Title: Le Normal et le Pathologique
1Le Normal et le Pathologique
- Docteur D DRAPIER
- Service Hospitalo-Universitaire de Psychiatrie
2Introduction
- Concept largement discuté depuis 19 siècle
- Auguste Comte, Claude Bernard et surtout Georges
Canguilhem dans sa thèse de 1943 -  létat pathologique nest quune variation
quantitative et qualitative de létat normal - On ne peut juger de linfluence dun traitement
pour une maladie donnée que si on connaît
lévolution naturelle de cette maladie
3Introduction
- Au point que létat pathologique obéit lui-même Ã
une normativité qui lui est propre - La pathologie est ainsi une modification
qualitative et quantitative de létat normal
4Glycémie normale 1 g/l
Hyperglycémie diabète
acido-cétose coma décès
Glycémie pathologique
5Introduction
- Si létat pathologique est une variation de
létat normal, lexigence première est donc de
connaître la normalité
6NORMALITE
- Normalité statistique
- Normalité idéale
- Normalité fonctionnelle
- Normalité subjective
7Normalité Statistique
- Assimile le comportement normal à la fréquence
- Beaucoup de comportements se répartissent selon
une courbe de Gauss - Critère utilisé car fonctionne bien
- Au moins pour toutes les normales biologiques
8Glycémie normale 1 g/l
9N 100 /- 15
Répartition théorique du QI dans la population
générale
50 de la population a un QI normal ! Les
psychologue américains parlent dun sujet normal
sur deux
QI lt 80 retard intellectuel QI lt 50 retard
mental sévère QI gt 140 sur-doué ?
10Moins évident pour les comportements
HYPERNORMAL ?
ANORMAL ?
NORMAL ?
11Normalité idéale
- Idéal auquel on aspire
- Critères élaborés par la société. Plus on se
rapproche dun critère idéal plus on est normal
et vice versa - Marginalise, psychiatrise les comportements non
habituels - On est malade selon les critères de la société,
de lopinion publique, des médias, des hommes
politiques
12Normalité idéale
- Cette normalité est difficile à définir
- La médecine peut-être amenée à remplacer le
système défaillant des valeurs morales
individuelles - Débouche sur une idée sociale de la maladie,
lidée de maladie dépendant de ce que lon en a
appris de ses parents, son éducations, ses
lectures au détriment dune approche scientifique
pure de la maladie
13Normalité idéale
- La notion de droit à la santé est devenue très
extensive, se généralisant à tous les évènements
en rapport avec le corps - Ainsi les difficultés de la vie sociale
deviennent des  stress , des  traumatismes ,
entraînant des  dépressions .
14Normalité idéale
- Exemples
- Enfants trop sages amenés au psychiatre
- Enfants agités aussi
- Léchec scolaire est drame médicalisé
- La vieillesse devient sénescence et est confiée
au gériatre - Le manque de liens sociaux est une cause
dinstitutionnalisation - Le licenciement, la dispute conjugale provoque un
malaise qui finit par être médicalisé
15Normalité idéale
- Double demande
- Lindividu demande à la société de supprimer ses
difficultés personnelles, qui jusqualors étaient
gérées par lindividus lui-même - La société demande à la médecine de régler un
nombre croissant de situations pour lesquelles la
science médicale na pas toujours de solution Ã
apporter
16Normalité idéale
- Succès de la médecine défaillances
individuelles déplacement sur la médecine dune
demande de protection et dassurance - Notion de  droit à la santé qui devient plus
un dû quun but à atteindre - Les médecins ou lindustrie pharmaceutique ont
leur part de responsabilité  pilules du
bonheurÂ
17Normalité fonctionnelle
- Se définit en miroir de la normalité idéale
- Se rapproche du fonctionnement optimum dune
personne -  si je ne suis pas à laise avec ce que je suis,
je suis pathologique - Idéal individuel mais influencé par la société
- Mais pathologie sadique je fais souffrir autrui
mais je me considère comme normal
18Normalité subjective de lévaluateur
- On a une représentation des limites de la normale
concernant toutes les conduites - Ces représentations sont strictement
individuelles - On confronte lindividus avec notre propre
comportement - Cette subjectivité est assez importante
- De plus chez chacun de nous la stabilité du
jugement est variable
19Normalité subjective de lévaluateur
- Le médecin est soumis dans sa pratique au poids
de sa subjectivité - Enquête dans les domaines non directement
techniques de la pratique (formulation du
diagnostic, niveau dinformation du patient,..) - Résultats très disparates
- Dépendant de la personnalité du praticien
20Normalité subjective de lévaluateur
- Le médecin tentera de ramener toute situation
