Title: Les subordonnes circonstancielles
1Les subordonnées circonstancielles
2Définition
- Définition négative toutes les propositions
qui ne sont ni des complétives (incluant les
interrogatives indirectes et les infinitives), ni
des relatives, sont considérées comme des
subordonnées circonstancielles. - Définition problématique, car il sagit dune
classe de constructions extrêmement disparates. - N.B. Nous nétudierons pas ces constructions de
façon approfondie Notre étude se limitera à la
description de leurs propriétés générales.
3I. Pourquoi le terme circonstanciel ?
- La raison pour laquelle les grammaires ont adopté
le terme circonstanciel pour caractériser ces
propositions certaines dentre elles ont la
même contribution sémantique et jouissant de la
même mobilité que les syntagmes adverbiaux ou
prépositionnels dits circonstanciels . - Toutefois, cette appellation nest pas tout à
fait adéquate pour deux raisons.
4II. Le terme circonstanciel est-il adéquat ?
- 1) Premièrement, la parallélisme entre les
compléments circonstanciels adverbiaux ou
prépositionnels dune part et les subordonnées
dites circonstancielles dautre part est loin
dêtre régulier - Jean a tellement crié que tout le quartier sest
réveillé - Les grammaires parlent à propos de cet exemple de
subordonnée circonstancielle de conséquence.
5II. Le terme circonstanciel est-il adéquat ?
- Or, cette analyse est problématique
- - La subordonnée nalterne pas avec un SP ou
Sadv. - - Elle nest pas mobile.
- - Sa présence dépend de la présence de ladverbe
tellement dans la principale - / Jean a crié que tout le quartier sest
réveillé - ? La suppression de tellement fait de la
subordonnée une complétive, complément du verbe
crier.
6II. Le terme circonstanciel est-il adéquat ?
- Lexemple que nous venons de voir montre quil
convient de faire un tri entre les subordonnées
qui sont réellement équivalentes à un SP ou SAdv
circonstanciels et celles qui relèvent dautres
types de constructions syntaxiques (e.g.
subordination corrélative). - Le terme circonstanciel indique un
regroupement opéré sur des bases sémantiques. Or,
derrière cette étiquette sémantique se dissimule
une classe de constructions syntaxiquement
disparates, mettant en jeu des mécanismes
complexes.
7II. Le terme circonstanciel est-il adéquat ?
- Nous emploierons par conséquent létiquette
subordonnée circonstancielle par pure
commodité, tout en étant conscients du fait que
ces groupements traditionnels opérés sur des
bases sémantiques devront être remplacés par
dautres classements qui tiennent compte des
propriétés syntaxiques de ces constructions.
8II. Le terme circonstanciel est-il adéquat ?
- 2) Comme nous lavons vu lors de létude des
complétives, la classification proposée dans les
grammaires entraîne généralement une confusion
entre la valeur sémantique de lensemble du
constituant comportant une subordonnée et la
fonction syntaxique propre de cette dernière. - Ainsi, dans la phrase suivante
- Marie arrivera avant que Jean (ne) parte
9II. Le terme circonstanciel est-il adéquat ?
- Lanalyse grammaticale propose de considérer
avant que Jean (ne) parte comme une subordonnée
circonstancielle de temps, en faisant de avant
que une locution conjonctive. - Lensemble du constituant avant que Jean (ne)
parte a effectivement le même sémantisme que
avant le départ de Jean circonstanciel de
temps. - Mais, à lintérieur de ce constituant que Jean
parte est le complément de la préposition avant,
au même titre que le SN le départ de Jean.
10II. Le terme circonstanciel est-il adéquat ?
- Par conséquent, on peut dire que cest le
syntagme prépositionnel avant que Jean (ne) parte
qui a une valeur ou fonction circonstancielle. - La subordonnée à elle seule na pas de fonction
circonstancielle, de même que le SN le départ de
Jean nest pas un circonstanciel à lui seul. - On ne confondra donc pas ces deux niveaux
danalyse.
11III. Pourquoi parle-t-on néanmoins de
subordonnée circonstancielle ?
- Nous venons de voir que la séquence
- Préposition que phrase
- peut recevoir la même analyse quune séquence
- Préposition SN
- Ce qui nous a conduits à analyser que phrase
comme une complétive - On rencontre toutefois
- Lorsque Marie est arrivée, Jean était déjà parti
- Jean doit être chez lui, puisque les lumières
sont allumées.
12III. Pourquoi parle-t-on néanmoins de
subordonnée circonstancielle ?
