Title: U'F'R' 01 DROIT ADMINISTRATION ET SECTEURS PUBLICS
1- U.F.R. 01 DROIT ADMINISTRATION ET SECTEURS
PUBLICS -
- PLACE DU PANTHÉON 75005 PARIS
- MASTER DROIT DE LINTERNET
- Administration, Entreprises
- Site du Master
- http//master-droit-internet.univ-paris1.fr/
- Bibliothèque numérique du droit de
ladministration électronique - http//master-droit-internet.univ-paris1.fr/biblio
theque/
2Avancées récentes du Droit de ladministration
électronique en France
- Québec 15 mai 2006
- Georges CHATILLON
- Directeur Du Master Droit de lInternet public
- Administration Entreprises
- Université Paris-I Panthéon Sorbonne
3Quelques idées
- I) Des agents publics mobilisés par des missions
à réaliser au service des usagers retrouvés. - II) Les données personnelles des usagers, objets
des traitements administratifs, nécessitent une
protection ad hoc et une réorganisation des
circuits administratifs de traitement. - III) La modernisation de lÉtat, au service de
ladministration électronique, exige une
ré-orientation politique des activités
administratives, traduite par une réforme du
droit de la fonction publique et une
participation effective des usagers à la création
des activités administratives.
4I) Des agents publics mobilisés par des missions
à réaliser au service des usagers retrouvés.
- A) Ladministration électronique, au service de
lusager retrouvé, lui offre des services et des
téléservices personnalisés au cur de
ladministration dÉtat et des collectivités
territoriales. - B) Les services publics doivent désormais
réaliser des objectifs et des missions tout en
simplifiant les procédures administratives qui
doivent être repensées au bénéfice de lusager.
5II) Les données personnelles des usagers, objets
des traitements administratifs, nécessitent une
protection ad hoc et une réorganisation des
circuits administratifs de traitement.
- A) Le traitement électronique des données
personnelles des usagers. - B) La création des dossiers administratifs
électroniques .
6III) La modernisation de lEtat, au service de
ladministration électronique, exige une
ré-orientation politique des activités
administratives, traduite par une réforme du
droit de la fonction publique et une
participation effective des usagers à la création
des activités administratives.
- A) Une réforme du droit de la fonction publique.
- B) une participation effective des usagers à la
création des activités administratives.
7Introduction
- Entre 1998 et 2003, la construction juridique de
ladministration électronique française sest
faite sur une base réglementaire, stratégie
voulue par le gouvernement, sans que le Parlement
ait pu être appelé à légiférer. - Cette manière de faire, outre quelle ne donnait
pas à ladministration électronique la légitimité
démocratique nécessaire, affaiblissait la portée
juridique des dispositions et ne venait pas
renforcer, dans lesprit des usagers, des agents
et des syndicats, la portée et les conséquences
réelles de ladministration électronique.
8Lois habilitant le gouvernement à simplifier le
droit
- Le 2 juillet 2003, le gouvernement fait adopter
une loi habilitant le gouvernement à simplifier
le droit . - Cette loi fonde les simplifications
administratives et, par voie de conséquence, le
développement de ladministration électronique
sur une procédure particulière de la constitution
du 4 octobre 1958, celle des ordonnances de
larticle 38 - Larticle 2 donne au gouvernement un blanc
seing pour améliorer les relations entre les
usagers et ladministration à un triple niveau.
Il est urgent, dabord, dalléger le fardeau
administratif qui pèse sur les épaules des
usagers en simplifiant les démarches des usagers
auprès de tout ce qui est public et déconomiser
leur temps en réduisant les délais dinstruction
des demandes, en accélérant les prises de
décisions des autorités administratives
9- Le 9 décembre 2004, une autre loi, dite de
simplification du droit est adoptée. - Le gouvernement poursuit trois objectifs. En
premier lieu, il est primordial, de moderniser
certaines règles de portée générale afin de
mieux assurer la sécurité juridique et de lever
certains obstacles législatifs à la
dématérialisation des procédures. En second
lieu, le gouvernement veut alléger et accélérer
toutes sortes de procédures administratives
lourdes, donc trop lentes. En troisième lieu,
le Gouvernement entend poursuivre la politique de
codification systématique que le Président de la
République appelait de ses vux dès 1995 .
