Title: COMMENT DEPISTER LA DEPRESSION CHEZ LADOLESCENT
1COMMENT DEPISTER LA DEPRESSION CHEZ LADOLESCENT
?
- Pr. Philippe DUVERGER
- 3ème Journée de Formation Médicale Continue
- Faculté de Médecine dAngers
- Le 8 Janvier 2009
2DEFINITION
- La DEPRESSION à LADOLESCENCE
- Maladie ? Ou Mal-être ?
- Moment de vie ? Ou Période dadolescence ?
- Pathologie avérée ? Ou Souffrance passagère ?
- ? Expression daffects sous plusieurs masques
- Tristesse et morosité Normalité
- Crise anxio-dépressive
- Épisode Dépressif Majeur (Dépression) Pathologie
3La Dépression
- Elle repose sur plusieurs facteurs
- Vulnérabilités neurobiologiques
- Rôle de lhérédité
- Aspects développementaux
- Facteurs environnementaux
- Mécanismes psychopathologiques.
4La Dépression
- Dun point de vue psychopathologique, qui dit
dépression dit perte (réelle ou fantasmatique)
dun objet (au sens psychologique) dont le deuil
est (pour le moment) impossible. - Et à ladolescence
- ? Perte dobjet au niveau du corps (de la
relative quiétude infantile) - ? Perte dobjet au niveau des parents
(Détachement des objets oedipiens, des amours
infantiles) - ? Perte dobjet au niveau du groupe (Des idéaux,
des aspirations culturelles - Groupe de pairs) - ? Perte dobjet au niveau de Soi (Renoncement et
choix / Bi-sexualité psychique).
5LAdolescence
- Problématiques psychodynamiques à ladolescence
- Identité / Identifications
- Sexualisation
- Perte et deuil
- Narcissisme
- Angoisse
- Séparation / Individuation
- Dépendance (affective) / Autonomie
6LAdolescence
- Avec surtout, une double remise en question
- Narcissique (Relation à soi, intimité, soi,
fantasme) - Relations dobjet (Ouverture sur le monde,
relation aux autres, extimité, autre, réalité) - ? Équilibre instable (qui pose la question du
passage par lautre) entre - Le familier (tout vu, tout compris, tout su) et
létrange (angoisse, étrange, glauque,
Jhallucine ! ) - Lexcitant et le frustrant
- Lagréable et lhostile, etc
7LAdolescence
- A cet équilibre (narcissico-objectal) instable,
deux issues - Le sabotage devant limpuissance, la perte de
maîtrise et le vécu insupportable
enfermement, fuite en avant, destructivité,
rupture, lâchage ( Lâche-moi ! ) - ? Les 3 D Défi, Déni, Délit
- Ex. Aymeric, Barbara
- Une créativité pour se donner une valeur et
cest le partage, linvention, la création, la
rêverie Mais cest aléatoire ! - Ex. Marion
8Adolescence et dépression
- Ladolescence agit comme un révélateur et un
interrogateur de la qualité des identifications
et de façon plus générale des intériorisations. - Si fragilité du monde interne
- ? Propension à la Dépressivité
- Porte dentrée à la Dépression ?
