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Sociologie du politique El

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Title: Troubles de la m moire : Neuropsychologie et Psychiatrie Author: Thomas Last modified by: hthomas Created Date: 1/20/2006 10:16:55 AM Document presentation format – PowerPoint PPT presentation

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Title: Sociologie du politique El


1
Sociologie du politique Eléments pour une
introduction
  • Helene Thomas professeure des universités en
    science politique

2
Introduction
  • Un cours dintroduction
  • à la sociologie et à ses raisonnements à
    travers la présentation des grands auteurs et des
    grandes traditions
  • et aux sciences du politique à travers quelques
    uns de leurs objets
  • La démocratie représentative
  • La forme Etat-Nation genèse et évolutions
  • Les classements sociaux en démocratie
  • La participation politique et la socialisation
  • Les groupements politiques

3
La sociologie un discours sur le politique parmi
dautres
  • Quels discours sur le politique?
  • Discours savants et discours pratiques?
  • Les discours scientifiques sur le politique
  • Une sociologie du politique?
  • oui mais laquelle?

4
Sociologie DU POLITIQUE
  • Masculin Féminin
  • singulier pluriel
  • unité diversité
  • centralité périphérie

5
Quels problèmes en sciences humaines?
  • Mais le plus gros problème est lié au fait que
    le savant fait partie de son sujet détude et
    doit construire un point de vue abstrait et
    artificiel pour regarder et observer comme sil
    nétait pas pris dans la société politique de son
    temps
  • Ce qui implique que, même sil pratique
    linduction (i.e. part du terrain pour analyser
    ensuite ses données), il doit avoir au moins une
    hypothèse, un concept ou une définition qui lui
    permette de sorienter sur le terrain de
    délimiter ce quil cherche et de le voir

6
Plan du cours introductif
  • I. Prolégomènes sur le phallo/ethno/géocentrisme,
    de lintitulé sociologie du politique
  • A. un regard possible sur le politique
  • B. Le questionnement des sciences du
    politique  un questionnement objectiviste ?
  • II. La notion de politique
  • A. Les domaines du politique. Une notion et un
    domaine pluriels en expansion continue
  • B. Un objet de discours pratiques et engagés
  •  
  • III. Comment en faire une science?
  • A. Les méthodes scientifiques sont elles
    applicable à la politique?
  • B. Comment faire une sociologie des idées/
    idéologies de la politique et une théorie et à
    quoi ça sert ?

7
Plan détaillé du chapitre introductif
  • I. Prolégomènes sur le phallo/ethno/géocentrisme,
    de lintitulé sociologie DU politique
  • A. un regard possible sur le politique
  • 1 un regard situé 2. Un regard limité
    au contemporain et occidentalo centré
  • B. Le questionnement des sciences du politique 
    un questionnement objectiviste ?
  • 1. Machiavel, Montesquieu et la première
    naissance de la science politique
  • 2. Discours normatifs et discours descriptifs
  • II. La notion de politique A. Les domaines
    du politique. 1. Une notion et un domaine
    pluriels 2. en expansion continue
  • B. Un objet de discours pratiques et engagés
  • 1. La politique comme un art et un savoir-faire
  • 1. La politique comme science de la doxa
  • III. Comment en faire une science?
  • A. Les méthodes scientifiques sont elles
    applicable à la politique?
  • 1. Quest-ce quun raisonnement scientifique ?
  • 2. Peut-on transposer les méthodes des sciences
    de la vie et à quel prix ?
  • B. Comment faire une sociologie des idées/
    idéologies de la politique et une théorie et à
    quoi ça sert ?

8
Un regard possible
  •  La sociologie politique est un regard, un
    regard seulement parmi dautres possibles, sur
    lobjet politique Parmi les principaux discours
    possibles sur lobjet politique on retiendra
    dabord celui de lacteur engagé. Militants,
    représentants, élus, dirigeants mais aussi des
    intellectuels impliqués dans des combats pour une
    grande cause, élaborent des analyses qui ont
    toujours une ambition explicative mais surtout
    celle de justifier leur action. Cette dimension
    conduit à valoriser les faits et les éléments
    dappréciations qui ont une utilité stratégique
    P. Braud in Sociologie Politique, LGDJ, 1996. 7
  • Autre discours sur lobjet politique  celui du
    philosophe voir du prophète. Accent placé sur la
    question des valeurs. Troisième discours sur
    lobjet politique majeur aujourdhui celui des
    médias

9
BRAUD
  •  La sociologie politique est un regard, un
    regard seulement parmi dautres possibles, sur
    lobjet politique Parmi les principaux discours
    possibles sur lobjet politique on retiendra
    dabord celui de lacteur engagé. Militants,
    représentants, élus, dirigeants mais aussi des
    intellectuels impliqués dans des combats pour une
    grande cause, élaborent des analyses qui ont
    toujours une ambition explicative mais surtout
    celle de justifier leur action. Cette dimension
    conduit à valoriser les faits et les éléments
    dappréciations qui ont une utilité stratégique
    P. Braud in Sociologie Politique, LGDJ, 1996. 7
  • Autre discours sur lobjet politique  celui du
    philosophe voir du prophète. Accent placé sur la
    question des valeurs. Troisième discours sur
    lobjet politique majeur aujourdhui celui des
    médias. 2 la sociologie politique est une branche
    de la science politique qui conquiert très
    lentement sa visibilité sociale à partir de la
    fin du 19ème siècle  P. Braud in Sociologie
    Politique, LGDJ, 1996  . 7

10
Chagnollaud
  • La sociologie politique est une branche de la
    science politique ayant pour objet danalyser ce
    qui relève de phénomènes considérés comme
    politiques. D Chagnollaud in  Science politique
    Dalloz 2002 