10- Le chapitre premier de la loi traite des mesures
de simplification en faveur des usagers des
administrations. - La première concerne le droit daccès aux
documents administratifs et aux données
publiques. - Les usagers pourront bénéficier, dans le cadre
dune procédure semi contentieuse, de lavis
puissant de la CADA, commission daccès aux
documents administratifs. - La seconde simplification résulte de règles plus
précises du droit de retrait exercé par
ladministration sur des décisions créatrices de
droit.
11Le projet de loi du 22 février 2006
- Il a fallu attendre le début de lannée 2006 pour
trouver, enfin, une (véritable future) loi
fondatrice. - En effet, M. Jean-François Copé, ministre délégué
au Budget et à la Réforme de lÉtat, Porte-parole
du Gouvernement, a présenté au conseil des
ministres du 22 février 2006 un projet de loi
ratifiant lordonnance du 8 décembre 2005
relative aux échanges électroniques entre les
usagers et les autorités administratives et entre
les autorités administratives. - Ce projet de loi correspond très précisément aux
besoins juridiques des dispositifs techniques de
ladministration électronique et cest aussi la
conséquence de létat davancement général du
droit concernant ladministration toute entière
(papier et électronique)
12Le confort de lusager de ladministration
électronique
- Ladministration électronique est faite pour que
les usagers disposent du maximum de confort et de
services à domicile. - Cette mission suppose que les divers services
publics aient passé des accords pour séchanger
les données et les autorisations nécessaires. - Lusager est à son poste de travail et ne voit
que le résultat de sa demande individuelle. - Lessentiel de ladministration électronique se
passe dans les coulisses , dans les couloirs
de transmission des informations et dans les
bureaux remplis de bases de données numérisées.
13Le papier ou le numérique ?
- Juridiquement, ces opérations sont la conséquence
dun droit daccès des usagers à ladministration
et dun droit au traitement de leur demande. - Le projet de loi règle ces questions en laissant
à lusager le soin de choisir entre le papier et
le courrier électronique pour accéder au guichet,
quil soit physique ou électronique et garantit à
lusager une égalité fonctionnelle de traitement
entre la demande papier et la demande numérique. - Naturellement, la question juridique corollaire
est celle du délai de réponse et des documents
que ladministration exige pour traiter les
demandes des usagers.
14Les droits des citoyens dans les relations avec
ladministration
- Depuis lannée 2000, la loi dite DCRA (droits des
citoyens dans les relations avec
ladministration) avait obligé ladministration à
répondre dans un délai de deux mois sous peine de
voir transformer son silence ou son refus de
répondre en acceptation de la demande faite par
les usagers et daccuser réception des demandes. - Ces derniers avaient dailleurs le droit de faire
leur demande au moyen d'un procédé télématique
ou informatique homologué permettant de certifier
la date d'envoi
15Accuser réception de la demande de lusager
- Lordonnance législative de 2005 oblige
ladministration à accuser réception de la
demande de lusager, sous peine de ne pouvoir
bénéficier des délais habituels de recours. Par
contre, la passivité de ladministration fait
courir, au bénéfice de lusager, le délai de deux
mois au terme duquel il jouit dune décision
implicite dacceptation de sa demande.
16- La forme de laccusé de réception , voire, de
laccusé denregistrement rendus obligatoires
par lordonnance de 2005, devrait suivre les
instructions de la loi dite DCRA, et de son
décret dapplication c'est-à-dire mentionner - 1 La date de réception de la demande et la
date à laquelle, à défaut d'une décision
expresse, celle-ci sera réputée acceptée ou
rejetée - 2 La désignation, l'adresse postale et, le cas
échéant, électronique, ainsi que le numéro de
téléphone du service chargé du dossier
17- La réglementation devient ainsi humaine. Le droit
est positif dans un sens favorable à lusager et
ce dernier sait qui traite son dossier et quelles
sont les solutions probables
18- Lordonnance législative de 2005 introduit un
principe général déquivalence fonctionnelle
entre les écrits papiers et les écrits
électroniques. - Cest bien un principe fondateur de
ladministration électronique. Désormais, les
demandes électroniques des usagers, assorties
dun accusé de réception électronique de
ladministration, devront être traitées comme les
autres demandes, formulées sur papier ou autrement
19- Le thème de ladministration électronique
sinscrit, en France, dans le cadre de la réforme
de lEtat, serpent de mer en lutte permanente
avec ses nuds - - le rôle et les conséquences des concours,
- - les 900 corps de la fonction publique,
- - le rôle, limportance quantitative et la place
des syndicats, des grands corps, etc. - Il semble très difficile, pour ne pas dire
impossible en létat des choses, de réformer
lÉtat français mis en place en 1945, alors que
Maurice Thorez, communiste, était ministre de la
fonction publique. - Dans ces conditions, ladministration
électronique pourrait apparaître comme un des
moyens de réformer lÉtat par la bande, à défaut
dêtre plus explicitement un moyen de la
modernisation du service public.
