Title: Les langues de sp
1Les langues de spécialité
- Les grands corpus de références comme le TLF ou
le BNC ont pour but principal de représenter le
plus fidèlement possible la langue générale. - Mais la linguistique de corpus sapplique
toutefois également aux langues de spécialité,
parfois appelées langues spécialisées ou
sous-langages.
2LERAT, P. (1995) Les langues spécialisées,
Paris, P.U.F.
- Il préfère le terme langue spécialisée, car il
conçoit la langue de spécialité non pas comme une
sous-langue mais comme une forme dusage
particulière de la langue. - Langlais language for special purposes (LSP) dit
bien cette particularité . langue
spécialisée renvoie au système linguistique
pour lexpression et aux professions pour les
savoirs.
3Sublanguage (les sous-langages)
- Sublanguage , employé par Z. Harris,
sous-entend, au delà dune particularité du
lexique, un fonctionnement langagier spécifique - Le terme englobe non seulement les langages des
disciplines scientifiques et techniques, mais
également les méta-langages comme celui de la
linguistique.
4- Lhypothèse de Harris veut que les sous-langages
aient un lexique limité et un nombre fini de
schémas de phrases, qui seraient des combinaisons
de sous-classes de mots propres à ces
sous-langages. - Cette finitude rend lutilisation des corpus
particulièrement propice à létude des
sous-langages.
5McEnery Wilson (1996)
- One key feature that has been hypothesised for a
sublanguage is that it will show a high degree of
closure at various levels of description. In
short, a corpus should be an exceptionally good
tool for identifying and describing a
sublanguage, because they both have an important
feature in common a finite nature.
6HABERT, B., NAZARENKO, A. SALEM A. (1997) Les
linguistiques de corpus, Paris, Armand Colin /
Masson.
- Les sous-langages ne sont pas forcément des
sous-ensembles de la langue générale. Certains
traits de la langue générale sy retrouvent,
dautres leur sont propres. - Inversement, les sous-langages peuvent recourir à
des patrons syntaxiques particuliers quil serait
difficile dintégrer tels quels à une grammaire
de langue . Cest le cas de certains motifs
dénominatifs qui forment de véritables
grammaires locales .
7- Exemple cité par Habert
- The system will be unable to vary on the device.
- Mais cette tournure est une simple variation
lexicale sur le verbe à particule adverbiale to
turn on, et non pas un patron syntaxique typique
de la langue de spécialité.
8- Il y a dissociation partielle des lexiques
- de la langue générale et des langues de
spécialité - des langues de spécialité entre elles
- Mais leur syntaxe est fondamentalement identique.
9Notion de langue commune (Cabré, M. T. (1998).
La Terminologie- Théorie, méthode et
applications.)
- La langue générale () peut être considérée
comme un ensemble densembles, imbriqués et
reliés entre eux selon de nombreux points de vue.
Le lien entre tous ces ensembles est la langue
commune. Chacun de ces sous-ensembles peut être
une langue de spécialité. (1998 115)
10(No Transcript)
11Critères de dissociation des lexiques
- Anglais de spécialité absence de lexèmes
- dorigine dialectale (bodacious)
- appartenant au registre familier (groovy)
- exprimant un jugement selon des critères
affectifs (loathsome)
12- Inversement, les technolectes sont absents des
corpus de langue générale - cervicothoracic-lumbosacral orthosis
- hypothalamic-pituitary-gonadal
- Mais une partie du lexique de la langue générale
est investie dun sens spécifique en langue de
spécialité (cf. sensibilité)
13- Ces blocages contextuels ne sappliquent pas
uniquement au sens des mots polysémiques, mais
aussi à la catégorie grammaticale de certains
homographes (ladjectif novel en anglais
scientifique)
14Existe-t-il une spécificité syntaxique des
langues de spécialité ?
- Cette spécificité est inhérente aux hypothèses de
Harris. - Selon N. Sager, elle est démontrée par la
démarche suivante - SAGER N., FRIEDMAN C. (eds) (1987) Medical
Language Processing Computer Management of
Narrative Data, Addison-Wesley, Reading, p. 198
15- Si lon applique à un corpus de textes dun
secteur scientifique des méthodes de linguistique
descriptive similaires à celles utilisées pour le
développement dune grammaire dune langue dans
son ensemble, on obtient - des motifs précis de cooccurrences de mots à
partir desquels on peut définir des sous-classes
de mots - des séquences de ces sous-classes qui sont
caractéristiques (cest-à-dire une grammaire).
16Exemple de syntaxe dune langue de spécialité
langlais médical
- The ability of PET to detect cancer is based
on the altered substrate requirements of
malignant cells, which result from increased
nucleic acid and protein synthesis and
glycolysis. - D ? C
- C ? A peut B
17Quelques patrons syntaxiques typiques de
langlais scientifique
- 674 000 pour "ability of to detect".
