à la fois - - judiciaire (à partir du XIIème siècle),
- - décisionnel (pouvoir temporel qui sautonomise
progressivement vis à vis de la papauté XIIIème
XIVème siècle) - - financier (XVIème XVIIème siècle) qui
sachèvent sous labsolutisme en France - - avant que ne se développent des fonctions
redistributives à partir de ce centre
(Socialisation du monopole selon Elias XVIIIème
et XIXème siècle) - voire une décentralisation XXème siècle dune
partie des compétences non régaliennes - Ce centre est la source normative doù partent
tous les ordres et les missions de contrôle de
leur bonne exécution et où remontent les
rapports, les doléances, les comptes-rendus
détats généraux.
19Les pré-requits à lémergence et à la
consolidation de lEtat
- permanence, et impersonnalité des relations et
des institutions, loyauté envers le souverain -  Nos critères sont lapparition dunités
politiques durables et géographiquement stables,
le développement dinstitutions stables et
impersonnelles, le consensus sur la nécessité
dune autorité suprêmes et sur le loyalisme
auquel cette autorité a droit de la part de ses
sujets. Cest dans lEurope occidentale de 1100 Ã
1600 quil faut chercher les signes de ces
changements , Joseph Strayer, Les origines
médiévales de lEtat moderne, Paris, Payot, 1970 - p.23
20-  Le premier critère purement externe est facile
à reconnaître. Il faut une certaine permanence
dans lespace et dans le temps à une communauté
humaine pour quelle se transforme en Etat. Ce
nest quen vivant et en travaillant en un lieu
donné et pendant de nombreuses générations quun
groupe humain fait émerger les modèles
dorganisation essentiels à lédification dun
Etat. () Une fois donnée la continuité dans
lespace et dans le temps, la seconde condition
nécessaire à lémergence de lEtat se fait jourÂ
il faut que sétablissent des relations
politiques impersonnelles et relativement
permanentes() il faut des institutions
politiques qui survivent au changement des chefs
ou de volonté de ceux-ci, permettent une
spécialisation dans la conduite des affaires
publiques et une plus grande efficacité du
processus politique qui renforce le sentiment de
lidentité politique du groupe. () plus
important que la permanence est le signe que ces
institutions gagnent en prestige et en autorité
existence de lidée de souveraineté () Le
dernier critère, le plus important et le plus
nébuleux. Nous devons découvrir que les
sentiments de loyalisme autrefois éprouvés envers
la famille, la communauté locale ou
lorganisation religieuse se sont déplacés au
profit de lEtat. Il faut que celui-ci acquière
une autorité morale sur laquelle il puisse
appuyer sa structure institutionnelle et sa
théorique suprématie légale. A la fin de cette
évolution les citoyens donnent la préséance aux
intérêts de lEtat et considèrent sa sauvegarde
comme le bien social suprême  Joseph Strayer,
Les origines médiévales de lEtat moderne, Paris,
Payot, 1970, p.15-24.