20- Les causes de lexistence et du développement de
ladministration électronique en France sont
multiples et enchevêtrées. - Du PAGSI, Programme dAction Gouvernemental pour
la Société de linformation, de janvier 1998
(gouvernement de M. Jospin), - au plan Re-SO2007, de décembre 2002,
(gouvernement de M. Raffarin), - au projet de loi sur les relations électroniques
entre ladministration et les usagers ET les
relations entre les administrations, applicable
en 2008, - dix années se seront écoulées.
21- Le déclic sest produit en 2001, lorsque la COSA,
Commission pour les simplifications
administratives,placée auprès du Premier
ministre, a fait réaliser la première enquête
dopinion sur les procédures administratives. - Dun coup, lusager était pris en considération
autrement que comme le produit de procédures de
masse ou comme un cas particulier, cest à dire
quelquun qui prend du temps.
22- I) Des agents publics mobilisés par des missions
à réaliser au service des usagers retrouvés. - La réforme de lEtat, sa modernisation, ne
doivent pas être comprises exclusivement en
termes de machines, y compris les ordinateurs,
comme certains y seraient tentés. Le fossé qui se
creusait progressivement entre lEtat et les
usagers ne tenait pas à lusage des machines mais
aux comportement des agents, quils soient
hauts, moyens ou petits
fonctionnaires, comportements faussés par des
règles centrifuges, stato-centrées, tournées
surtout vers la réalisation des missions plutôt
que vers la satisfaction des usagers.
23- Cest le Premier ministre, Lionel Jospin, qui a
donné limpulsion et fixé les objectifs - Le point de départ de votre démarche sera
lusager. Vous devrez en conséquence repérer les
procédures qui posent aux usagers les difficultés
pratiques les plus fréquentes et qui sont à
lorigine des malentendus et des pertes de temps
les plus importants. - Il vous appartient de définir, en fonction de la
spécificité de votre département et en
consultation avec les usagers et leurs
représentants, les modalités de ce travail
didentification. - Les mesures proposées devront avoir été
préalablement analysées dans tous leurs aspects
effets attendus pour lusager, coût direct et
indirect, modifications de textes législatifs ou
réglementaires quelles imposent, et conséquences
indirectes quelles peuvent avoir sur des
procédures voisines. - A cette fin, chaque mesure de simplification
proposée dans le programme sera accompagnée dune
fiche dimpact précisant ces différents points
(modèle joint). Vous veillerez également à
enrichir vos propositions par les enseignements
qui peuvent être tirés des expériences réalisées
par des pays étrangers.
24- A) Ladministration électronique, au service de
lusager retrouvé, lui offre des services et des
téléservices personnalisés au cur de
ladministration dÉtat et des collectivités
territoriales. - Il est ainsi demandé aux administrations de
sortir du nombrilisme, de passer derrière le
guichet et de se mettre à la place de lusager.
Cest une révolution culturelle. - Naturellement, les gouvernements de messieurs
Jean-Pierre Raffarin, 2002-2005 et de Dominique
de Villepin ont emboîté le pas et amplifié les
mesures.
25La LOLF - Loi organique relative aux lois de
finances
- Mettre lusager au cur de ladministration,
quelle soit électronique ou de papier, cest
excellent. Mais, pour quoi faire ? Comment
mobiliser les millions de fonctionnaires ?
Comment rentabiliser lactivité de
ladministration ? Comment rendre plus efficace
les conduites ? Un début de solution est
intervenu le 1er août 2001, avec le vote de la
loi dite Loi organique relative aux lois de
finances - Cette loi, entrée en vigueur le 1er janvier 2006,
responsabilise les gestionnaires et permet un
contrôle de la performance publique.
Jusqualors, la gestion publique était handicapée
par deux tares - 1) labsence de contrôle de lefficacité de la
dépense publique puisque les gestionnaires
navaient pas lobligation de mettre en évidence
les résultats obtenus au regard des moyens
employés et que le parlement restait confiné dans
une approche quantitative - 2) le budget de lEtat était fragmenté en 848
chapitres, et géré par un droit rigide et non
responsabilisant, interdisant toute approche
qualitative.