11
Lagroye
  •  La sociologie politique occupe une place
    particulière parmi les disciplines que lon
    associe habituellement quand on parle de science
    politique.
  • -Objet denseignements spécifiques dans les
    universités  comme PP HDI IPA PP
  • -Méthode dapproche des objets politiques
  •   La sociologie politique est une science
    sociale. Elle est démarche sociologique en ce
    quelle tend à expliquer tous les phénomènes
    sociaux ayant une influence sur les activités et
    les rôles politiques, sur les affrontements entre
    partis sur les comportements des électeurs sur
    les rites institutionnels sur les discours
    politiques etc. Elle est politique en ce que sont
    objet propre et lensemble des phénomènes tenus
    pour politiques par une communauté dindividus.
    La sociologie politique est aussi lattention
    portée aux effets politiques (tels que voter
    refuser toute participation rejoindre les rangs
    dun parti, manifester) de faits sociaux
    apparemment étranger aux actions politiques . J.
    Lagroye et alii 2006, Sociologie politique,
    Presses de la FNSP et Dalloz.

12
Colas
  •  Ainsi la sociologie politique serait la science
    de la société civile et en tant que la politique
    soccupe de lintérêt commun, elle constituerait
    une science architectonique, à laquelle serait
    subordonnées léconomie et la stratégie et toute
    les autre sciences sociales. Le choix de
    sociologie plutôt que de science politique peut
    signifier une rupture avec cet héritage
    laffirmation de la scientificité positive de la
    discipline.
  • En philosophie, l'architectonique est la
    coordination scientifique de tous les savoirs ou
    des diverses parties d'un système. Le terme a
    d'abord été utilisé par Aristote dans L'Ethique à
    Nicomaque la politique est l'art de
    l'architectonique, qui organise les activités de
    la Cité.
  • En architecture, l'architectonique signifie l'art
    et la science de la construction.

13
Gilles de Rome
  • Définition du XIII eme siècle Gilles de Rome
    (en1260 en latin 1296 en français) livre du
    gouvernement des princes  la Science politique
    que lon appelle science de gouverner les cités
    et les royaumes tend principalement à réguler les
    œuvres humaines par les lois et les institutions
    quelle commande 

14
Colas
  • Changement dans le contenu des problèmes
    apparition de novations sociales, transformation
    diverses et nouveau type de discours de la
    science.
  •  Hypothèse contraire la sociologie politique
    doit centralement étudier les formes politiques
    et les institutions politiques nées avec le
    XIXeme siècle  les partis politiques, les
    élections au suffrage universel, les prises de
    décision par les gouvernements, le fonctionnement
    des administrations, la sélection des élites
    dirigeantes, les relations entre les entités
    politique souveraines et tous les aspects des
    Etats modernes seraient son objet bref lEtat
    européen moderne de la fin du XIXème siècle 
    danger dethnocentrisme
  • Dominique Colas, Sociologie politique, PUF,
    Quadrige, 1994

15
Colas
  • Cest donc bien la saisie dun objet qui même
    sil noccupe quune région de la vie sociale ne
    se laisse pas cantonner dans une ère culturelle
    et un siècle donné quil faut procéder et qui
    exige une comparaison avec des formes voisines et
    ou distincte 
  • Dominique Colas, Sociologie politique, PUF,
    Quadrige, 1994

16
Le politique
  •  La politique, cest dabord la traduction du
    terme grec politeia. La politique, cest par
    essence ce que les Grecs appelaient le régime de
    la cité, cest-à-dire
  • le mode dorganisation du commandement
  • centralisé, déconcentré, décentralisé, décentré
  • considéré comme caractéristique du mode
    dorganisation de la collectivité toute entière.

17
Le et la politique du sens englobant au sens
limité
  •  Si la politique est essentiellement
  • le régime de la collectivité toute entière
  • ou son mode dorganisation,
  • nous comprenons léquivoque du sens limité et
    du sens englobant.
  • En effet, le sens limité sapplique au système
    particulier qui sélectionne les gouvernants et
    définit le mode dexercice de lautorité,
  • mais simultanément, le mot peut sappliquer
  • sens englobant au mode de coopération des
    individus à lintérieur de chaque collectivité .
  • Raymond Aron, Démocratie et totalitarisme, Paris,
    Gallimard, 1965, cité in coll.  Idées , 1975,
    p. 25.

18
. La politique et les politiques publiques
  • 1. La politique-programme (policy ou politiques
    publiques) lexécution des décisions
  • 2. versus la politique-domaine (politics)  lieu
    du conflit et de la délibération
  • 3. Des sens connexes une influence réciproque 
  • une influence de la politique (politics) sur les
    politiques publiques (policies) et inversement.

19
La politique programme ou policies
  • La politique-programme (policy ou politiques
    publiques)
  •  On appelle policy une conception, un programme
    daction ou une action elle-même dun individu,
    dun groupe ou dun gouvernement.
  • Lorsquon se réfère à la politique de lalcool on
    vise lensemble du programme daction appliqué à
    un problème donné, celui des excédents ou des
    déficits de la production
  • Quand on évoque la politique de Richelieu, on
    songe à la conception que Richelieu se faisait
    des intérêts du pays, aux objectifs quil voulait
    atteindre et aux méthodes quil employait.

20
La politique programme policies matter
  • En un premier sens la politique désigne donc le
    programme, la méthode daction ou laction
    elle-même dun individu ou dun groupe concernant
    un problème ou la totalité des problèmes dune
    collectivité  Raymond Aron, Démocratie et
    totalitarisme, Paris, Gallimard, 1965, cité in
    coll. Idées, 1975, p. 21-22.

21
Versus la politique-domaine
  • la politique-domaine (politics) 
  • espace du conflit (politics ou la politique)
    et de la compétition entre les programmes et les
    candidats à lexercice du pouvoir
  • mais aussi de la coopération et du compromis
    entre ces acteurs.

