Title: INTOXICATIONS PAR LES GAZ TOXIQUES ET LES FUMEES D
1INTOXICATIONS PAR LES GAZ TOXIQUES ETLES FUMEES
DINCENDIES CO, cyanures, hydrogène arsénieux.
- Dr. J.M.SAPORI.
- Service N1 et Centre Antipoison. Hôpital Edouard
HERRIOT. - Place dArsonval - 69437 LYON CEDEX 03
2LES FUMEES DINCENDIES historique (1).
- Le 8 mai 1842, le train de la ligne
Versailles-Paris déraille (rupture dun essieu de
la locomotive de tête) et prend feu (voitures en
bois, portes fermées de lextérieur, charbon
ardent éparpillé).
3LES FUMEES DINCENDIES historique (2).
- ? sur 750 voyageurs, 55 périssent carbonisés
(dont lamiral Dumont dUrville), une centaine
sont gravement brûlés.
4LES FUMEES DINCENDIES historique (3).
- Le 4 mai 1897, vers 16h, lincendie du Bazar de
la Charité , provoque 121 morts dont au moins
110 femmes (très haute bourgeoisie,
aristocratie). - Une lampe dun projecteur de cinématographe a
éclaté, embrasant le projecteur puis des toiles
tendues.
5LES FUMEES DINCENDIES historique (4).
- Le 10 août 1903 vers 19h, un incendie se déclare
dans le métro parisien à la station Couronnes
6LES FUMEES DINCENDIES historique (5).
7LES FUMEES DINCENDIES historique (6).
- En 1997, un feu ravage à Paris le siège du Crédit
Lyonnais. Nombreux sapeurs-pompiers de la BSPP
blessés.
8LES FUMEES DINCENDIES historique (7).
- Le 24 mars 1999, feu dans le tunnel du mont-blanc
? plus de 40 morts asphyxiés puis brûlés.
9LES FUMEES DINCENDIES historique (8).
- Feu le 11 novembre 2000 dans un funiculaire dune
station de ski autrichienne (Kaprun) ? 159 morts
asphyxiés puis brûlés.
10LES FUMEES DINCENDIES statistiques (USA).
- 6.185 morts et 28.425 blessés lors des incendies
survenus en 1985. - Estimation dune mortalité de 2/100.000
habitants. - Une analyse des causes de décès en 1981
retrouvait que 80 des décès étaient liés à
linhalation de fumées toxiques.
11LES FUMEES DINCENDIES statistiques (France).
- Incidence des décès primaires lors des feux
estimée dans une étude de la Brigade des
Sapeurs-Pompiers de Paris à 1,35/100.000
habitants. - 48 des décès sont survenus chez des patients
indemnes de brûlures. - Mais une participation toxique est difficile à
déterminer chez les 52 de victimes brûlées. - Suspicion dintoxication chez 54 des blessés.
12LES FUMEES DINCENDIES lincendie ? un problème
complexe (1).
- Libération de vapeurs toxiques multiples, souvent
difficile à identifier, entraînant une
intoxication par inhalation.
13LES FUMEES DINCENDIES lincendie ? un problème
complexe (2).
- La combustion diminue la pression partielle en
oxygène hypoxie ambiante. - Agression des voies respiratoires par
- les fumées qui vont altérer la surface
pulmonaire. - les suies (moules de la trachée et des bronches).
- les brûlures des voies aériennes par les gaz
chauds.
14LES FUMEES DINCENDIES lincendie ? un problème
complexe (3).
- Les brûlures cutanées par les flammes et les gaz
chauds. - Éventuellement les phénomènes de blasts (en cas
dexplosion) ou de polytraumatismes (en cas de
défenestration).
15LES FUMEES DINCENDIES lincendie ? un problème
complexe (4).
- ? la victime dun incendie est donc un intoxiqué,
asphyxié, brûlé (cutané et poulmonaire).
16LES FUMEES DINCENDIES dégradation thermique
des matériaux (1).
- 2 mécanismes
- La pyrolyse décomposition chimique dune
molécule sous leffet de la chaleur (rupture des
liaisons covalentes des molécules dès 300-400c,
avec dégagement de gaz sans flamme). - La combustion oxydation du combustible. Cette
dégradation thermique saccompagne de flammes et
est très exothermique.
17LES FUMEES DINCENDIES dégradation thermique
des matériaux (2).
- La nature et la quantité des produits dégagés
sous leffet de la chaleur dépendent - de la nature du combustible initial.
- de la température atteinte.