26- La réforme consiste à rechercher la performance
des services publics en passant une sorte de
contrat avec les responsables de laction
publique. - La LOLF leur donne plus de liberté et de
responsabilité en échange dengagements sur des
objectifs à réaliser et des performances à
atteindre. - Chaque programme est associé à des objectifs.
- Des indicateurs concrets mesurent les résultats
des actions menées pour atteindre chaque
objectif. - Ces indicateurs sont accompagnés de valeurs
cibles, sur lesquelles les responsables de
programmes sengagent pour accroître la
performance de leurs actions. - Afin de répondre aux attentes de tous - citoyens,
usagers et contribuables - ladministration
publique sest fixée trois types dobjectifs,
répondant à des critères socio-économiques, de
qualité de service et defficience de gestion.
27La DGME, Direction générale de la modernisation
de lÉtat
- La nouvelle DGME, Direction générale de la
modernisation de lÉtat, est donc créée à partir
du regroupement de quatre directions dédiées à la
réforme de l'Etat - la délégation aux usagers et aux simplifications
administratives (DUSA), - la délégation à la modernisation de la gestion
publique et des structures de l'État (DMGPSE), - lagence pour le développement de
l'administration électronique (ADAE) - et la direction de la réforme budgétaire (DRB).
28La place de lusager
- Cependant, le taux de numérisation des échanges
exclusivement électroniques entre
ladministration et les usagers laisse encore à
désirer puisquil était de 20 en 2004, et quil
devrait atteindre 50 en 2006 et 66 en 2007.
Le taux de téléprocédures, cest à dire le
pourcentage des procédures qui peuvent être
effectuées en ligne reste encore décevant,
puisquil était de 15 en 2004, et devrait
atteindre 66 à la fin de lannée 2006 et 100
à la fin de 2007. - La question de la place de lusager demeure
paradoxale. En effet, le credo permanent dune
administration tournée vers lusager demeure la
vérité première du discours du gouvernement, et,
dans le même temps, la place de lusager na
guère changée. - Ni le droit, ni la pratique ne placent lusager
au cur même de ladministration, cest à dire à
lendroit de la conception des téléservices
publics. Il est fondamental que les usagers
soient consultés en amont de la création des
téléservices et pas seulement à titre de
"consommateurs" comme aujourdhui.
29- B) Les services publics doivent désormais
réaliser des objectifs et des missions tout en
simplifiant les procédures administratives qui
doivent être repensées au bénéfice de lusager. - Le gouvernement et, en particulier, le ministre
du budget et de la réforme de lEtat,
Jean-François Copé, ont mis en chantier, depuis
septembre 2005, une vaste réforme qui a pour
objet daccroître les performances des services
publics, au profit des usagers, en effectuant des
audits des politiques publiques. Ces audits
permettent de calculer les coûts humains des
politiques et, lorsquils sont trop importants,
de proposer des solutions déconomie Et
daccroissement des performances. Il sera
intéressant de constater comment les
représentants de lEtat, des syndicats et ceux
des contribuables usagers tirent les
conséquences de ces audits !
30- II) Les données personnelles des usagers, objets
des traitements administratifs, nécessitent une
protection ad hoc et une réorganisation des
circuits administratifs de traitement. - La question du traitement des données
personnelles des gens par ladministration est
importante en France du fait du projet Safari,
découvert en 1974. - Ce projet avait pour ambition de relier tous les
fichiers administratifs afin de constituer des
bases de données individuelles. - Devant le tollé provoqué par ce projet
liberticide, la classe politique a finalement
proposé, quatre années plus tard, la loi
"Informatique, fichiers et liberté" du 6 janvier
1978.
