Title: Prsentation PowerPoint
1Quelle parole contre la violence ?
2Les conférences auxquelles vous avez échappées
Ce que vous naurez pas aujourdhui
Un exposé sociologique sur la réalité des
situations de violence dans les établissements
scolaires
Des monographies précises sur des situations
scolaires violentes
Un historique des différents plans-violence
décidés et mis en uvre dans lEducation nationale
Une histoire des violences scolaires
Une approche purement philosophique sur la
violence
Une étude clinique sur les situations de violence
et la manière de les analyser
Une conférence sur les questions juridiques et
politiques liées à la violence scolaire
Un état des savoirs sur les recherches concernant
la violence scolaire
Un panorama des dispositifs daide et de soutien
aux établissements concernés par la violence
scolaire
Une analyse sur les rapports entre la violence
sociale et la violence scolaire
Une étude sur les sanctions et règlements
3 Une tentative pour penser pédagogiquement la
violence dans lécole et les réponses possibles à
lui apporter
- Introduction Quest-ce que parler ?
- Les violences contre la parole
- Vivre et apprendre ensemble quand même
- Reprendre la parole
- Conclusion Mirages et défis
1) Esquisse dune analyse pédagogique des
violences scolaires
2) Trois principes pédagogiques pour une morale
provisoire
3) Perspectives pour une pédagogie contre la
violence
4Introduction Quest-ce que parler ?
- Parler, ce nest
- Ni utiliser des signaux dont limpact sabolit
avec leur énonciation Cette langue, presque
informe, qui meurt à peine née elle se perd sur
le champ, par lusage même. Aussitôt, elle est
transformée dans le pain que l'on demande, dans
le chemin que l'on vous indique, dans la colère
de celui que frappe l'injure Paul Valéry,
Eupalinos ou lArchitecte - Ni donner systématiquement sens à tout jusquà
saturer le vie psychique, abolir le monde et
interdire toute communication Cest très
important de connaître les choses comme elles
sont. Pas comment tu as peur qu'elles soient, ou
comment tu voudrais qu'elles soient. Ni l'un ni
l'autre. Comme elles sont. Tu dois découvrir que
le monde ne pense pas à toi, qu'il ne rôde pas en
attendant de pouvoir te faire mal, même s'il y a
beaucoup de gens, surtout des enfants, qui
pensent ça et qui ont peur. Le monde n'essaye pas
non plus de te faire plaisir. Kressman Taylor,
Ainsi mentent les hommes
5Introduction Quest-ce que parler ?
- Parler, cest utiliser des signes pour
sadresser à autrui comme soi-même et à
soi-même comme un autre (Paul Ricoeur). - Accepter simultanément laléatoire du signe et sa
stabilité, afin de sinscrire dans un monde
commun - Sautoriser à penser le monde et sur le monde
- Entrer en interlocution avec lautre par le
travail même de la parole qui sajuste - entre
signal et sens - pour être entendue. Cest dans
le travail de la parole qui se cherche, qui tente
dêtre au plus près du plus juste , qui
reconnaît lautre comme soi intériorisé et
comme altérité radicale , que séprouve
lintention de parler .
6Introduction Quest-ce que parler ?
Entrer dans un langage et un monde communs
Ajuster son propos en permanence pour susciter
linterlocution de lAutre
Prendre le risque de se mettre en je
Quand quelquun parle, il fait jour. Freud
7Introduction Quest-ce que parler ?
Parler, cest sengager dans une interlocution
avec un alter ego en anticipant sur les
réactions dun autre virtuel intériorisé
(Jürgen Habermas) dont la conscience me restera à
jamais opaque (Edmond Husserl). Parler, cest
confier son destin à une quête sans fin du signe.
Parler, cest opposer la fragilité dun sujet à
la violence originelle des choses
Le signe est une fracture qui ne souvre jamais
que sur le visage dun autre signe
Roland Barthes Lempire des signes
8Première partie Les violences contre la parole
- Les violences et la violence de quoi parle-t-on
? - La violence scelle léchec de toute parole
- La violence décourage toute tentative de parole
91) Les violences et la violence dans lécole de
quoi parle-t-on ?
