Title: Bases fondamentales de l
1Bases fondamentales de lanesthésie
- Pr Jean Mantz
- Service dAnesthésie et de Réanimation
Chirurgicale - Hôpital Bichat, Paris
2Aspects réglementaires décret du 5 décembre
1994
- Pour tout patient dont létat nécessite une
anesthésie générale ou locorégionale, les
établissements de santé () doivent assurer les
garanties suivantes - 1. Une consultation préanesthésique, lorsquil
sagit dune intervention programmée. - 2. Les moyens nécessaires à la réalisation de
cette anesthésie - 3. Une surveillance continue après lintervention
- 4. Une organisation permettant de faire face Ã
tout moment à une complication liée Ã
lintervention ou à lanesthésie effectuée.
3Aspects réglementaires de lanesthésie
- Consultation plusieurs jours avant lintervention
qui ne se substitue pas à la visite
pré-anesthésique qui doit avoir lieu dans les
heures précédant lintervention - Programmation opératoire conjointe entre
anesthésistes et chirurgiens - Monitorage comprend la mesure de la
concentration des gaz inspirés et expirés - Passage obligatoire en SSPI
4Evaluation préopératoire
- Mortalité péri-opératoire
- Mortalité totalement liée à lanesthésie 1/150
000 anesthésies - Lévaluation du risque périopératoire vise Ã
minimiser le risque de mortalité et de morbidité
post-opératoire
5Evaluation du risque cardiovasculaire
- Le risque de mortalité post-opératoire dorigine
cardiovasculaire dépend - du terrain (pathologie sous-jacente)
- de la tolérance à leffort
- du contexte chirurgical
6(No Transcript)
7Terrain classification ASA
- ASA 1 patient sain
- ASA 2 patient présentant une affection
systémique modérée (diabète équilibré,
hypertension contrôlée, anémie, bronchite
chronique, obésité morbide) - ASA 3 patient présentant une affection
systémique sévère qui limite lactivité (angor,
BPCO, ATCD dIDM) - ASA 4 patient présentant une pathologie avec
risque vital permanant (insuffisance cardiaque,
insuffisance rénale anurique) - ASA 5 patient dont lespérance de vie nexcède
pas 24h
8Evaluation du risque cardiovasculaire
- Tolérance à leffort le patient peut-il monter
au moins un étage ? - Geste chirurgical à risque
- Modifications volémiques importantes (chirurgie
aortique) - Contexte de lurgence
9Evaluation pré-opératoire lacte chirurgical
(ACC/AHA)
- Chirurgie à haut risque
- Majeure (intrapéritonéale ou intrathoracique) en
urgence - Chirurgie aortique, vasculaire, hémorragique
- Chirurgie à risque modéré
- Endartériectomie carotidienne, chirurgie
céphalique - Chirurgie intrapéritonéale ou thoracique non
vasculaire - Chirurgie orthopédique lourde, chirurgie
prostatique - Chirurgie à risque faible
- Chirurgie endoscopique, superficielle,
ophtalmologique - Chirurgie du sein
10Tolérance de la valvulopathie à leffort
- NYHA (N Engl J Med 1996 334 1349-55)
- Score de Duke (Am J Cardiol 1989 64 651-4)
Insuffisance cardiaque Périmètre de marche
Peu sévère 426-550m
Modérée 150-425m
Sévère lt150m
1 MET Activités sédentaires de la vie courante
4 MET Monter un étage sans sarrêter
7 MET Sport
11Evaluation du risque
- Rechercher et équilibrer un syndrome coronaire
aigu, une insuffisance cardiaque - Rechercher et équilibrer une hypertension
artérielle - Rechercher et équilibrer un asthme
- Rechercher une allergie médicamenteuse
- Rechercher des critères dintubation difficile
(score de Mallampati, distance thyro-mentonnière)
12Evaluation préopératoire
- Information au patient ()
- techniques danesthésie et leurs risques
- passage en SSPI
- Techniques danalgésie post-opératoire
- Facteurs de risque de NVPO
- Examens complémentaires en fonction du cas
13Choix des agents et techniques
- Anesthésie générale
- Avantages
- Contrôle des voies aériennes
- Amnésie
- Stabilité hémodynamique
- Inconvénients
- Risque dinhalation
- Risque de choc anaphylactique
- Anesthésie locorégionale
- Avantages
- Evite lintubation (obstétrique)
- Excellente analgésie
- Inconvénients
- Echecs
- Accidents très rares, mais gravissimes
14Observation.
