Title: Syndromes toxiniques
1Syndromes toxiniques
- Yves Gillet
- service d Urgences et de Réanimation Pédiatrique
- Hôpital Edouard Herriot - Lyon
2Définitions
- Pathologies dues non pas à laction bactérienne
directe mais à la sécrétion de toxines - germes pathogènes par ailleurs (pyogènes)
- toxine produite par un nombre limité de souches
- action à distance du site dinfection
- provocant un syndrôme spécifique
- Germes S. aureus et S. pyogenes essentiellement
3Caractéristiques générales
- Fréquence
- pathologie rares / incidence exacte mal connue
- parfois épidémiques (diffusion dune souche)
- Rôle de lhôte
- age / immunité
- fonction rénale
- Activité de la toxine
- toxicité tissulaire directe
- activité super-antigénique
4Donnée épidémiologiques
- Donnée du CNR 1998-2001
- Rapport spontané
- Non exhaustif
- Résultats
- 360 cas (intox alimentaires exclues)
- 50 de cas pédiatrique
- 95 des sd dexfoliation
- 50 des scarlatines
- 20 des chocs toxiques
5 les super-antigènes en bref...
- Définition
- antigènes susceptibles dactiver les lymphocytes
de façon non spécifique et polyclonales -
- structure schématique
6Action des super antigènes
- Activation polyclonale
- 5 à 30 des lymphocytes T vs 0,1 à 1 pour
antigène classique - Production massive de cytokine (Il1, TNF )
- Augmentation perméabilité capillaire
- Oedeme interstitiel
- Expression de molécules dadressage
- À la surface du lymphocyte
- Migration vers la peau
- lymphopénie
7Toxines staphylococciques
- Toxine du choc toxique
- TSST-1
- Entérotoxines
- SEA, SEB, SECpuis jusquà P (pour l instant !)
- Exfoliatines
- ETA, ETB, (ETD et ETE en cours)
- toxines synergohymenotropes
- Leucocidine de Panton et Valentine
8Toxines streptococciques
- Toxines pyrogéniques et érythrogènes
- SPE A, B, C puis F, G , H etc
- Toxines superantigénique
- SSA
- Toxine mitogènes
- SMEZ et SMEZ-2
9Choc toxique staphylococcique
- Historique
- 1ère description en 1978 (Todd. Lancet ii
1116-8) - relié à lutilisation de tampons vaginaux dans
les années 80 - découverte de la TSST-1 en 1981
- évolution épidémiologique
- description de formes non menstruelles
- TSST-1 pas toujours impliquée
- Définition
- uniquement sur des critères cliniques
10Physiopathologie
- Toxines responsables
- TSST-1 dans 90 des TSS menstruels
- Seulement dans 50 des autres formes
- entérotoxines, notamment B et C1
- autres toxines superAg
- Autres facteurs
- conditions de croissance
- aérobiose / PH neutre
- taux de glucose bas
- absence danticorps anti TSST-1
11Critères de TSS (toxic shock syndrom)
- Critères majeurs 3 critères indispensables
- fièvre gt 388
- rash maculaire ou érythrodermie desquamation
- Hypotension (degré variable selon les auteurs)
- Critères mineurs (au moins 3)
- atteinte gastro intestinale (diarrhée,
vomissements) - myalgie ou élévation des CPK
- atteinte muqueuse (orale, conjonctivale,
vaginale) - Atteinte rénale (leucocyturie et/ou ? créat.)
