Title: A1263207354PcUbj
1 Evolution de lAménagement forestier Cas de
la France (XIVe-première moitié du XXe siècles)
par
Jean-Yves Puyo Géographe Maître de conférences à
lUniversité de Pau et des Pays de
lAdour jean-yves.pyo_at_univ-pau.fr
2A/ Les temps obscurs de lAménagement forestier
(XIIIe-XVIe siècles) lapparition des premières
normes daménagement
Lart daménager les forêts est né dun besoin
dordre et de la préoccupation de sauvegarder les
nécessités de lavenir, tout en donnant
satisfaction aux exigences du présent .
Adolphe Parade, Notice historique sur lart des
aménagements, 1860.
Ordonnance forestière de 1318 - institue
les Maîtres des Eaux et Forêts, chargés
dappliquer les ordonnances - clarifie
les ventes de bois - recommande la mise en
défens des taillis.
3Une gestion des peuplements se limitant jusque là
à définir des coupes par assiette , ...
cest-à-dire des coupes à blanc étoc soit un
peuplement entièrement récolté sur des surfaces
déterminées . Lucien Bourgenot, Histoire des
forêts feuillues en France, in Eléments
dhistoire forestière, n spécial de la Revue
forestière Française, 1977, pp. 7-26.
Ordonnance de 1346 les coupes devront être
réalisées en rapport avec létat des peuplements
... en regard à ce que les dites forez se
puissent perpétuellement soutenir en bon état .
Sainctyon, Les édits et ordonnances des roys,
1610.
Ordonnance de 1376 définit les premières
normes sylvicoles à appliquer pour assurer la
pérennité des peuplements, soit réserver dans les
coupes huit ou dix baliveaux par arpent (tant
dans les futaies que dans les taillis), tiges qui
seront soustraites des ventes et que les
marchands ont interdiction absolue de couper.
4Ces premières normes, même modestes, impliquaient
davoir une connaissance exacte des propriétés
forestières doù la nécessité de les borner par
des opérations darpentage et den relever les
pourtours.
Plan et arpentage des bois du roi, lieu-dit le
Fonds Maréchal. Boncot, arpenteur juré du
bailliage de Versailles, 1775. AD78, A 96
5Ordonnance doctobre 1561 mise en réserve, pour
croître en futaie, dun tiers des bois domaniaux
mais aussi ecclésiastiques, mesure que prolongea
Henri IV (ordonnance de mai 1597), ... pour
remettre aussi et conserver à lavenir le plus
possible de bois en nature de haute fustaye .
Sainctyon, Les édits et ordonnances des roys,
1610.
Seigneurie de Chevreuse - Domaine de
Coubertin. Plan général d'assemblage des
terres de culture, prairies, bois et réserves.
AD78, D 1659
6Ordonnance de 1563 méthode dexploitation des
bois dite du tire-et-aire, qui constituait à la
fois un mode dexploitation, un type de
sylviculture et une formule simplifiée
daménagement . René Doussot, Cours
daménagement forestier, Nancy, ENGREF, 1993, 26
p. La surface de la forêt concernée par
laménagement est divisée par lâge théorique des
bois (fixé par laménagiste) au moment de
lexploitation finale et le résultat de ce
rapport donne la superficie à récolter chaque
année.
Exemple dune forêt de 200 hectares de taillis
(S) en chêne exploité à 20 ans (A) - la surface à
récolter chaque année (SR) est égale à S/A, soit
200/20 10 ha (ou 20 arpents)
Coupes dites par contenance, réalisées de proche
en proche
7Seigneurie de Rosay et Villette Détail dune
planche issue dun atlas de 9 plans parcellaires
en couleur, 1770. AD78, Suppl. E359
8B/ La mise en ordre des forêts (XVIIe-XVIIIe
siècles) - la Réformation de Colbert
Une prolifération dordonnances (1402, 1515,
1518, 1540, 1543, 1550, 1561, 1563, etc.) sans
grands résultats Déficiences dans la haute
direction, déficiences dans le contrôle, le tout
allant de pair avec des évènements ou une
politique délibérée entravant la gestion
régulière des forêts, tel est le bilan désolant
de la première moitié du 17 siècle . Louis
Bourgenot, Les Eaux et Forêts, de la mort
dHenri IV à la réformation de Colbert
(1610-1661), in Histoire de ladministration
française les Eaux et Forêts, du 12 au 20
siècle, Paris, CNRS ed., 1987, 767 p. (pp.
116-130).
La réformation de Colbert (1661-1680) une
sévère réorganisation de ladministration des
Eaux et Forêts (arrêt du 15 octobre 1661)
une reconnaissance générale des forêts du royaume
(instruction du 10 mars 1663)
9 lordonnance de 1669, sur le faict des Eaux
et Forêts , visant à assurer à long terme tant
lapprovisionnement en bois de marine que la
conservation et lamélioration des forêts du
royaume - renforcement des pouvoirs des
maîtrises des Eaux et Forêts (compétence dans
forêts royales, mais aussi dans les propriétés
ecclésiastiques et privées)
- les coupes réalisées dans les forêts royales
obéissant à un règlement dexploitation, arrêté
en conseil du roi
- dans les forêts royales, ecclésiastiques,
paroisses, communautés et gens de main-morte ,
après reconnaissance des limites et des
peuplements, un quart au moins des bois les
plus bien venant est destiné à être mis en
réserve ( au repos ) pour croître en futaie.