- de la richesses de latmosphère ambiante en
oxygène. - Cette dégradation thermique produit de la
chaleur, des fumées / gaz toxiques et appauvri en
oxygène le foyer dincendie.
18LES FUMEES DINCENDIES les produits dégagés (1).
- Production dun milieu hétérogène comportant des
gaz, éventuellement un aérosol, des particules de
suie. - 2 grandes classes de gaz toxiques sont dégagés
- les dépresseurs du SNC / asphyxiants.
- les irritants.
19LES FUMEES DINCENDIES les produits dégagés (2).
- 2 risques pour les victimes
- mortel à fortes concentrations.
- dincapacitation à faibles concentrations
(retardant, voire empêchant la fuite).
20LES FUMEES DINCENDIES les dépresseurs du SNC /
asphyxiants.
- Oxydes de carbone (monoxyde de carbone et dioxyde
de carbone). - Acide cyanhydrique, cyanogène, isocyanates...
- Vapeurs nitreuses.
- Composés soufrés (anhydride sulfureux, hydrogène
sulfuré). -
21LES FUMEES DINCENDIES les irritants.
- Aldéhydes (acroléine, formaldéhyde,
butyraldéhyde, acétaldéhyde...). - Acides minéraux (acide chlorhydrique, acide
fluorhydrique, acide bromydrique, phosgène). - Dérivés de lazote (oxydes dazote, ammoniac).
- Anhydrides (anhydride sulfureux, anhydrides
dacide). - ...
22LES FUMEES DINCENDIES les suies (1).
- Aérosols microparticulaires. Principalement
constituées dhydrocarbures lourds, de composés
polycycliques azotés et de carbone. - Se déposent dans larbre respiratoire en fonction
de leur granulométrie film /- adhérent à
lépithélium bronchique. - Empoussiérage massif, responsable de problèmes
obstructifs.
23LES FUMEES DINCENDIES les suies (2).
- Particules de suies chargées en surface
dirritants ? participent aux lésions caustiques
de larbre respiratoire, en créant un véritable
film caustique ? hypersécrétion et desquamation
de la muqueuse (obstructions bronchiolaires).
24LES FUMEES DINCENDIES les suies (3).
- Transfert thermique plus important que celui
provoqué par les gaz. - Les suies sont donc responsables de
- brûlures thermiques et chimiques des voies
respiratoires. - de phénomènes obstructifs.
25LES FUMEES DINCENDIES la vapeur deau.
- La vapeur deau va induire des lésions thermiques
sévères de larbre bronchique.
26HCN caractéristiques (1).
- Lacide cyanhydrique (HCN) ou acide prussique est
un acide faible. - Liquide très volatil, dodeur caractéristique
(amandes amères).
27HCN caractéristiques (2).
- PM 27,03.
- CAS 74-90-8.
- TMD-ONU 663 / 1613.
- Cyanogène gaz incolore hydrolysé en ions
cyanures dans lorganisme.
28HCN caractéristiques (3).
- Les ions cyanures forment des complexes avec de
nombreux ions métalliques - facilement dissociables, par un acide faible
(potassium, sodium, calcium, ammonium). - peu dissociables, par un acide fort (argent,
cobalt, cuivre, mercure, or). - les cyanates, thiocyanates, cyanoacrylates,
ferro/ferri-cyanures, dichloroisocyanurates ne
libèrent pas ou très peu dHCN.
29HCN sources (1).
- LHCN est utilisé en synthèse chimique, pour la
fumigation (serres). - Les sels minéraux sont utilisés en métallurgie,
galvanoplastie, bijouterie, photographie,
électronique, laboratoires danalyse et de
recherche...
30HCN sources (2).
- Le métabolisme des nitriles aliphatiques donne
naissance à des ions cyanures. - Dégagement lors de fumées dincendies. A 600c
tous les matériaux azotés dégagent de lHCN - matières plastiques (polyurétanes,
polyacryliques) - et polymères naturels (laine, soie).
- Intoxications
- ingestion importante de cassava (variété de
manioc fortement cyanogénétique) improprement
fermenté et chauffé, en Amérique et en Afrique.
31HCN sources (3).
- Intoxications (suite)
- rares cas dingestions massives damandes
dabricots chez des enfants. - origine iatrogènique (IV de nitroprussiate de
sodium). - suicides et meurtres (affaire de la Josacyne en
1994) avec du cyanure professionnel.
32HCN sources (4).