- atteinte hépatique
- trombopénie
- troubles de conscience, désorientation
12Présentation clinique
- Age de survenue
- enfants et adultes jeunes
- Début
- diarrhée, nausée, vomissement
- pharyngite douloureuse, fébrile
- myalgies
- Foyer infectieux pas toujours évident
13- Phase détat
- Rash scarlatiniforme
- érythrodermie diffuse en général
- moins intense quune scarlatine streptococcique
- non douloureux, non prurigineux, non granité
- peu visible si choc intense
- Hypotension
- hypoTA orthostatique gt choc sévère
- choc hyperkinétique sauf si atteinte myocardique
- sd de fuite capillaire dèmes, SDRA
- Atteinte muqueuse (J3-J5)
- hyperhémie conjonctivale (non purulente)
- pharyngite langue framboisée
14- Biologie
- hyperleucocytose à polynucléaire en général
- thrombopénie fréquente
- CIVD biologique (sd hémorragique rare)
- atteinte hépatique mixte cytolyse cholestase
- élévation souvent majeure des CPK
- Atteinte rénale
- anomalie du sédiment urinaire leucocyturie
- insuffisance rénale fonctionelle
- nécrose tubulaire
- Hypocalcémie, hypophosphatémie
15Traitement
- Traitement symptomatique
- remplissage vasculaire, souvent massif
- Oedèmes fréquents par fuite capillaire
- Se baser sur la PVC
- hémofiltration continue
- inotropes
- Traitement anti-infectieux
- antibiothérapie générale (péni M /- clinda.)
- Effet anti toxine de la clindamycine
- Moins démontré que pour strepto
- tt de la porte dentrée
16- Corticothérapie (discutée)
- Uniquement si très précoce
- Peu utilisée en pratique
- immunoglobulines IV
- Fortes doses (2g/kg)
- A priori efficace
- Action anti TSST
- Activité non spécifique sur lactivation lympho.
- Favoriserait les récidives
17Evolution
- Décès
- entre 5 et 10 des cas
- F. plus élevée dans les formes non menstruelles
- Desquamation
- caractéristique, débute après 2 à 3 semaines
- succède parfois à un rash urticariforme
- surtout les extrémités, larges lambeaux
- Récidive
- surtout dans les formes menstruelles
18Choc toxique streptococcique
- Description plus récente (Willoughby. Ann Inter
Med 1983) - Du aux toxines SPEA SPEB
- Définition identique au TSS
- différences clinique (éruption / sévérité )
- point de départ cutané plus fréquent
-
19- Problème de définition
- documentation non nécessaire pour le TSS (?)
- interprétation du portage
- Problème thérapeutique
- antibiothérapie différente
- intérêt de la Clindamycine mieux démontré
- immunoglobulines ?
20Formes mineures
- Scarlatine streptococcique classique
- devenue rare (cause ?)
- formes incomplètes
- Scarlatine staphylococique
- considérée initialement comme forme mineure du
SSSS - Démonstration récente du rôle de la TSST-1 et des
entérotoxines
21Maladies exfoliantes
- individualisées depuis le 19eme siecle
- Ritter von Rittershain (1878)
- Melish et Glasgow (1970)
- Dues à S aureus sécréteur dexfoliatines
- clivage des desmosomes (desmogléine 1)
- destruction du ciment intercellulaire
- clivage intraépidermique
- impétigo bulleux / exfoliation généralisée
- rôle de lâge
- rôle de limmunité anti toxine
22Impétigo bulleux
- Porte dentrée cutanée (plaie, varicelle)
- multiplication locale
- sécrétion locale de toxine
- formation de bulles à contenu trouble
- S aureus présent dans le liquide
- Traitement simple
23Syndrome dexfoliation généralisée
- Synonymes
- Staphylococcal Scaled Skin Syndrom / Lyell
staphylococcique - maladie de Ritter von Rittershain chez le
nouveau-né - Porte dentrée variable
- Cutanée voire simple portage
- suppuration profonde
- Diffusion de la toxine
- absence danticorps circulants
24Clinique
- Fièvre, malaise général
- Erythrodermie (péri orificielle)
- pas datteinte muqueuse
- Apparition rapide de bulles puis larges
décollements - Signe de Nikolski
- S aureus absent des bulles
25Exemples
26Exemple (2)
27Diagnostic différentiel
- Epidermolyse bulleuse congénitale
- nouveau-né
- pas de foyer infectieux initial
- Lyell médicamenteux
- clivage dermo épidermique
- Atteinte muqueuse
- Steven-johnson
- Dermatoses bulleuses
- plus tardives
- pas de signes infectieux
28Evolution
- risque de fuite hydro-électrolytique
- dépend de la surface décollée
- moins quune brûlure
- risque de surinfection
- guérison assez rapide (6 à 15 j)
- mortalité faible chez lenfant
29Forme mineure
- Erythrodermie simple
- atteinte péribuccale
- sd inflammatoire biologique
- desquamation fine, sans bulle
- /- Nikolski
30Traitement
- Traitement symptomatique
- correction déshydratation
- Attention à la surcharge
- Déperdition moins importante quune brulure
- éviter frottements (lits fluidisés)
- Antibiothérapie antistaphylococcique
- Traitement de la porte dentrée
- Soins locaux type brûlés
- excision du sommet des bulles
- pansements quotidiens
- Antiseptiques (Flamazine ???)