21Permanence, impersonnalité, loyalisme
- Permanence dans lespace et le temps de la
population et du territoire et sédentarisation de
cette population - Relations politiques impersonnelles et
permanentes fondée sur lidée abstraite de
souveraineté - Doctrine papale du Moyen Age Dictatus Papae 1075
qui  de omnibus judicat et a nemine judicaturÂ
ses décisions ne peuvent être revues par
personne, il ne doit être jugé par personne. - Ordonnance de Westminster 1275 le roi en tant que
souverain (suzerain) peut rendre justice à tous
même au pays de Galles où il nest pas souverain
politiquement - le roi, suprême souverain peut seul promulguer
les lois qui lui semblent favoriser le bien
commun et tous sont justiciables de lui
(Beaumanoir Coutumes du Beauvaisis 1550) - Loyalisme envers lEtat qui lui confère une
autorité morale fondant sa structure
institutionnelle
22La construction dun centreÂ
- Emergence dune structure politique centrale par
enclenchement dun processus par lequel tend à se
cristalliser sur un lieu/une instance donné(e)
lidentité politique de toute une collectivité
et où se forment un ensemble dinstitutions
prétendant mettre en œuvre des politiques
impératives sur tous et sur tout le territoire
concerné. - 1. Pénétration progressive de ce centre au sein
de la périphérie - par des mécanismes visant à créer sentiments
dallégeance et de perception de la présence de
la contrainte comme légitime - par la définition dun certain nombre de buts,
normes, valeurs, symboles, supposés être communs
à la collectivité toute entière - par régulation des conflits au sein de la
périphérie en créant des normes communes et
homogènes et organisation de lusage de la force - 2. Réorganisation progressive de la périphérie
sur le modèle du centre et test sur la périphérie
de réformes éventuellement mises en place ensuite
au niveau central (Legendre 1994) - 3. Négociation avec les instances traditionnelles
locales pour les réaménager qui servent de
médiatrices du changement - Bertrand Badie, Le développement politique,
Economica, 1974, p. 112-117
23Le processus de monopolisation
- Constitution dun centre politique (monopole
territorial et fiscal) accaparant la souveraineté
par cumul de suzeraineté sur de nombreux vassaux - XIIème légistes royaux justice royale
- XIème-XIIIème siècle Concurrence libre mais
constitution et agrandissement progressif du
domaine royal (ordonnance de janvier 1258 la paix
du roi) et du territoire du royaume de France
jusque Bouvines 1314 Philippe Auguste puis
consolidation - XIVème-XVème phase des apanages avec lextension
des territoires nouvelle tendance à la
décentralisation. Dotation par coutume des
enfants du souverain - XVème-XVIème 1413 ordonnance cabochienne toute
donation ou aliénation du domaine royal est
interdite victoire du monopole royal - XVIIème mécanisme absolutiste socio-genèse du
monopole fiscal
24Les caractéristiques de ladministration
bureaucratique
- Une forme dadministration de la domination
rationnelle légale -  le type de la direction administrative,
rationnelle et légale est susceptible
dapplication universelle et il est le plus
important dans la vie quotidienne. Car avant
tout, dans la vie quotidienne, la domination est
administration .
25Politique
-  La détention du monopole exige la mise en place
dune vaste administration et dune division du
travail très poussée. Elle sachemine vers un
seuil où les détenteurs du monopole se
transforment en simples exécutants dun appareil
administratif aux fonctions multiples. Certains
exécutants sont plus puissants que dautres mais
tout aussi dépendants et liés par toutes sortes
de contingences . Norbert Elias, La dynamique de
lOccident, Paris, Pocket, p.31.
26Ladministration bureaucratique
- A. fondé sur le droit (établi par le pacte ou
loctroi) le droit entendu comme un cosmos de
règles abstraites normalement décidées
individuellement - B. impersonnelle
- -chacun obéit non à la personne y compris le
détenteur légal type du pouvoir mais aux
règlements - -celui qui obéit nobéit quau droit dans un Etat
comme citoyen - -pas à la personne mais à des règlements
impersonnels - Les catégories fondamentales de la domination
rationnelle sont une activité de fonction
publique - C. continue et liée à des règles au sein dune
compétence (dun ressort) domaine de devoirs
dexécution avec des pouvoirs de commandement et
délimitation précise des moyens de coercition
autorité constituée - D. organisée
- selon une hiérarchie des fonctions impliquant le
contrôle des supérieurs sur les inférieurs
(principe de hiérarchie administrative) - et selon les compétences de ceux qui exercent les
fonctions, Weber nomme cela  formation
professionnelle (Fachschulung) nécessaire Ã
lapplication des règles (techniques ou des
normes) afin dobtenir une complète rationalité.