- Les conjonctions lorsque et puisque sont
indécomposables en synchronie. Lanalyse en
Préposition complétive ne peut donc pas être
adoptée pour ces subordonnées. - Nous considérerons lorsque et puisque comme des
conjonctions de subordination.
13IV. Identification et sens des circonstancielles
- Comme pour les SP et Sadv, les grammaires
établissent différentes classes de subordonnées
circonstancielles en fonction de critères
sémantiques. - On obtient ainsi la liste suivante subordonnées
temporelles, causales, de but (ou finales),
hypothétiques, consécutives, concessives et
comparatives. - Cette liste peut varier dune grammaire à
lautre. Wagner et Pinchon, par exemple,
proposent dajouter les subordonnées daddition
et dexception.
14V. Différentes classes de subordonnées
circonstancielles
- Voici des exemples illustrant chaque classe
- - Subordonnée temporelle
- Marie mangeait quand Jean est arrivé
-
- - Subordonnée causale
- Marie nest pas venue parce quelle est malade
- - Subordonnée concessive
- Marie sera là, bien que Jean ne le souhaite pas
-
15V. Différentes classes de subordonnées
circonstancielles
- Subordonnée conditionnelle
- Marie viendra si Jean le souhaite
- Subordonnée comparative
- Jean parle plus vite quil ne pense
- Subordonnée consécutive
- Jean a tellement crié que tout le quartier sest
réveillé
16V. Différentes classes de subordonnées
circonstancielles
- Parmi ces différentes classes de subordonnées,
certaines sont mobiles et facultatives. Elles
alternent en outre avec un SP ou Sadv. - Il sagit de subordonnées temporelles, causales,
conditionnelles et concessives - a. Marie viendra bien que Jean ne le souhaite pas
- b. Bien que Jean ne le souhaite pas, Marie
viendra - c. Marie viendra, malgré le désaccord de Jean
- d. Marie viendra
17V. Différentes classes de subordonnées
circonstancielles
- Ces propositions relèvent dun schéma de
subordination classique on identifie une
proposition (subordonnée) qui entre dans une
relation de dépendance syntaxique par rapport à
une autre proposition (principale). - Cette subordination syntaxique est généralement
marquée par un élément subordonnant, comme cest
le cas pour les complétives.
18V. Différentes classes de subordonnées
circonstancielles
- La proposition subordonnée, dans ce cas, est
syntaxiquement délimitée et sa suppression na
pas dincidence sur la grammaticalité de la
phrase (Attention cela ne signifie pas que la
suppression de la subordonnée na pas dincidence
sémantique). - Doù le parallélisme établi entre ces
subordonnées et les compléments circonstanciels
réalisés comme SP ou SAdv.
19V. Différentes classes de subordonnées
circonstancielles
- Pour certaines autres classes en revanche,
lordre est fixe et la subordonnée nest pas
optionnelle. De plus, la présence de cette
dernière dépend de la présence dun autre élément
dans la principale. - Jean parle plus vite quil ne pense
- quil ne pense, Jean parle plus vite
- Jean parle vite quil ne pense
20V. Différentes classes de subordonnées
circonstancielles
- Il sagit de deux classes, les comparatives et
les consécutives. - Ces constructions ne relèvent pas dun schéma de
subordination classique - La subordonnée et la principale sont
interdépendantes. - De ce fait, la frontière entre la principale
et la subordonnée nest pas clairement
délimitée. - Nous les étudierons séparément.
21VI. Alternance avec les constructions
participiales
- La définition des grammaires une proposition
participiale est formée dun participe présent ou
passé et de son sujet, exprimé et distinct de
celui du verbe principal - Sa nièce arrivant, cétait le feu dans la maison
- (Nerval)
- Le père mort, le fils vous retournent le champ
- (La fontaine)
22VI. Alternance avec les constructions
participiales
- Toutefois, on peut considérer comme propositions
participiales, les constructions dans lesquelles
le sujet du participe nest pas réalisé, car
coréférent avec le sujet de la principale - Ayant travaillé toute la soirée, Marie monta se
coucher - Croisant Jean dans la rue, Marie ne lui dit pas
bonjour - On peut postuler lexistence dun sujet nul, du
type PRO, coïdndexé avec le sujet de la
principale.
23VI. Alternance avec les constructions
participiales
- Ces prépositions peuvent avoir une valeur
temporelle, causale ou conditionnelle. - Les gérondifs se comportent de la même façon que
les constructions participiales et ont les mêmes
valeurs sémantiques - En entrant dans la pièce, il salua tout le monde
- ( quand)
- En la critiquant de la sorte, vous le
décourageriez - ( si)
24VII. Les constructions corrélatives
- Les grammaires incluent généralement dans la
classe des subordonnées circonstancielles une
classe de constructions syntaxiquement très
différentes des circonstancielles de temps, de
cause, - Il sagit des constructions comparatives et des
subordonnées consécutives. - En effet, on peut noter tout de suite que ces
subordonnées ne sont ni mobiles, ni indépendantes.