31Toxi infections alimentaires
- endotoxines de S aureus
- toxine présente dans laliment
- tableau stéréotypé
- début brutal, précoce
- vomissements importants
- diarrhée aqueuse, malaise
- résolution spontanée
- pas dévolution vers le choc
32Fasciite Nécrosante
- Définition
- Dermo-hypodermite aiguë nécrosante
- Due à certains Streptococcus pyogenes
- Epidémiologie (USA)
- Résurgence des infections sévères à S. pyogenes
- Incidence en 1998 des maladies invasives
- 7.5/100 000 lt âge de 1 an
- 3.8/100 000 tous âges confondus
- dont 5 de fasciite nécrosante, 5 de choc
toxique - Au Canada, entre 1991 et 1995
- Augmentation de 7 à 14 des infections sévères
à strepto A - Bisno Al et Al NEJM 1996334240-245
MMWR 1999,47N53 - Davies HD et Al NEJM 1996335547-54
33- Strepto A producteurs de SPEA (SPEB en Europe)
- Complication Varicelle
- Gravité
- action nécrosante locale
- choc toxinique (STSS)
34Clinique
- Signes cutanés et généraux
- Fièvre élevée
- Douleurs intenses spontanées
- Placard inflammatoire (pas toujours présent) /
Nécrose - lésions rapidement extensive
- souligner les lésions
- surveiller plusieurs fois/jour
- Signes d alerte
- Hypoesthésie cutanée
- Discordance entre signes généraux graves
/pauvreté des signes locaux (parfois tardifs)
35Formes sévères
- Syndrome septique sévère
- choc toxique, CIVD
- Défaillance polyviscérale ,
- hyperthermie majeure
- Urgence médico-chirurgicale
- excision chirurgicale complète des tissus
nécrosés - ni trop tôt, ni trop tard (le délai conditionne
la suivie)
36Traitement
- traitement du choc
- Antibiothérapie
- active sur streptococcus pyogenes
- activité anti-toxinique
- amoxicilline Clindamycine
- Chirurgie
- excision complète des zones nécrosées
- chirurgie répétée, délabrante.
37Toxines Synergohymenotropes
- description en 1932 / 2 des souches de S aureus
- Toxicité sur la membrane cellulaire des PNN et
macrophages - Action synergique de 2 composés (S et F)
- fixation successive sur la membrane
- formation de pores
- petites
- grandes mort cellulaire
38Rôle pathogène
- infections cutanées primitives
- furoncle
- furonculose récidivante
- infections profondes sévères
- pneumopathies nécrosantes
- ostéites extensives
- autres ?
