Title: Principes de lintervention en Addictologie
1Principes de lintervention en Addictologie
- Dr Pascal COURTY
- CHU Clermont Ferrand
- p_courty_at_chu-clermontferrand.fr
2Définition
- Laddiction est un phénomène complexe, aux
origines multiples, que lon peut cependant
définir de la manière suivante la perte de la
liberté de sabstenir de prendre un produit en
dépit de la connaissance de son caractère nocif. - 1) Envie impétueuse de prendre sans arrêt un
produit parce quon ne peut pas sempêcher de
faire autrement(craving) - 2) Faire peur ne produit rien de positif en
matière de soins - Importance dinformer sur la Dangerosité réelle
des produits (Bernard Roques, La Dangerosité des
drogues, Rapport au Secrétariat dÉtat à la santé
(1998), Odile Jacob, Paris, 1999)
3Rapport Roques
- Lalcool, le tabac et lhéroïne sont des produits
dangereux médicalement - Lhéroïne et lalcool le sont aussi socialement
- En comparaison, le cannabis peut apparaître comme
un produit relativement moins dangereux. - En fait, les rapports entre la façon de consommer
(occasionnellement, dans labus ou dans la
dépendance) et la personne qui consomme sont plus
importants que le produit lui-même.
4 Neurobiologie
- Les substances addictives gt comportements de
recherche de drogue et dadministration répétée
gt phénomène addictif - Mécanismes dadaptation gt des changements qui
altèrent léquilibre interne du système de
récompense (la voie dopaminergique). - Laddiction est un cycle de détérioration de ce
système de récompense, qui résulte de lusage
compulsif et de la perte de contrôle sur la prise
de drogue, initiant les conduites liées à la
recherche de drogue - Lobservation clinique trouve peu à peu des
explications dans lintimité de la biologie du
cerveau
5Conséquences
- Ne pas envisager le problème des toxicomanies
avec un regard unique et réducteurmédical,
psychologisant, social, légal, judiciaire,
répressif, politique, religieux ou encore
philosophique - Considérer le phénomène dans sa globalité, de
façon pluridisciplinaire et transversale - Ne pas raisonner en questions abruptes Qui
sont-ils ? Sont-ils de plus en plus nombreux ?
Quest-ce quun intervenant en toxicomanie ? Les
nouvelles drogues sont-elles plus dangereuses ?
Pourquoi se drogue-t-on ? Pourquoi les jeunes
fument-ils de plus en plus du haschisch ? Faut-il
les soigner ? Faut-il les punir ?
6Dautres conséquences
- Besoin évident et immédiat de réponses toutes
faites, de réponses qui rassurent - Avoir des recettes efficaces pour guérir
rapidement les sujets atteints - Trouver des moyens radicaux afin dempêcher
quils se droguent - La société semble ainsi réagir en miroir de
lusager, qui prend de façon impulsive un
produit, en exigeant une réponse tout aussi
rapide pour effacer son symptôme - Car la toxicomanie est avant tout un symptôme
social
7Encore des conséquences
- Les Français sont de grands consommateurs, de
produits manufacturés ou de produits culturels.
Pourquoi ne consommeraient-ils pas des drogues ? - Le désir dêtre efficace, dêtre plus performant
que son voisin, est souvent plus fort que celui
de se reposer. - Pourtant, le drogué, cest toujours lautre et
jamais soi-même. - Ainsi, les parents qui reprochent à leurs enfants
de consommer du haschisch pour se relaxer et des
ecstasys pour faire la fête abusent parfois
eux-mêmes des médicaments et boivent force whisky
pour se détendre le soir
8La drogue, la toxicomanie Symptômes Sociaux
- Deux mondes cohabitent
- Le premier est fait de représentations sociales,
mêlant les idées les plus irrationnelles et
constituant un mode de pensée éloigné de la
réalité - Le deuxième correspond à la vie réelle, avec des
trafics, des douleurs, des souffrances, des
maladies et des morts - Le contexte lexplosion et la diversification
des consommations conséquences de la
mondialisation(baisse des prix gt changement de
cibles)
9État des lieux
- Culture du chiffre et de lévaluation Idée
(presque neuve) en France - Toujours passionnelle (cf. exemple récent TCC vs.