25VII. Les constructions corrélatives
- On peut identifier deux types de constructions
corrélatives - Les deux propositions (i.e. la subordonnée et
la principale ) sont en état dinterdépendance
on ne peut supprimer ni lune ni lautre
séparément. Il sagit là dun système corrélatif
au sens strict du terme. - Marie a agi comme tu laurais fait à sa place
- Jean parle plus vite quil ne pense
26VII. Les constructions corrélatives
- Lune des deux propositions est effectivement
subordonnée à lautre, mais dépend dun adverbe
qui est corrélatif de la conjonction dans la
principale. Il sagit alors dune corrélation au
sens étendu. - Jean est si bête quil ne pourra rien comprendre
- Luc a tellement crié quil a réveillé tout le
quartier
27VIII. Les comparatives
- Il nest pas aisé de donner une définition
précise de ces constructions. - Disons, en simplifiant quelque peu, que dans ces
constructions, la subordonnée formule des
comparaisons quantitatives ou qualitatives. - Diverses constructions peuvent entrer dans cette
classe.
28VIII. Les comparativesa. Comparaison qualitative
- Dans ce type de comparaison, on met en relation
deux phrases, soit pour énoncer un rapport
déquivalence global entre deux faits, soit pour
rapprocher dun SN un autre SN sur la base dun
prédicat commun, implicite ou explicite. - Ces constructions comportent très souvent une
ellipse, le prédicat commun (verbe ou adjectif)
nétant généralement pas répété.
29VIII. Les comparativesa. Comparaison qualitative
- Exemples de constructions sans ellipse
- Marie ment comme elle respire
- Marie est jolie comme on est joli à cet âge
- Le spectacle était bien tel quon lavait
annoncé - Il est ressorti ainsi quil était entré
- Il mentira, de même quil a menti à tous ses
amis -
30VIII. Les comparativesa. Comparaison qualitative
- Exemples de constructions avec ellipse
- Jean parle comme son père
- Jean est heureux comme un enfant
- Il vous regarde comme une vielle fille son
confesseur - (ex. de Sanfeld)
- Problème pour lanalyse syntaxique faut-il
considérer la séquence elliptique comme un SP ou
comme une phrase ?
31VIII. Les comparativesa. Comparaison quantitative
- Dans ce type de comparaison, la proposition
comparative, introduite par que, dépend
formellement dun adverbe quantifieur ou dun
déterminant complexe à valeur quantificatrice. - Les adverbes quantifieurs sont plus, davantage,
moins, aussi, autant, - Les déterminants complexes à valeur
quantificatrice sont plus de, moins de et autant
de.
32VIII. Les comparativesa. Comparaison quantitative
- Exemples sans ellipse
- Pierre a bu autant de vin que Paul a bu deau
- Pierre a bu plus dalcool quil nen pouvait
supporter - Exemples avec ellipse
- Marie est plus grande que Paul
- Marie est aussi intelligente que Paul
- Marie mange plus que Paul
33VIII. Les comparativesLa syntaxe des comparatives
- Les comparatives, même lorsquelles ne sont pas
elliptiques, comportent un élément vide
constitutif de leur construction comme
subordonnée. - Cet élément est rendu manifeste, dans les
comparatives introduites par les déterminants
adverbiaux autant, plus ou moins, par le SN
incomplet en de N quil laisse paraître - Marie a écrit autant de romans que Zoé a tourné
de films
34VIII. Les comparativesLa syntaxe des comparatives
- Attention cet élément vide nest pas une
ellipse. Il sagit du quantifieur parallèle, dans
la subordonnée, au quantifieur de la principale. - Cest cet élément vide sous-jacent qui
différence, dans certains cas, la comparative
dune consécutive - Il est tel quon imagine un PDG
- Cette phrase est ambiguë entre une interprétation
comparative et une interprétation consécutive.