39Pneumonies LPV
- Étude 1999 - Méthode
- pneumonies staphylococciques communautaires
- données recueillies par médecin (ignore le statut
LPV) - mise en évidence du gène codant la LPV par PCR
- Patients
- Cas LPV-positifs Contrôles LPV-négatifs
- 8 cas entre 1986 et 1999 36 cas en 1999
- 8 cas en 1999
40Résultats (1)
- Répartition géographique
- 76 centres ont été contactés
- répartition a priori homogène
- Souches non clonales
41Signes cliniques associés à la production de LPV
42Radiologie et biologie
- Radiologie
- similaire à ladmission infiltrats alvéolaires
diffus - évolution SDRA chez 7 cas vs 3 contrôle (p
0.02) - apparition dun ep. pleural dans 4 cas vs 0 (p
0.006) - Données biologiques
- Leucopénie initiale pour 12 des 16 cas
- leucocytes minimum 1.85 G/l vs 7.4 G/l
contrôles (p0.001) - hypoxémie plus sévère
- médiane PaO2/FiO2 41 vs 150 (plt 0.001)
- pas de différence pour la production dautres
toxines
43Survie des patients
- Différence de mortalité non significative (75 vs
47, p 0.11) - différence devient significative si absence de
pathologie associée
44Anatomopathologie
- Larynx
- ulcérations
- cocci gram
- Trachée
- nécrose muqueuse
- Poumons
- hémorragie alvéolaire
45Cas similaires rapportés, mais pas de lien avec
la production de LPV
- 4 cas publiés aux USA
- souches adressées au laboratoire
- toutes produisent la LPV
- Plusieurs cas individuels rapportés
- Série de staphylococcies PP suraiguë du grand
enfant - (Lambertz et coll , Pédiatrie 1971 13-30)
46pathogénie hypothétique
- Rôle de la toxine
- effets leucotoxique de la LPV
- démontré in vitro (formation de pores)
- pourrait expliquer la leucopénie et labsence
dinflammation - propriétés nécrosantes
- extension à partir de la lésion initiale
- pas daction superantigénique
- la toxine nest pas à lorigine du choc
- rôle des autres toxines possible mais peu
probable - extension des lésions
47Et depuis ...
- La pneumonie LPV existe toujours
- 21 nouveau cas depuis 01/2000
- 15 cas depuis le début de l année
- cas familiaux
- âge médian tend à augmenter
- mortalité un peu moins élevée (environ 60 )
- Le traitement
- pas de modèle animal
- traitement essentiellement symptomatique
- antibiothérapie antistaphylococcique
- intérêt des immunoglobulines ???
48Questions sans réponse
- Interaction virus-bacterie
- lésions épithéliales induites par le virus
- adhesion de S. aureus aux cellules basales et au
collagène 1 - virus permettrait ladhésion
- LPV induit par elle-même des lésions épithéliales
- extension des lésions de proche en proche
- Pourquoi certains font des pneumonies ?
- Rôle du terrain pas évident
- anticorps neutralisants ?
- Existence démontrée
- Expliquerait la survenue préférentielle chez
lenfant
49Ostéomyélites sévères
- Plusieurs cas chez lenfant
- ostéomyélite banale au début
- absence de guérison sous traitement approprié
- lésions extensives, délabrantes pandiaphysite
- autres localisations épidurite
50Les clones MecA / PVL
- SARM communautaires habituels
- fréquence en augmentation
- habituellement, SARM d origine hospitalière
- épidémique mais relativement peu virulent
- Clones émergents
- pas de lien avec l hôpital
- clones différents d un pays à l autre
France/US/NZ/AUS - Tous porteurs de LPV facteur de virulence
- Staphylocoque super adapté
51Question subsidiaire CAT vis-à-vis des
furonculoses
- Définition
- récidives de furoncles (individu ou famille)
- Rappel souches LPV dans 95 des cas
- évaluation du risque ???
- Proposition thérapeutique
- prélèvement nasal /- périnée de confirmation
- Désinfection avec Mupirocine BACTROBAN 8 j
- Douche BETADINE pendant 8 à 10 j
- traiter toute la famille le cas échéant
- Problème TRAITEMENT NON VALIDE
52Conclusion
- Devant une infection staphylococcique ou
streptococcique inhabituelle et/ou
particulièrement sévère -
- toujours évoquer un syndrome toxinique
- penser dabord souche particulière avant terrain
particulier