22
la politique domaine politics matters
  • - En un autre sens, la politique, politics en
    anglais, sapplique au domaine dans lequel
    rivalisent ou sopposent les politiques diverses
    (au sens de policies).
  • La politique-domaine est lensemble où sont aux
    prises individus ou groupes qui ont chacun leur
    policy, cest-à-dire leurs objectifs, leurs
    intérêts leur philosophie parfois.

23
Deux sens connexes
  • Ces deux sens du mot politique bien quils soient
    distincts, sont connexes.
  • () la sociologie de la politique traite de
    certaines institutions, telles, dans les sociétés
    modernes, les partis, le Parlement,
    ladministration , ibid p.22 et 24.
  • Des sens connexes une influence réciproque 
  • une influence de la politique (politics) sur les
    politiques publiques (policies) et inversement.
  • Lexemple des politiques de lutte contre
    linsécurité en France.

24
Politics ? Policies
  • Le débat autour des actions à mener sest
    développé depuis de lélection présidentielle de
    2002 çà cest de la politique (politics)
    influant sur les programmes daction menés par le
    gouvernement en la matière (policy ou politique
    publique de lutte contre linsécurité) .
  • En retour
  • Policy ? Policies ces politiques publiques menées
    influent à la fois sur les autres politiques
    publiques sectorielles menées par le gouvernement
    (policies) par exemple sur les politiques
    pénales, judiciaires, éducatives, sociales, de la
    ville etc.,

25
Policy? Politics
  • Influe aussi
  • sur le débat politique national entre la majorité
    parlementaire et lopposition à lassemblée et
    dans les médias bref sur la politique au sens de
    politics,
  • Et également sur les aspects non politiques de la
    vie des citoyens (leur vie familiale, leurs
    rapports de voisinage, etc.).

26
Trois sens du mot politique
  • les modes dorganisation des gouvernements et
    des sociétés humaines
  • les types daction qui concourent à la
    direction des affaires publiques
  • les stratégies résultant de la compétition des
    individus et des groupes
  • G. Balandier , Anthropologie politique, PUF,
    1967, p.32

27
Plus un
  • Mais aussi La connaissance politique
  • Les moyens dinterprétation et de justification
    auxquelles recourt la vie politique
  • La connaissance politique ou plutôt les
    discours sur la politique font également partie
    du domaine de la politique

28
Leca
  • La politique est lensemble des normes,
    mécanismes et institutions attribuant lautorité,
    désignant les leaders, réglant les conflits qui
    menacent la cohésion de lensemble intérieur et
    organisant les relations avec lextérieur (tout
    ceci avec plus ou moins de succès), ou encore
    linstance où sarticulent depuis le début des
    rapports de commandement - obéissance (le
    droit)et de puissance - soumission (la force)
    Jean LECA, Traité de science politique,
    Introduction, PUF, 1986.

29
Un objet de discours
  • pratiques
  • et savants

30
Un objet de discours pratiques
  • 1. La politique des acteurs  un  art 
    politique
  • 2. La politique des médias  un discours
    demi-savant dont les problématiques sont
    implicites
  • 3. La politique des savants  entre perspective
    normative et perspective objectiviste

31
Qui tient des discours sur la politique?
  • Les hommes et les femmes politiques?
  • Les fonctionnaires?
  • Les initiés, les infiltrés?
  • Les experts?
  • Les intellectuels, les artistes?
  • John Doe? Monsieur tout le monde?

32
Qui sont les praticiens?
  • Professionnels et amateurs
  • Sacré et profane
  • Acteurs et spectateurs

33
Où sont les acteurs?
  • Dans le champs du pouvoir politique
  • central,
  • périphérique
  • et périphérique-périphérique
  • Dans le champ politique
  • central,
  • périphérique et périphérique-périphérique

34
Le discours des acteurs
  • La politique comme un des beaux-arts
  • La politique comme artisanat
  • La politique comme métier
  • Ses ficelles
  • Ses fins
  • Ses règles de lart

35
2. La politique comme spectacle du monde
  • Un spectacle tragi-comique suscitant des émotions
  • La catharsis télévisuelle
  • La politique comme théâtre
  • de marionnettes
  • comme scène tragique

36
La politique comme spectacle
  • Le savoir médiatique ou le savoir des
    émotions et de l homme de la rue
  • Sensationnel
  • Fait-diversification du politique
  • Encodage de linformation
  • Connivence des acteurs professionnels et des
    metteurs en images

37
La politique des savants
  • entre perspective normative
  • et perspective objectiviste
  • Savants et intellectuels le rôle des clercs
    dans la Cité un vieux débat
  • Démagogues, pédagogues et mystagogues

38
La définition philosophique implique une
perspective normative
  • Quels sont les fins du politique ?
  • exemples de lapproche de Platon et Aristote
  • La recherche
  • du juste bien
  • du bien-vivre ensemble
  • du bonheur de la communauté dans léquité

39
Introduire au politique
  • Une introduction à la sociologie et à ses
    raisonnements à travers la présentation des
    grands auteurs et des grandes traditions
  • et aux sciences du politique (sociologie
    histoire et philosophie) à travers quelques uns
    de leurs objets
  • La démocratie représentative
  • La forme Etat-Nation genèse et évolutions
  • Les clivages et classements en démocratie
  • La participation politique et la socialisation
  • Les groupements politiques

40
Quest-ce quun raisonnement scientifique dans
les sciences du politique
  • III. A quelles conditions les sciences de
    lhomme et de la société sont-elles devenues des
    sciences?
  • A. Quelles sont les caractéristiques dun
    raisonnement scientifique en général
  • B. Quels sont les modes de raisonnement et les
    problèmes spécifiques des sciences humaines
    sociales?