- poursuite des coupes de proche en proche
10Détail de la Carte de la grande forêt de
Lanquais, XVIIe s. AD78, A 328
11Plan des bois de l'abbaye d'Abbecourt XVIIIe
siècle. AD78, 46H13
12LOrdonnance de 1669 entraîne, entre autres, la
relance des opérations de réformation ainsi
quune forte demande en arpenteurs compétents,
manquant parfois. Exemple, cas des Pyrénées
ariégeoises La chaîne ne pourra passer dans
plusieurs cantons dont il faudra lever le
terrain géométriquement pour en faire la
réduction par la solution des triangles .
Christian Fruhauf, Forêt et Société - de la
forêt paysanne à la forêt capitaliste en pays de
Sault sous lancien régime (vers 1670-1791),
Paris, éditions du CNRS, 1980, 302 p.
13Un des grands initiateurs de la cartographie
forestière française, Plinguet, ingénieur en chef
de S.A.S le duc dOrléans Il est on ne peut
plus essentiel, pour ladministration de toutes
les forêts, davoir de chacune un plan général .
14Minute du plan de la forêt de Montfort-l'Amaury,
XVIIIe s. AD78, A 319
15Plan géométral de la seigneurie de Rosay. AD78,
suppl. E 359
16C/ La montée en puissance du Corps des Eaux et
Forêts (1824-1914)
Deux évènements majeurs la promulgation du
code forestier de 1827 - interdiction du
défrichement - soumission des forêts
communales
17Plan daménagement de la forêt communale dArreau
(Hautes-Pyrénées) Coll. de lauteur
18Extrait du plan daménagement de la forêt
communale dArreau (Hautes-Pyrénées) Coll. de
lauteur
19 fondation en 1824 à Nancy de la première école
française consacrée à la science forestière,
toujours en activité (lactuelle ENGREF).
Limpact de la science forestière allemande
20Bernard Lorentz, le grand promoteur de la futaie
régulière Hartig G. L., Instruction sur la
culture du bois à lusage des particuliers,
traduction de J.-J. Baudrillart, Paris,
imprimerie de C. F. Patris, 1805, 173 p.
21Dans les enseignements nancéiens, valorisation de
lobservation et du terrain
Exemple programme des sorties de terrain (les
courses) des étudiants en deuxième année de
formation pour lannée 1882 - topographie
et au nivellement, 10 journées de terrain -
sylviculture, 22 journées - physiologie
végétale, 7 journées - art militaire , 7
journées. soit un total de 54 journées de
terrain
22Rousselet Louis (dir.), Nos grandes écoles
militaires et civiles, Paris, Librairie Hachette,
troisième édition, 1892, 527 p.
23 Larpentage consiste à asseoir sur le terrain
la coupe de lannée suivante. On part avec sa
boussole, sa chaîne darpenteur, les fiches et
les mires. On suit les contours du bois sur tous
les côtés, sauf un, qui sera déterminé par le
graphique. Quand on croit avoir une surface
suffisante, après avoir les orientements et les
longueurs de chaque ligne, on sarrête, on prend
un carton, du papier, des règles, des compas et
des équerres, on fait son plan exact, là, en
forêt on mène la ligne sur le papier elle
doit donner la surface demandée à 1/200e près.
24Rousselet Louis (dir.), Nos grandes écoles
militaires et civiles, op. cit.
25(No Transcript)
26(No Transcript)
27- D/ Milieu montagnard et ressources naturelles
les nouveaux enjeux du XIXe siècle - lépineux problème de la Restauration des
montagnes (politiques RTM) - les travaux dAlexandre Surell
- les nouveaux textes juridiques
- lois du 28 juillet 1860 et du 4 avril 1882
- b) Les initiatives privées liées au
sylvo-pastoralisme - Le cas des fruitières dans les Pyrénées
28c) les associations privées de reboisement -
lexemple de lACAM Après 1870, fondation des
premières associations privées régénérationistes
consacrées à la promotion du reboisement du sol
national, telles la Société forestière de
Franche-Comté et du Territoire de Belfort, la
Société des amis des arbres et du reboisement des
Alpes-Maritimes ou encore la Société forestière
des amis des arbres convaincre le public des
bienfaits du reboisement et () faire pénétrer
le culte de larbre dans lesprit des jeunes
générations.
Les associations de deuxième génération, telles
La Loire navigable, le Sud-Ouest navigable, la
société Gay-Lussac, la société Le Chêne, la
Société dendrologique de France, la Société des
parcs nationaux de France, etc., peu étudiées de
nos jours, au contraire de leurs glorieuses
aînées comme le Club Alpin Français ou le
Touring-Club de France.