Psychanalyse) - Confrontation dune enquête dopinion (EROPP
2002) à des chiffres réels (estimations OFDT,
ESPAD ou ESCAPAD) - Les enquêtes sont disponibles sur le site de la
MILDT www.drogues.gouv.fr soit directement soit
sous forme de liens
10EROPP 2002
- Enquête EROPP 2002 2000 personnes de 15 à 75 ans
interrogées par téléphone pendant 20 min sur
leurs connaissances vis à vis des produits, de
leur dangerosité, sur les politiques publiques,
sur les stéréotypes par rapport au cannabis, aux
UD et à la réduction des risques. - Quelles sont les drogues que vous connaissez ?
3,8 en moyenne Cannabis, héroïne, opium puis
cocaïne. Le LSD et lecstasy sont stables.
Lalcool et le tabac sont en 6ème et 7ème
position - Les deux dangers principaux pour la population
sont lalcool (70,4)et le tabac (61,7) plus que
la consommation de substances illicites
11EROPP 2002(cannabis)
- La proportion de personnes pensant que le
cannabis nest pas dangereux dès la 1ère prise
mais seulement lors dune consommation
quotidienne est passée de 28,1 à 32,9 - La moitié de la population continue de penser que
son expérimentation est déjà dangereuse - La thèse de lescalade est toujours partagée
par 2/3 des français même si la proportion des
tout à fait daccord avec cette opinion tend à
diminuer - Le cannabis tient une position intermédiaire
entre le tabac et lalcool et les autres
substances
12EROPP 2002
- La moitié des enquêtés sont daccord pour la
délivrance dhéroïne sous contrôle médical et
près des ¾ pour le cannabis thérapeutique - 4,7 opposés aux CSST mais 21,5 si se situe
dans son quartier (facteur NIMBY) - 90 jugent la prévention à lécole utile, 70
insuffisante et 10 dangereuse - Les réponses sur le cannabis varient en fonction
de lâge, du niveau socio-économique et de la
proximité de la consommation
13OFDT- Indicateurs et tendances 2002
- Ce nest plus un sondage dopinion mais une
enquête destimation de la population à partir
déchantillons représentatifs et de critères
sur la fréquence dutilisation des produits - Exemple du cannabis
- Expérimentateur au moins une fois dans la vie
- Occasionnelau moins une fois dans lannée
- Répétéau moins 10 fois dans lannée
- Quotidienau moins 30 fois les 30 derniers jours
14OFDT- Quelques résultats
- Sur lexpérimentation,
- -Alcool 95,9 des 18-75 ans, 93,9 des 18-25
ans - -Tabac 82 des 18-75 ans, 80 des 18-25 ans
- -Cannabis 21,6 des 18-75 ans, 46,8 des18-25
ans, 31,7 des 26-44 ans - -Ecstasy 0,8 des 18-75 ans, 2,8 des18-25 ans,
0,9 des 26-44 ans - -LSD 1,5 des 18-75 ans, 2,9 des18-25 ans,
2,3 des 26-44 ans - -Héroïne 0,7 des 18-75 ans, 0,9 des18-25
ans, 1,2 des 26-44 ans - -Cocaïne 1,5 des 18-75 ans, 2,2 des18-25
ans, 2,5 des 26-44 ans
15OFDTQuelques résultats(cannabis)
- Sur la fréquence de lexpérimentation,
- 50,1 des garçons et 40,9 des filles de 17 ans
ont expérimenté le cannabis. - Ils sont 23,8 et 12,6 à en faire un usage répété
(32,7 des garçons à 19 ans) - Pour les médicaments psychotropes, 29 des
filles de 17 ans ont expérimenté contre 10,6
des garçons du même âge
16OFDT, dautres résultats
- Paradoxe des poppers Les garçons de 17 ans sont
3,4 à les avoir expérimentés et 8,3 à 19 ans
(Filles de 17 ans 1,3 ) - Champignons hallucinogènes 4,5 des garçons de
17 ans, 6,9 à 18 ans et 8,7 à 19 ans (Filles
de 17 ans 1,6 ) - Alcool,Usage répété 5,5 des filles et 16 des
garçons à 17 ans - Tabac,Usage répété 40,2 des filles et 41,9
des garçons à 17 ans
17Cadre législatif
- Autour de la loi du 31 décembre 1970, cette
dernière étant critiquée mais jamais changée(cf.