I - Les violences contre la parole 1) Les
violences et la violence de quoi parle-t-on ?
- Que nous apprennent les distinctions utilisées
habituellement pour parler de la violence
scolaire ? - Violences institutionnelles et violence contre
linstitution - Violences contre les adultes et violences entre
pairs - Violences extraordinaires et violences ordinaires
- Violences délibérées et violences pulsionnelles
- Violences anomiques et violence ontologique
10Que nous apprennent les distinctions utilisées
habituellement pour parler de la violence
scolaire ?
I - Les violences contre la parole 1) Les
violences et la violence de quoi parle-t-on ?
Les institutions peuvent être violentes et
engendrer, en retour, la violence des personnes
contre linstitution qui, elle-même, amènera
linstitution à se durcir. Lutter contre la
violence, cest briser ce cercle vicieux. Briser
ce cercle vicieux suppose de faire le pari de
suspendre la violence. Ce pari est, à la fois,
infiniment risqué et infiniment nécessaire.
- Violences institutionnelles et violence contre
linstitution
11Que nous apprennent les distinctions utilisées
habituellement pour parler de la violence
scolaire ?
I - Les violences contre la parole 1) Les
violences et la violence de quoi parle-t-on ?
Les violences némanent pas seulement de ceux qui
détiennent lautorité institutionnelle ou de
ceux qui la contestent. Il existe des violences
au sein des groupes de pairs, en particulier
contre ceux et celles qui refusent
lidentification mimétique et lobéissance au
chef. Lélève a besoin dêtre protégé de la
violence de ses pairs. Il a besoin de lalliance
de ladulte pour pouvoir exprimer son
identité/altérité.
- 2. Violences contre les adultes et violences
entre pairs
12Que nous apprennent les distinctions utilisées
habituellement pour parler de la violence
scolaire ?
I - Les violences contre la parole 1) Les
violences et la violence de quoi parle-t-on ?
A côté des actes dagression identifiés
clairement comme tels, il existe une multitude
dactes qui constituent des violences insultes,
humiliations, harcèlements, rires, regards Il
faut traiter les violences-agressions explicites,
mais aussi cette multitude dactes qui font
violence au projet-même pour lequel les acteurs
sont convoqués (apprendre ensemble) et à
lautorité qui lincarne. Ce traitement
nécessite un travail au long cours de
construction du cadre.
- 3. Violences extraordinaires et violences
ordinaires.
13Que nous apprennent les distinctions utilisées
habituellement pour parler de la violence
scolaire ?
I - Les violences contre la parole 1) Les
violences et la violence de quoi parle-t-on ?
Les actes de violence ordinaires ne sont pas tous
des actes effectués avec la volonté explicite de
nuire, ils ne renvoient pas nécessairement à la
volonté de faire le mal ou dêtre cruel, mais
peuvent justement être lexpression dun manque
de construction de la volonté du sujet Ce qui
fait violence au projet denseigner, cest
linstallation des élèves dans le pulsionnel,
installation largement appuyée par le
capitalisme pulsionnel (Bernard
Stiegler) Créer des situations suffisamment
ritualisées pour permettre aux élèves de surseoir
à leurs pulsions est nécessaire à la mise en
uvre du projet denseigner .
- 4. Violences délibérées et violences
pulsionnelles.
14Que nous apprennent les distinctions utilisées
habituellement pour parler de la violence
scolaire ?
I - Les violences contre la parole 1) Les
violences et la violence de quoi parle-t-on ?
La définition des actes de violence est
relative aux normes en vigueur. Toute violence
perçue est donc à mettre en regard des
critères dacceptabilité dun comportement
dans un contexte donné. Cela renvoie au caractère
explicite de ces critères et à la manière dont
ils sont intégrables dans la culture de
lélève. Pour autant, cela ne nous exonère pas de
limpératif éthique Est violent tout ce qui
détruit le sujet en lautre, compromet son
intégrité physique ou psychologique, atteint à
son humanité.
- 5. Violences anomiques et violence ontologique.
15Que nous apprennent les distinctions utilisées
habituellement pour parler de la violence
scolaire ?
I - Les violences contre la parole 1) Les
violences et la violence de quoi parle-t-on ?