- Femme de 55 ans, chirurgie pariétale.
- Anesthésie péridurale, ablation du KT à H12.
- Bas de contention, pas danticoagulants.
- Premier lever (H30) malaise, chute, arrêt
circulatoire, décès.
15Choix des agents et techniques
- Aucun bénéfice démontré de lAG ou de lALR en
termes de morbi/mortalité - Choix en fonction du rapport risque/bénéfice au
cas par cas. - Ne pas imposer au patient ce quon ne
simposerait pas à soi-même - Une anesthésie générale est TOUJOURS POSSIBLE
16DOSSIER N 1
- Les faits (1)
- Femme de 33 ans - mère de 3 enfants.
- Cure d hypertrophie mammaire liposuccion
axillaire et des flancs. - Consultation pré-anesthésique pas
d antécédents particuliers - examen normal. - Induction anesthésique Etomidate-Fentanyl-Hypnov
el-Tracrium - intubation sans problèmes -
ventilation mécanique Desflurane. - Mise en décubitus ventral.
17DOSSIER N 1
- Les faits (2)
- Absence de l anesthésiste pendant quelques
minutes de la salle d opération (pour un besoin
physiologique). - Alarme déclenchée par bradycardie (40/min).
- Retour de l anesthésiste cyanose de la
patiente constatée. - Retournement de la patiente - Massage cardiaque
externe - ventilation en O2 pur - retour en 10 Ã
20 minutes à un état cardiovasculaire
satisfaisant. - ECG - tachycardie sinusale - Echocardiographie
hypokinésie globale du ventricule gauche -
normalisation en 2 semaines. - Pas de réveil - encéphalopathie post-anoxique.
- Etat végétatif irréversible.
18DOSSIER N 1
L expertise (1) 1. Interprétation des faits
hypoxie inefficacité circulatoire - causes
respiratoires . problèmes liés à l intubation
extubation accidentelle, plicature de la
sonde . débranchement du respirateur,
dysfonctionnement de l appareil .
inhalation de liquide gastrique . accident de
surpression
19DOSSIER N 1
LÂ expertise (2) - causes cardiovasculaires .
surdosage anesthésique . diminution du retour
veineux par mauvaise installation .
cardiopathie sous-jacente. L hypothèse d une
hypoxie d origine respiratoire paraît la plus
probable.
20DOSSIER N 1
L expertise (3) 2. Les responsabilités -
absence d information sur les risques - absence
de l anesthésiste de la salle d opération -
couverture de 2 salles d opération au moment des
faits, sans IADE - mauvaise organisation de
l activité médicale par l établissement ?
21Prémédication
- Préparation psychologique et pharmacologique du
patient avant lintervention. - Objectifs le patient doit être
- non anxieux
- sédaté, mais réveillable
- coopérant
- La simple visite préanesthésique a une certaine
efficacité anxiolytique
22Buts de la préparation pharmacologique
- Anxiolyse ()
- Analgésie (éventuellement)
- Tamponnement de lacidité gastrique ( si risque
dinhalation) - Diminution des besoins en anesthésiques
23Agents de la prémédication
- Benzodiazépines
- Sédatifs, anticonvulsivants, amnésiants,
myorelaxants - Dépresseurs respiratoires
- Pic daction retardé et durée daction longue
(diazepam, lorazepam) - Pic daction rapide et durée daction courte
(midazolam) - Hydroxyzine
- Sédatif, non anxiolytique, non sédatif, non
amnésiant, pas de dépression respiratoire - Action rapide et fugace
- Morphine
- Analgésique et sédatif
- Pic daction 45 à 90 min après linjection.
Nausées, dépression respiratoire
24(No Transcript)
25(No Transcript)
26En pratique
- La visite préanesthésique toujours !
- La veille au soir Temesta 2.5 ou 1 mg per os
- Le matin de lintervention Atarax 100 mg avant
le début de lintervention dans une gorgée deau - Tagamet ou Raniplex effervescent si estomac plein
- PAS DATROPINE
- Anesthésie ambulatoire pas de prémédication
27Règles du jeune préopératoire
- Aucun solide, jus dorange, café au lait 6h avant
linduction - Liquides clairs (thé, café non sucrés) autorisés
jusquà 3h avant lintervention
28Interférences médicamenteuses
- Quelles sont les interférences médicamenteuses Ã
redouter pour une anesthésie ? - Faut-il maintenir ou interrompre un traitement
avant une anesthésie ? - Que faire dans le contexte de lurgence ?