Plan quinquennal 27 juillet 2004) - Trois directions
- La répression du trafic
- Linterdiction de lusage et la proposition dune
alternative thérapeutique - La gratuité des soins et lanonymat pour les
usagers
18La répression du trafic
- Mise sur le même plan le consommateur de cannabis
et dhéroïne (pas de différence de danger) - Pas de différence entre lusager et le revendeur
- Différence dapplication de la loi dépendant de
la personne qui lapplique, du lieu où elle
sapplique et à qui elle sapplique - Selon que vous serez puissant ou misérable
19Linterdiction de lusage et la proposition dune
alternative thérapeutique
- Confusions entre ce qui est prôné et ce qui est
effectivement réalisé - Proposer à lusager des soins plutôt quune
sanction pénale - Maintes prises de position (exRapport Pelletier
1978gt fonction du produit) - circulaire du 12 mai 1987 gtfonction du
comportement - Tout dépend du magistrat !!!
20La gratuité des soins et lanonymat pour les
usagers
- Mesure novatrice prouvant que lÉtat est
capable, dans lurgence ou bien dans la réflexion
(les extrêmes de sa pratique !), de proposer des
mesures de santé publique - Évolution de ces notions levée de lanonymat et
de la gratuité, disparition progressive de cette
notion en fonction de la modification des
pathologies, des publics, des mentalités et des
prises en charge (exemple récent des appartement
de coordination thérapeutique)
21Histoire de la réduction des risques et de la
substitution
- Le Sida, réformateur socialgtchangement de
mentalités dans les prises en charge (sattaquer
aux conséquences plutôt quaux éventuelles
causes) - Dune part laccès aux seringues à travers la
mise en place des Programmes déchanges de
seringues (PES) et, dautre part, lhistoire de
la substitution par la méthadone et le Subutex
(BHD Buprénorphine Haut Dosage)
22Les programmes déchange de seringues (P.E.S.)
- 1987 M. Barzach suspend le décret de 1972 sur la
dispensation de seringues à lofficine (
pérennisée en 1989) - Début en 1991-1992 dans le cadre de la prévention
du Sida gt Création du Stéribox en 1991 - 1992/93 UD porteurs de seringues interpellés par
la policegt décembre 93 Extension des programmes
Méthadone - Mars 1995 Gratuité des Stériboxgt période
faste de la RDR - 2000/04 Période dincertitude réduction de
crédits SIDA - Décret n 2005-347 du 14 avril 2005 approuvant le
référentiel national des actions de réduction des
risques en direction des usagers de drogue et
complétant le code de la santé publique - 2005 Création des CARRUD
23La mise en place de la politique de substitution
- 1973 Traitement expérimental par la Méthadone
- UDIV estimés de 5000 en 1970 à 150 000 en 1990
- Circulaire DGS n 14 du 7 mars 1994 gtpassage de
50 places expérimentales à un objectif de
1 000 places à la fin de lannée - Février 1996 Mise sur le marché du Subutex
- Évolution des pratiques et des conditions de
dispensation. - 100 000 personnes substituées fin 2004
- Problèmes Prescriptions résiduelles,
détournement, déséquilibre Méthadone/Subutex
24Les structures lieux de prise en compte et de
prise en charge
- Hôpital général ou psychiatrique faut-il
enfermer pour guérir ? - gtLes équipes de liaison en toxicomanie(1996)
- gtLes réseaux ville-hôpital-toxicomanie
- gtLe rôle des services hospitaliers de
psychiatrie - Sevrages en opiacés
- Sevrages des posologies résiduelles
- Sevrage dautres substances
- Prise en Charge des Comorbidités
25Les CSST pivot du soin ou alibi ?