- En bref
- Est violent tout ce qui abîme lhumain dans
lhomme qui subit ou commet la violence
Linhumanité infligée à un autre détruit
lhumanité en moi. Kant - Eduquer, cest créer des situations qui
permettent à lélève de maîtriser ses pulsions. - Ces situations doivent sinscrire dans un cadre
structuré et assumé, construit au tour du projet
de lEcole Apprendre ensemble . - Dans ce cadre les adultes doivent faire alliance
avec les élèves afin que ces derniers puissent se
construire sans assujettissement à un groupe
fusionnel. - Pour y parvenir, il faut, à un moment ou à un
autre, poser un acte fondateur qui rend possible
la socialité suspendre la violence.
16Que nous apprennent les distinctions utilisées
habituellement pour parler de la violence
scolaire ?
I - Les violences contre la parole 1) Les
violences et la violence de quoi parle-t-on ?
Pour commencer, il fallut dabord poser les
lances. Cest ainsi que le clan, la tribu, les
peuples ont su - et cest ainsi que, demain, dans
notre monde dit civilisé, les classes, les
nations et aussi les individus doivent savoir -
sopposer sans se massacrer et se donner sans se
sacrifier les uns aux autres. () Les Chroniques
dArthur racontent comment le roi Arthur, avec
laide dun charpentier de Cornouailles, inventa
cette merveille de sa cour la Table Ronde
miraculeuse autour de laquelle les chevaliers ne
se battirent plus. Il est inutile daller
chercher bien loin quel est le bien et le
bonheur. Il est là, dans la paix imposée, dans le
travail bien rythmé, en commun et solitaire
alternativement, dans la richesse amassée puis
redistribuée, dans le respect mutuel et la
générosité réciproque que léducation
enseigne. Marcel Mauss, Essai sur le don
172) La violence scelle léchec de toute parole
I - Les violences contre la parole 2) La
violence scelle léchec de toute parole
- Platon Nous ne pouvons nullement persuader
des gens qui ne nous écoutent pas Comment faire
entendre raison à celui qui na pas choisi la
raison ? (La République) - Pascal La violence et la vérité ne peuvent
rien lune sur lautre. (12ème Provinciale)
182) La violence scelle léchec de toute parole
I - Les violences contre la parole 2) La
violence scelle léchec de toute parole
- Emmanuel Lévinas Comment entraîner au
dialogue des individus portés à se faire
violence ? La tentation, cest dutiliser, pour
cela, la tyrannie. Ou bien, il faut supposer une
disposition préalable à la société et à la paix.
Il faut un discours davant les discours, une
raison avant la raison, une entente préalable au
dialogue où chaque interlocuteur accepte de na
pas fondre sur lautre, mais, au contraire, à
laccepter dans sa radicale altérité et à
accepter son interlocution. - (Liberté et commandement)
192) La violence scelle léchec de toute parole
I - Les violences contre la parole 2) La
violence scelle léchec de toute parole
- Cest là la fragilité des démocraties
Jean-Jacques Rousseau lavait bien noté en
proposant un pacte social unanime préalable par
lequel la totalité des sujets sengage à obéir à
la règle majoritaire. Cet accord joue, en effet,
le rôle de contenant et permet despérer une
adhésion fondatrice du contrat démocratique. - Celui qui nadhère pas au pacte social et ne
prend pas sa part de la décision collective peut
sexonérer de lui obéir. - Dès lors que les minorités nacceptent plus de se
soumettre à la majorité, elles sont tentées de
basculer dans la violence. - Cest pourquoi les démocraties ne peuvent se
passer de police et de justice. Cest pourquoi,
aussi, lexistence même de la police et de la
justice apparaît toujours comme un reliquat de la
dictature dans la démocratie
20I - Les violences contre la parole 2) La
violence scelle léchec de toute parole
- En réalité, les régimes démocratiques nont pu
fonctionner que tant que les forces centripètes -
religieuses, en particulier - ont permis
déquilibrer les effets de labsence du pacte
social fondateur ainsi que les forces centrifuges
liées à la montée des individualismes et des
groupes de pression. - Dès lors que la verticalité théocratique
seffondre, la démocratie se retrouve face à la
brèche irréductible de la violence de ceux qui
nacceptent pas larbitrage du débat
démocratique. - Et Jürgen Habermas, prenant acte de la fin des
consensus, de la mort des grands récits et de la
disparition des mythes fondateurs, suggère de
fonder les sociétés modernes sur le patriotisme
constitutionnel un patriotisme qui na pas
dautre contenu que les conditions-mêmes
dexistence de la démocratie. La verticalité
exigée par la démocratie, cest ce qui permet que
lhorizontalité ne soit pas la guerre des
individualités. - Mais restent alors ouvertes deux questions
- Peut-on raisonnablement espérer une adhésion à
des règles de droit, sans symbolique
mobilisatrice ni processus identificatoires ? - Que faire face à ceux qui résistent à lentrée
dans les règles ou qui les subvertissent par la
violence ?