41
Quest-ce quun raisonnement scientifique en
général?
  • 1.Un raisonnement hypothético-déductif cartésien
  • Mathématiques, logique formelle une hypothèse
    appliquée à un exemple
  • Sciences expérimentales Hypothèse théorique
    appliquée à une empirie
  • 2. Une démonstration reposant sur un dispositif
    empirique contrôlé le protocole expérimental
  • 3. Un résultat validé et vérifié par répétition
    de ladministration de la preuve
  • Qui est donc universellement vrai dans les
    conditions (paramètres) de lexpérience
  • Et devient donc une loi explicative de lempirie
  • Discours de la méthode pour bien conduire sa
    raison et chercher la vérité dans les sciences ,
    Leyde, 1637

42
Quels problèmes spécifiques se posent au savant
en sciences humaines?
  • 1.Pas dhypothético-déductif mais souvent de
    linductif de lempirie à la théorie
  • La démarche va de lobservation à lanalyse des
    observations et éventuellement à leur explication
  • 2. Pas dexpérimentation sur les sujets humains
    ou rarement mais un analogon des conditions de
    laboratoire
  • 3. Pas de vérité (critère du vrai)
  • mais veri-similitude ou veri-probabilité sous
    conditions
  • Pas de validité universelle des résultats mais au
    mieux une validité générale des concepts et une
    validité locale des résultats

43
Quels problèmes en sciences humaines?
  • Mais le plus gros problème est lié au fait que
    le savant fait partie de son sujet détude et
    doit construire un point de vue abstrait et
    artificiel pour regarder et observer
  • Ce qui implique que, même sil pratique
    linduction (i.e. part du terrain pour analyser
    ensuite ses données), il doit avoir au moins une
    hypothèse, un concept ou une définition qui lui
    permette de sorienter sur le terrain de
    délimiter ce quil cherche et de le voir

44
Maîtriser
  • L'intellectualisation et la rationalisation
    croissantes ne signifient donc nullement une
    connaissance générale croissante des conditions
    dans lesquelles nous vivons. Elles signifient
    bien plutôt que nous savons ou que nous croyons
    qu'à chaque instant nous pourrions, pourvu
    seulement que nous le voulions, nous prouver
    qu'il n'existe en principe aucune puissance
    mystérieuse et imprévisible qui interfère dans le
    cours de la vie bref que nous pouvons maîtriser
    toute chose par la prévision.

45
Techniciser et intellectualiser
  • Mais cela revient à désenchanter le monde. Il ne
    s'agit plus pour nous, comme pour le sauvage qui
    croit à l'existence de ces puissances, de faire
    appel à des moyens magiques en vue de maîtriser
    les esprits ou de les implorer mais de recourir à
    la technique et à la prévision. Telle est la
    signification essentielle de l'intellectualisation
    .

46
Expertiser pour prévoir
  • Premièrement la science met naturellement à notre
    disposition un certain nombre de connaissances
    qui nous permettent de dominer techniquement la
    vie par la prévision, aussi bien dans le domaine
    des choses extérieures que dans celui de
    l'activité des hommes. Vous me répliquerez
    après tout, cela n'est rien d'autre que la
    marchande de légumes du jeune Américain. Tout à
    fait d'accord.

47
Lexpert ou la marchande de légumes du jeune
américain
  • Le jeune Américain ne respecte rien ni personne,
    ni tradition ni situation professionnelle, mais
    il s'incline devant la prouesse personnelle d'un
    quelconque individu. Cela, il l'appelle
     démocratie . Aussi caricaturale que puisse
    paraître la réalité américaine lorsqu'on la
    compare à la signification vraie du mot
    démocratie, c'est ce sens qu'il lui donne et cela
    seul est important pour le moment.
  • Il se fait de son professeur une idée simple 
    celui-ci lui vend des connaissances et des
    méthodes pour l'argent de son père, exactement
    comme la marchande de légumes vend des choux à sa
    mère. Rien d'autre. Si le professeur est par
    exemple un champion de football, on n'hésitera
    pas, il est vrai, à le considérer comme un chef
    dans ce domaine précis.
  • Mais s'il ne l'est pas (ou s'il n'est pas quelque
    chose de similaire dans un autre sport), il n'est
    qu'un professeur et rien de plus.
  • Il ne viendrait jamais à l'idée du jeune
    Américain que son professeur pourrait lui vendre
    des  conceptions du monde  ou des règles
    valables pour la conduite de la vie. Bien sur,
    nous rejetons une pareille conception, ainsi
    formulée. Cependant on peut se demander si cette
    façon de voir, qu'à dessein j'ai grossie quelque
    peu, ne contient pas un grain de vérité.

48
Des méthodes de pensée mais lesquelles MP EP SP
  • En second lieu, la science nous apporte quelque
    chose que la marchande de légumes ne peut à coup
    sûr nous donner des méthodes de pensée,
    c'est-à-dire des instruments et une discipline.
    Vous me rétorquerez peut-être qu'il ne s'agit
    plus cette fois-ci de légumes, mais de quel, que
    chose qui n'est qu'un moyen pour se procurer des
    légumes. Soit ! Admettons-le en attendant.

49
Quels outils?
  • Quels outils pour le savant
  • Quels outils pour lexpert
  • Quels outils pour les acteurs de terrain
  • Pour quoi en faire?

50
Concepts et hypothèses
  • Concept
  • action de contenir idée abstraite générale,
    résultat de lopération par lequel lesprit isole
    de certaines réalités données dans lexpérience
    un ensemble dominant et stable de caractères
    communs quon désigne par le même mot qui sert
    alors à désigner des objets ayant la même
    fonction
  • Conception
  • opération par laquelle lesprit forme à partir de
    lexpérience la représentation dun objet de
    pensée
  • Résultat de cette opération
  • Conceptualisation
  • Opération intellectuelle distincte de
    limagination par laquelle lentendement forme le
    concept

51
Définitions, concepts, hypothèses
  • Définir, cest délimiter en écartant des éléments
    dès le départ du centre de létude
  • En caractérisant ceux qui sont inclus dans le
    champ de lobservation par une ou plusieurs
    propriétés communes.

