Title: Sociologie des sciences
1Sociologie des sciences
- IEP Toulouse 2ème année
- Vincent SIMOULIN
2III La carrière scientifique.
- A) Récompenses et publications.
- B) Les limites, tricheries et fraudes
- C) Lutilisation stratégique des normes et
institutions. - a) Les contre-normes (Mitroff).
- b) Les normes vis-à-vis de lextérieur
(Mulkay). - c) Les stratégies de carrière (Ben-David).
- d) La ramification disciplinaire.
3Les constats empiriques
- Entre ceux qui se définissent comme scientifiques
et ceux qui sont cités dans les recueils
biographiques, le rapport est en gros de 1 à 3. - Environ 80 des scientifiques nont aucune
récompense scientifique (prix), 10 en ont une,
4 en ont 2 , 2 en ont 3, 1 en a 4 et 3 en ont
au moins 5.
4L effet Saint-Mathieu (Merton)
- Celui qui a, on lui donnera et il aura un
surplus, mais celui qui na pas, même ce quil a
lui sera enlevé.
5Les stratégies institutionnelles
- Les récompenses attribuées aux chercheurs sont
étroitement corrélées au prestige de leur
université de rattachement. - Les universités prestigieuses et financièrement
bien dotées attirent les chercheurs prometteurs
et externalisent vers les autres les étudiants
quelles ont formés mais dont elles attendent
peu.
6Les études bibliométriques
- Environ 60 des articles sont cités une seule
fois. - Environ 25 sont cités 2 à 4 fois.
- Environ 10 reçoivent de 5 à 9 citations.
- Seulement 0,3 des articles sont cités plus de
100 fois. Ce sont les travaux paradigmatiques.
7Lanalyse scientométrique
- Derek de Solla Price. Little science, big
science. 1963.
8Les lois de la recherche
- La première loi est celle du doublement de
lactivité scientifique tous les quinze ans
environ. - La loi de Lotka le nombre dindividus
produisant n papiers est proportionnel à 1/n2.
Pour 100 chercheurs qui produisent 1 article au
cours dune période donnée, il y en a 25 qui en
produisent 2, 11 qui en produisent 3, etc.
9B) Les limites, tricheries et fraudes.
- La découverte de dysfonctions et dinégalités
10- Jonathan et Stephen COLE. Social Stratification
in Science. Chicago, 1973
11La confirmation dinégalités
- A qualité de travail identique, un chercheur qui
occupe un poste prestigieux et est déjà souvent
cité est plus visible quun chercheur peu ou pas
connu. - Dans le cas des articles cosignés, cest le plus
souvent le chercheur le plus connu qui signe en
premier et à qui larticle est crédité.
12Le poids de lorigine sociale
- Harriet Zuckerman. Scientific Elites. Nobel
Laureates in the United States. New York, Free
Press, 1977. - Moins de 3 des lauréats du Nobel avaient un père
agriculteur contre 20 des titulaires dun
doctorat scientifique américain.
13Une tendance au conservatisme
- Les scientifiques de haut niveau tendent parfois
au conservatisme et à refuser les idées nouvelles
- surtout lorsquelles sont proposées par des
chercheurs moins connus et reconnus queux.
14Les inégalités sexuelles
- Evelyn Keller. Reflections on Gender and Science.
New Haven, Yale University Press, 1985. - Les femmes
- - occupent des postes moins prestigieux.
- - ont des difficultés à réaliser leur thèse
avec un chercheur reconnu. - - tendent à travailler entre elles.
- - sont souvent oubliées dans lhistoire des
découvertes et lors de la remise de
récompenses.
15Des inégalités qui posent problème
- car les chercheurs sont évalués sur le nombre
et la qualité de leurs publications.
16Le constat de tricheries
- Des exemples célèbres (cf Latour,Vinck)
- Une tendance systématique à enjoliver les
résultats - Des cas de fraude par conviction (Paul
Kammerer, Cyril Burt) - Des tentatives de recyclage des découvertes des
autres chercheurs
17C) Lutilisation stratégique des normes et des
institutions
- a) Les contre-normes (Mitroff)
- b) Les normes envers lextérieur (Mulkay)
- c) Les stratégies dhybridation (Ben David)
-
- d) La ramification disciplinaire.