29(No Transcript)
30 Triste auteur de sa propre ruine - Les moutons
semblent lui réclamer lherbe absente. On voit
les restes des arbres brûlés par le dernier
incendie que dans son inconscience il a lui-même
allumé.
31Parmi celles-ci, lAssociation Centrale pour
lAménagement des Montagnes (ACAM), fondée à
Bordeaux en 1904 par Paul Descombes, nous semble
des plus pertinentes à étudier pour plusieurs
raisons
Des caractéristiques propres - des
objectifs ambitieux dans le domaine de
laménagement montagnard qui se traduisent entre
autres par lexpérimentation dun modèle novateur
daménagement sylvo-pastoral - un fort
investissement dans la promotion des réalisations
de lAssociation à travers une littérature très
abondante et lorganisation de congrès alors très
renommés - un effort constant de justification
de laménagement prôné, avec une évolution
notable de son argumentaire, dun discours
passionnel à la mise en place (après la Première
Guerre mondiale) dexpérimentations scientifiques.
32- dans sa première période (entre 1904 et 1914),
adoubement des Leplaysiens en fournissant une
tribune nationale mais aussi internationale à des
figures forestières leplaysiennes telles que
Lucien-Albert Fabre ou Pierre Buffault (étudiés
par Bernard Kalaora et Antoine Savoye, La forêt
pacifiée - sylviculture et sociologie au XIXe
siècle) - laction de lACAM présentée au Congrès de 1909
de la Société dEconomie Sociale, consacré à la
désertification des campagnes - mais aussi dans
les colonnes de la Réforme Sociale par Joly de
Sailly (en 1910), forestier leplaysien, délégué
pour Paris de lACAM.
33 de la théorie à la pratique la figure de Paul
Descombes (1854-1924), fondateur de lACAM
(Bordeaux, 21 avril 1904) ancien polytechnicien
et directeur honoraire à la retraite des
Manufactures de lEtat, multicarte membre
du Comité du Sud-Ouest navigable, du Touring-Club
de France, de la Société des chasseurs de France,
de lAlliance scientifique universelle, de la
Société philomatique de Bordeaux, de la Société
de protection du grand coq de bruyères, entre
autres.
Lidée fondatrice gt chercher à concilier en
montagne lactivité pastorale et la forêt, trop
souvent considérées comme antagonistes Les
montagnards sont en réalité les premières
victimes du déboisement et en détruisant les
forêts quils regardent comme tenant indûment la
place de lherbe, ils aggravent la dégradation de
leurs pelouses. Ils tournent ainsi dans un cercle
vicieux en marchant vers un suicide
inconscient. (Descombes, Evolution de la
politique forestière, 1914).
34- Un programme daction de lACAM sarticulant
autour de trois grands axes - - des opérations de terrain
- affermage par des beaux à long terme de terrains
communaux habituellement loués à des
propriétaires de troupeaux transhumants, puis
lancement dopérations visant à améliorer
linfrastructure pastorale (routes, abreuvoirs,
abris pour les bergers) et la qualité agronomique
des pâturages - seul le bétail local est désormais accepté, dans
la limite des capacités de production de ces
terrains - - les parties fortement dégradées sont mises en
défens, débroussaillées puis reboisées.
- des sorties de terrain et des leçons de choses
Les démonstrations les plus évidentes restent
vaines il faut des faits dune clarté
aveuglante. LAssociation a pris pour tâche
principale dorganiser une leçon de choses pour
montrer au plus incrédules les bienfaits que les
populations pastorales ont à retirer dun
reboisement judicieux.
35(No Transcript)
36 - une propagande intensive à différents niveaux
(de léchelon local à linternational) par le
biais de conférences, publications et congrès.
Une production écrite du Président de lACAM
considérable, avec cinq ouvrages et de plus de 50
articles et notes, tant dans les revues
spécialisées que dans la presse généraliste, pour
une période relativement courte
(1904-1923). Lauteur se répète souvent,
pratique quil justifie dans ces termes La
figure de rhétorique la plus énergique est la
répétition, et quand on veut enfoncer un clou, on
na pas à se préoccuper de varier les coups de
marteaux. On frappe au contraire toujours au même
endroit, et le plus fort quon peut. Compte
rendu de lAssemblée Générale de lACAM (février
1907)
37(No Transcript)
38Au final, Descombes caresse lespoir de
transformer les montagnards en vrais auxiliaires
du reboisement Cest la plus grande
difficulté. Elle est immense, et quand on en sera
venu à bout, toutes les autres disparaîtront
comme par enchantement. Paul Descombes, La mise
en pratique du reboisement, 1906.