- Intoxications (suite)
- ZYCLON B des chambres à gaz de la 2ième guerre
mondiale. - arme chimique (Irak, Tokyo).
33HCN cinétique (1).
- Absorption extrêmement rapide de lion cyanure
- quelques secondes par voie pulmonaire,
- quelques minutes par voie digestive,
- importante, mais plus lente par voie per-cutanée.
- Biotransformation en thiocyanates au niveau du
rein et du foie (rapidement dépassée en cas
dintoxication). - Faible partie transformée en cyanocobalamine à
partir de lhydroxocobalamine.
34HCN cinétique (2).
- Fraction minime éliminée sous forme inchangée par
voie pulmonaire. - Elimination urinaire des thiocyanates.
- 1/2 vie brève délimination de lion cyanure (de
lordre d1 heure).
35HCN toxicité (1).
- Solutions irritantes pour la peau et les yeux
(cyanures de sodium et de potassium). - Cyanogène, chlorure de cyanogène caustiques pour
les yeux et les voies respiratoires.
36HCN toxicité (2).
- Lion CN- est un toxique cellulaire non
spécifique dorgane. - Il se lie de façon stable, mais réversible, au
fer ferrique de la cytochrome-oxydase de la
chaîne respiratoire mitochondriale et inhibe les
transferts électroniques ? blocage du métabolisme
cellulaire aérobie ? anoxie tissulaire aiguë ?
déviation métabolique vers la voie anaérobie ?
accumulation dacide lactique.
37HCN dose toxique (1).
- Seuil olfactif variable suivant les individus
(0,2ppm). - Concentrations inférieures à 40-50ppm sont sans
effet sérieux. - Inhalation de 100-150ppm pendant 30-60 est
potentiellement mortelle. - Inhalation de 200-300ppm pendant quelques minutes
est rapidement mortelle.
38HCN dose toxique (2).
- Cyanogène irritant à partir de 15ppm.
- Dose mortelle per-os chez ladulte 50mg dHCN
ou 200mg de cyanure de sodium ou de potassium. - Clo-humain HCN 400ppm/2, 200ppm/5-10,
120ppm/1h. - HCN
- VME 2ppm.
- VLE/MAK 10ppm.
- IDLH 50ppm.
39HCN clinique (1).
- Forme aiguë après un court temps de latence
variable ? malaise général (céphalées, vertiges,
oppression thoracique, angoisse intense) et gêne
respiratoire ? perte de connaissance brutale et
coma convulsif ? dépression respiratoire (cyanose
diffuse), mydriase, collapsus, œdème aigu
pulmonaire ? arrêt cardiaque. En cas de survie,
possibles séquelles neurologiques par anoxie
cérébrale.
40HCN clinique (2).
- Forme suraiguë arrêt cardio-respiratoire
brutal. - Forme mineure agitation, anxiété, céphalées,
sensations ébrieuses, tachycardie.
41HCN diagnostic (1).
- Détection dans lair ambiant
- tubes dräger (acide cyanhydrique, HCN, 2-30ppm,
réf. Ch25701). - détecteurs électroniques monogaz ou multigaz.
42HCN diagnostic (2).
- Dosage des ions cyanures sur sang total peu
disponible en pratique et peu fiable si délais
importants. - Dosage des thiocyanates sanguins / urinaires est
un reflet imparfait (diagnostic rétrospectif,
interférence avec le tabagisme).
43HCN diagnostic (3).
- Dosage sanguin des lactates (gravité de
lintoxication, suivi sous traitement
antidotique). Intoxications graves gt 10mM/l.
Pronostic péjoratif gt 20mM/l.
44HCN prise en charge (1) ? secouriste .
- Evacuation de latmosphère contaminée (prudence
pour les sauveteurs ? port dun appareil
respiratoire isolant).
45HCN prise en charge (2) ? secouriste .
- Décontamination abondante en cas de projection
cutanée de solutions. - Pour les secouristes oxygénation, mise en PLS,
si besoin ventilation au masque (pas de
bouche-à-bouche) MCE (en cas dACR). - Médicalisation rapide.
46HCN prise en charge (3) ? médicale .
- Intubation et ventilation assistée sous FiO2 à
100. - Restauration de lhémodynamique (remplissage,
amines pressives). - Correction de lacidose (bicars).
- Anticonvulsivants.
47HCN prise en charge (4) ? médicale .
- Pas de traitement épurateur efficace. CARBOMIX
inefficace. Evacuation digestive dun cyanure
métallique secondairement après stabilisation.
48HCN prise en charge (5) ? antidotes.