subjective à une attitude scientifique - La pathologie psycho-sociale représente 50 à 75
des consultations dun généraliste - 85 des consultations aboutissent à une
ordonnance - On passe du normal au pathologique
21Normalité subjective
- Certains ont une représentation interne de la
normale qui est fluctuante - Ex lhumeur
- 2 façons de faire
- Quand on évalue quelquun, on évalue des critères
de la façon la plus objective possible cest
lévacuation de la subjectivité (athéorisme)
22Normalité subjective
- Certains pensent quil faut tenir compte de
lhumeur de lévaluateur et essayer de
lapprécier. - Le plus grave est de ne pas être conscient de
cela - Cela rejoint la notion de contre-transfert
23Conclusion
- Normalité statistique
- Normalité idéale
- Normalité fonctionnelle
- Normalité subjective
Une certaine normalité
24- Dans la mesure ou chaque système a des
inconvénients, on se réfère à un mélange et on
utilise différents critères en fonction de la
pathologie rencontrée. - En se référant à un modèle théorique
scientifiquement valide
25Analyse des conduites
26Analyse des conduites
- Dire si cette conduite est normale ou non et si
elle est pathologique, selon quels critères ? - Suppose que lon connaisse les limites du normal
et du pathologique - Pour définir une pathologie on se réfère à un
modèle normalfaçon de se représenter lappareil
psychique
27Psychopathologie des conduites
- Modèle analogique
- Décrit par Pierre Janet (19 siècle)
- Inspiré de lhydrauliquele psychisme est décrit
par des forces, des tensions, des pulsions, de
lEnergie - Modèle mathématique
- Approche du comportement en utilisant lanalyse
fonctionnelle - Identifier des corrélations entre variables
- Utile dans une démarche scientifique
28Le modèle
- Cest une représentation du normal qui prépare Ã
un niveau explicatif
- Façon de se représenter la personnalité
- Intéressant si adéquation entre la réalité de la
personnalité et la façon dont elle est
représentée - Suppose que quelquun sache ce quest la réalité
de la personnalité
ça
MOI
SUR MOI
Selon les psychanalystes
29Le modèle
Représentation normale de lappareil psychique
pour un psychiatre
30- Le modèle nest peut-être pas valide mais il
permet déchanger sur un sujet - Modèle pratique qui permet davancer dans la
connaissance modèle à valeur heuristique - Nuance entre validité et utilité
31Analyse des conduites
- Trois niveaux dexamen
- Niveau descriptif sémiologique
- Niveau pathogénique comment cette conduite est
apparue - Niveau étiologique expliquer la cause de la
conduite
On se réfère implicitement à des modèles
théoriques qui sont issus de notre idée de la
normalité
32Niveau descriptif sémiologique
- Quelle est-elle? Cest la sémiologie
- Cest le niveau le plus accessible
- Cest seulement la description du comportement
- Peut-on décrire un comportement en dehors dun
modèle théorique ?
33Niveau descriptif sémiologique
- Ex la dépression névrotique 100 réponses
différentes sur 100 - Mauvais outil pour communiquer
- Ne plus utiliser ce mot
- Classification athéorique
- Utilisation de critères qui ne se réfèrent pas Ã
une théorie
34Niveau descriptif sémiologique
- DSM III en 1980 Classification des troubles
mentaux - Rupture avec les classifications antérieures car
on se limite au niveau descriptif sémiologique
sans considération éthiopathogénique. - Répartition des troubles mentaux en types fondés
sur des groupes de critères bien définis - Cest lapproche fondamentale du diagnostic
médical
35Niveau descriptif sémiologiqueDSM III
- Syndrome comportemental
- Associé Ã
- une détresse concomitante
- Un handicap
- Un risque de décès (suicide)
- Une souffrance
- Non associé à une réponse attendue et
culturellement admise (décès dun proche)
36Niveau descriptif sémiologiqueDSM
- Cependant lathéorisme est probablement une
illusion et dépend de références théoriques et
des représentations de la normalité même
inconscientes (ex du suicide) - Le niveau descriptif utilise des critères clairs
pas ambigus dans un champ sémantique
définissablemême signification pour le voisin - Mots qui se réfèrent à des comportements
manifestes
37Niveau descriptif sémiologiqueDSM
- Sélectionner des critères manifestes revient Ã
privilégier le comportementalisme plutôt que
lapproche psychodynamique. - Critères définis par un collège dexperts
- Illusion de lathéorisme.
38Niveau pathogénique
- Comment cette conduite est apparue ? A partir
dun évènement étiologique, quel est
lenchaînement de phénomènes pathologiques ou non
qui ont conduit à cette conduite ? - Cest le niveau biologique
39Niveau étiologique
- Cause de la conduitecest létiologie.