52
Défini versus indéfini
  • Défini soppose ainsi à indéfini et
  • indéfini renvoie à lidée dun objet illimité
    tandis que le fini pourrait être fini ou limité
    cest-à-dire être indéterminé entre ces limites
    (le nombre de feuilles sur une plante)
  • qui sentend en compréhension et non extension le
    nombre dindividus dans lespèce humaine est
    indéfini car il nest pas défini par le concept
    de lespèce
  • Lindéfini soppose alors au défini comme
    linfini au fini
  • la notion se dédouble dailleurs en allemand en
    deux notions utilisant
  • pour lune la métaphore de lespace Unbegrenzt
    sans frontière sans borne
  • Pour lautre une métaphore temporelle dans un
    temps perçu comme linéaire Unendlich sans fin

53
Infini, défini
  • infini Ce en quoi de toutes parts je ne
    rencontre point de limites Dieu
  • Mais pour les choses où, sous quelque
    considération seulement je ne vois point de fin,
    comme létendue des espaces imaginaires, la
    multitude des nombres, la divisibilité des
    parties et de la quantité et autres choses
    semblables, je les appelle définies et non pas
    infinies parce que de toutes parts elles ne sont
    pas sans fin et sans limites. Réponses aux
    premières objections, 10 Descartes

54
Induction, déduction
  • Amener conduire vers
  • Raisonnement par lequel on passe du particulier à
    luniversel, du spécial au général de la
    connaissance des faits à celles des lois
  • Induction peut-être empiriste on passe alors
  • de la régularité des observations à leur
    constance
  • de la constance de celles-ci à lexistence
    dautres faits non donnés mais régulièrement liés
    aux premiers dans les expériences antérieures
  • généralisation à lespèce entière des
    observations faites sur plusieurs cas concordants

55
Induction, déduction suite
  • Induction rationaliste
  • découverte dune relation invariable entre les
    faits ou loi
  • problème passage des faits toujours particuliers
    à la loi toujours universelle cest-à-dire
    valable en tous lieux en tous temps et pour tous
    les esprits
  • Déduction
  • action demmener à partir de /passage de
    limplicite à lexplicite
  • formelle Raisonnement ou inférence qui consiste
    à tirer dune ou plusieurs propositions données
    une autre proposition qui en est la conséquence
    nécessaire et qui était implicitement impliquée
    syllogisme
  • constructive ou hypothético déductive. On
    démontre quune chose est conséquence dune autre
    pour cela on construit la conséquence avec
    lhypothèse démonstration
  • Chez Descartes soppose à lintuition qui est
    laperception immédiate en un seul acte de
    lesprit (uno intuitu) de la relation entre la
    conséquence et le principe Règles pour la
    direction de lesprit XI

56
Compréhension versus ex-tension
  • Compréhension ensemble des qualités ou des
    caractères essentiels communs appartenant à un
    terme ou à un concept qui sexprime par la
    définition quand un terme est contenu par
    extension dans un autre (Socrate/ grec) le
    second est contenu en compréhension dans le
    premier lextension et la compréhension dun
    concept sont en raison inverse lun de lautre
    Grec compréhension mini extension maximale
    Socrate compréhension maximale extension
    minimale car son extension est lunité
  • Compréhensionmode de connaissance intuitif et
    synthétique explication connaissance analytique
    et discursive qui procède par décomposition et
    reconstruction des concepts

57
Concepts et conceptions
  • Concept
  • action de contenir idée abstraite générale,
    résultat de lopération par lequel lesprit isole
    de certaines réalités données dans lexpérience
    un ensemble dominant et stable de caractères
    communs quon désigne par le même mot qui sert
    alors à désigner des objets ayant la même
    fonction
  • Conception
  • opération par laquelle lesprit forme à partir de
    lexpérience la représentation dun objet de
    pensée
  • Résultat de cette opération
  • Conceptualisation
  • Opération intellectuelle distincte de
    limagination par laquelle lentendement forme le
    concept

58
Définitions, concepts, hypothèses
  • Définir, cest délimiter en écartant des éléments
    dès le départ du centre de létude
  • En caractérisant ceux qui sont inclus dans le
    champ de lobservation par une ou plusieurs
    propriétés communes.

59
Défini versus indéfini
  • Défini soppose ainsi à indéfini et
  • indéfini renvoie à lidée dun objet illimité
    tandis que le fini pourrait être fini ou limité
    cest-à-dire être indéterminé entre ces limites
    (le nombre de feuilles sur une plante)
  • qui sentend en compréhension et non extension le
    nombre dindividus dans lespèce humaine est
    indéfini car il nest pas défini par le concept
    de lespèce
  • Lindéfini soppose alors au défini comme
    linfini au fini
  • la notion se dédouble dailleurs en allemand en
    deux notions utilisant
  • pour lune la métaphore de lespace Unbegrenzt
    sans frontière sans borne
  • Pour lautre une métaphore temporelle dans un
    temps perçu comme linéaire Unendlich sans fin

60
Infini, défini
  • infini Ce en quoi de toutes parts je ne
    rencontre point de limites Dieu
  • Mais pour les choses où, sous quelque
    considération seulement je ne vois point de fin,
    comme létendue des espaces imaginaires, la
    multitude des nombres, la divisibilité des
    parties et de la quantité et autres choses
    semblables, je les appelle définies et non pas
    infinies parce que de toutes parts elles ne sont
    pas sans fin et sans limites. Réponses aux
    premières objections, 10 Descartes