213) La violence décourage toute tentative de parole
I - Les violences contre la parole 3) La
violence décourage toute tentative de parole
- Face à la violence, les adultes sont tentés de
- 1 - Réagir eux-mêmes par la violence cest un
moyen de dire quils sont affectés par le
comportement de lautre, davouer leur fragilité
et de retrouver, parfois, une possibilité de
dialogue. - ? Mais, cest aussi, le plus souvent, engager
une partie de bras-de-fer qui devra se payer
dune mort symbolique.
223) La violence décourage toute tentative de parole
I - Les violences contre la parole 3) La
violence décourage toute tentative de parole
- Face à la violence, les adultes sont tentés de
- 2 - Réagir par lindifférence cest une
manière de surprendre, de saisir et de
sidérer celui qui attend une réaction
violente pour justifier ses propres actes et
poursuivre la surenchère. - ? Mais, cest aussi, le plus souvent, entériner
la violence, banaliser ses effets, cautionner
lhumiliation et linjustice.
233) La violence décourage toute tentative de parole
I - Les violences contre la parole 3) La
violence décourage toute tentative de parole
- Face à la violence, les adultes sont tentés de
- 3 - Réagir par la mise hors-champ ou la mise
hors-lieu cest une manière de signifier que la
violence exclut du collectif celui qui sy livre
et de protéger le groupe des effets de cette
violence. - ? Mais, cest aussi, le plus souvent,
externaliser le problème et ne pas agir
sérieusement sur les causes du phénomène.
24A lissue de cette première partie
- Nous disposons dune définition acceptable de la
violence ce qui détruit lhumain comme être
de parole . - Nous voyons que notre démocratie et nos
institutions (dont lEcole) sont
consubstantiellement vulnérables à la violence de
ceux qui nen acceptent pas le consensus
fondateur . - Nous identifions des réactions possibles
individuelles à la violence, mais dont nous
voyons bien les limites. - Nous devons donc identifier des points de
vérité qui nous permettent de gérer la
violence . - Nous percevons que la violence nous place devant
une interrogation radicale comment éduquer à la
parole contre la violence ?
25Deuxième partie Vivre et apprendre ensemble
quand même
II - Vivre et apprendre ensemble quand même
- Face à la tentation d éradiquer la violence
par la tyrannie ou de sen débarrasser par
lexclusion, la pédagogie peut tenter, dabord et
tout de suite, de permettre laffrontement des
violences dans des conditions acceptables
(Daniel Sibony) en agissant avec trois
objectifs - Différer
- Symboliser
- Stabiliser
261 - Différer
II - Vivre et apprendre ensemble quand même - 1)
Différer
- Mettre en place des dispositifs qui permettent
de différer , dans les deux sens du terme - Surseoir à la réaction immédiate Ta parole
sera entendue, mais pas maintenant A tel moment
et dans telles conditions (contre Ta parole
ne nous intéresse pas ! ou Tu peux tout dire
tout de suite ! ) - Autoriser chacun à se décoller des étiquettes
et stéréotypes en identifiant ce en quoi il
diffère et en valorisant ces différences.