- La création de lieux expérimentaux (Parole et
écoute privilégiées, peu de prescriptions,
théorie compréhensive, irruption du Sida) - Lexpérimental devient référence(décret de 1992)
Problèmes posés par la diversification des prises
en charge et la professionnalisation des
intervenants, conventionnement avec lÉtat - Passage au Médico-social les missions des CSST
ont été redéfinies par décret (n 2003-160 du
26 février 2003)gt laccompagnement demeure leur
spécificité
26 Peut-on soigner en
prison ?
- La consommation en prison État des lieux-1999
(données plus récentes Addictions en milieu
carcéral disponible uniquement en ligne sur le
site de lOFDT www.ofdt.fr ) - gtAvant lincarcération, 32 des personnes ont
eu une utilisation prolongée et régulière de
drogues au cours de lannée, contre par exemple
15 des 18-25 ans et 4 des 26-44 ans en
population générale. - gtPlus de 30 déclarent une consommation
excessive dalcool, 80 fument du tabac, plus de
20 fument plus dun paquet par jour. - gtPour linjectionIls sont 6,2 UDIV au cours
de lannée précédant lincarcération et 11,8 à
lavoir pratiquée au cours de leur vie, contre
1 de la population générale. - gtPour le cannabis, 25,6 des entrants en ont
fumé au cours du dernier mois, contre 6 de la
population générale - gtPrévalence du VIH est 3 à 4 fois supérieure en
milieu pénitentiaire quen milieu libre et celle
du VHC 4 à 5 fois supérieure.
27Les soins en prison
- Loi du 18 janvier 1994 relative à la santé
publique et à la protection sociale Assurer à la
population carcérale une qualité et une
continuité de soins équivalentes à celles dont
dispose lensemble de la population. - Enquête ORS PACA(Oct.2000) tous les produits
fumés, sniffés, injectés ou avalés avant la
détention restent consommés pendant
lincarcération, dans de moindres proportions
quà lextérieur - Importance des polyconsommations
- Possibilité daccéder aux traitements de
substitution (poursuivis à 84 BHD et 71
Méthadone) - Création des Unités de Consultation et de Soins
en Ambulatoire - Note DAP/DHOS/MILDT du 9 août 2001gtAmélioration
de la PEC sanitaire des personnes détenues
dépendantes
28La rue comme lieu de prise en charge, laccueil
bas seuil
- La nécessité d aller vers bénéfices et
limites - gtla personne mise en avant, création du lien,
passage de la rue à la structure (boutiques gt
CARRUD) - Des exigences pour les soignés comme pour les
soignants - gtRègles de base Pas de consommation dans les
lieux - gtNe pas favoriser l enkystement
29Principes fondamentaux de lintervention
- Les qualités prérequises
- gtAvoir dabord soi-même réfléchi au problème de
sa propre consommation (Espace privé/public) - gtAvoir envie de faire ce que lon fait
- gtLa notion dempathie
- La faculté de sidentifier à quelquun et de
ressentir ce quil ressent - Être à la bonne distance sans être distant
- Être proche mais distinct permet de mieux
comprendre lexpérience de lautre sans devenir
fusionnel dans laffectivité
30 Accueillir un usager de drogues
- Laccueil est le préalable au soin (ce qui se
joue entre lUD et nous sont les relations que
lUD a toujours eues avec le monde extérieur) - Être là, être présent cest être en avant de soi
- Le lieu daccueil est un espace géométrique
délimité ? lieu de laccueil qui est un espace
