Title: 3. La dynamique des classes sociales et ses cons
13. La dynamique des classes sociales et ses
conséquences les mobilités sociales
- Définition
- Nous appellerons mobilité sociale tout
déplacement de position, - individuel ou collectif,
- inter ou intra-générationnel,
- au sein dune structure sociale en mouvement.
- Cette mobilité sociale peut-être
- ascendante (promotion sociale),
- horizontale (changement demploi) ou
- descendante
2Cours de mobilité sociale (1)
3- On nomme mobilité sociale structurelle ou forcée
les déplacements qui sont la conséquence de la
transformation de la structure sociale -
- Exemple baisse du nombre de paysans et
augmentation du nombre demplois ouvriers, puis
baisse (relative) du nombre demplois ouvriers et
augmentation du nombre demplois du secteur
tertiaire. - On nomme mobilité sociale nette ou pure ou
fluidité sociale ce qui excède la mobilité
sociale structurelle. On imagine alors quà
structure sociale inchangée, les fils douvriers
ont plus de chance daccéder à des emplois de
cadres.
4- Plus la mobilité sociale nette est importante,
plus la société est alors considérée comme
ouverte . - Une distinction contestée
- analyse en terme de force du lien qui unit la
position des pères à celle des fils.
53.1. Les théories sociologiques de la mobilité
sociale face à la mobilité sociale ouvrière
- Un thème populaire récurrent
- Molière, le bourgeois Gentilhomme
- Maupassant, Bel-Ami
- Stendhal, Le Rouge et le Noir,
- Annie Ernaux, La Place
- La sociologie naissante sintéresse à la
mobilité sociale ascendante, en portant son
regard depuis les sommets de la structure
sociale. - Un premier programme de recherche avait été conçu
à la fin du 19e siècle par les sociologues
regroupés autour de Gabriel Tarde, qui avait
essentiellement pour but de mettre en évidence
lhérédité (génétique) des grands hommes .
6- Un seul Durkheimien Paul Lapie
- un émigré Russe aux Etats-Unis, Pitirim Sorokin,
- ancien ministre de Kérensky, Social mobility
(1927). - PITIRIM ALEXANDROVICH SOROKIN(1889-1968)
- Ce programme sociologique se développe dabord
aux Etats-Unis - La France prend un retard considérable
- Pour mieux comprendre la genèse de cette
problématique, nous verrons - 1. lenvironnement idéologique qui conditionnera
la représentation de la société en strates entre
lesquelles circulent des individus - 2. les enjeux attachés à ces représentations
- 3. ce qui distingue, à partir des enjeux
idéologiques repérés, les démarches
scientifiques, les règles et normes de la
recherche sociologique.
7Quelques livres
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83.1.1. Les enjeux idéologiques..
Légitimité Illégitimité
Reproduction Argument dynastique, autorité de léternel hier (Weber) Tendance à la biologisation Privilège, fatalité, condamnation, inertie, tendance à la dégénérescence, injustice
Fluidité Méritocratie, égalité des chances, dé mocratie Désordre, déchéance (pour ceux qui descendent), anomie.
9Pourquoi idéologique ?
- Lidéologie est une vision du monde, non neutre,
déformée par le jeu des intérêts des acteurs
sociaux. Cest une vision du monde à la fois
partagée et mise au service dune cause.
10- Partagée cest elle qui définit la validité et
la légitimité dun champ au sens de Pierre
Bourdieu (espace social qui structure les
rapports de force entre agents, enjeu de luttes
pour le monopole de la domination légitime).
Tous les agents engagés dans un champ ont donc
en commun un certain nombre dintérêts
fondamentaux (Lallement, 1993). Cest ainsi que
P. Bourdieu explique par exemple la domination
masculine, qui ne serait pas possible si les
schèmes de perception des dominants nétaient pas
aussi ceux des dominés. (Bourdieu 1998).