35VIII. Les comparativesLa syntaxe des comparatives
- Interprétation comparative
- Il est tel quon imagine quest un PDG
- Avec élément vide lattribut
- Interprétation consécutive
- Il est tel quon imagine quil est PDG
- Sans position vide
36VIII. Les comparativesLa sémantique des
comparatives
- Les comparatives quantitatives peuvent exprimer
- Linégalité
- a. supériorité
- Marie est plus intelligente que Zoé
- b. infériorité
- Marie est moins intelligente que Zoé
- Légalité
- Marie est aussi intelligente que Zoé
37VIII. Les comparativesLellipse dans les
comparatives
- Lellipse est extrêmement fréquente dans les
constructions comparatives. - Principe Les éléments qui ne sont pas
contrastés entre la principale et la subordonnée
sont facultatifs - Jean a vu plus de choses que Paul (nen a vu)
- Jean a écrit plus de romans que Marie dessais
- Jean a écrit plus de romans que Marie na tourné
de films
38VIII. Les comparativesLellipse dans les
comparatives
- Dans (1), les deux constituants contrastés sont
Jean et Paul, le sujet de la principale et celui
de la subordonnée. Tout le prédicat, le SV, peut
alors être supprimé dans la subordonnée. - Dans (2), il y a deux deux paires de constituants
contrastés le sujet et le COD de la principale
sont contrastés respectivement avec le sujet et
le COD de la subordonnée. Les verbes des deux
propositions ne sont en revanche pas contrastés,
doù labsence du verbe dans la subordonnée.
39VIII. Les comparativesLellipse dans les
comparatives
- Enfin, dans (3), tous les constituants de la
principale sont contrastés avec ceux de la
subordonnées, doù labsence de lellipse dans la
subordonnée. - La possibilité de telles constructions
elliptiques est une des difficultés principales
de lanalyse syntaxique des constructions
comparatives. - La question principale qui se pose est la nature
de la séquence elliptique.
40VIII. Les comparativesLellipse dans les
comparatives
- Doit-on rattacher ces constructions elliptiques à
une structure prédicatives complètes ? Autrement
dit, est-il justifié danalyser Marie dans - Jean a écrit plus de romans que Marie
- comme une proposition complète, même si cette
séquence ne comporte quun syntagme nominal ? - Nous nous contenterons ici de signaler ces
difficultés, sans y apporter une réponse.
41IX. Les consécutives
- A linstar de Muller (1996) nous distinguerons
deux classes de consécutives syntaxiques - 1. Les consécutives quantifiées
- Il a tant bu quil est tombé malade
- Il fait si froid que je ne sortirai pas de chez
moi - 2. Les consécutives non quantifiées
- Il écrit, de sorte quil passe pour un écrivain
- (Les exemples sont empruntés à C. Muller)
42IX. Les consécutives1. Les consécutives
quantifiées
- Ces constructions sont introduites soit
- 1. par un marqueur de degré, de quantité ou
didentité, accompagné ou non dun nom
classifieur dont il est épithète ou attribut. Ces
marqueurs sont tel, tellement, tant, si. - 2. Soit par le nom classifieur seul. Le nom
classifieur spécifie le domaine de quantification.
43IX. Les consécutives1.1. Quantifiées avec un
marqueur
- A. Sans nom classifieur
- Les circonstances sont telles que je préfère me
taire - Luc est tellement bête, quil ne comprendra rien
- Il fait si chaud que je bougerai pas de chez moi
- Il a tant crié que tout le quartier sest
réveillé
44IX. Les consécutives1.1. Quantifiées avec un
marqueur
- B. Avec nom classifieur
- Les noms classifieurs sont manière, façon,
point, quantité, degré. Ils sont employés avec le
marqueur tel -
- Il agit de façon telle que tout le monde le
déteste - Il m énerve à tel point que je vais me fâcher
- Il boit en quantité telle quil va être malade
45IX. Les consécutives1.1. Quantifiées avec le nom
classifieur seul
- Dans ce cas-là, le nom classifieur forme un
syntagme prépositionnel - Il boit au point quil en est tombé malade
- La négation entraîne généralement une alternance
modale - Il ne boit pas au point qu il en soit tombé
malade - La négation ne porte pas sur le verbe boire, mais
sur la quantité estimée nécessaire pour
déclencher la conséquence, cest-à-dire tomber
malade.
46IX. Les consécutives2. Les consécutives non
quantifiées
- Dans ce type de construction consécutive, la
première proposition ne comporte pas de
quantification. - Luc parle tout le temps, si bien quil passe
pour un bavard - Marie a fait tout ce qu elle pouvait pour
sauver Jean, de sorte quon ne peut rien lui
reprocher
47IX. Les consécutives2. Les consécutives non
quantifiées
- A la différence du cas précédent, la négation de
la proposition na pas d effet sur la seconde -
- Il parle beaucoup, si bien qu il passe pour un
idiot - Il ne parle pas beaucoup, si bien qu il passe
pour un idiot - ? La négation porte bien ici sur le verbe de la
principale.