- Manque de données de la médecine factuelle
- Nouveaux médicaments!
29Interférences médicamenteuses
- Pharmacocinétiques
- Absorption
- Distribution
- Métabolisme
- Elimination
- Pharmacodynamiques
- Additivité
- Potentialisation
- Antagonisme
30Interférences pharmacocinétiques
- Cytochrome P450 3A4
- compétition entre le lalfentanil et de nombreux
médicaments (antiarythmiques, ciclosporine,
antibiotiques) - Problème des antituberculeux (INH) risque
dhépatite cytolytique mortelle. - Eviter les halogénés, les inducteurs, les agents
dont la clearance délimination dépend avant tout
de lactivité du cytochrome P450 - Privilégier les anesthésiques dont la clearance
délimination dépend avant tout du débit sanguin
hépatique, et non du cytochrome P450.
31Interférences pharmacodynamiques
Dose drogue B
Antagonisme
Additivité
Synergie
Dose drogue A
32Idée générale
- Le risque de déséquilibre de la maladie initiale
est supérieur au risque dinterférences
médicamenteuses avec les agents de lanesthésie.
33Médicaments antithrombotiques AVK
- Anticoagulants de type AVK (Sintrom, Tromexane,
Previscan) - Le risque hémorragique est vital et domine tous
les autres - Hospitalisation du patient
- Arrêt plusieurs jours avant lintervention et
contrôle du TP. - Substitution par lhéparine sodique, calcique ou
HBPM selon le cas. - En urgence vit K, PPSB, PFC
34Médicaments antithrombotiques antiagrégeants
plaquettaires
- Irréversibles
- Aspirine (Aspegic, Kardegic)
- Dipyridamole (Persantine)
- Ticlopidine (Ticlid)
- Clopidogrel (Plavix)
- Réversibles
- Flubiprophène (Cebutid)
35Antiagrégeants plaquettaires en pratique
- Le risque hémorragique est considéré comme
prépondérant, mais sans aucun élément de la
médecine factuelle de haut niveau de preuve. - Arrêt plusieurs jours avant le jour de
lintervention - Substitution par le Cebutid (50 mg X 2/j) ou les
HBPM (non validé) - En urgence desmopressine (Minirin) en iv lent
- Attention à lanesthésie périmédullaire
- Temps de saignement aucun intérêt
36Médicaments cardiovasculaires
- Insuffisance coronarienne
- Hypertension artérielle
- Insuffisance cardiaque
- Troubles du rythme
- Le risque de déséquilibre de la pathologie par
interruption du traitement est supérieur au
risque dinterférences médicamenteuses.
37Médicaments de linsuffisance coronarienne
- Linterruption brutale dun traitement
anti-angineux (ß-bloquant) expose au risque de
mort subite ou daccident cardiaque gravissime. - Le traitement est donc poursuivi quoi quil
arrive jusquau matin de lintervention. - Adapter en conséquence le monitorage
peropératoire (être invasif en cas dacte
chirurgical avec modifications volémiques
importantes).
38Médicaments de linsuffisance coronarienne
- ?-bloquants
- Diminuent la VO2 myocardique (bradycardisants)
- Limitent lactivation adrenergicque peropératoire
(intubation, sternotomie) - Améliorent la survie des patients à haut risque
cardiovasculaire - Masquent signes de lhypovolémie
- Anticalciques
- Vasodilatateurs artériels, effets additifs avec
les halogénés - Diltiazem chornotrope -, isoptine inotrope -
- Dérivés nitrés vasodilatateurs veineux
- IEC, AT2I vasodilateurs mixtes
39Autres médicaments cardiovasculaires
- Insuffisance cardiaque
- poursuivre le traitement jusquau matin de
lintervention - HTA
- poursuite du traitement car limitation des
variations hémodynamiques peropératoires si HTA
bien équilibrée (AVC, infarctus) - Possibilité de supprimer un ß-bloquant le matin
de lintervention en cas de chirurgie
hémorragique chez un sujet non coronarien - Diurétiques à supprimer (troubles
hydroélectrolytiques, hypovolémie) - Antiarythmiques à maintenir (diminution des
troubles du rythme peropératoires)
40Inhibiteurs de lenzyme de conversion
- 1. Vasodilatateurs mixtes
- 2. Limitent la réponse vasopressive alpha
- 3. Bradycardisants (reset du baroreflexe)
- Prescrits dans
- linsuffisance cardiaque
- lHTA
- Linsuffisance coronarienne
41IEC et anesthésie (Coriat et al (1992)
- Augmentent lincidence des épisodes hypotensifs Ã
linduction - Ne limitent pas lélévation de pression
artérielle à lintubation, à la sternotomie, au
réveil - Pas de risque de rebond hypertensif à leur arrêt.
