Title: Les%20langues%20de%20Madame%20Bovary
1 Les langues de Madame Bovary
La littérature prendra de plus en plus les
allures de la science, elle sera surtout
exposante. --Gustave Flaubert
Flaubert disséquant Emma Bovary, Caricature de
Lemot, 1869
2 On me croit épris du réel, tandis que je
l'exècre. C'est en haine du réalisme que j'ai
entrepris ce roman. Mais je n'en déteste pas
moins la fausse idéalité, dont nous sommes bernés
par le temps qui court. Flaubert à Edma Roger
des Genettes. 30 octobre 1856.
Jean-François Millet Les Glaneuses 1857
Jean-François Millet, LHomme à la houe, 1860
3 Tu verras qu'il m'a fallu descendre bas, dans
le puits sentimental. Si mon livre est bon, il
chatouillera doucement mainte plaie féminine. -
Plus d'une sourira en s'y reconnaissant. J'aurai
connu vos douleurs, pauvres âmes obscures,
humides de mélancolie renfermée, comme vos
arrière-cours de province, dont les murs ont de
la mousse. - Mais c'est long... c'est long ! A
Louise Colet. 1er septembre 1852.
4Ils examinèrent ses robes, le linge, le cabinet
de toilette et son existence, jusque dans ses
recoins les plus intimes, fut, comme un cadavre
que lon autopsie, étalée tout au long aux
regards de ces trois hommes. Madame Bovary
moeurs de province (1857)
5Madame Bovary, ce nest pas moi
Madame Bovary n'a rien de vrai. C'est une
histoire totalement inventée je n'y ai rien ni
de mes sentiments, ni de mon existence.
L'illusion (s'il y en a une) vient au contraire
de l'impersonnalité de l'oeuvre. C'est un de mes
principes, qu'il ne faut pas s'écrire. L'artiste
doit être dans son oeuvre comme Dieu dans la
création, invisible et tout puissant qu'on le
sente partout, mais qu'on ne le voie pas. A
Mlle Leroyer de Chantepie. 18 mars 1857.
6Sculpture de cire représente une langue malade,
appartenant probablement à une personne affligée
dun cancer de la bouche
- Est-ce nourrice qui l'aurait pris ?
demanda-t-elle. - Et, à ce nom, qui la reportait dans le souvenir
de ses adultères - et de ses calamités, Mme Bovary détourna sa tête,
comme au - dégoût d'un autre poison plus fort qui lui
remontait à la bouche. - Berthe, cependant, restait posée sur le lit.
Quand j'écrivais lempoisonnement de Madame
Bovary j'avais si bien le goût de l'arsenic dans
la bouche, j'étais si bien empoisonné moi-même
que je me suis donné deux indigestions coup sur
coup, - deux indigestions réelles, car j'ai vomi
tout mon dîner. A Hippolyte Taine. 20 novembre
1866.
7 Madame Bovary, le porte-parole du romantisme
agonisant?
Il fallut soulever un peu la tête, et alors un
flot de liquides noirs sortit, comme un
vomissement, de sa bouche.
Début dune attaque-criIconographie photographi
que de la Salpêtrière, vol 2