272 - Symboliser
II - Vivre et apprendre ensemble quand même - 2)
Symboliser
- Donner à lélève les ressources nécessaires pour
quil puisse - Etre capable dutiliser des signes en
interrogeant en permanence leur pertinence pour
nourrir le langage de linquiétude de la parole. - Etre capable demprunter des images pour figurer
ses propres pulsions afin de pouvoir les
apprivoiser et les exprimer dans une forme
purifiée (catharsis) de toute violence et qui
permette, qui plus est, de sinscrire dans
lhumaine condition . - Etre capable de se donner des modèles
dintelligibilité du monde, en conscience de leur
caractère partiel et partial afin de ne pas
être contraint d agresser le monde pour
entrer en relation avec lui.
283 - Stabiliser
II - Vivre et apprendre ensemble quand même - 3)
Stabiliser
des collectifs capables de rendre possible la
prise de parole. Passer de coagulations
fusionnelles et pulsionnelles à des
configurations capables dinterrompre la fuite en
avant. Empêcher les personnes de tomber les
unes sur les autres . Se dégager du on pour
créer des articulations du je et du nous
- Apprendre à parler en tant que
- jai un rôle, jexerce une responsabilité,
- je suis impliqué dans un projet,
- je suis astreint à effectuer une tâche,
- je suis membre dun collectif,
- je participe à lhumaine condition .
29II - Vivre et apprendre ensemble quand même
en même temps aucune injonction nest le
préalable dune autre.
Différer Symboliser Stabiliser
dans le travail sur les contenus culturels
eux-mêmes et non seulement dans des structures
marginales de concertation .
pour engager un processus de métabolisation de
la violence en parole jamais achevé dans
lhistoire dun homme et des hommes.
30II - Vivre et apprendre ensemble quand même
- Permettre aux élèves dapprendre nécessite une
cohérence éducative au sein de lécole ou de
létablissement à construire - avec les enseignants,
- avec les cadres éducatifs, mais aussi les
personnels administratifs et de service - dans le cadre de lélaboration du projet
détablissement et du règlement intérieur.
Différer Symboliser Stabiliser
31Troisième partieReprendre la parole
III - Reprendre la parole
- La parole de lInstitution
- La parole de la culture
- La parole de léducateur
- La parole de ladulte comme figure tutélaire
321) La parole de lInstitution
III - Reprendre la parole 1) La parole de
lInstitution
- La parole des pierres Les pierres pensent...
Le matériau condense ce que les mots diluent.
Avantage à larchitecte qui expose concis
acropole, église, château, théâtre, stade. Pas
dintuition faite édifice qui nait sa petite
idée en assise. Les bâtiments qui tiennent le
coup ont une pensée juste dans leur fondation.
Ceux qui vieillissent mal sont assis sur une
pensée friable. () Prenez le portail dun Lycée
de haute époque. Le message est moins chargé que
celui dun porche déglise gothique, mais plus
quune façade de mairie moderne. Cest un
appareil monumental qui se lit de haut en bas.
Un oculus au milieu du fronton, le cadran de
lhorloge lhoraire commande. Au-dessous, sur
le tympan, le nom de linstitution Lycée untel.
Sur lentablement, Liberté, Égalité, Fraternité
entre deux lettres R. F. Au niveau de la
corniche, le drapeau tricolore entre les
cariatides en amortissement, allégories en
haut-relief des Lettres et de lHistoire, chacune
un livre à la main. Tout un programme et même une
conception du monde la classe. Cette
architecture scolaire a mis en place une
philosophie froide et puritaine qui parle respect
plutôt quamour, qui dit dabord vérité. Régis
Debray, Pour Lamour de lart
- Mais aujourdhui
- Les pierres de nos établissements scolaires ne
parlent plus ou bien elles sont devenues
inaudibles. Il faut sans cesse mettre en place
des prothèses disciplinaires pour contenir les
débordements. - Larchitecture traditionnelle - héritée de la
caserne et du couvent, imposant la normalisation
et favorisant la méditation - ne correspond plus
ni aux exigences dune école massifiée , ni
aux besoins didactiques contemporains. - Il nous faut inventer des établissements qui
soient des lieux dévolus à lapprentissage,
désamorcent les violences et permettent la
circulation dune parole sereine. Cela nécessite
de forts investissements de la société tout
entière investissements en matière de
créativité, investissements en matière de moyens
dévolus, sur la durée, à léducation de la
jeunesse.