11- Au service dune cause car au-delà de ces
schèmes partagés, chaque champ est dominé par un
groupe dagents qui impose sa vision légitime du
monde afin dassurer sa reproduction en tant que
groupe dominant.
12Les rapports entre la science et lidéologie sont
ambigus
- Toute représentation sociale est idéologique.
Elle vient donc sinterposer entre le chercheur
et son objet. (Durkheim, 1894). Obstacle et
condition - elle peut en être la matrice, dans la mesure où
elle impulse et guide le chercheur au moins à ses
débuts, quitte à ce que la recherche linvalide
ensuite. - Elle nest donc un obstacle quen fin de
parcours, lorsquelle cesse dêtre une intuition
pour commander les conclusions. - Analyser la mobilité sociale, cest accepter une
vision du monde au sein de laquelle les
déplacements des acteurs sociaux dune position
sociale à une autre à travers les générations
constitue un niveau pertinent dinformation pour
saisir la réalité sociale dans son ensemble.
13- Cest, à travers lanalyse, valoriser ce
phénomène particulier, le hisser à un niveau où
il puisse être reconnu en le reconnaissant
soi-même digne dintérêt. Cest lui donner un
sens, une orientation, un objectif voire un idéal
pour toute la société.
14- A linverse, lui dénier toute valeur explicative
fondamentale cest le renvoyer à la dimension
personnelle, accidentelle, arbitraire, de choix
individuels non représentatifs ou au contraire de
phénomènes économiques que les groupes sociaux ne
peuvent que subir. Tout en reconnaissant la
réalité des transformations de la structure
sociale au sein de laquelle évoluent les acteurs
sociaux, cest lui conférer un caractère
inévitable, presque accidentel, une rançon du
progrès , mais en aucun cas un idéal qui serve
de guide légitime aux stratégies des acteurs.
15- Nous examinerons ici successivement les
conditions culturelles qui ont fait quen France
en particulier la sociologie de la mobilité
sociale a longtemps été un objet sociologique non
pertinent (Cuin, 1993) (1.1.) puis à linverse
les conditions historiques particulières qui ont
fait de celle-ci aux Etats-Unis un trait de
civilisation distinctif. (1.2.).
16- La mobilité sociale comme objet sociologiquement
non pertinent
17- La France, longtemps considéré comme un pays de
classes immobiles ou faiblement mobiles, fut
à la fois la terre délection dun républicanisme
conservateur et dun marxisme figé.
18La France, pays de la barrière et du niveau .
19De lancien Régime à la Révolution
- Le passage de la Monarchie à la République est
couramment présenté comme un changement de régime
de la mobilité sociale, la stratification sociale
passant dun principe détats à celui de classes.
Dans un système détats tel quil existait avant
1789, les frontières entre strates, sans être
totalement imperméables, étaient difficilement
poreuses. Soulignons que lAristocratie nétait
pas seule à constituer un état la bourgeoisie
marchande et pré-industrielle constituait
également un groupe social fermé aux individus
originaires dautres groupes de ce qui
constituait le Tiers Etat , ou partie non
noble de la société. Les monopoles familiaux sur
une profession étaient autant de rentes de
situation qui constituaient un obstacle au
développement économique du Royaume. Turgot,
ministre du Roi, tenta par lEdit de février
1776, soit 13 ans AVANT la révolution, dabolir
les corporations. Ce texte prépare explicitement
les conditions juridiques dune mobilité
professionnelle Il sera libre à toutes les
personnes de quelque qualité et condition
quelles soient() dembrasser et dexercer ()
tout commerce et telle profession (.) que bon
leur semblera (soubiran-Paillet 1998).
20- Preuve de lenracinement de la bourgeoisie dans
le système politique dalors, de lentremêlement
des intérêts dune partie de la noblesse et de la
bourgeoisie, cette tentative de réforme, pourtant
appelée de leurs vœux par Diderot, Rousseau et
les physiocrates, échoua. Il fallut attendre les
Décrets dAllarde et la Loi Le Chapelier, pris
sur fond de revendications salariales des
ouvriers charpentiers et imprimeurs, pour que
linterdiction des corporations fut effective.