Normalement seul celui qui possède cette
formation est qualifié pour participer à la
direction administrative dun groupement
(rationnel quil soit hiérocratique, économique
en particulier capitaliste ou politique) et seul
un tel individu peut être nommé fonctionnaire - E. suppose une séparation stricte entre la
fonction et la personne qui loccupe (reçoive les
moyens de lactivité en argent ou en nature, ils
sont eux même appointés le lieu dexercice
dactivité est différent du lieu dhabitation - F. lessentiel des décisions et dispositions est
écrit -  Les actes et lactivité continue des
fonctionnaires constituent le bureau, le centre
daction moderne dun groupement quelconque - G La domination légale peut admettre des formes
très différentes structure idéal typique de la
direction administrative de lEtat moderne  le
fonctionnariat ou  bureaucratieÂ
27Politique
- Â le type de la direction administrative,
rationnelle et légale est susceptible
dapplication universelle et il est le plus
important dans la vie quotidienne. Car avant
tout, dans la vie quotidienne, la domination est
administration .
28la direction administrative bureaucratique
- Seul le chef du groupement occupe la position de
détenteur du pouvoir mais ses attributions
constituent des compétences légales. La totalité
de la direction administrative se compose dans le
type le plus pur de fonctionnaires individuels - personnellement libres et nobéissant quaux
devoirs de leur fonction - dans une hiérarchie solidement établie
- avec des compétences solidement établies
- en vertu dun contrat sur le fondement dune
sélection ouverte - selon la qualification professionnelle
- payés par des appointements fixes en espèce
- traitent leur fonction comme principale
profession - voient souvrir à eux une carrière avec un
avancement - séparés des moyens dadministration et sans
appropriation de leur emploi - sont soumis à une discipline stricte et homogène
29Ses avantages
- précision permanence discipline rigorisme
confiance quelle inspire de par sa
prévisibilité, adaptabilité à toutes les tâches,
perfectibilité bref la plus rationnelle dans sa
forme et inévitable de par les besoins de
ladministration de masse des personnes et des
biens -
- car domination du point de vue du savoir
spécialisé et savoir du service - doù tendance au nivellement social dans
lintérêt du recrutement universel de ceux qui
sont les plus qualifiés dans leur spécialité - tendance à la ploutocratisation dans lintérêt de
la formation la plus longue possible (jusque 30
ans environ) - domination de limpersonnalité la plus
formaliste sine ira et studio sans haine et sans
passion de là sans amour et enthousiasme seule
considération du devoir sans considération de
personnes égale pour tout le monde
30Homogénéisation du maillage territorial et
centralisation des décisions
- Le maillage territorial homogénéisation
révolutionnaire invention du département contre
les provinces et la commune qui ne devient pas le
maillage décentralisé (peur des villes
révolutionnaires au XIXème siècle. - Le département et ses subdivisions
(arrondissements, cantons) seul maillage
territorial jusquaux lois de 1982 et après
subsiste comme le maillage clef des politiques
sociales (là où lEtat distribue de largent)
présent dans celles daménagement du territoire
quand léchelon central nest pas le seul Ã
décider comme dans le cas des politiques de la
ville par exemple. - La question se pose de linteraction entre les
échelons et entre les instances politiques et
administratives à chaque échelon et entre deux
échelons de niveau différents (commune
département départements/régions Etat-régions)
rendant difficile les programmes dépassant le
cadre de lEtat-nation à échelon par exemple
régions-régions dans lU.E. - Questions de régulation
- Le modèle de la régulation croisée cf Thoenig
Dupuy - A à quel échelon se situe le pouvoir décisionnel.