42IEC en pratique
- Si insuffisance cardiaque ou insuffisance
coronarienne - les maintenir jusquau matin de lintervention
- choisir une technique danesthésie préservant la
meilleure stabilité hémodynamique possible - Adapter le monitorage peropératoire
- Si HTA pure les arrêter avant lintervention en
fonction de leur durée daction.
43Autres médicaments à maintenir jusquau matin de
lintervention
- Médicaments de lasthme
- Médicaments antiparkinsoniens
- Médicaments psychotropes
44Le réveil de lanesthésie
45Le réveil de lanesthésie
- Le passage en SSPI est une obligation
médicolégale (décret du 5 décembre 1994). - Le bon fonctionnement du matériel de la SSPI est
vérifié au quotidien et consigné sur un registre.
46Objectifs de la SSPI
- Assurer la récupération des grandes fonctions
vitales - Confort et sécurité
- Analgésie
- Traitement des NVPO
- Surveillance médicale post-opératoire adaptée au
contexte chirurgical
47Conséquences de lanesthésie sur les grandes
fonctions vitales
- Ventilation
- Circulation
- Conscience
- Autres
- Thermorégulation
- Plaque motrice
48Ventilation
- Dépression ventilatoire (anesthésiques)
- Atélectasies
- Troubles de déglutition
- Dépression du réflexe de la toux (morphiniques)
- Complications OAP, laryngospasme, inhalation
HYPOXEMIE
49Circulation
- Sympathoplégie pharmacologique (AG ou ALR)
- Dépression du baroréflexe
- Hémorragie, hypovolémie
HYPOTENSION
Remplissage, vasoconstricteurs, reprise
chirurgicale
50Hypertension artérielle
- Se rencontre chez les hypertendus en
pré-opératoire, surtout si lHTA est mal
équilibrée - Rechercher une cause évidente douleur, agitation
sur le tube - Traitement
- Uniquement si chiffres menaçants et volémie
corrigée - Titrer les hypotenseurs (Loxen)
51Conscience
- La récupération dun état de conscience parfait
est un critère indispensable de sortie de SSPI. - Troubles
- Retards de réveil
- Agitation, confusion
52(No Transcript)
53(No Transcript)
54(No Transcript)
55(No Transcript)
56(No Transcript)
57Confusion/délire/agitation post-opératoire
- Eliminer une cause évidente
- Douleur intense, globe vésical, curarisation
résiduelle - Rechercher de principe et traiter une cause
organique - Hypoxémie
- Hypotension artérielle
- Troubles métabolique (Na, glycémie, Ca)
- Sepsis
- Médicaments
- Pathologie neuropsychiatrique décompensée
(Parkinson) - AVC
- Delirium tremens, syndrome de sevrage
58(No Transcript)
59Autres problèmes en SSPI
- Hypothermie réchauffement systématique
- NVPO Ondansetron, droperidol
- Douleur analgésie balancée, titration de
morphine iv, mesure de lEVA
60(No Transcript)
61Monitorage minimal en SSPI
- Scope
- PA non invasive
- SpO2
- FR
- Température
- EVA ou EVS
- Curaromètre
62Durée minimale de surveillance en SSPI
- 1h00 si le patient a eu des antiémétiques
- 1h30 pour un patient qui a été intubé
- 2h00 après disparition dun spasme laryngé
- ou en cas dadministration danalgésiques
morphiniques
63Critères de sortie de la SSPI
- Score dAldrete
- 5 items cotés de 0 à 2 (motricité, respiration,
pression artérielle, conscience, coloration) - Score de 10 sortie
- Score danesthésie ambulatoire
- 5 items cotés de 0 à 2 (constantes vitales (TC,
pouls, FR), activité et état mental, douleur et
NVPO, saignement chirurgical, entrées/sorties (
a bu et/ou uriné) - Score de 8 sortie
64Merci de votre attention