Avec la fin des monopoles traditionnels put
apparaître une bourgeoisie nouvelle à lorigine
de la Révolution industrielle, en même temps
quétaient interdites jusquen 1884 les
coalitions ouvrières.
21Les frontières culturelles entre classes
- Quelles traces demeurent dans la culture
française de ce quasi-système de castes ? Une
nouvelle bourgeoisie à peine formée, Edmont
Goblot (1925) date très précisément de 1835
létablissement entre celle-ci et les autres
classes dune barrière et dun niveau . La
barrière , cest ce qui sépare, et que la
richesse ne suffit pas à franchir. Le niveau ,
cest ce qui unifie une classe au-delà de ses
différences internes de fortune et doccupation,
qui repose sur la mode, les bonnes manières,
léducation.
22- La barrière entre les classes, dont lexistence
nest pas inscrite en droit, nest pas aisément
franchissable pour autant. Il faut en plus
davoir accédé à un certain niveau de fortune, y
être accueilli, or cet accueil ne peut être que
collectif une épouse sans bonnes manières, une
fratrie qui déroge, sont autant de repoussoirs
qui font stigmatiser le promu en parvenu . La
bourgeoisie nétait pas seule à établir cette
barrière. Cet héritage fut largement partagé
socialement et politiquement au moins jusquà la
troisième République.
23- La mobilité sociale ne faisait pas lobjet dune
valorisation collective. La petite bourgeoisie
assignait à ses enfants des ambitions bornées par
la sécurité et le prestige des professions
durant la Troisième République, la fonction
publique et les professions libérales. Lambition
sociale répondait à des normes contraignantes
elle devait être progressive, sétendre sur
plusieurs générations, transiter par la réussite
scolaire. Le succès par largent était peu
considéré. (Cuin 1993)
24- La classe ouvrière était souvent victime récente
dune descension sociale, le passage du statut de
paysan à celui douvrier. Elle garde jusquà
aujourdhui la nostalgie dun passé rural,
dautonomie et dautoproduction. Elle savait les
portes de lascension sociale fermée pour défaut
de patrimoine. La perspective dascension qui lui
était présentée par les instituteurs était
austère, passait par le travail et lépargne.
Léthique prolétarienne, entretenue par
lanarcho-syndicalisme, valorisait le refus de
parvenir et ne voyait dans la mobilité sociale
quun piège idéologique tendu par la
bourgeoisie pour désamorcer les luttes
sociales . (Terrail, 1984). Toute promotion
sociale ne pouvait être que collective toute
promotion individuelle suspecte de trahison.
25- Ainsi se rejoignaient, pour des raisons
différentes, des visions du monde assignant à
chaque groupe social et aux individus les
composant une position durable dans lespace
social. Les représentations communément admises
par les chercheurs trouvaient chacune leur
expression théorique. Nous nexposerons pas ici
le paradigme des chercheurs, qui fera lobjet de
la partie suivante nous montrerons ici en quoi
ceux-ci sont redevables de parti pris, de
positions héritées qui simposent par la force de
leur évidence.
26Durkheim, ou la peur dun changement trop rapide
comme source danomie.
- Lidéologie républicaine propre aux classes
intermédiaires dune promotion lente,
individuelle et passant par la valorisation des
titres scolaires trouva son expression théorique
avec Emile Durkheim.