habité -
- Le lieu de laccueil est un espace intérieur à
travers la richesse intérieure quil met à la
disposition de lautre
31 Accueillir un usager de drogues
- Être à lécoute des demandes,des besoins, des
envies et des désirs - Sattacher aux besoins fondamentaux de la
personne avant de sattaquer à une psychothérapie
furieuse - Se sortir de la belle histoire pour être dans
l Ici et maintenant - Même sil faut savoir perdre ou prendre du temps
pour en gagner car la notion de temps est
essentielle
32La notion de temps est essentielle
- Tout, tout de suite mais depuis quand prends tu
des produits? - Je veux marrêter de prendre toutes ces
saloperies, et le plus vite possible - Il me faut un logement, du travail, le RMI, lAAH
- Je veux bien prendre de la Méthadone mais pas
plus de six mois - Je suis séropositif. Combien de temps me reste-il
à vivre? - Traiter mon hépatite C. Ça prend combien de
temps? - Jai fait pas mal de prison
- Je nai pas de contact avec mes parents depuis
- Je nai pas écrit à mes enfants depuis
- Depuis quand je me shoote? Je ne sais plus
- Les demandes sont lexpression de langoisse qui
envahit lUD
33Approche produit /Approche humaine
- Inégalité devant les produits
- La volonté
- Un monde sans drogue est-il possible?
- Toxicomaniegt maladie chronique
- La confiance a priori
- ? types dusage qui gt prises en charge adaptées
à la personne et pas uniquement au produit - On décrit la folie comme on la traite
34Les médecins généralistes
- Un rôle à jouer avec les usagers de drogues la
quintessence de la relation médecin-patient(
sen embarrasser ou sen débarrasser) - Quelques pistes pour la prise en charge
- gtplus le médecin sera professionnel, plus il
sera apprécié par le patient - gtPlus il travaillera en réseau quand il ne sait
pas et quil en aura informé son patient, plus il
sera crédible - Expliquer, expliquer encore, expliquer toujours.
35La sphère des psys
- La toxicomanie, par définition, désigne la folie
ou passion du toxique - Les psys ont été les premiers à sintéresser
aux UD - Évolution de la terminologie et des conceptions
(droguésgt toxicomanesgt usagers de
droguesgtpersonnes présentant des conduites ou
pratiques addictivesgt?) - Le rôle des psys dans la prise en chargede
la substitution aux comorbidités - La psychothérapie quelquefois, le soutien
toujours
36Les autres intervenantsLes belles
infirmières, les gentils travailleurs
sociaux..
- Ceux qui ne sont pas susceptibles dénoncer un
diagnostic définitif - Les infirmier(e)s en première ligne
- gtfaire la différence entre lessentiel et
lanecdote - gtnotion de secret partagé
- gtdépasser les peurs
- gtpassage du contemplatif à un stade plus actif
dans la relation - gtrôle de prévention (ex les P.E.S.)
37Les autres intervenants
- Les travailleurs sociaux
- Les Éducateurs Spécialisés
- gtLongtemps précurseurs dans lécoute (copains!)
- gtrattrapés par les nécessités de lévaluation
(flics!) - gtNe pas confondre proximité et identité(au-delà
de lapitoiement et de la fascination) - Les Assistants de Service Social
- gtManne financière ou contrôle social
- gtImportance du rôle éducatif (élaboration du
budget)
38Lentourage
- Les amis, les conjoints
- gtCe qui marche pour lun ne marche pas
forcément pour lautre - gtLa consultation spontanée !