Grémion, Le pouvoir périphérique
31Territoire et secteur
- Les secteurs et le rapport global sectoriel
- Depuis la fin du XIXème siècle la division du
travail administratif comme celle du travail
productif nest plus territoriale (rural/urbainÂ
agriculture et métiers liés/industries) mais
sectorielle la compétence administrative est
spécialisée par secteurs dactivités
dadministration de plus en plus nombreux au fur
et à mesure de la montée en puissance de lEtat
social. -
32Centre périphérie
- Cest ce que Muller caractérise par le passage du
modèle centre/périphéries à ce quil appelle le
rapport global sectoriel quand la division du
travail conduit non seulement à la spécialisation
des rôles ,des fonctions et des métiers mais
aussi à leur exercice sur la base dune
compétence qui dissocie aussi le lieu de travail
du lieu de consommation le secteur se détache
du territoire le secteur agricole se différencie
du monde rural, le secteur social de
lintervention dans le cadre de la paroisse ou de
la commune pour des aides par catégories
dassistés
33RGS
-  Le secteur apparaît comme une structuration
verticale de rôles sociaux (professionnels) qui
définit ses règles de fonctionnement, de
sélection des élites, délaboration de normes et
de valeurs spécifiques de fixation de ses
frontières Les politiques publiques, PUF, 1990,
p 19 - Lévolution des secteurs dépend de celle des
secteurs voisins ce sont les politiques publiques
qui vont gérer les antagonismes intersectoriels
34RGS et PP
- Ou encore  dun processus de médiation sociale
dont lobjet est de prendre en charge les
désajustements qui peuvent intervenir entre un
secteur de la société et dautres secteurs ou
encore entre un secteur et la société globale. On
dira que lobjet dune politique publique est la
gestion dun rapport global/sectoriel () mais ce
rapport est en même temps la variable clef de
détermination dune politique publique () ce
rapport ne peut se transformer en objet
dintervention publique quen fonction de limage
que sen font les acteurs concernés. Cest cette
représentation quon appelle référentiel dune
politique publique qui désigne lensemble des
normes ou images de référence en fonction
desquelles sont définis les critères
dintervention de lEtat ainsi que les objectifs
de la politique publique considérée p. 23-26
35Â Une politique publique
-  Une politique publique se présente sous la
forme dun programme daction gouvernemental dans
un secteur de la société ou dans un espace
géographique (Thoenig Meny 1989)
36Thoenig
- En définitive, selon THOENIG (1985), cinq traits
caractérisent la notion de politique - publique
- - La politique publique se distingue par un
ensemble de mesures. En d'autres termes, le
travail - gouvernemental produit des résultats concrets, ce
qu'en anglais on désigne parfois du nom - d'output ou d'outcome. L'attention portée tant au
contenu qu'au processus qui a conduit à sa - création constitue l'une des originalités de
l'étude des politiques publiques - - elle contient des éléments de décision ou
d'allocation dont la nature est imposée par les
acteurs - gouvernementaux à leur environnement. Elle est
une règle énoncée de façon verbale (discours) - ou écrite (loi, circulaire), une prescription ou
une incitation visant à guider les comportements.
La - coercition dont l'autorité publique a
l'exclusivité est un facteur structurel qui
sous-tend l'action - gouvernementale
- - elle désigne un cadre assez général d'actions
qui n'exclut pas la prise en compte de stratégies - ponctuelles ou isolées. D'autre part, toutes les
politiques publiques ne sont pas fondées sur des - perspectives explicitement définies
- - elle affecte, par son contenu, son impact, un
certain nombre d'individus, de groupes ou - d'organisations dont l'intérêt, la situation ou
le comportement s'en trouvent modifiés - - elle est normative car elle doit atteindre des
objectifs pour satisfaire à des intérêts. - politique ?
37typologie des politiques publiques d'après
THOENIG (1985).
- TYPES POLITIQUES MODALITES EXEMPLE
- TYPE 1 distributives Elles donnent une
autorisation ou accordent unprivilège Le permis
de conduire - TYPE 2 redistributives Elles classent les
individus selon des critères qui leur donnent ou
non l'accès à des avantages Le droit d'être à la
retraite - TYPE 3 "réglementaires" Elles édictent des règles
de comportement Limitation de vitesse - TYPE 4 constitutives Elles définissent des règles
sur le pouvoir Code de procédure pénale
38Politics versus policy
- Politics ou  phénomène de luttes pour le
pouvoir, de concurrence entre les partis, des
groupes dinfluence, des catégories sociales, des
personnes pour lexercice de linfluence et pour
loccupation des fonctions dautorité dans une
collectivité, dans un pays, sur un marché
électorale (Meny/Thoenig, 1979) - Policy ou  cadre dorientation pour laction, un
programme ou une perspective dactivitéÂ
(op.cit.) - Tout acte ou non acte dune autorité publique
face à un problème ou dans un secteur relevant de
son ressort, relève dune théorie de changement
social - Le budget exprime la réalité des choix et des
options de politiques publiques dun
gouvernement.