18Les contre-normes
- Ian MITROFF. The Subjective Side of Science a
Philosophical Inquiry into the Psychology of the
Apollo Moon Scientists. Amsterdam, Elsevier, 1974
19Le non respect des normes
- Les chercheurs respectent peu la norme
mertonienne du communalisme et pratiquent au
contraire le secret - Les scientifiques tiennent compte de ce quils
savent de leurs collègues pour évaluer leurs
travaux - Le respect ou non de normes éthiques ne joue pas
ou très peu dans lattribution des gratifications
20Des contre-normes plus efficaces
- Secret (et non communalisme)
- Confiance (et non universalisme)
- Attachement à ses idées (et non désintéressement
et scepticisme organisé)
21b) Les normes vis-à-vis de lextérieur
- Michael Mulkay. Sociology of Science. A
sociological pilgrimage, Open University Press,
1991.
22Une analyse de conversations
- Les normes comme ressource rhétorique
utilisées par les chercheurs pour se légitimer - Une rigidité cognitive due à la socialisation
des scientifiques - Les normes que propose Merton ne seraient pas un
ethos auquel adhéreraient vraiment les
scientifiques, mais une idéologie quils
proposeraient à lextérieur (cf Brunsson)
23Lhypocrisie scientifique
- Le répertoire contingent en privé les
chercheurs insistent sur lintuition, les
arrangements avec les données et les recettes
pratiques quil faut suivre pour réussir une
expérience - Le répertoire empiriste face à lextérieur, les
chercheurs utilisent un style impersonnel et
objectif qui fait disparaître les incertitudes
rencontrées au cours de la recherche et gomme les
choix discutables
24Empiriste/contingent
- On sait depuis longtemps
-
- Bien quil nait pas été possible de donner des
réponses définitives à ces questions -
- Trois des échantillons ont été choisis pour une
étude détaillée -
- Dune grande importance théorique et pratique
- On suggère que on sait que il semble que
- On croit généralement que
- Je nai pas pris la peine de chercher la
référence - Lexpérience na pas marché, mais jai pensé que
je pourrais en tirer au moins une publication - Les résultats des autres navaient aucun sens et
ont été ignorés - Intéressant pour moi
- Je pense
- Dautres types le pensent aussi
25c) Les stratégies de carrière
- Joseph BEN-DAVID. Éléments dune sociologie
historique des sciences. Paris PUF, 1997.
26Les stratégies individuelles
- Les chercheurs ont une conscience assez claire
des perspectives de carrière que leur offrent les
différents domaines de recherche. - Il peut donc être rationnel pour eux de choisir
un domaine peu prestigieux où il y a un grand
nombre de postes à pourvoir et relativement peu
de candidats qualifiés pour y postuler, plutôt
qu'un domaine prestigieux mais embouteillé et où
tous les candidats sont très bons.
27Linvention de la psychologie
- La fin du XIXème en Allemagne
- Beaucoup d'étudiants en physiologie sans postes
ont alors migré vers la philosophie spéculative - Ils ont perdu ainsi à leurs yeux et à ceux de la
communauté scientifique une part de leur statut. - Ils ont essayé de retrouver leur statut en
transformant une partie de la philosophie
spéculative en psychologie en y important les
méthodes d'expérimentation empirique de la
physiologie
28Les stratégies collectives
- Le choix des stratégies de recherche ne se fait
jamais indépendamment de l'analyse de celles qui
sont privilégiées par les groupes concurrents. - Chaque groupe fait un pari sur les opportunités
qu'offre l'étude de tel type de questions mais il
privilégie aussi celles pour lesquelles il lui
semble disposer d'un avantage compétitif (avancée
théorique, équipement technique, ressources
humaines, etc)
29d) La ramification disciplinaire.
- Le progrès des connaissances
- Le contact avec dautres disciplines sur un même
objet - L'invention d'un nouvel instrument ou dune
nouvelle technique - Les choix stratégiques opérés par les individus
et les groupes de recherche
30lérosion du programme de recherche mertonien
- La remise au premier plan
- de la question de la relation entre science et
société