27- Le moindre des paradoxes de la part dun
pourfendeur des représentations sociales
sinterposant entre lobjet et le chercheur est
dy succomber lui-même. Mais la proclamation
dune position épistémologique ne constitue sans
doute pas une garantie suffisante. A la
différence de son rival Gabriel Tarde, qui ne fit
en loccurrence quénoncer un programme de
recherche possible, Durkheim et son école (Sauf
Paul Lapie, pour des raisons sans doute liées à
sa position dans lappareil scolaire dEtat) ne
prêta pas dattention à cette problématique. - Durkheim, sil ne se fait pas le théoricien de la
mobilité sociale, a une bonne raison pour cela
héritier dune tradition de lordre, fut-il
républicain, le changement lui fait peur. Les
commentaires de Bernard Dantier (2003) à propos
de la conception du suicide anomique selon
Durkheim pourraient tout aussi bien sappliquer à
la mobilité la société ne peut sorganiser.
sans imposer une sélection pour ses fonctions,
limites imposées qui, étant objet de déférence et
de soumission de la part de lindividu,
permettent à chaque individu dharmoniser ses
attentes à la mesure de sa condition sociale, de
se satisfaire de cette condition en bornant ses
besoins aux ressources de celle-ci et en
considérant cette condition comme juste pour
lui-même .
28- Il cite alors Durkheim tel quil décrit les
situations danomie, dans un passage du Suicide
tout particulièrement approprié à notre sujet
On ne sait plus ce qui est possible et ce qui
ne lest pas, ce qui est juste et ce qui est
injuste, quelles sont les revendications et les
espérances légitimes, quelles sont celles qui
passent la mesure. Par suite, il nest rien à
quoi on ne prétende. Souligné par moi-JF. Pour
peu que cet ébranlement soit profond, il atteint
même les principes qui président à la répartition
des citoyens entre les différents emplois. ()
Ainsi les appétits nétant plus contenus par une
opinion désorientée ne savent plus où sont les
bornes devant lesquelles ils doivent sarrêter .
(Durkheim 1897 Livre 2, Chapitre V, section II
15).
29- Sans être niée, la possibilité de promotion pour
les uns, les risques de déclassement pour les
autres, ne constituaient pour la société
française et sa sociologie une réalité sociale ni
significative, ni souhaitable. Elle risquait en
effet , si elle se réalisait, dengendrer
davantage de maux que de biens pour la société et
ses individus. Ce que résument ainsi Alain
Desrosières et Laurent Thévenot - On craignait aussi parfois les effets néfastes
de scolarités ou dascensions sociales qui, en
éloignant du milieu denfance, risquaient de
produire des individus aigris, parce que coupés à
la fois de leurs origines et de leur nouveau
milieu. (Desrosières,Thévenot 1992)
30- Lécart entre les attentes suscitées par lécole
et le niveau de diplôme obtenu, et lincapacité
de la société à satisfaire ces attentes par
défaut de places disponibles étaient présentés
comme lexplication de lengagement
révolutionnaire. - Cette position pouvait-elle être tenue après la
Seconde Guerre mondiale, lorsquen pleines
Trente Glorieuses il apparaissait évident
que, la France senrichissant, les conditions de
vie allaient être meilleures et davantage de
places plus élevées offertes aux enfants des
classes populaires ?
31- La mobilité sociale témoin du caractère
démocratique dune nation Lexemple des
Etats-Unis.
32Une représentation mythifiée
- La représentation des Etats-Unis comme lieu dun
régime de classes mobiles est une doxa
(système de croyances sociales non discuté et
hors du champ de la discussion) aussi enracinée
que la représentation dune France de classes
immobiles. Elle fut défendue par Tocqueville dès
1835 dans un texte célèbre de La démocratie en
Amérique .
33- Ce nest pas quaux Etats-Unis il ny ait pas
de riches je ne connais même pas de pays où
lamour de largent tienne une plus large place
dans le cœur de lhomme, et où lon professe un
mépris plus profond pour la théorie de légalité
permanente des biens. Mais la fortune y circule
avec une incroyable rapidité, et lexpérience
apprend quil est rare de voir deux générations
en recueillir les faveurs. En Amérique, il y
a peu de riches presque tous les Américains ont
donc besoin dexercer une profession. Or, toute
profession exige un apprentissage. Les Américains
ne peuvent donc donner à la culture générale de
lintelligence que les premières années de la
vie à quinze ans, ils entrent dans une
carrière ainsi leur éducation finit le plus
souvent à lépoque où la nôtre commence. En
Amérique, la plupart des riches ont commencé à
être pauvres.