39efficience
- Toute activité publique a  à la charge de son
efficience dajuster les ressources et les
produits, elle est responsable dune fonction de
production. Pour ce faire elle dispose doutils
de gestion comptabilité, gestion des ressources
humaines, informatique, procédures dorganisation
du travail, etc. - (Meny/Thoenig, Politiques publiques, 1989)
40Politique publique
-
- Politique publique insiste sur la notion de
programme daction concertée et se concentre sur
lanalyse des objectifs des moyens et de leur
adéquation en considérant cette action comme
cohérente a priori car légale (au sens de Weber)
et résultant dun processus décisionnel
démocratique.
41Action publique
- Action publique renvoie avant tout à la notion
dacteur individuel ou collectif - renvoie à un modèle danalyse fonctionnaliste ou
stratégique - Qui étudie la forme de division du travail
administratif - Décisionnel/mise en œuvre
- Encadrement/application
- Et la distribution des rôles relatifs aux
fonctions occupées sur le papier ou de fait - Comme faisant système mais où chaque acteur
individuel ou collectif garde une marge de
manœuvre lui permettant de déployer des
stratégies spécifiques.
42Action publique
- Pilotage
- Partenariat
- Gouvernance
- Multi-niveaux daction
- négociation
- Expertise
- Évaluation
- nouvelles régulations
43Biblio à compléter vous mêmes
- ARON R, Démocratie et totalitarisme, Paris, Le
Seuil, 1962 - BOURDIEU P., Propos sur le champ politique, Lyon,
P.U.L, 2000 - CHAMPAGNE (P.), "La vision d'Etat", in Bourdieu
P. (dir.), La misère du monde, Paris, Seuil,
1993, p.261-269 et "La vision médiatique", ibid.
p. 61-79. - LECA (J.) (dir.) Traité de science politique,
Paris, PUF, 1986, t.1. Introduction. - GAXIE (D), La démocratie représentative,
Montchrétien, coll.  Clefs , 1998. - Weber (M.), Economie et société, trad. française,
Paris, Plon, 1982
44Quelques manuels de politiques publiques en
français
- BOUSSAGUET Laurie, JACQUOT Sophie, RAVINET
Pauline, Dictionnaire des politiques publiques,
Paris, Presses de sciences po, 2004. - CHEVALIER Jacques, Science administrative,
Paris PUF (Coll. Thémis), 1986. - DUPUY François, THOENIG Jean-Claude Thoenig,
Sociologie de l'administration française, Paris,
A. Colin U, 1983 - GAUDIN Jean-Pierre, Laction publique. Sociologie
et politique , Paris, Dalloz et Presses de
Sciences Po, 250 p, .Paris Presses de Sciences
PO 2004 - GREMION Pierre, Le pouvoir périphérique,
Bureaucrates et notables dans le système
politique français, Paris, Seuil, 1976. - HALL Peter., TAYLOR Robert., La science
politique et les trois néo-institutionalismes ,
RFSP, Vol. 47, n 3-4, juin-août 1997. - HASSENTEUFEL Patrick, Sociologie politique
l'action publique, Armand Colin, collection U,
2008 - JOBERT Bruno, Le tournant néo-libéral en Europe,
Paris LHarmattan, 1994. - LASCOUMES Pierre et LE GALES Patrick , Sociologie
de laction publique, Paris Armand Colin,
collection Sociologie, 2007 - LASCOUMES Pierre et LE GALES Patrick , Gouverner
par les instruments, Presses de Sciences Po,
2005,. MENY Yves, THOENIG Jean-Claude,
Politiques publiques, 1989 - MASSARDIER Gilles, Politiques et action
publiques, Armand Colin, 2003 - .MULLER Pierre, Politiques publiques, ParisÂ
PUF, 1990. - MULLER P., Lanalyse cognitive des politiques
publiques vers une sociologie politique de
laction publique in Les approches cognitives
des politiques publiques, RFSP, Vol.50, n2,
avril 2000. - PADIOLEAU Jean-Gustave, L'Etat au concret, Paris,
PUF, 1982. - PARSONS Wayne, Public Policy. An introduction to
the Theory and Practice of Policy Analysis,
Cheltenham, E. Elgar, 1995. - THOENIG Jean-Claude (dir.), Â Les politiques
publiques , Madeleine Grawitz, Jean Leca (dir.),
Traité de science politique, Paris, PUF, 1985,
volume 4, 558 p.