39 lépisode du premier bail et la fondation de
lACAM
Le périmètre de la Géla (bassin de la Neste,
Hautes-Pyrénées) inhabité, loin de tout village
et fortement dégradé par lactivité pastorale. -
2 000 hectares, habituellement affermés par voie
dadjudication à des propriétaires espagnols y
faisant paître plus de 3000 moutons. - un
périmètre indivis entre deux communes, (Guchan et
Bazus-Aure) tout en étant situé sur le territoire
dune troisième (Aragnouet), soit trois
municipalités à convaincre
Satisfait de sa découverte, Paul Descombes fonde
ensuite son association, ce qui est fait à
Bordeaux le 21 avril 1904, sous le régime de la
loi du 1er juillet 1901 sur les associations
dites à buts non lucratifs. Et suite à
lallocation dune subvention exceptionnelle de
1000 francs par la Chambre de Commerce, lACAM
afferme dès le 29 mai suivant le périmètre de la
Géla, non sans mal
40(No Transcript)
41Territoires de lACAM en 1923
42 les congrès de lAménagement des montagnes et
linfluence leplaysienne
Le discours de lACAM, un savant mélange de
conceptions très orthodoxes alors en cours aux
Eaux et Forêt (comme la responsabilité des
pasteurs sur la dégradation inéluctable des
montagne), combinées à des idées plus
libérales et sociales. Ainsi, Descombes
recommande une plus grande souplesse dans les
opérations daménagement. Lexpérimentation du
modèle sylvo-pastoral, via le rendu visuel du
terrain et les visites des membres de
lAssociation, permet de recueillir les avis de
la population et de moduler ensuite les
opérations prévues. lexpérimentation
psychologique Lorientation de cette mentalité
(de la population locale) dans la voie du progrès
devant rester le but immuable, il est souvent
nécessaire de modifier les projets primitifs,
den abandonner quelques-uns, den improviser
dautres plus conformes aux idées des habitants
ou mieux en harmonie avec leurs coutumes.
43Linfluence le playsienne découlerait des
premières années de lACAM durant lesquelles
cette dernière organisera des congrès nationaux
puis internationaux consacrés à laménagement des
montagnes (1905, 1906 et 1907). Ces
manifestations successives offriront une
formidable tribune aux partisans dun
sylvo-pastoralisme plus social.
- Premier congrès de lAménagement des
Montagnes, Bordeaux (28-29 juillet) 14
forestiers de premier plan sur les 286
participants les conservateurs Charles
Broilliard, Félix Briot, Emile Desjobert,
Joachim-Mathieu Reynard (à la retraite), les
inspecteurs Pierre Buffault, Lucien-Albert Fabre,
Charles Guyot, Emile Cardot, et les gardes
généraux Louis-Ferdinand Tessier et Henri de
Coincy. Seuls Cardot et Tessier ne sont pas
membres de lACAM et on peut y relever ladhésion
de trois forestiers leplaysiens, Fabre, Briot,
Pierre Buffault et Lucien-Albert Fabre. Ce
dernier, dans un mémoire intitulé Lidée sociale
et la protection du sol, sy prononce contre la
nationalisation du sol boisé, solution proposée
par dautres forestiers dits étatistes comme
remède efficace à la dégradation sylvo-pastorale.
44 Second congrès de lAménagement des montagnes
(Pau,15-16 août 1906), amplification des débats
politiques. Lucien-Albert Fabre, Le
mouvement sylvo-pastoral et le programme agro
socialiste en France tout en plaidant la
cause des populations montagnardes, il réitère
son hostilité à toute nationalisation. Il cite
en exemple le cas des populations de Chadun ou de
Castillon-le-désert, vendant à lEtat leurs
territoires dévastés par lérosion afin de
pouvoir émigrer en Algérie dans lespoir dune
vie meilleur Le torrent, qui au dire des
Savoyards, fait le richesse des vallées, se
trouverait faire aussi la prospérité de nos
colonies ! Quelle révolution culturale et
sociale !
45Passe darmes entre le sénateur des
Hautes-Pyrénées, Pédebidou, hostile à
linitiative privée, et le commandant Audebrand
Habitué depuis longtemps à la discipline, je
ne saurais nullement gêné par le régime que
préconise M. Pédebidou (...) Or, M. Fabre nous a
expliqué que la théorie étatiste na produit que
la stérilité. Est-ce là que M. Pédebidou désire
voir se continuer ?
46 IIIe Congrès de lAménagement des montagnes,
devenu entre temps international (Bordeaux,
19-20-21 juillet 1907) la fin dune
époque. Lucien-Albert Fabre Sous prétexte
de faire du reboisement en Savoie, on a reboisé
des vives (brèches). Je ne peux métendre
longuement sur cette question je veux
simplement constater ce fait que la Savoie est le
pays où lon dépense le plus, pays où lon
engloutit des millions et celui où lon reboise
le moins.
47Après 1907 une désaffection subite des
forestiers de lEtat pour lACAM, suite à un
rappel à lordre de la part de la hiérarchie ?