34- A sa suite, Marx ne fit que mentionner en
passant dans un de ses ouvrages
politico-historiques les échanges entre
classes (Le 18 Brumaire, 1852, éditions
sociales page 21) en précisant que ceux-ci
navaient lieu quaux Etats-Unis ( aux
Etats-Unis d'Amérique du Nord, où les classes
déjà constituées, mais non encore fixées,
modifient et remplacent constamment, au
contraire, leurs éléments constitutifs).
3550 ans plus tard, cette antienne est reprise par
un chercheur français
- Il serait extrêmement intéressant de comparer
ces résultats dun vieux pays comme la
Grande-Bretagne avec ceux dun pays neuf comme
lAmérique. A priori, on sattendrait à trouver
une plus grande liberté par rapport aux
influences de lenvironnement, un plus grand
choix chez le fils, et ainsi une mesure plus
proche dune pure hérédité des goûts (Perrin,
1904, p.469.cité in Merllié 95).
36Contredite par les faits.
- Il sagit bien davantage dune doxa, que dun
fait avéré. Sil est vraisemblable que toute
situation démigration rebat les cartes dans
une certaine mesure des positions sociales, il
serait logiquement exagéré den inférer une
rupture totale de liens entre la vie ici et la
vie là-bas, et que tous les capitaux nécessaires
à la transmission du statut - capitaux
économiques, mais aussi symboliques, sociaux et
culturels - aient été soit laissés au pays, soit
entièrement découverts et acquis dans la terre
daccueil. Cest dailleurs le point de vue dun
auteur américain contemporain, Howard Zinn
(2002) pour qui les Etats-Unis, loin dêtre une
terre sans classes ni luttes de classes, a été
demblée le lieu dune lutte entre classes déjà
constituées. (Ce que concède dans une certaine
mesure Tocqueville lorsquil écrit Les
émigrants qui vinrent s'établir sur les rivages
de la Nouvelle-Angleterre appartenaient tous aux
classes aisées de la mère patrie. ) (De la
démocratie en Amérique Tome I, 1835)
373.1.2 Mobilité sociale et intérêts sociaux
- John GOLDTHORPE Sociologie et sociétés, VIII.2
38Problème
- Dabord ceux qui étudient la mobilité se
perdent dans des problèmes techniques , et
spécialement statistiques Deuxièmement on a
accusé la recherche en mobilité dêtre biaisée
idéologiquement elle contribue à dévaloriser
certains problèmes plus fondamentaux, en
particulier ceux de la division en classes et des
conflits de classes. P.8 - La tendance à définir les problèmes que lon
veut étudier en fonction des possibilités de ces
techniques est une façon efficace de fermer
dautres avenues de recherche.
39Thèse
- il ny a pas forcément un lien nécessaire
entre un intérêt pour la recherche sur la
mobilité et une affiliation idéologique
spécifique p.8
40Démonstration
- nous tentons de passer en revue les
différents intérêts aux quels sest rattachée
létude de la mobilité sociale au cours des cent
dernières années. lanalyse de la mobilité
nest en aucune manière compatible avec un seul
type doption idéologique. p.9
41Lorigine des recherches
- Cest le mouvement socialiste révisionniste qui
est à lorigine des recherches sur la mobilité
sociale, et non pas le libéralisme pour lequel la
distribution des individus dans les places allait
de soi - Cest surtout le mouvement socialiste
révisionniste et le courant radical à lintérieur
du libéralisme qui a été à lorigine de la
recherche sur la mobilité. F. Van Heek, Some
introductory Remarks on Social Mobility and Class
structure, 1956, p.131
42Libéralisme et foi
- Laveuglement du libéralisme face au problème
de la mobilité provient de la croyance en
lexistence au sein de la démocratie libérale de
multiples occasions permettant à chaque individu
doccuper, dans la société, une position en
accord avec ses capacités. Cette croyance
trouve son fondement dans le darwinisme social.