61
Induction, déduction
  • Amener conduire vers
  • Raisonnement par lequel on passe du particulier à
    luniversel, du spécial au général de la
    connaissance des faits à celles des lois
  • Induction peut-être empiriste on passe alors
  • de la régularité des observations à leur
    constance
  • de la constance de celles-ci à lexistence
    dautres faits non donnés mais régulièrement liés
    aux premiers dans les expériences antérieures
  • généralisation à lespèce entière des
    observations faites sur plusieurs cas concordants

62
Induction, déduction suite
  • Induction rationaliste
  • découverte dune relation invariable entre les
    faits ou loi
  • problème passage des faits toujours particuliers
    à la loi toujours universelle cest-à-dire
    valable en tous lieux en tous temps et pour tous
    les esprits
  • Déduction
  • action demmener à partir de /passage de
    limplicite à lexplicite
  • formelle Raisonnement ou inférence qui consiste
    à tirer dune ou plusieurs propositions données
    une autre proposition qui en est la conséquence
    nécessaire et qui était implicitement impliquée
    syllogisme
  • constructive ou hypothético déductive. On
    démontre quune chose est conséquence dune autre
    pour cela on construit la conséquence avec
    lhypothèse démonstration
  • Chez Descartes soppose à lintuition qui est
    laperception immédiate en un seul acte de
    lesprit (uno intuitu) de la relation entre la
    conséquence et le principe Règles pour la
    direction de lesprit XI

63
Compréhension versus ex-tension
  • Compréhension ensemble des qualités ou des
    caractères essentiels communs appartenant à un
    terme ou à un concept qui sexprime par la
    définition quand un terme est contenu par
    extension dans un autre (Socrate/ grec) le
    second est contenu en compréhension dans le
    premier lextension et la compréhension dun
    concept sont en raison inverse lun de lautre
    Grec compréhension mini extension maximale
    Socrate compréhension maximale extension
    minimale car son extension est lunité
  • Compréhensionmode de connaissance intuitif et
    synthétique explication connaissance analytique
    et discursive qui procède par décomposition et
    reconstruction des concepts

64
Quel progrès et but en sciences de lhomme?
  • Le travail scientifique est solidaire d'un
    progrès. () Car quel est le destin, ou plutôt la
    signification à laquelle est soumis et
    subordonné, en un sens tout à fait spécifique,
    tout travail scientifique, comme d'ailleurs aussi
    tous les autres éléments de la civilisation qui
    obéissent à la même loi ? C'est que toute œuvre
    scientifique achevée n'a d'autre sens que celui
    de faire naître de nouvelles questions elle
    demande donc à être dépassée et à vieillir. Celui
    qui veut servir la science doit se résigner à ce
    sort. () Mais dans les sciences, je le répète,
    non seulement notre destin, mais encore notre but
    à nous tous est de nous voir un jour dépassés.
    Nous ne pouvons accomplir un travail sans espérer
    en même temps que d'autres iront plus loin que
    nous. En principe ce progrès se prolonge à
    l'infini .
  • Max Weber, Le savant et le politique, première
    partie,   Le métier et la vocation de savant,
    http//fr.wikisource.org/wiki/Le_Savant_et_le_Poli
    tique,_PremiC3A8re_Partie

65
Lethnocentrisme
  • L'attitude la plus ancienne, et qui repose sans
    doute sur des fondements psychologiques solides
    puisqu'elle tend à réapparaître chez chacun de
    nous quand nous sommes placés jans une situation
    inattendue, consiste à répudier purement et
    simplement les formes culturelles morales,
    religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les
    plus éloignées de celles auxquelles nous nous
    identifions. "Habitudes de sauvages cela n'est
    pas de chez nous ", " on ne devrait pas permettre
    cela ", etc., autant de réactions grossières qui
    traduisent ce même frisson, cette même répulsion,
    en présence de manières de vivre, de croire ou de
    penser qui nous sont étrangères.

66
Barbares et civilisés
  • Ainsi l'Antiquité confondait-elle tout ce qui ne
    participait pas de la culture grecque (puis
    gréco-romaine) sous le même nom de barbare la
    civilisation occidentale a ensuite utilisé le
    terme de sauvage dans le même sens. Or derrière
    ces épithètes se dissimule un même jugement il
    est probable que le mot barbare se réfère
    étymologiquement à la confusion et à
    l'inarticulation du chant des oiseaux, opposées à
    la valeur signifiante du langage humain et
    sauvage, qui veut dire " de la forêt ", évoque
    aussi un genre de vie animale, par opposition à
    la culture humaine. Dans les deux cas, on refuse
    d'admettre le fait même de la diversité
    culturelle on préfère rejeter hors de la
    culture, dans la nature, tout ce qui ne se
    conforme pas à la norme sous laquelle on vit.
    ...

67
Ethnocentrisme et intolérance symétriques?
  • Ainsi se réalisent de curieuses situations où
    deux interlocuteurs se donnent cruellement la
    réplique. Dans les Grandes Antilles, quelques
    années après la découverte de l'Amérique, pendant
    que les Espagnols envoyaient des commissions
    d'enquête pour rechercher si les indigènes
    possédaient ou non une âme, ces derniers
    s'employaient à immerger des blancs prisonniers
    afin de vérifier par une surveillance prolongée
    si leur cadavre était ou non, sujet à la
    putréfaction.
  • Cette anecdote à la fois baroque et tragique
    illustre bien le paradoxe du relativisme culturel
    (que nous retrouverons ailleurs sous d'autres
    formes) c'est dans la mesure même où l'on
    prétend établir une discrimination entre les
    cultures et les coutumes que l'on s'identifie le
    plus complètement avec celles qu'on essaye de
    nier. En refusant l'humanité à ceux qui
    apparaissent comme les plus "sauvages" ou "
    barbares " de ses représentants, on ne fait que
    leur emprunter une de leurs attitudes typiques.
  • Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la
    barbarie.