- gtLa confidentialité
- Les parents
- gtLes replacer comme premiers interlocuteurs(ça
nest pas toujours de leur faute !) - gtdoivent souvent faire le deuil de lenfance et
de lenfant Idéal quils avaient souhaité - Établir de nouvelles règles de fonctionnement
(reliance)
39Pour une approche humaine plutôt quune approche
produit
- Lapproche produit
- Éradication des produits (importance de la lutte
contre les trafics) - Recherche dun responsable, dune cause
- Renvoi systématique sur lusager de sa non
guérison(appelée manque de volonté) - Négation de lexistence de ? entre les personnes
et des découvertes scientifiques - On se retranche derrière lhéroïnomane,
lalcoolique, etc.
40Lapproche comportementale
- Lusage de drogues est une maladie qui peut
devenir chronique - Tenir compte des types dusage(abus, dépendance)
- Tenir compte de la dangerosité des produits
- Remise en cause de la notion de sevrage total et
définitifEn effet, par rapport au SEVRAGE - 1)A replacer dans le contexte
- 2)Savoir de qui émane réellement la demande
- 3)Évaluer la motivation au changement du sujet
- 4)Expliquer (ou passer la main)
41La trajectoire de lhéroïnomane
- Lune de miel
- De qqs semaines à qqs mois
- Prise contrôlée de drogues pour le plaisir
- Installation dune tolérance
- Apparition de la dépendance psychique
- Gestion du manque
- Apparition de la dépendance physique
- Découverte de laddiction par lentourage
- Apparition dune poly consommation
La galère Manque omniprésent Dépendance
Perte de contrôle Refuge dans le
mensonge L.GIBIER Prise en charge des UD, Ed
DOIN 1999
42Le sevrage
- Que faire face à une demande de sevrage?
- De quel produit le sujet demande-t-il à être
sevré et surtout quel est le rapport au produit ? - De qui émane réellement la demande de
sevrage ? - Existe-t-il des possibilités thérapeutiques ?
- Le sujet a-t-il des capacités de compréhension et
dadaptation suffisante ? - Nécessité dexplications précises sur ce qui est
possible de réaliser, ce qui va être tenté et des
résultats que lon peut en attendre
43Le sevrage (suite)
- Préparer le sujet à des objectifs réalistes (
par ex. on ne peut pas sengager sur des
objectifs de sevrage total de tout produit en peu
de temps) - Informer sur les possibilités autres
- Apprécier les capacités de compréhension du
sujet et de lentourage. - Pathologie(s) psychiatrique(s) associée(s).C-à-D
anxiété, phobie sociale, dépression, psychose - Pathologie(s) somatique(s) associée(s) et
notamment infections virales
44La Substitution
- Principes généraux concerne à lheure actuelle
uniquement les Opiacés - Échec répété des sevrages (2 à 5 de
réussite)déception pour les soignés, lentourage
comme pour les soignants - Reconnaissance toxicomanie aux opiacés maladie
chronique (hypothèse métabolique) - Politique récente en France (extension des
programmes méthadone en 1994 et mise sur le
marché de la BHD en février 1996)qui sera un
succès avec 100 000 personnes en traitement
45La Méthadone
- Produit connu depuis 60 ans la Dolophine
- Premières utilisations dans Rapid Detox dans les
années 50 Échec relatif - Dole, Nyswander et Kreek en 1963 hypothèse
métabolique. Prise en compte de lenvironnement
social et de laccompagnement du sujet - Fort engouement jusquà diminution des moyens
sociaux (la molécule ne fait pas tout) qui
conduit à sa relative mise à lécart - Retour dans les années 90 (retour de lhéroïne
aux USA après politique sévère contre la cocaïne
et le crack)
46La Méthadone
- Début de façon expérimentale en France en 1974
(50 places jusquen 1993) - Retombées positives de lépidémie de Sida
- Assouplissement progressif des conditions de
dispensation ( centres agréés puis tous les CSST
puis tout médecin hospitalier) plus dans un but
déconomie que comme une mesure de Santé Publique - Conditions de dispensation plus cadrées
- Plus de 15000 personnes sous traitement avec des
pratiques diversifiées (notion de bas seuil) - Aucune évaluation de lefficacité par lÉtat
47Loriginalité française Le Subutex
- Bénéfices de la substitution clandestine par le
Temgésic ( buprénorphine) - Le Subutex ( BHD ou buprénorphine haut dosage)
est mis sur le marché en février 1996 - Conditions plus larges de dispensation (médecine