la répartition des positions dotées de niveaux
variables de privilège et de pouvoir pouvait être
légitimée comme reflet de la loi du plus
fort . p.10 - Cest sur les qualités personnelles telles que la
détermination, la persévérance, lassiduité et
lintégrité en dautres mots, sur le caractère
moral de lindividu que laccent est placé.
le but de Smiles était de faire accepter aux
hommes la place à laquelle il avait plû à Dieu de
les appeler en insistant sur leur devoir de
découvrir pour eux-mêmes quelle était cette
place . p. 10
43Le marxisme
- La Verelendungstheorie Précipitation dans les
rangs du prolétariat - Pas de mobilité ascendante de la classe ouvrière,
seul un avancement collectif obtenu par les
luttes du mouvement ouvrier.
44Le Manifeste
- Petits industriels, marchands et rentiers,
artisans et paysans, tout échelon inférieur des
classes moyennes de jadis tombent dans le
prolétariat dune part, parce que leurs faibles
capitaux ne leur permettent pas demployer les
procédés de la grande industrie et quils
succombent dans leur concurrence avec les grands
capitalistes dautre part, parce que leur
habileté technique est dépréciée par les méthodes
nouvelles de production. De sorte que le
prolétariat se recrute dans toutes les classes de
la population.
45- Marx il existe aux EU une mobilité sociale qui
est un frein à la formation de classe. Au lieu
dune prolétarisation, il y a transformation
permanente des travailleurs salariés en paysans
indépendants. La position du travailleur salarié
est, pour une très grande partie du peuple
américain, un état provisoire quil est sûr
dabandonner dans un délai plus ou ,moins bref.
Salaires, prix et profits
46- La mobilité peut servir de processus
stabilisateur sous la forme dun recrutement
par le bas . il remarque quavec
laccessibilité croissante au crédit, un homme
sans fortune, mais ayant de lénergie, de la
fermeté, de lhabileté et de la perspicacité dans
les affaires peut devenir un capitaliste.
Malgré que cette situation apporte
continuellement un nombre de nouveaux soldats de
fortune non souhaités dans larène et dans la
compétition avec les capitalistes individuels qui
existent déjà, elle renforce aussi la suprématie
du capital lui-même, étend sa base et lui permet
de recruter plus que jamais de nouvelles forces à
la base de la société. Plus une classe
dominante est capable dassimiler les esprits les
plus avancés, plus sa domination est stable et
dangereuse - Le Capital, volume 3, p.587 de lédition en
anglais
47- Les dritte Personen (Tierce parties) peuvent être
soit précipitées vers le bas, soit promues à des
fonctions de contrôle lexploitation des
travailleurs coûte du travail (Théorie de la
plus-Value) A propos des intellectuels payés par
lEtat que la bourgeoisie jugeait autrefois
improductifs Quand les travaux de lesprit
sont eux-mêmes produits de plus en plus à son
service et entrent au service de la production
capitaliste alors les choses prennent un nouveau
tour et la bourgeoisie essaie de justifier
économiquement , de son propre point de vue,
ce quà lépoque antérieure elle avait critiqué
et combattu. (Théorie de la plus-Value) - De ce fait, la bourgeoisie se voit entourée par
une clientèle qui se fait de plus en plus
nombreuse, semblable à celle qui entourait les
seigneurs féodaux, et lui assure ses besoins de
jouissances prestigieuses et ostentatoires. p.14
48Conclusion selon Marx
- Ce que Ricardo oublie de souligner cest le
nombre constamment croissant des classes
moyennes, de ceux qui se situent entre le
travailleur dune part et le capitaliste et le
propriétaire foncier dautre part. Les classes
moyennes subsistent de plus en plus directement à
même la rente elles sont un fardeau qui pèse
lourdement sur la base travailleuse et elles
augmentent la stabilité sociale et le pouvoir des
10000 puissants. Théorie de la plus-Value
49Bernstein
- 1898 À partir de données statistiques,
Bernstein attaquait à la fois la théorie de la
paupérisation de la classe ouvrière et celle de
lélimination progressive des dritte personen
dans la structure de classe. p. 16 - Bernstein insistait sur le fait que la société
loin dêtre simplifiée dans ses divisions,
comparativement à des périodes antérieures,
sétait différenciée et étagée tant en ce qui
concerne les revenus que les types de
production. p. 17
50- Sombart, 1906, Pourquoi nexiste-t-il pas de
socialisme aux Etats-Unis ? - toutes les utopies socialistes se sont heurtées
au roast beef et à la tarte aux pommes.
