Title: Deux h
1Deux héroïnes du XIXAnna Karénine et Madame
Bovary
- Marlène Lebrun
- Maître de conférences HDR
- Agrégée de Lettres
- Langue et littérature françaises
- Présidente du groupe des professeurs de français
du secondaire CO - Département de linstruction publique à Genève
- marlene.lebrun_at_hotmail.com
2(No Transcript)
3Plan
- Parcours littéraire comparé
- Deux intrigues romanesques
- Une société à la loupe
- Le poids des apparences et des convenances
- Des scènes clefs et des portraits
- Le rapport à la lecture et à la fiction
- La passion
- Réception des deux romans
4La conduite narrative
- Chez Tolstoï, trois intrigues trois couples
- Incipit du roman
- Les familles heureuses se ressemblent toutes les
familles malheureuses sont malheureuses chacune à
leur façon. Tout était sens dessus dessous dans
la maison Oblonski. Prévenue que son mari
entretenait une liaison avec lancienne
institutrice française de leurs enfants, la
princesse sétant refusée net à vivre sous le
même toit que lui. - Daria ou Dolly prête à toutes les concessions
pour la sécurité conjugale malgré un mari
épicurien, volage et dépensier.
5Trois couples porteurs de trois modèles
- Lévine et Kitty, un couple qui construit un amour
sincère et durable - Anna Karénine et son amant Vronski qui porte le
même prénom que son mari - Lhistoire dune résistance à la passion
6Une seule intrigue chez Flaubert
- Un mariage
- Deux amants
- Une fin tragique par le suicide
- Le motif de laveugle
7Deux romans tragiques
- Deux romans tragiques
- Sur les conséquences de ladultère féminin chez
Flaubert - Sur les conséquences de la passion amoureuse
chez Tolstoï - Deux agonies, lune physique, lautre
psychologique - Le motif de laveugle et celui du petit moujik
- Le petit moujik, en marmottant, martelait la
ferraille. Et la lumière qui éclairait Anna,
-lisant le livre empli de misères, de tromperies,
de souffrances et de mal- brilla dun éclat plus
vif que jamais, illumina tout ce qui auparavant
nétait que ténèbres, puis commença à faiblir et
s éteignit pour toujours.
8La chanson de laveugle accompagne lagonie
dEmma
- Souvent la chaleur dun beau jour
- Fait rêver la fillette à lamour
- Pour amasser diligemment
- Les épis que la faux moissonne,
- Ma Nanette va sinclinant
- Vers le sillon qui nous les donne
- Il souffla bien fort ce jour-là
- Et le jupon court senvola!
9Un regard en profondeur sur la société
- Chez Tolstoï laristocratie russe de la fin du
XIX à Moscou et à Saint-Pétersbourg - Réflexion sur lémancipation des femmes
- Chez Flaubert Le Second Empire et lâge dor
de la bourgeoisie - La petite bourgeoisie normande
- Haine de Flaubert de la bourgeoise une ironie
féroce sous couvert dimpassibilité - Devant ces bourgeois épanouis se tenait un
demi-siècle de servitude
10La question des conventions
- Alexis ne trouvait rien de particulier ni
dinconvenant au fait que sa femme était assise
avec Vronski à une table à part, et lui parlait
avec animation, mais il remarqua quaux autres
personnes la chose avait paru inconvenante, cest
pourquoi lui aussi la jugea telle. Il résolut
den parler à sa femme.
11Deux rapports différents au mensonge chez les
deux héroïnes
- Je suis une mauvaise femme, je suis une femme
perdue, pensa-t-elle. Mais je naime pas mentir,
je ne supporte pas le mensonge, et sa nourriture
à lui, cest le mensonge. Il sait tout, il voit
tout. Que sent-il donc, quil puisse ainsi parler
si tranquillement? Sil me tuait, sil tuait
Vronski, je le respecterais. Mai non, il ne
connaît que le mensonge et les convenances.
12Mort sociale du couple illégitime
- Les jeunes femmes préparaient déjà les mottes
de boue quelles lui jetteraient le moment
venu. - La scène du théâtre et lhumiliation publique
13Lart du mensonge chez Emma
- Par leffet seul de ses habitudes amoureuses,
Madame Bovary changea dallures. Ses regards
devinrent plus hardis, ses discours plus libres
elle eut même linconvenance de se promener avec
M Rodolphe, une cigarette à la bouche, comme
pour narguer le monde enfin ceux qui doutaient
encore ne doutèrent plus quand on la vit, un
jour, descendre de lHirondelle, la taille serrée
dans un gilet, à la façon dun homme.
14La réaction du mari à laveu dAnna
- Les convenances avant tout
- Jexige de ne jamais rencontrer cet homme ici.