de ville, pas de contrôles urinaires, durée de
prescription plus longue) gt dérapages rapides
(association avec BZD, injection, détournement)
dues essentiellement à labsence de formation des
prescripteurs - Plus de 80 000 personnes bénéficient de ce
traitement
48Indications différentielles
- Elles sont assez subjectives et basées sur les
expériences des prescripteurs - Proximité géographique, disponibilité, injection,
existence dune pathologie lourde associée,
besoin dun suivi régulier, niveau de
compréhension limité, grossesse (AMM) Un ou
plusieurs de ces critères vont faire choisir la
Méthadone - Non- injecteur, insertion sociale, bon niveau de
compréhension, intoxication récente ( 2ans) Un
ou plusieurs de ces critères vont faire choisir
plutôt le Subutex - Bien entendu, chaque cas est particulier et se
discute avec le patient
49Problèmes différentiels
- Pour la MéthadoneAlcoolisations, cocaïne,
sueurs, prise de poids, contraintes de
déplacement, troubles sexuels - Pour le Subutex Injection, association avec les
benzodiazépines (BZD), grossesse(?) - Problèmes communs Trafic, détournement (aspect
positif intégrer le système de soins, non
observance, augmentation et/ou fragmentation des
doses - gtNécessité dexplications et daborder les
sujets qui fâchent
50Les sujets qui fâchent!
- Linjection (comment sinjecte-t-on?Qui, où,
quand, comment, pourquoi?) - La prescription des sulfates de morphine
(Skenan, Moscontin), les codeinés - Le suivi du traitement
- Le suivi des maladies infectieuses (traitement du
Sida et de lhépatite C) - Les prescriptions supplémentaires
- La régularité des rendez-vous
- Lobservance des différentes prescriptions
51Lexemple du cannabis
- De quoi parle-t-on?
- Ambivalence sociale sur le sujet (très similaire
à lattitude vis-à-vis de lalcool ) - Dun côté une substance peu nocive pour la
santé, associée à la convivialité, la détente et
la relaxation Rapport TREND 2004 (OFDT) - De lautre côté850 000 consommateurs
réguliers(au moins 10 usages dans les 30 derniers
jours) - 450 000 personnes âgées de plus de 12 ans ont une
consommation quotidienne (ESPAD, ESCAPAD )
52Les faits
- 53,3 des ? et 47,2 des ? ont déjà à 17 ans
expérimenté (pris au moins une fois) du cannabis
- En terme de consommation régulière (au moins 10
usages dans le mois), à 18 ans, elle concerne 21
des ? et 9 des ? (superposable à celle de
lalcool) - En 2003, plus de 82 000 personnes ont été
interpellées pour usage simple (âge moyen 22 ans)
à mettre en perspective avec le nombre de
consommateurs 9,7 ( consommateur régulier) et
18 (consommateur quotidien) de risque dêtre
interpellé ce qui revient à une dépénalisation
de fait
53Les risques
- Les risques pour la santé sont minimisés par les
consommateurs et maximisés par les détracteurs - En plus des risques analogues (X 5) à ceux du
tabac, existent les effets psychoactifs
recherchés ou pas - désinhibition gt prise dautres drogues, rapports
sexuels non protégés - Troubles cognitifs altérant la mémoire à court
termegt dommages pour la scolarité - Dépendance physique entraînant désocialisation
- Les conséquences sociales sont plus dommageables
que les conséquences sanitaires
54Cannabis et troubles mentaux
- Produit plus dosé en THCgtplus deffets
psychoactifs - Liens avec les troubles du sommeil(communs à
ladolescence) - Liens avec la dépression(dépressivité)
- Liens avec Schizophrénie
- gt Discernement nécessaire dans linterprétation
- Ex On peut prouver statistiquement que Fumer du
cannabis est moins dangereux que faire du ski
55Opinions et représentations
- Les représentations du danger évoluent de la 6ème
à la 3ème en rapport avec la proximité de la
consommation. - la connaissance du danger retarde la prise
mais ne lempêche pas et si nous connaissons
les dangers des produits, pourquoi en prenons
nous? P.LE REST - le cannabis est un marqueur entre les
générations pour les plus jeunes, elle est peu
dangereuse mais illégale, pour les plus âgées,
cest une drogue qui peut conduire à des produits
plus dangereux L.DANY, T.APOSTOLIDIS - Les réponses sur le cannabis varient en
fonction de lâge, du niveau socio-économique et
de la proximité de la consommation EROPP 2002
56Quelles solutions?