45SELECTION DOUVRAGES EN FRANCAISÂ
- BERNARDOT Marc, Loger les immigrés. La Sonacotra
1956-2006, Bellecombes en Bauge, Le croquant,
2008 - BEC Colette, De l'Etat social à l'Etat des droits
de l'homme, Rennes , PUR, Collection Res
publica 2007 - CALLON Michel, LASCOUMES Pierre, BARTHE Yannick,
Agir dans un monde incertain. Essai sur la
démocratie technique, Paris, Le Seuil, 2001. - FAURE Alain, POLLET Gilles, WARIN Philippe
(dir.), La construction du sens dans les
politiques publiques. Débats autour de la notion
de référentiel, Paris, L'Harmattan (Logiques
Politiques), 1995. - HURET Romain, La fin de la pauvreté ?Les experts
sociaux en guerre contre la pauvreté aux
Etats-Unis (1945-1974), Paris, EHESS éditions,
2008 - JOBERT Bruno, MULLER Pierre, L'Etat en action.
Politiques publiques et corporatismes, Paris,
PUF, 1987, 242 p. P. LASCOUMES, Lécopouvoir -
Environnements et politiques, Paris La
découverte, 1994. PADIOLEAU Jean-Gustave LEtat
au concret, Paris PUF, 1982 - RODRIGUEZ Jacques Le pauvre et le sociologue. La
construction de la tradition sociologique
anglaise XIXe-XXe siècles Presses universitaires
du Septentrion, 2007 - THOMAS Hélène, La production des exclus, PUF,
Coll Sociologie daujourdhui, 1997
46Politiques publiques Sommaire du cours de 2ème
année 2008-2009helene.thomas_at_iep-aix.fr
- Chapitre introductif Politiques publiques et
action publique les domaines des politiques
publiques - Première partie problèmes publics, modèles et
paradigmes - Chapitre 1Â Les politiques publiques comme
sciences de gouvernement ou de la gouvernanceÂ
des sciences camérales au New Public ManagementÂ
les approches administratives, gestionnaires et
économicistes des politiques publiques en Europe
ou encore de lEtat de police/prévoyance Ã
lEtat animateur - Chapitre 2Â De la sociologie des organisations Ã
lapproche séquentielle des politiques publiques.
Les processus de décision publique des inputs aux
outputs un modèle anglo-saxon des politiques
publiques ou comment étudier lEtat centraliste -
- Chapitre 3Â Les approches cognitives des
politiques publiques et lanalyse du changementÂ
le cas des politiques agricoles et urbaines
lanalyse politologique des politiques publiques
uen spécificité française ou européenne - Chapitre 4 Les approches constructivistes et
résiliaires genèse et de transformation des
champs décisionnels de laction publique. Le
cas de la politique du logement social et du
logement des migrants. - Chapitre 5Â Les approches par le bas ou comment
appréhender laction publique du point de vue des
usagers le cas des politiques de lutte contre les
exclusions
47Deuxième partie Experts, catégories et
instruments de laction publique
- Chapitre 6Â Les politiques publiques en motsÂ
taxinomies, pratiques, expertes et savantes
les politiques sanitaires et sociales et de lutte
contre les inégalités - Chapitre 7 Les politiques publiques en
chiffres indicateurs et statistiques publiques
les politiques de lemploi et de lutte contre les
inégalités contre la délinquance et dimmigration
- Chapitre 8 Les politiques publiques en normes et
règles équité, dignité, responsabilité ou les
nouveaux fondements éthiques et politiques de
laction publique -
- Chapitre 9Â Politiques sectorielles,
transversales et globales quels instruments
quels dispositifs daction - Chapitre 10 Evaluation, participation,
territorialisation et européanisation des
politiques publiques. Le cas des politiques de
coordination judiciaire et policière dans
lUnion Européenne