- CYANOKIT (5g dhydroxocobalamine dans 200cc SSI
en 20-30). Efficacité sur le collapsus. A
renouveler si absence defficacité en 30.
Coloration des urines en rouge. Forme
secondairement de la cyanocobalamine. - KELOCYANOR (EDTA dicobaltique). Effets
indésirables fréquents (réactions allergiques,
arythmies ventriculaires).
49HCN exposition chronique.
- Eruptions cutanées, signes irritatifs oculaires /
ORL / respiratoires. - Psychosyndrome organique perturbations des
tests psychométriques, neuropathies optiques,
ataxie... - Action antithyroïdienne ? goitres.
50HYDROGENE ARSENIE caractéristiques.
- Aussi appelé trihydrure darsenic, hydrure
darsenic, arséniure dhydrogène ? arsine. - Gaz incolore, plus lourd que lair, dodeur
légèrement alliacée ou de choux (impuretés?).
51HYDROGENE ARSENIE sources (1).
- Industrielles
- action de lhydrogène naissant sur larsenic.
- hydrolyse darséniures (daluminium, de sodium,
de calcium). - électrolyse de lhydrogène et du cuivre.
- accidents de productions ou de transports.
52HYDROGENE ARSENIE sources (2).
- Gaz de combat durant la 1ière guerre mondiale.
53HYDROGENE ARSENIE sources (3).
- Exposition biologique
- pollution environnementale, suite à des rejets
arsenicaux (maladie du Haff en 1924), - moisissure sur des papiers-peints avec des
pigments arsenicaux, - émanation des sols forestiers traités par de
lacide cacodylique.
54HYDROGENE ARSENIE toxicité (1).
- Pénétration seulement par voie respiratoire.
- Produit non irritant.
- Larsine se lie fortement aux globules rouges,
entraînant une hémolyse intravasculaire massive ?
libération de lhémoglobine et de la LDH. - Anurie par effet direct précipitation des
complexes hémoglobine-arsenic dans les tubules. - En cas dintoxications massives troubles ECG et
troubles de la conscience.
55HYDROGENE ARSENIE toxicité (2).
- VME 0,05ppm, VLE 0,2ppm.
- Inhalation de 10ppm pendant 1h donne une
intoxication grave. - Inhalation de 100ppm même brève entraîne un décès
en 30. - Inhalation de concentrations gt 250ppm entraîne un
décès quasi-instantané.
56HYDROGENE ARSENIE clinique (1).
- Intoxication suraiguë syncope et décès en
quelques minutes par collapsus cardio-vasculaire. - Intoxication aiguë
- retardée de 2-24h suivant lexposition.
- donne une anémie hémolytique aiguë
intravasculaire avec anurie.
57HYDROGENE ARSENIE clinique (2).
- Intoxication aiguë (suite)
- début par une phase de malaise général,
céphalées, paresthésies, frissons, sueurs,
nausées, vomissements, douleurs
abdomino-lombaires. - puis état de choc avec pâleur, cyanose,
insuffisance rénale oligo-anurique avec urines
rouges/noires. - cytolyse hépatique, ictère, hyperthermie, CIVD,
rhabdomyolyse, troubles ECG.
58HYDROGENE ARSENIE clinique (3).
- Intoxication aiguë (suite)
- décès par coma urémique.
- guérison avec séquelles transitoires
neurologiques ou cutanées (bandes unguéales). - Intoxications mineures troubles généraux (odeur
alliacée de lhaleine, asthénie, céphalées,
myalgies), urines foncées /porto, légère anémie,
sub-ictère. - Exposition chronique controversée (arsenicisme
chronique ? neuropathie périphérique).
59HYDROGENE ARSENIE diagnostic (1).
- Biologie
- hémoglobinurie massive, anémie intense, fausse
polynucléose. - taux dhaptoglobine effondré, acidose métabolique
hyperkaliémique, hyperbilirubinémie libre.
60HYDROGENE ARSENIE diagnostic (2).
- Dosage de larsenic sanguin (si précoce, gt
0,5mg/l dans les premières 36h). - Dosage de larsenic urinaire (si tardif suivi).
61HYDROGENE ARSENIE traitement.
- Traitement symptomatique oxygénothérapie,
intubation-ventilation assistée, correction du
choc, correction de lacidose. C.I. du
bouche-à-bouche. - Exsanguino-transfusion précoce.
- Hémodialyse pour lI.R.A.
- Chélation de larsenic par le DMSA pour limiter
les séquelles.