- La population des jeunes ensemble non homogène
- les actions de promotion de la santé doivent être
capables de prendre en compte les aspects
psychosociaux des comportements (sens,fonctions,
risques perçus, contextes relationnels et
sociaux) c-à-d Comprendre comment les groupes
fonctionnent mais sattacher également à la
singularité de lindividu - Analyser les consommations de produits à travers
les motivations en jeu (santé perçue, réussite
sportive et/ou sociale, etc.) et les situations
qui sy rattachent ( échec scolaire,
sociabilité)
57Quelques spécificités féminines
- Dans les années 1970, 10 des UD pris en charge
sont des femmes - A lheure actuelle, un peu plus de 30 seulement
- Comment cette discordance peut-elle sexpliquer?
(alors que les ? représentent plus de 50 ) - La Société est essentiellement faite par les ?
pour les ? - Les ? sont femmes, mères, épouses, cuisinières et
quelquefois essaient de réussir leur vie
professionnelle et davoir des loisirs - Ont-elles le temps, le droit dêtre toxicomanes?
- Comment vont-elles être jugées ?
58Quelques spécificités féminines (suite)
- Aucune étude française sur le sujet donc études
nord-américaines (NIDA) - 70 des ? UD ont été victimes dabus sexuels
avant 16 ans - Plus de 80 ont un parent alcoolique ou prenant
des drogues - Les ? UD ont une faible estime delles-mêmes
- Elles se sentent seules, isolées sinon refoulées
des systèmes de soins où dominent les ? - Le fait dappartenir à une minorité raciale est
un facteur aggravant - Elles ne recherchent pas de traitement car elles
ont peur de ne pas pouvoir faire face à
léducation des enfants. Elles ont peur de
représailles de la part de leur partenaire ou de
leur entourage social
59Quelques spécificités féminines (suite)
- Problèmes des dépendances multiples Aux
produits, à une conduite, à un homme, à un
dealer, à un proxénète (les trois derniers étant
souvent le même) - Facteurs influençant la Prise en Charge
- - Rupture avec le partenaire
- - Développement des pratiques de substitution
- - Meilleur traitement des co-infections (VIH,
VHC) - En conclusion, légalité des soins nest pas de
proposer la même chose à tout le monde mais
dadapter à chacun et chacune la prise en charge
nécessaire
60Quelques spécificités féminines (fin)
- Car le constat fait sur le terrain est alarmant
- Si les ? rentrent un peu plus tôt en moyenne dans
le système de soins, - Elles sont plus souvent divorcées, vivent plus
souvent seules avec leur enfant - Leur source de revenus est 3 fois plus souvent
lAAH que les ? - Elles intègrent le système plus souvent grâce à
un(e) travailleur(se) social(e) - Elles consomment plus souvent des BZD et de
lalcool - Elles font plus que les ? des tests de dépistage
mais sont plus souvent atteintes - Elles sont plus souvent hospitalisées en
Psychiatrie et ont fait plus de TS avant et après
le début de leur intoxication