331) La parole de lInstitution
III - Reprendre la parole 1) La parole de
lInstitution
- La parole de lespace Il nous faut redécouvrir
les vertus du matérialisme pédagogique prôné
par Célestin Freinet comprendre que
lenvironnement matériel conditionne très
largement les comportements des individus
percevoir à quel point lorganisation de lespace
rend lisibles et possibles les postures mentales
requises par le travail scolaire atténuer la
rupture entre lespace très structuré dans la
premier degré et les espaces déstructurés du
second degré dépasser la dualité entre les
disciplines où la présence dun matériel
leste les situations denseignement et les
disciplines générales où rien ne vient
médiatiser la relation pédagogique
- Concrètement nous devons
- Faire parler lespace scolaire de manière
exigeante et dans ses moindres détails. - Organiser les situations de classe en
structurant lespace en fonction des objectifs
visés et du type de communication quil impose. - Construire des situations dapprentissage en
préparant minutieusement les matériaux de travail
et les ressources à mobiliser en fonction des
contenus de savoir à sapproprier Apprendre aux
élèves à identifier les conditions matérielles
requises pour effectuer un travail donné. - Travailler à articuler sans cesse, dans les
équipes dadultes, les objectifs visés,
lorganisation des espaces de travail et les
comportements attendus des élèves dans ces
espaces. Faire de cette articulation, un objet de
formation avec les élèves au sein de chaque
situation dapprentissage.
341) La parole de lInstitution
III - Reprendre la parole 1) La parole de
lInstitution
- La parole du temps Il nous faut apprendre à
scander le temps de manière à briser le flux de
linsignifiance et les emballements pulsionnels
chez les élèves cela impose didentifier des
temporalités accordées à des objectifs identifiés
et saisissables, de marquer les ruptures et
daccompagner les transitions, de construire les
conditions de passage dune activité à une autre,
de signifier ces passages par des symboles forts
et daccompagner les personnes afin quelles
accordent leurs attitudes mentales aux différents
moments de leur présence à lécole.
- Concrètement nous devons
- Scander lannée scolaire en y introduisant des
rituels significatifs. - Scander la journée scolaire en identifiant les
moments décisifs qui requièrent des rites de
passage formalisés. - Travailler sur les situations de démarrage ,
en fonction des disciplines et des objectifs, en
mettant en place des rituels adaptés qui
permettent la focalisation et linvestissement
dans le travail demandé. - Repérer, au sein de toute séquence
dapprentissage, les différents moments (écoute
collective, travail de mémorisation individuelle,
échanges de vérification, groupes dexploration,
travaux individuels, etc.) de manière à affecter
à ces différents moments des modes de
fonctionnement identifiés et clairement signifiés
aux élèves.
351) La parole de lInstitution
III - Reprendre la parole 1) La parole de
lInstitution
- La parole du collectif dadultes incarnant
lInstitution parce que beaucoup délèves ne
perçoivent pas ce qui fait lunité du projet
scolaire ou jouent sur son absence de lisibilité
parce que les écarts de comportements entre les
adultes dépassent parfois les différences de
postures et de sensibilité parce que la
juxtaposition dexigences ne fait pas une
institution cohérente parce que la fragmentation
devient si importante dans les établissements que
plus aucun projet commun ne peut être engagé ?
les adultes chargés ensemble dun groupe délèves
doivent se constituer et exister comme un
collectif instituant.
- Concrètement nous devons
- Avoir les concertations nécessaires pour
harmoniser les exigences qui relèvent, au-delà
des programmes scolaires, de lécole comme
programme . - Mettre en place des situations régulières où les
élèves peuvent voir ensemble tous les adultes qui
sont chargés complémentairement de leur
enseignement et de leur éducation. - Travailler, dans ces occasions, à communiquer
aux élèves une parole commune. - Organiser, à terme, des unités pédagogiques
fonctionnelles dans lesquelles un groupe
dadultes identifiés encadre un même groupe
délèves, assume un projet commun pour eux,
organise lensemble des activités et garantit le
suivi individuel.