31- Lobjectif majeur de cette loi était dempêcher
les services publics déchanger des données
personnelles dusagers afin que le pot de fer
nécrase pas systématiquement le pot de terre. - Cest une question de principe constitutionnel qui
sexprime par le droit à la vie privée. - LÉtat, ses agents, ses services, nont pas le
droit de consigner illégalement des données, de
les traiter et les échanger sans contrôle et à
linsu des gens. (Il en est de même des
entreprises privées, ou de toute personne
physique ou morale.). - On est donc en présence de deux principes
contradictoires, pour ne pas dire
"antagonistes" interdiction de faire circuler
des données personnelles des usagers nécessité
de le faire pour rendre les services de
ladministration électronique ! La situation
étant bloquée par les interdictions de la loi de
1978, il a été possible de la changer à
loccasion de la transposition (trop tardive) de
la directive 95-46 donnant lieu à la loi de 2004
et du vote de lordonnance du 8 décembre 2005
32Le traitement électronique des données
personnelles des usagers
- Les interdictions françaises donnent aux agents
publics une responsabilité de gardien des
identités. Ce rôle important ne donne pas à
lEtat un quelconque droit de propriété sur les
données personnelles nominatives des gens. - Le gardien de la chose nen est pas, pour autant,
obligatoirement le propriétaire. Prenons en
exemple largent déposé sur un compte en banque,
la voiture chez le mécanicien, lordinateur
portable confié par lentreprise au commercial. - Le vrai problème est, quen labsence de texte
précisant que lEtat nest pas propriétaire des
données des gens, les agents publics se croient
investis dun droit particulier sur les données
qui leur sont confiées par les usagers pour
traitement. - Lexpression de ce droit est largement
fantasmatique. - Le fait de confier volontairement à
ladministration des données nominatives
personnelles, à loccasion dune demande de
"papiers" ou dune demande dautorisation
sapparente à un dépôt temporaire assorti de
conditions de traitement et de protection. - Les usagers ne réalisent pas un "don" de leurs
données à ladministration. Leurs données ne sont
pas non plus cédées ni louées. Elles font lobjet
dun dépôt assorti dun mandat, quil provienne
des obligations légales qui simposent aux agents
publics ou des demandes faites par les usagers
et, dans le cadre de ladministration
électronique, dun contrat de nature particulière
entre ladministration et les usagers.
33Lordonnance du 8 décembre 2005
- Lordonnance du 8 décembre 2005 ouvre aux usagers
de ladministration une porte numérique
universelle, au même titre que le papier (quelle
que soit sa forme et ses propriétés), et consacre
le droit à la protection des données personnelles
confiées temporairement à ladministration, grâce
à deux dispositifs informatiques
dinteropérabilité et de sécurité (à venir par
décret). - Cette ordonnance ne prend pas encore en compte
les attentes des usagers en matière
dadministration électronique puisque lemploi de
la messagerie électronique (courrier et documents
attachés) et de linternet par les services
publics demeure facultatif, alors quil devrait
être obligatoire. En effet, Une autorité
administrative peut répondre par voie
électronique à toute demande d'information qui
lui a été adressée par cette voie par un usager
ou par une autre autorité administrative. - Cependant, ladministration nest pas quitte pour
autant puisque Toute demande, déclaration ou
production de documents adressée par un usager à
une autorité administrative par voie électronique
ainsi que tout paiement opéré dans le cadre d'un
téléservice fait l'objet d'un accusé de réception
électronique et, lorsque celui-ci n'est pas
instantané, d'un accusé d'enregistrement
électronique.
34- Comment ladministration compte-t-elle protéger
ces données -
- (chiffrement?), stocker ces données, même
temporairement (coffre fort électronique ?),
inscrire ces données dans une base pour les
traiter le moment venu ? Dautant que la
définition dune donnée à caractère personnel est
large et définie par la logique plutôt que par
les faits. - La question de la durée du stockage temporaire
des informations personnelles des usagers donnant
lieu à traitement nest pas encore fixée. - La loi du 7 août 2004 relative à la protection
des personnes physiques à légard des traitements
de données à caractère personnel dispose (article
6) 5 Elles (les données personnelles) sont
conservées sous une forme permettant
lidentification des personnes concernées pendant
une durée qui nexcède pas la durée nécessaire
aux finalités pour lesquelles elles sont
collectées et traitées. La notion de durée
"nécessaire aux finalités" de collecte et de
traitement ne correspond pas du tout à celle de
durée relative aux recours. Cela signifie que si
le traitement des données nécessite une quinzaine
de jours, voire moins, ladministration ne pourra
stocker ces données au-delà. Une solution de
compromis pourrait être trouvée dans
lapplication de larticle 30 I -5 de la loi du
7 août 2004. En effet, Art. 30. - I. - Les
déclarations, demandes dautorisation et demandes
davis adressées à la Commission nationale de
linformatique et des libertés en vertu des
dispositions des sections 1 et 2 précisent
5 La durée de conservation des informations
traitées
35Service public de stockage des documents des
usagers
- Le gouvernement a déjà prévu que chaque usager
aurait la faculté dentreposer des documents dans
un espace numérique sécurisé, géré exclusivement
par son bénéficiaire. Lordonnance du 8 décembre
2005, crée, en effet, un service public
dhébergement des données personnelles des
usagers. - Ordonnance du 8 décembre 2005 Article 7 Il
est créé un service public, exploité sous la
responsabilité de l'Etat, consistant en la mise à
disposition de l'usager d'un espace de stockage
accessible en ligne. Cet espace, placé sous le
contrôle de son titulaire, ouvert et clos à sa
demande, permet à l'usager de conserver et de
communiquer aux autorités administratives des
informations et documents utiles à
l'accomplissement de ses démarches. Les autorités
administratives peuvent, avec l'autorisation du
titulaire de l'espace de stockage, y déposer des
documents.