Jexige que votre conduite soit telle que ni le
monde ni les domestiques ne puissent la
soupçonnerjexige enfin que vous ne le voyiez
plus. Il me semble que ce nest pas trop vous
demander. Vous jouirez en retour de tous les
droits dune épouse honnête, sans être pour cela
astreinte à en remplir les devoirs. Voilà tout ce
que javais à vous dire - Quatre options le duel, le divorce, la
séparation ou le statu quo.
15Portraits des maris
- Alexis, le mari dAnna et Charles celui dEmma
- Un homme de pouvoir chez qui domine le rationnel
un homme de calcul de plus en plus intransigeant - Deux pardons différents Charles aime sincèrement
Emma tandis quAlexis ne laisse jamais parler ses
affects. - Accoudé en face de lui, il mâchait son cigare
tout en causant, et Charles se perdait en
rêveries devant cette figure quelle avait aimée.
Il lui semblait revoir quelque chose delle.
Cétait un émerveillement. Il aurait voulu être
cet homme. - Lévine, le double de Tolstoï une quête
existentielle très moderne
16Portrait des amants
- Vronski une évolution du chasseur à lamant
passionné qui rêve de construire un amour durable
avec Anna - Rodolphe le chasseur sans scrupule
- Je la crois très bête. Elle en est fatiguée sans
doute. Il porte des ongles sales et une barbe de
trois jours. Tandis quil trottine à ses malades,
elle reste à ravauder ses chaussettes. Et on
sennuie! On voudrait habiter la ville, danser la
polka tous les soirs! Pauvre petite femme! Ca
baille après lamour, comme une carpe après leau
sur une table de cuisine. Avec trois mots de
galanterie, cela vous adorerait, jen suis sûr!
Ce serait tendre! Charmant!...Oui, mais comment
sen débarrasser ensuite?
17La confusion entre la vie et le rêve
- La question du rapport à la lecture un des
motifs principaux du roman de Flaubert - De Paul et Virginie aux lectures de couvent
- Lectures reprises par lavocat Sénard dans sa
plaidoirie - Ainsi sétablit entre eux une sorte
dassociation, un commerce continuel de livres et
de romances. - La mère de Charles conseille à son fils
dempêcher sa femme de lire ces lectures
contraires à la religion.
18Posture identifico-émotionnelle
- Elle se répétait Jai un amant! Un amant! se
délectant à cette idée comme à celle dune autre
puberté qui lui serait survenueAlors elle se
rappela les héroïnes des livres quelle avait
lus, et la légion lyrique de ces femmes adultères
se mit à chanter dans sa mémoire avec des voix de
sœurs qui la charmaient. - Lecture intensive vs lecture extensive
19La passion amoureuse
- Lorgueil comme amour-propre
- La lutte contre la passion chez Anna
- La mère vs lamante
- Dilemme jai le consentement. Et mon fils? On ne
me le rendra pas. Il grandira chez ce père que
jai quitté, et qui lui apprendra à me mépriser!
Conçois-tu que jaime presque également, et
certes plus que moi-même, ces deux êtres Serge
et Alexis.
20Les désillusions dEmma le bovarysme
- Emma eût, au contraire, désiré se marier à minuit
aux flambeaux mais le père Rouault ne comprit
rien à cette idée. Il y eut donc une noce, où
vinrent quarante trois personnes, où lon resta
seize heures à table, qui recommença le lendemain
et quelque peu les jours suivants - Evénement catalyseur le bal à la Vaubyessard
21Rapport des auteurs à leurs héroïnes
- Je laime pourtant se disait-elle. Nimporte!
Elle nétait pas heureuse, ne lavait jamais été.
Doù venait donc cette insuffisance de la vie,
cette pourriture instantanée des choses où elle
sappuyait? - Chez Tolstoï, après un mépris envers linfidèle,
il construit un personnage fait dintelligence et
de cœur qui fascine son créateur - Anna, une femme entière, passionnée,
transparente, confrontée à un dilemme insoluble - Suicide comme issue et vengeance
22Autour des romans
- Correspondance de Flaubert
- On me croit épris du réel alors que je lexècre.
Cest en haine du réalisme que jai entrepris ce
roman. Mais je nen déteste pas moins la fausse
idéalité, dont nous sommes bernés par le temps
qui court.
23 Linvestissement des romanciers
- Tolstoï
- Il ne faut écrire quau moment où chaque fois que
tu trempes ta plume dans lencre un morceau de ta
chair reste dans lencrier - Flaubert
- Quand jécrivais lempoisonnement de Madame
Bovary, javais si bien le goût de larsenic dans
la bouche, jétais si bien empoisonné moi-même
que je me suis donné deux indigestions coup sur
coup, -deux indigestions réelles, car jai vomi
tout mon dîner - Madame Bovary, cest moi!
24Sur lhumaine condition
- Deux tragédies
- Celle de la passion hors mariage dans la société
aristocratique russe - Celle de la passion par procuration, celle que
lon vit ou croit vivre, comme dans ses lectures - Une réflexion renouvelée sur la condition des
femmes
25MERCI
- ??????? ???????
- Place au débat