362) La parole de la culture
III - Reprendre la parole 2) La parole de la
culture
- Dans le chaos pulsionnel initial, laccès au
symbolique permet de se donner des images et
dexorciser progressivement sa peur de soi et sa
peur des autres. - Dans le désordre anarchique du réel, la pensée
permet dopérer les distinctions, de séparer et
de relier, dengager un travail qui ouvre à la
possibilité de parler, de sexposer sans se
mettre en danger, de saffirmer sans sagresser. - Dans le monde opaque où nous tâtonnons, laccès
à des modèles dintelligibilité nous permet
dapprocher les choses sans les posséder , de
se les approprier sans les voler à quiconque. - La culture donne forme à lesprit (Jérôme
Bruner)
373) La parole de léducateur
III - Reprendre la parole 3) La parole de
léducateur
- Toute parole dadulte a, quil le veuille ou
non, une portée éducative - Pour quune parole dadulte soit
authentiquement éducative, elle doit, selon la
proposition de Jacques Lévine, être tripolaire
Si je ne madresse quau moi accidenté, je me
fais complice du besoin dapitoiement. Si je
nentre en relation quà loccasion de la
formation réactionnelle dérangeante, je
minstaure, sans plus, punisseur de celui qui
trouble lordre public. Si je pense naïvement
quil me suffit de valoriser le moi, je risque
beaucoup de déceptions (Prévenir les
souffrances décole) - La parole éducative, celle qui a des chances de
désarmer la violence, cest celle donc celle qui
est capable dassocier, dans la même
interlocution écoute compréhensive / fermeté
exigeante / valorisation des acquis et du
possible.
384) La parole de ladulte comme figure tutélaire
III - Reprendre la parole 4) La parole de
ladulte comme figure tutélaire
- Cest celle du maître dans la classe qui
sassume comme transmetteur et chercheur en même
temps dans son rapport au savoir, celle dun
homme ou dune femme qui incarne lexigence de
précision, de justesse et de vérité pour lui
dabord. - Cest celle des adultes qui sassument
collectivement responsables dinstituer un projet
cohérent denseignement. - Cest celle des adultes qui, dans la société,
sinscrivent dans un passé assumé et garantissent
la possibilité dun futur.
394) La parole de ladulte comme figure tutélaire
III - Reprendre la parole 4) La parole de
ladulte comme figure tutélaire
La parole de ladulte qui peut tenir la violence
à distance et permettre à lélève daccéder au
don de la parole , cest celle dun adulte qui
assume, selon lexpression de Jean-Luc Nancy, sa
position de formateur
Loubli ou leffacement de la formation dans
lenseignement correspond à lun des aspects les
plus marquants et les plus fondamentaux de la
crise de notre éducation. () Le formateur est
celui qui, dans la transmission elle-même, donne
forme à son propre savoir. Ainsi, tout en
transmettant une information il donne
lexemple de lactivité formatrice. Cela ne veut
pas dire quil se donne comme modèle, mais quil
se présente comme une figure singulière - une
forme - en face de laquelle peut se constituer
une autre figure. Il transmet ainsi son rapport à
la vérité bien plus que la vérité. Et la
possibilité pour lautre, de se construire en se
donnant sa propre forme et en formant, à son
tour, dautres êtres humains.
40En conclusion Mirages et défi
- En ces temps qui nous paraissent parfois
crépusculaires - Les nuages orangés du couchant éclairent toutes
choses du charme de la nostalgie même la
guillotine. - Milan Kundera,
- Linsoutenable légèreté de lêtre
41Plutôt que de céder à la nostalgie
- Face à la faillite des théocraties de toutes
sortes et au déferlement des violences qui nous
menacent, il nous faut croire encore à la
fragilité de la parole nous navons pas dautre
choix. - Entre lénigme du désir et luniversel de la loi,
le travail éthique et politique de la découverte
des conditions de cette parole ne nous sera pas
épargné. - Et nous devons relever ce défi avec une
créativité industrieuse et obstinée au nom dune
tendresse, infiniment précieuse et nécessaire,
envers une humanité désormais assignée à la
modestie.
42En conclusion Le défi
1795