Dans lensemble de ces Congrès, les officiers
forestiers, dabord à la recherche dinitiatives
pouvant prêter leur concours à leur oeuvre
patriotique, ont vu les initiatives se
développer, de plus en plus énergiques, et
quelques-uns ont pu craindre dêtre débordés par
elles. Pour interpréter les événements, il ne
faut pas perdre de vue que les pouvoirs exécutif
et législatif sont foncièrement distincts que
la liberté des fonctionnaires est limitée par
leurs obligations professionnelles (Descombes).
48Conclusion un bilan mitigé
- une évolution importante du discours de
Descombes la dimension humaine des expériences
réalisées par lACAM sestompe progressivement,
désormais remplacée après la Première Guerre
mondiale par une argumentation axée sur la
justification scientifique et économique de
laménagement.
- un homme qui a fini par lasser beaucoup de
monde On trouvait excessive la tendance de M.
Descombes à lier le problème du reboisement à
toutes les questions climatiques, hydrologiques,
industrielles, économiques, sociales qui
sagitaient dans la presse ou les congrès
divers. (Pierre Buffault, Nécrologie de Paul
Descombes, Revue des Eaux et Forêts, janvier
1925) Doù un oubli très rapide de lhomme et
de son oeuvre.
49 - un modèle daménagement sylvo-pastoral repris
toutefois lors de la création de la réserve
naturelle de Néouvielle, P. Chouard signalant que
les expériences passées de lACAM, liées aux
visites fréquentes des botanistes, avaient fait
que la confiance mutuelle était déjà toute prête
pour les prochains pourparlers.
50E/ Un exemple de politique forestière coloniale
atypique Lyautey et le Protectorat
marocain Deux indicateurs simples permettent de
juger, dans le cas de lAfrique du Nord sous
domination française, du degré dacceptabilité
dune réglementation forestière imposée par
lautorité coloniale - le nombre de membres du
corps forestier tués dans lexercice de leurs
fonctions pour toute la période du
Protectorat, un seul meurtre contre plusieurs
dizaines en Algérie
- les superficies forestières incendiées 3 000
hectares par an sous le Protectorat, soit 12 fois
moins quen Algérie et ce, pour un taux de
boisement voisin (Paul Boudy, 1951).
51Explication avancée par le service forestier
marocain le rôle éminemment social alloué aux
aménagements forestiers et affiché par les
forestiers marocains. La forêt est plus
quune richesse matérielle, elle constitue un
bien particulier, irremplaçable, dune utilité
sociale indiscutable, et cest ce caractère enfin
qui confère à la forêt marocaine toute sa valeur
dans la vie du pays, pour laquelle elle constitue
un véritable patrimoine national, dont le prix
justifie bien la vigilante attention dont elle
est lobjet de la part des Pouvoirs
Publics. (Protectorat de la République Française
52Le cas marocain serait-il le prolongement tardif
des conceptions sylvo-pastorales leplaysiennes,
en vogue dans la métropole de 1885 à 1914, mais
très négativement considérées par la haute
administration forestière métropolitaine ?(cf
les travaux de Bernard Kalaora, Antoine Savoye,
La forêt pacifiée, 1986)
Un bilan forestier, à la fin du Protectorat,
globalement positif mais peu connu -
mise en production des forêts de chêne-liège
- fixation des dunes littorales - restauration
des peuplements de cèdre - construction de
460 maisons forestières - ouverture de 6000
kilomètres de chemins de liaison et de tranchées
anti-feu. Etc.
Dans les écrits dorigine forestière, la
conception de cette politique particulière serait
à mettre au seul crédit du corps forestier,
dirigé par Paul Boudy Boudy a conçu un
statut forestier tout imprégné de préoccupations
sociales et appliqué une politique forestière
profondément humaine . Philibert Guinier,
Nécrologie de Paul Boudy , 1958
53Or dans les faits
Rôle crucial joué par la direction des Affaires
indigènes, le général Lyautey assurant ensuite
larbitrage avec le corps forestier.
Objectif de notre recherche revisiter cette
politique forestière à travers le filtre de
linfluence leplaysienne, Lyautey mais aussi le
service des Affaires indigènes étant présentés,
par certains auteurs, comme favorables aux
conceptions leplaysiennes.
54a) lorganisation administrative et politique du
Protectorat - accord franco-espagnol du 27
novembre 1912, établissant le Protectorat de la
France sur une grande partie du Maroc.
- maintient de ladministration chérifienne, à
savoir léchelon politique et judiciaire
indigène , relais de lautorité du sultan
(caïds, jemâas, pachas, cadis).
Un premier niveau chérifien doublé par une forte
ossature française, chargée tant de
lorganisation pratique du pays que
dinsuffler dans la politique indigène lesprit
du Protectorat à la manière de Lyautey (Daniel
Rivet, 2002).
Trois grands pôles
la haute administration du Protectorat,
chapeautée par le Commissaire Résident Général
représente le Sultan pour toutes les questions de
politique étrangère et de sécurité
militaire. Secondé par le Délégué à la Résidence
Générale (directeur administratif des services du
Protectorat).