36B) La création des dossiers administratifs
électroniques
- Rien ne soppose à ce que les "comptes numériques
administratifs personnels" deviennent des espaces
mutualisés déchanges de données, dinformations,
davis, de conseils, etc. - LÉtat hébergeur" se transforme en "État
citoyen". Lusager-citoyen se transforme en
usager partenaire de ladministration. - Ladministration électronique met-elle à
lépreuve la notion traditionnelle de service
public à la française ?
37La notion de "dossier"
- La notion de "dossier" ne rentre pas dans la
terminologie du droit administratif. - Effectivement, les relations entre les usagers et
la puissance publique sont faites de
manipulations de formulaires pré-établis, de
documents prévus ou calibrés, de memoranda etc. - Dans la plupart des cas, divers bureaux, au sein
du même service, sont amenés à traiter
complètement une partie de la demande de
lusager. Cest lensemble des traitements qui,
juxtaposés, constituera la décision ou
lautorisation dont lusager a besoin. - La notion de "dossier" suppose quu bureau, placé
au dessus des autres, par exemple le bureau de la
bonne gouvernance publique ou le bureau du
contrôle de la qualité des décisions, puisse
garder la main. Cela ne fonctionne pas ainsi.
Chaque bureau est habilité à produire tel ou tel
traitement, et pas le bureau voisin. - Dautre part, il existe un bureau de la bonne
gouvernance publique, mais il est à lextérieur
de ladministration et il sappelle le Médiateur
de la République ou la CADA, commission daccès
aux documents administratifs.
38Service de la qualité administrative
- Lusage pratique des espaces numériques
administratifs personnels permet de résoudre
léquation juridique. En effet, et si lusager le
permet, chaque composante de ladministration,
pourrait venir enrichir la demande de lusager, à
lintérieur de lespace hébergé et lorsque la
dernière composante aura travaillé, un service
de la qualité administrative pourra "relire" et
"valider".
39Les vertus
- Ce dispositif peut être expérimenté pour les
principaux formulaires en ligne ou les
téléservices. Il a plusieurs vertus. - 1) La première est de rompre létanchéité
juridique entre les divers bureaux dune même
administration, et, sans instaurer un nouveau
niveau hiérarchique, de sassurer de la qualité
du travail. Dans les entreprises du secteur
privé, les contrôleurs de qualité ne sont pas des
gens qui ont un profil de chef, de décideur, mais
de constateur. Les ateliers et usines de
ladministration connaissent bien cette nécessité
de valider la qualité dune production et ne
placent pas à ce poste les meilleurs ingénieurs. - 2) La seconde vertu est une économie sérieuse de
moyens et dargent. Cet objectif est primordial
et ladministration électronique ne doit pas
coûter beaucoup plus cher que ladministration de
papier, sauf exigence particulière. Comme nous
lexpliquions supra, le fait que laccès à
lespace numérique personnel soit réservé à
lusager et aux services quil a, lui-même,
expressément autorisés, rend inutile les coûts et
les complications des signatures électroniques,
ou des certificats dhorodatage. Chaque personne
autorisée accède à cet espace administratif
numérique par un login et un mot de passe. Cest
bien suffisant pour traiter les demandes les plus
courantes des usagers.
40- 3) Une troisième vertu de ces dossiers
administratifs numériques en ligne est la
possibilité de crypter les informations. Nul
besoin dun coffre fort électronique coûteux par
définition, puisque réputé inviolable et donc
nécessitant des mises à jour répétées et une
maintenance permanente. Un simple logiciel de
cryptage, tel que chacun en utilise, ou peut en
utiliser, convient. - 4) La numérisation de lespace en ligne permet de
contrôler les performances des agents chargés dy
travailler. - 5) Lusager partage volontairement son espace de
travail avec les agents de ladministration.
Lespace devient commun et cest cette communauté
dintérêts qui rapprochera les usagers et
ladministration.