- 48 200pour "the ability is based on".
- 12 700 pour "altered result from".
- 27 600 pour "altered substrate".
- 493 000 pour "altered requirements".
18La grammaire des langues de spécialité
diffère-t-elle fondamentalement de celle de la
langue générale ?
- Sens premier oui. (American Heritage Dictionary
the study of how words and their component
parts combine to form sentences) - Sens dérivé ? (The system of rules implicit in
a language, viewed as a mechanism for generating
all sentences possible in that language).
19- Certaines structures syntaxiques de la langue
générale (les structures inversives des
subordonnées hypothétiques notamment) sont
absentes des textes de certaines langues
spécialisées. - En revanche, les schémas typiques des langues
spécialisées peuvent presque toujours se réduire
à des phénomènes de variation lexicale (cf. vary
on)
20- La présence fréquente de certains vocables à
lintérieur de constructions syntaxiques figées
ne signifie pas pour autant que lon a affaire à
un patron syntaxique qui se présente
exclusivement en langue de spécialité.
21Exemple lost to follow-up (Ggt 1M)
- Treatment of subjects lost to follow-up in the
analysis of mortality studies. - La structure est susceptible de connaître des
variantes - The trial lost 25 of subjects at follow-up
(during / from / because of poor) - In this group, 8 of the primary allografts were
lost to recurrent disease. - Some U.S. aircraft would be lost to Iraqs
enormous ground-defense system.
22Pas dexclusivité de certains schémas
syntaxiques, mais des différences de fréquence
- Chris Gledhill confirme certaines des assertions
de Biber (1998) concernant le rôle des diverses
parties dun article de recherche scientifique
(les structures syntaxiques saillantes peuvent
différer en fonction des diverses subdivisions
des articles). - GLEDHILL, C., (2000) "The Discourse Function of
Collocation in Research Article Introductions".
In English for Specific Purposes. Volume
19/2115-135.
23- les introductions contiennent un plus grand
nombre de formes passives suivies dune
proposition infinitive - TNF alpha has been shown to deliver the toxicity
of ricin A - CsA therapy has been reported to cause
immunological changes in the thymus)
24- haute fréquence de certains patrons formalisables
sous la forme X has received Y attention /
investigation, dans lesquels - X symbolise une approche ou une technique
thérapeutique - Y symbolise un quantificateur tel que much ou
little.
25- Les régularités syntaxiques sont démontrables
dans le cadre dune approche purement lexicale
qui se fonde sur lutilisation dun
concordancier. - formes passives fréquence supérieure des verbes
à forte valeur assertive (show, report, find,
document, demonstrate, recognize) par rapport aux
verbes liés à la supposition (estimate,
hypothesize, propose, argue, suggest).
26Constitution dun corpus en langue de
spécialité lexemple de la langue médicale
- Possibilité de constituer un corpus représentant
lusage dun sous-langage à partir de ressources
en ligne, grâce à lutilisation fine des moteurs
de recherche - Un grand nombre de revues scientifiques,
proposent à leurs lecteurs un abonnement sous
forme de cédéroms, bases de données dont la
taille dépasse celle de la première version du
BNC.
27Représentativité en termes de présence des divers
genres?
- Les données représentant la langue orale sont
difficiles à rassembler - temps nécessaire à la transcription et à la
vérification des données - problèmes de confidentialité.
- Elles sont quasi-inexistantes sur la Toile, où
lon trouve principalement - articles de recherche médicale
- textes de nature didactique (polycopiés des
Facultés de médecine).
28Quel type de données inclure dans un corpus de
langue spécialisée ?
- Articles de recherche (facilement disponibles)
- Textes de nature didactique ?
- HABERT et al. (1997) Le discours didactique
nest pas forcément le meilleur observatoire
des régularités de ce domaine par souci de
généralisation, il utilise des hyperonymes qui ne
se rencontrent pas dans les comptes rendus
dhospitalisation. On y trouve peut-être des
régularités propres à tout discours didactique
(pluriels génériques, présent de vérité générale,
etc.) qui parasitent la perception du
sous-langage proprement dit. (p. 151).
29Une même publication peut renfermer des genres
darticles très divers
- Journal of the American Medical Association
- Clinical Observation
- Commentary
- Consensus Conference
- Correspondance and Brief Communications
- Original Article
- Paper
30- La constitution du corpus est tributaire du
phénomène linguistique à étudier. - On peut choisir de se restreindre à un type
darticle particulier ou de viser une
représentation aussi large que possible en
fonction du but recherché.