55 les services de contrôle officiers des
Affaires indigènes et contrôleurs civils
- les officiers exercent dans les régions
soumises à lautorité militaire, à savoir ...
au contact des insoumis, où laction militaire
est prépondérante ... ou encore nécessaire pour
rassurer les indigènes et les confirmer dans
leurs bonnes dispositions ou parer à des retours
de flamme possibles (Roger Homo, 1923).
- le service marocain du Renseignement et des
Affaires indigènes, héritier des bureaux arabes
algériens (1844-1871) Missions renseignement
et surveillance des chefs indigènes - contrôle de
la justice musulmane, des écoles, des mosquées,
du paiement des impôts - exécution des travaux
dintérêts généraux (édifices publics, toutes,
ponts, petite hydraulique, etc.) - surveillance
de létat sanitaire de la population, inventaire
des ressources agricoles, hydrauliques, minière,
de la population - etc.
56Jacques Berque les travaux des officiers des
bureaux arabes (comme Daumas, de Richard, de
Pein, de Hagonnet), ... cautionnés par
laction, procède le thème de la famille
patriarcale. Il na pas cessé de fournir une clé
dinterprétation utilisée jusque dans les
derniers travaux de R. Montagne. ( Cent
vingt-cinq ans de sociologie magrhébine ,
1956) Jacques Frémeaux parmi les officiers
des bureaux arabes, des catholiques peu
pratiquants - un fouriériste déclaré
(Richard) - des francs-maçons imitateurs des
Bugeaud, Pélissier ou Randon - des
saints-simoniens (mais pas de leplaysiens). Pour
des AI du Protectorat, une personnalité très
proche des réseaux leplaysiens, à savoir le
lieutenant-colonel Huot Huot, Lœuvre sociale
de la France au Maroc , conférence au Musée
Social (27 février 1922) Les caractéristiques
essentielles de la politique indigène, a dit le
Maréchal Lyautey, sont la générosité et la
sympathie .
57Jacques Frémeaux parmi les officiers des
bureaux arabes, des catholiques peu pratiquants -
un fouriériste déclaré (Richard) - des
francs-maçons imitateurs des Bugeaud, Pélissier
ou Randon - des saints-simoniens (mais pas de
leplaysiens).
Pour des Affaires indigènes du Protectorat, une
personnalité très proche des réseaux leplaysiens,
à savoir le lieutenant-colonel Huot (successeur
du premier directeur du Bureau des Affaires
indigènes et du Renseignement, le
lieutenant-colonel Berriau). Huot, Lœuvre
sociale de la France au Maroc , conférence au
Musée Social (27 février 1922) Les
caractéristiques essentielles de la politique
indigène, a dit le Maréchal Lyautey, sont la
générosité et la sympathie .
58Missions et devoirs de lofficier des Affaires
indigènes selon Huot il doit défendre les
indigènes contre les abus et les injustices
... comme un tuteur le doit à son Pupille
mais sans toutefois tomber dans
lindigènophilie à outrance Il devra déployer
une activité inlassable pour connaître ses gens,
déterminer leurs besoins, écouter leurs doléances
et y remédier avoir en toutes circonstances de
la clairvoyance et du jugement, un commandement
ferme, calme et juste être surtout dune
dignité morale parfaite.
59(No Transcript)
60La figure magnifiée de lofficier des Affaires
indigènes
61 les services chérifiens à personnel français
(quelques exemples) services financiers
(impôts, douane,...) santé, instruction
publique travaux publics, mines,
urbanisme agriculture, administration forestière
Lyautey, un vrai intérêt pour le domaine
forestier tout ce qui y touchait
... trouvait auprès de lui une audience
favorable ... Tous les grands Gouverneurs
généraux, Lyautey en première ligne au Maroc,
Jonnart en Algérie en début de siècle, Gallieni à
Madagascar, ont été les fermes défenseurs de la
forêt et des forestiers (Auguste Chevalier,
1954).
62 La figure emblématique du corps forestier
marocain, Paul Boudy - avant le Maroc, 12
années dexpérience en Afrique du Nord (Kabylie,
1898-1904 / Tunisie, 1904-1907 / Alger,
1907-1910) - premier directeur de
ladministration forestière marocaine (puis de la
Conservation foncière et du Cadastre) de février
1913 à septembre 1940 - unanimement apprécié
Parfois sans doute quelques-uns, dans la
rigueur et lintransigeance de la jeunesse,
avions-nous pu critiquer certaines concessions
qui froissaient aux nécessités de la politique
à distance, nous devons convenir que seul
lintérêt du service commandait cette attitude et
quen définitive, elle était profitable à la
cause forestière (Boulhol, 1957).