68
Le racisme selon CLS
  • . Le racisme est une doctrine qui prétend voir
    dans les caractères intellectuels et moraux
    attribués à un ensemble d'individus, de quelque
    façon qu'on le définisse, l'effet nécessaire d'un
    commun patrimoine génétique. On ne saurait ranger
    sous la même rubrique, ou imputer automatiquement
    au même préjugé l'attitude d'individus ou de
    groupes que leur fidélité à certaines valeurs
    rend partiellement ou totalement insensibles à
    d'autres valeurs. Il n'est nullement coupable de
    placer une manière de vivre et de penser
    au-dessus de toutes les autres, et d'éprouver peu
    d'attirance envers tels ou tels dont le genre de
    vie, respectable en lui-même, s'éloigne par trop
    de celui auquel on est traditionnellement
    attaché.
  • Claude Levi-Strauss Le regard éloigné Plon, 1983,
    préface, p. 15 à 17.

69
Incommunicabilité?
  • Cette incommunicabilité relative n'autorise
    certes pas à opprimer ou détruire les valeurs
    qu'on rejette ou leurs représentants, mais,
    maintenue dans ces limites, elle n'a rien de
    révoltant. Elle peut même représenter le prix à
    payer pour que les systèmes de valeurs de chaque
    famille spirituelle ou de chaque communauté se
    conservent, et trouvent dans leur propre fonds
    les ressources nécessaires à leur renouvellement.

70
Rousseau et lethnologie
  • Rousseau ne s'est pas borné à prévoir
    l'ethnologie, il l'a fondée. D'abord de façon
    pratique, en écrivant ce Discours sur l'origine
    et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
    qui pose le problème des rapports entre la nature
    et la culture, et où l'on peut voir le premier
    traité d'ethnologie générale et ensuite, sur le
    plan théorique, en distinguant, avec une clarté
    et une concision admirables, l'objet propre de
    l'ethnologue de celui du moraliste et de
    l'historien "Quand on veut étudier les hommes,
    il faut regarder près de soi mais pour étudier
    l'homme, il faut apprendre à porter sa vue au
    loin il faut d'abord observer les différences
    pour découvrir les propriétés." (Essai sur
    l'origine des langues, chap. VIII.)
  • Claude Levi-Strauss, "Jean-Jacques Rousseau,
    fondateur des sciences de l'homme." In
    Anthropologie structurale II, Plon, 1962

71
Montesquieu un savant prudent
  • Si, dans le nombre infini de choses qui sont dans
    ce livre, il y en avait quelqu'une qui, contre
    mon attente, pût offenser, il n'y en a pas du
    moins qui y ait été mise avec mauvaise intention.
    Je n'ai point naturellement l'esprit
    désapprobateur. Platon remerciait le ciel de ce
    qu'il était né du temps de Socrate et moi, je
    lui rends grâce de ce qu'il m'a fait naître dans
    le gouvernement où je vis, et de ce qu'il a voulu
    que j'obéisse à ceux qu'il m'a fait aimer.
  • Je demande une grâce que je crains qu'on ne
    m'accorde pas c'est de ne pas juger, par la
    lecture d'un moment, d'un travail de vingt
    années d'approuver ou de condamner le livre
    entier, et non pas quelques phrases. Si l'on veut
    chercher le dessein de l'auteur, on ne le peut
    bien découvrir que dans le dessein de l'ouvrage.

72
Montesquieu , premier sociologue du politique
  •  J'ai d'abord examiné les hommes, et j'ai cru
    que, dans cette infinie diversité de lois et de
    mœurs, ils n'étaient pas uniquement conduits par
    leurs fantaisies. J'ai posé les principes, et
    j'ai vu les cas particuliers s'y plier comme
    d'eux-mêmes, les histoires de toutes les nations
    n'en être que les suites, et chaque loi
    particulière liée avec une autre loi, ou dépendre
    d'une autre plus générale. Quand j'ai été rappelé
    à l'antiquité, j'ai cherché à en prendre
    l'esprit, pour ne pas regarder comme semblables
    des cas réellement différents, et ne pas manquer
    les différences de ceux qui paraissent
    semblables. Je n'ai point tiré mes principes de
    mes préjugés, mais de la nature des choses .

73
Montesquieu un démocrate du savoir
  • Je n'écris point pour censurer ce qui est établi
    dans quelque pays que ce soit. Chaque nation
    trouvera ici les raisons de ses maximes et on en
    tirera naturellement cette conséquence, qu'il
    n'appartient de proposer des changements qu'à
    ceux qui sont assez heureusement nés pour
    pénétrer d'un coup de génie toute la constitution
    d'un État.
  • Il n'est pas indifférent que le peuple soit
    éclairé. Les préjugés des magistrats ont commencé
    par être les préjugés de la nation. Dans un temps
    d'ignorance, on n'a aucun doute, même lorsqu'on
    fait les plus grands maux dans un temps de
    lumière, on tremble encore lorsqu'on fait les
    plus grands biens. On sent les abus anciens, on
    en voit la correction mais on voit encore les
    abus de la correction même. On laisse le mal, si
    l'on craint le pire on laisse le bien, si on est
    en doute du mieux. On ne regarde les parties que
    pour juger du tout ensemble on examine toutes
    les causes pour voir tous les résultats.

74
Montesquieu un esprit scientifique
  • Si je pouvais faire en sorte que tout le monde
    eût de nouvelles raisons pour aimer ses devoirs,
    son prince, sa patrie, ses lois qu'on pût mieux
    sentir son bonheur dans chaque pays, dans chaque
    gouvernement, dans chaque poste où l'on se
    trouve je me croirais le plus heureux des
    mortels. Si je pouvais faire en sorte que ceux
    qui commandent augmentassent leurs connaissances
    sur ce qu'ils doivent prescrire, et que ceux qui
    obéissent trouvassent un nouveau plaisir à obéir,
    je me croirais le plus heureux des mortels. Je me
    croirais le plus heureux des mortels, si je
    pouvais faire que les hommes pussent se guérir de
    leurs préjugés.