51Michels Roberto, First lectures in Political
Sociology
- De la même façon que la couche supérieure de
la classe moyenne aspire à pénétrer dans la
noblesse dune société aristocratique, le
prolétariat vise à former une partie de la classe
moyenne Nimporte qui peut voir que la poussée
vers la capillarité sociale dans le prolétariat
est très forte
52- Pour plusieurs membres plus capables et plus
ambitieux de la classe ouvrière, le mouvement
ouvrier lui-même servait dinstrument de mobilité
et par conséquent, proclamait-il, dincorporation
bourgeoise. p.19 - Pour Sorokin, concevoir la classe ouvrière comme
un agent de transformation sociale dans une
société en mobilité est doublement injustifié.
D un coté, la croissance de la mobilité sape son
engagement révolutionnaire.
53- La psychologie et lidéologie strictement
prolétariennes, sous la forme des affiliations
social-démocrates et communistes nont de
chance de prévaloir que dans lélément
permanent de la classe ouvrière qui est en
déclin elles seront rejetées par lélément
fluide en croissance. Dautre part, la
capacité révolutionnaire de la classe ouvrière
est aussi détruite parce quelle est composée
de plus en plus de membres incapables dascension
sociale à qui sajoutent les ratés des
strates supérieures, la qualité de ses dirigeants
diminue. p.20 - Social and cultural mobility, p.439
54- Un engagement en faveur de la démocratie
libérale ne mène pas forcément à la considération
de la mobilité comme valeur à atteindre et,
réciproquement, quun intérêt positif pour la
mobilité peut en fait découler de positions
idéologiques autres que le seul libéralisme, y
compris celles du socialisme. p.21
55- Lipset (Social mobility in Industrial society)
Un taux élevé de mobilité peut engendrer non
seulement une satisfaction personnelle et,
partant des attitudes dacquiescement
socio-politique, mais aussi de linsécurité
personnelle et de lamertume, et de là aliéner
les individus du statu quo et accroître la
probabilité de leur recrutement par des
mouvements sociaux extrêmistes. p.26 - Ce que lanalyse de lipset suggère, cest que
si lon veut accroître la stabilité de lordre
démocratique libéral, il faut peut-être modifier
certains aspects de luniversalisme généralisé
dont Blau et Duncan ne voient que laspect
bénéfice cest-à-dire quil nest peut-être aps
souhaitable de faire toujours prévaloir les
valeurs dégalité des chances, douverture de la
société, et de lacquis plutôt que du prescrit.
p. 27
56Égalité des conditions Inégalité des conditions
Mobilité Égalité des chances (socialisme révisionniste) Renouvellement des élites (Pareto)
Immobilité Reproduction égalitaire (objectif communiste) Reproduction inégalitaire (Aristocratie)