63- des débuts du corps forestier très modestes mais
une rapide montée en puissance - octobre 1913, 2 cadres et 1 brigadier sédentaire
- printemps 1914, 2 cadres, 20 brigadiers et
agents, secondés par 20 cavaliers indigènes
recrutés sur place - septembre 1917, 8 cadres, 66 brigadiers et
gardes français, secondés par 86 gardes et
cavaliers indigènes. - (1945 1 inspecteur général, 8 conservateurs, 18
ingénieurs des travaux, 88 chefs de districts,
421 agents techniques)
64- des cadres forestiers choisis personnellement
par Boudy. - soit des familiers tels Vogeli (inspecteur
principal chargé de la grande région forestière
de Meknès même promotion que Boudy à lEcole
nationale forestière de Nancy) et Martin
(inspecteur à la tête de la chefferie de
Casablanca collègue de Boudy entre 1910 et
1913, à lAdministration centrale des Eaux et
Forêts) - soit des cadres expérimentés, déjà passés par
lAfrique du Nord, comme Ganne de Beaucoudrey (10
ans lAlgérie), Labas (inspecteur à la tête de la
chefferie de Fez, précédemment en poste à
Constantine ou encore Lanoine (inspecteur
adjoint à Azrou, venu de la conservation dOran).
65- des premiers temps marqués par les opérations
de soumission au Makhzen (à létat chérifien) de
tous les peuplements forestiers marocains
(circulaire vizirièle du Ier novembre 1912)
reconnaissance, bornage puis progressivement,
mise en place de plans daménagement destinés
tant à pérenniser quà développer la ressource
forestière.
Une soumission prévue de façon graduelle, au gré
de lévolution de la situation politique des
périmètres forestiers concernés Larticle 2
est nouveau et spécial au Maroc. On ne peut en
effet, pour de multiples raisons de politique
indigène, songer à appliquer de plano le régime
forestier à toutes les forêts domaniales. Ce
serait retomber dans les erreurs de
ladministration algérienne. Un semblable régime
ne peut être appliqué que graduellement, par voie
darrêté spécial, lorsque les circonstances
permettront de lintroduire dans une région
déterminée. (Direction des Affaires
chérifiennes, 1917)
gt au final, en 1946, intégration de 3 9000 000
hectares
661 la zone sub-littorale où domine le chêne-liège
2 la zone du Moyen-Atlas comprend les forêts
de montagne, composées principalement de cèdre,
présent de 1250 à 2500 mètres daltitude,
associé, selon les stations, à diverses autres
essences chêne-vert, chêne-zéen, genévrier
thurifère et de Phénicie, pin dAlep et pin
maritime 3 la zone du grand Atlas,
caractérisée par le thuya et le chêne vert 4
la zone de larganier, en bordure sud du
Grand-Atlas.
67b) les premiers arbitrages de Lyautey visant à
préserver et à développer la ressource forestière
sensibilisation des autorités militaires à la
préservation des ressources forestières -
protection des cèdraies du Moyen-Atlas De gros
arbres sont abattus pour obtenir un seul madrier
(Lyautey, 1913). Aussi, interdiction de cette
essence pour la construction, les services
militaires du Génie ainsi que ceux du
Renseignement devant désormais se procurer
exclusivement des bois importés. Le recours aux
essences communes (chêne vert) est limité aux
avant postes militaires, en bordure des zones
séditieuses
appui politique fort au tout jeune corps
forestier auprès tant des autorités militaires
que du service des Affaires indigènes.
68exemple de laffaire de Merzaga - juin
1914, visite de Paul Boudy dans les suberaies de
Merzaga devant létat préoccupant des
peuplements, il prend la décision dy affecter un
brigadier dorigine indigène. Avis très
défavorable de lofficier des Affaires indigènes,
répercuté à léchelon supérieur par le général
Garnier du Plessis qui, dans un courrier à
Lyautey, souligne ... les multiples
inconvénients qui en résulteraient, à savoir
lingérence dun brigadier indépendant du
Commandement dans les Affaires des tribus. -
arbitrage de Lyautey qui demande un rapport
complet sur cette affaire à Paul Boudy (août
1915). Les conclusions de ce mémoire reçoivent
lappui total du directeur des Affaires
indigènes, le lieutenant-colonel Berriau.
69- septembre 1915 courrier rugueux de Lyautey
à Garnier du Plessis. - Dans les faits, le Résident Général reprend
texto le mémoire de Boudy et donne une
véritable leçon à Garnier du Plessis en matière
daménagement forestier colonial
Lexpérience a montré que les commandants de
territoire, quelle que soit leur bonne volonté,
nont ni le temps nécessaire, ni la compétence
spéciale voulue pour exercer par eux-mêmes un
contrôle effectif et technique sur les
exploitations forestières.
mais aussi de physiologie végétale ! 1
larbre écorcé sur pied est voué à une mort
certaine, 2 il disparaît sans laisser de rejets,
3 avec lécorcement sur pied, on retire à peine
le quart du rendement que larbre fournirait sil
était exploité dune façon rationnelle.
70En conclusion lautorité territoriale devra
désormais prendre lavis du Service forestier
avant toute exploitation tout en facilitant leur
tache en faisant visiter les chantiers
dexploitation par les agents techniques, ...
afin de sassurer que leurs prescriptions ont été
respectées .