- Il est rare datteindre le niveau étiologique
Maladie auto-immune? Atteinte du
pancréas
Neuropathie Diabète
40Exemple cliniquela consommation de cannabis
- Difficultés de repérer la norme
41Rappel
- Normalité idéale
- Normalité statistique
- Normalité fonctionnelle
- Normalité subjective
Une certaine normalité
42Normalité idéale
- Il ny a jamais eu de sociétés sans drogues. La
consommation de substances qui créent des
dépendances est universelle et partagée par
toutes les cultures depuis le début de
l'humanité. - Selon les cultures, certaines drogues sont
prohibées, comme l'alcool dans l'Islam ou encore
le cannabis, la cocaïne et les substances
opiacées en occident. Mais le degré de
dangerosité n'a rien à voir avec le fait qu'elle
est licite ou illicite
43Normalité idéale
- Utilisés pour soigner et guérir, ces produits
étaient aussi employés dans des cérémonies
religieuses ou festives ritualisées afin de
modifier l'état de conscience et de renforcer les
relations entre les personnes.
44Normalité idéale
- Chaque drogue dispose dun cadre légal propre Ã
une époque et à un pays donné. On observe ainsi
un gradient qui va de lillégalité totale à la
vente libre. - La légalisation du cannabis est toutefois de plus
en plus discutée un peu partout dans le monde.
45Normalité idéale ?
46Normalité statistique
- Population générale 18 à 75 ans
- 22,8 lont expérimenté
- 7,5 au moins une fois dans lannée
- 1,4 usage régulier
47Normalité statistique
- Jeunes 18-25 ans
- 56 ont expérimenté à 18 ans
- 16 ont une consommation régulière
48Normalité statistique
49Normalté fonctionnelle
- Dépend du milieu dans lequel on évolue
- Et des expériences personnelles
-  Moi jen prends, ça ne me fait rien de malÂ
- Â Jai besoin den prendre pour me sentir bienÂ
-  Jai fais une bouffée délirante sous cannabisÂ
50Normalité fonctionnelle
- Dépend de la valeur positive ou négative que lon
met dans ce comportement - Des connaissances scientifiques de chacun
- La normalité du médecin sera différente de la
normalité commune
51Bascule vers la pathologie
- La consommation dune drogue qui nous procure du
plaisir ne mène pas inévitablement à la
dépendance. On commence à parler de dépendance
lorsqu on observe chez quelqu'un le besoin
compulsif et irrépressible pour une substance
psychoactive. Les spécialistes des dépendances
ont cerné plusieurs critères qui, sils
saccumulent chez une personne, constitue un bon
indice de la présence dune dépendance - le désir persistant pour la drogue et
lincapacité darrêter de la consommer - le développement dune tolérance à la drogue qui
loblige à en consommer des quantités croissantes
pour avoir les mêmes effets
52Bascule vers la pathologie
- lapparition de symptômes de manque pour la
drogue dès que lon cesse dy avoir accès
(syndrome de sevrage) - beaucoup de temps est passé à se procurer la
drogue, à sa consommation et à la récupération de
ses effets - incapacité dinterrompre la consommation ou de la
contrôler et ce, parfois même au mépris de ses
propres valeurs - lusage de la drogue est maintenu, malgré la
reconnaissance de problèmes physiques,
psychologiques et sociaux importants créés par
cet usage.
53Normalité scientifique
- Les régions du cerveau qui sont impliquées dans
la sensation de plaisir et de récompense sont
parmi celles qui sont le plus affectées par les
drogues. Le noyau accumbens, qui constitue avec
laire tegmentale ventrale le maillon central du
circuit de la récompense, est lune des
structures cérébrales les plus impliquées dans la
dépendance aux drogues.Le noyau accumbens met
en relation le système limbique, siège des
émotions, et les noyaux gris centraux, qui aident
à planifier un mouvement ou un raisonnement.
54Bascule vers la pathologie
- Le noyau accumbens serait impliqué dans le
contrôle de nos motivations. De plus, on sait que
la consommation fréquente dune drogue augmente
énormément la quantité du neurotransmetteur
principal dans cette région, la dopamine. - Mais le noyau accumbens nest pas isolé dautres
structures cérébrales qui sont aussi influencées
par les drogues
55Circuit de la récompense
56(No Transcript)
57Cannabis et schizophrénie
- La consommation de cannabis aggrave à cours terme
la schizophrénie - Ces effets peuvent survenir à court terme mais
aussi perdurer après le sevrage - Pour des sujets qui ne sont pas schizophrènes, le
cannabis peut déclencher des symptômes
schizophréniques susceptibilité génétique
58Conclusion
- La normalité ne peut pas sappréhender de façon
simple et univoque - Elle est le résultat dintrications culturelles,
sociologiques, statistiques et scientifiques - Il existe un continuum entre le normal et le
pathologique - Le travail du médecin est de repérer ce
glissement de lun vers lautre
59Le Normal et le Pathologique
- Docteur D DRAPIER
- Service Hospitalo-Universitaire de Psychiatrie