75
Luttant contre les préjugés
  • J'appelle ici préjugés, non pas ce qui fait qu'on
    ignore de certaines choses, mais ce qui fait
    qu'on s'ignore soi-même.J'ai bien des fois
    commencé, et bien des fois abandonné cet ouvrage
    j'ai mille fois envoyé aux 1 vents les feuilles
    que j'avais écrites, je sentais tous les jours
    les mains paternelles tomber 2  je suivais mon
    objet sans former de dessein je ne connaissais
    ni les règles ni les exceptions je ne trouvais
    la vérité que pour la perdre. Mais, quand j'ai
    découvert mes principes, tout ce que je cherchais
    est venu à moi et, dans le cours de vingt
    années, j'ai vu mon ouvrage commencer, croître,
    s'avancer et finir.
  • 1 Ludibria ventis.
  • 2 Bis patriœ cecidere manus

76
Le moment tocquevillien
  • http//classiques.uqac.ca/classiques/De_tocquevill
    e_alexis/democratie_1/democratie_1_intro.html
  • Une édition électronique réalisée à partir de la
    13e édition du livre dAlexis de Tocqueville
    (1835), Démocratie en Amérique I publiée du
    vivant de l'auteur. http//classiques.uqac.ca/clas
    siques/De_tocqueville_alexis/democratie_1/democrat
    ie_1_intro.html
  • Parmi les objets nouveaux qui, pendant mon séjour
    aux États-Unis, ont attiré mon attention, aucun
    n'a plus vivement frappé mes regards que
    l'égalité des conditions. Je découvris sans peine
    l'influence prodigieuse qu'exerce ce premier fait
    sur la marche de la société il donne à l'esprit
    public une certaine direction, un certain tour
    aux lois aux gouvernants des maximes nouvelles,
    et des habitudes particulières aux gouvernés.
    Bientôt je reconnus que ce même fait étend son
    influence fort au-delà des mœurs politiques et
    des lois, et qu'il n'obtient pas moins d'empire
    sur la société civile que sur le gouvernement il
    crée des opinions, fait naître des sentiments,
    suggère des usages et modifie tout ce qu'il ne
    produit pas. Ainsi donc, à mesure que j'étudiais
    la société américaine, je voyais de plus en plus,
    dans l'égalité des conditions, le fait générateur
    dont chaque fait particulier semblait descendre,
    et je le retrouvais sans cesse devant moi comme
    un point central où toutes mes observations
    venaient aboutir.

77
La révolution démocratique
  • Alors je reportai ma pensée vers notre
    hémisphère, et il me sembla que j'y distinguais
    quelque chose d'analogue au spectacle que
    m'offrait le nouveau monde. Je vis l'égalité des
    conditions qui, sans y avoir atteint comme aux
    États-Unis ses limites extrêmes, s'en rapprochait
    chaque jour davantage et cette même démocratie,
    qui régnait sur les sociétés américaines, me
    parut en Europe s'avancer rapidement vers le
    pouvoir. De ce moment j'ai conçu l'idée du livre
    qu'on va lire.
  • Une grande révolution démocratique, s'opère parmi
    nous tous la voient, mais tous ne la jugent
    point de la même manière. Les uns la considèrent
    comme une chose nouvelle, et, la prenant pour un
    accident, ils espèrent pouvoir encore l'arrêter
    tandis que d'autres la jugent irrésistible, parce
    qu'elle leur semble le fait le plus continu, le
    plus ancien et le plus permanent que l'on
    connaisse dans l'histoire.

78
Les trois démentis
  • "Dans le cours des siècles, la science a infligé
    à l'égoïsme naïf de l'humanité deux graves
    démentis. La première fois, ce fut lorsqu'elle a
    montré que la terre, loin d'être le centre de
    l'univers, ne forme qu'une parcelle insignifiante
    du système cosmique dont nous pouvons à peine
    nous représenter la grandeur. Cette première
    démonstration se rattache pour nous au nom de
    Copernic, bien que la science alexandrine' ait
    déjà annoncé quelque chose de semblable.Le
    second démenti fut infligé à l'humanité par la
    recherche biologique, lorsqu'elle a réduit à rien
    les prétentions de l'homme à une place
    privilégiée dans l'ordre de la création, en
    établissant sa descendance du règne animal et en
    montrant l'indestructibilité de sa nature
    animale. Cette dernière révolution s'est
    accomplie de nos jours, à la suite des travaux de
    Ch. Darwin, de Wallace' et de leurs
    prédécesseurs, travaux qui ont provoqué la
    résistance la plus acharnée des contemporains.
    Un troisième démenti sera infligé à la
    mégalomanie humaine par la recherche
    psychologique de nos jours qui se propose montrer
    au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa
    propre maison, qu'il en est réduit à se contenter
    de renseignements rares et fragmentaires sur ce
    qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa
    vie psychique. Les psychanalystes ne sont ni les
    premiers ni les seuls qui aient lancé cet appel à
    la modestie et au recueillement, mais c'est à eux
    que semble échoir la mission d'étendre cette
    manière de voir avec le plus d'ardeur et de
    produire à son appui des matériaux empruntés à
    l'expérience et accessibles à tous. D'où la levée
    générale de boucliers contre notre science,
    l'oubli de toutes les règles de politesse
    académique, le déchaînement d'une opposition qui
    secoue toutes les entraves d'une logique
    impartiale".
  • Freud, Introduction à la psychanalyse, 1916 (
    traduction française , 1970 cité in Paris,
    édition Payot page 266.
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