71c) lélaboration dune réglementation forestière
spécifique poids des Affaires indigènes et
volonté dapaisement social Le dahir du 10
octobre 1917
- un souci général de simplification 84
articles contre 190 pour la loi forestière
algérienne
- grâce à linsistance de Berriau, une large
reconnaissance des droits dusages (pâturages en
forêt, ramassage du bois mort, bois de charrue,
glandée, etc.) Il est certain que les tribus
Zaïan, par exemple, vivent presque uniquement de
glands et il sera impossible de les priver de
cette ressource au cours des années difficiles
qui suivront leur soumission et où elles auront à
se refaire économiquement. Dune façon générale,
dailleurs, il faut tenir compte du tempérament
très fruste, très indépendant des montagnards
marocains, de leurs moyens dexistence vraiment
précaires où la forêt joue un grand rôle et
établir nos textes en conséquence.
72- une politique sylvo-pastorale très novatrice et
ambitieuse - des colons européens théoriquement exclus
des forêts - un droit de parcours en forêt inaliénable,
inextensible et ne pouvant être cédé sur des
cantons forestiers non mis en défens (peuplements
de plus de 5 ans) pour une tribu ou fraction de
tribu ... ayant de temps immémorial lhabitude
dy venir transhumer . - une réglementation souple dans ses modalités
dapplication, au gré des soumissions des tribus
différentes régions marocaines - des pénalités en cas de délits forestiers
notablement réduites par rapport aux législations
forestières en cours en Algérie ou même en
métropole
73 En cas denlèvement de bornes, de labour en
forêt, de coupes de bois, les amendes sont moitié
moindres que dans la législation algérienne en
outre, la peine demprisonnement le plus souvent
obligatoire, dans cette dernière, ets toujours
facultative dans la loi marocaine. De même, en
matière de pâturage, les peines ont été très
notablement réduites. Lauteur, forestier
(sûrement Boudy), précise quelles visent
beaucoup moins les indigènes marocains ...
qui, en tant quusagers ont droit au pâturage et
ne se trouveront en délit quen cas de parcours
dans les cantons défensables, que les Européens,
qui ont une fâcheuse tendance à considérer le
forêt comme une dépendance naturelle de leurs
forêts. (juillet 1917, commentaires du futur
dahir sur laménagement des forêts marocaines)
74Conclusion peu de certitudes et encore beaucoup
de questions
la réglementation sylvo-pastorale marocaine,
important vecteur dapaisement Au Maroc,
la situation est, à cet égard, tout autre quen
Algérie toute lacuité du problème forestier
algérien gravite en effet autour de
linterdiction du pâturage en forêt, alors quau
Maroc, le parcours est autorisé, sauf dans les
coupes pendant quelques années (ce qui ne
représente quune surface peu importante). Il
sen suit quen Algérie, les forêts brûlent,
alors quil ny a pas dincendie au Maroc. Paul
Boudy, long courrier au directeur des Affaires
indigènes (18 novembre 1933)
sur un plan plus général, laménagement
forestier français, en particulier les pratiques
sylvo-pastorales, constitue un domaine fécond
pour lanalyse des réseaux leplaysien. Or, dans
le cas marocain, nous avons une politique qui
saffiche clairement sociale, mais sans relation
avec les réseaux leplaysiens.
75 le contenu indéniablement social de la
réglementation forestière marocaine ne peut être
alloué au seul corps forestier cest plutôt la
récurrence, durant tout le Protectorat, des
luttes dinfluence entre les forestiers et les
Affaires indigènes (contrôle militaire et
civil) qui a permis darriver à un certain
équilibre . Pour le futur, se pencher sur la
formation théorique des officiers des Affaires
indigènes et des contrôleurs civils.
76 limportance du rôle joué par Lyautey qui a
croisé, tout au long de sa vie, les réseaux
leplaysiens, depuis le Cercle catholique de
Montmartre, fréquenté lorsquil était jeune
saint-cyrien, jusquau Musée social, côtoyé dans
les années 1920.
En parallèle, Daniel Rivet souligne que les plus
grands admirateurs de Lyautey en France seraient
les membres du Musée Social Ces hommes de
qualité apprécient loccasion fournie au Maroc
par Lyautey de retremper la France dans un bain
dénergie réparateur. (cf A. de Tarde, Le Maroc,
école dénergie, Plon, 1923) Mais surtout, ces
hommes épris de réalisations admirent le dont de
Lyautey de régénérer et de créer. Finalement,
pour une certaine droite au seuil des années 20,
préoccupée de concilier tradition et modernisme,
fidélité aux valeurs ancestrales et
renouvellement par emprunts à lexpérience
américaine, Lyautey est un modèle.
77- au final, si le bilan dressé de la politique
forestière marocaine fait apparaître une certaine
originalité et réussite, notamment par rapport au
voisin algérien, nous estimons que ce résultat
découle dun conditionnement philosophique
général des services du Protectorat. - Aussi, serions-nous en présence dune nébuleuse
réformatrice (Topalov) lyautésienne ,
fortement teintée de leplaysisme pratique ?
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