9Le diagnostic de dépression à ladolescence
- Est un diagnostic difficile
- Qui repose sur une double évaluation
- Descriptive sémiologique
- Compréhensive psychopathologique
- Qui comporte 2 risques
- Confusion entre tristesse et dépression
- Méconnaissance et banalisation donc sous
estimation (y compris par le patient lui-même) - Et avec un enjeu majeur le risque suicidaire
10Trois modalités dexpression des affects
dépressifs à ladolescence
- Trois masques cliniques différents
- ? Tristesse et morosité
- ? Crise anxio-dépressive
- ? Épisode Dépressif Majeur (Dépression)
11I - Tristesse et Morosité
- Ambiance dépressive marquée démergences
affectives fréquentes avec - Ennui ( Ça ne sert à rien ! )
- Manque dintérêt et anhédonie ( Jai pas envie
! ) - Passivité Attente vague de quelque chose et
incapacité à tolérer cette attente ( Jsais
pas ! ) - Moments de tristesse, de cafard ( Jen ai marre
! ) - Irritabilité ( ça ménerve ! )
- Et parfois des crises de larmes inopinées
- ? Un regard dévalorisant porté sur soi-même,
qui vient colorer de déplaisir les
représentations, les activités et les affects
12Tristesse et Morosité
- La tristesse est une expérience humaine maturante
dune grande banalité surtout dans le milieu
familial - MAIS - Fluctuations
- - Influence du milieu extérieur
- - Énergie partiellement conservée
- - Qualité des relations amicales.
- A noter
- Des représentations dépressives et impulsions
possibles. - Le problème de la chronicité et de la répétition.
13La difficulté ?
- Faire la part des choses entre
- Crise dadolescence / Adolescent en crise ?
- Variation de la normale / Pathologie dépressive
débutante ? - Fragilité psychique / Processus pathologique ?
- Syndrome de Menace dépressive ?
- ? A évaluer cliniquement à plusieurs reprises
- Surtout si persistance des symptômes et
interférence sur la vie scolaire et les loisirs.
14II - Crise anxio-dépressive
- Conjonction de pensées anxiogènes,
envahissantes (peur de lavenir, de ne pas être à
la hauteur, de craquer) - Et de pensées tristes, voire dépressives.
- Avec
- Des somatisations fréquentes
- Des troubles du sommeil
- Une perte dappétit
- Deux remarques Il sagit de moments de
crise , cest-à-dire de panne de sens , de
représentations. - - Passage obligé à ladolescence Mais avec un
risque potentiel de fixation pathologique. - - Risque d auto thérapie (Alcool, drogues,
Internet)
15III - Épisode dépressif majeur
- État quotidien et durable, depuis plus de 2
semaines, avec - Humeur dépressive, pessimisme, souffrance morale
marquée - Perte dintérêt et de plaisir
- Sentiment de dévalorisation, de faute,
culpabilité - Diminution de laptitude à penser ou à se
concentrer - Pensées sur la mort, récurrentes Idées
suicidaires - Ralentissement et inhibition psychomotrice
- Irritabilité, agressivité, agitation, hostilité,
refus de contact - Difficultés de concentration / Fuite, évitement
- Fatigue chronique
- Troubles du comportement alimentaire (anorexie ou
boulimie) - Troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie)
16Épisode dépressif majeur
- Changement par rapport à un état antérieur,
constaté par ladolescent ET par lentourage. - Ces symptômes induisent une souffrance
cliniquement significative (verbalisée ou non)
et/ou une altération de fonctionnement social,
scolaire - Les symptômes ne sont pas imputables aux effets
physiologiques dune substance ou à une maladie. - Les symptômes ne sont pas mieux expliqués par un
deuil.
17Contrairement à ladulte
- La plainte dépressive verbalisée est
exceptionnelle - Et au contraire, lexpression clinique se
caractérise par - Refus de contact / Repli ( Laissez-moi
tranquille ! ) - Déni ( Tout va bien ! )
- Peu de culpabilité plutôt sentiment
dinfériorité et de dévalorisation ( Je ny
arrive pas je ne pourrais jamais ) - Inhibition psychique / Sentiment dattente
- Plaintes somatiques floues / Somatisations
(filles) - Irritabilité / Hostilité
- Peu de ralentissement psychomoteur, ou qui passe
inaperçu (car mis sur le compte dune inertie,
dune paresse, dune indifférence) - Voire impulsivité ? Risque de passages à
lacte - ? Fugues, vols, TS
18Épidémiologie
- Taux de prévalence
- Morosité Dépressivité 30 - 40
- Épisode dépressif majeur 5 -7 , avec 2 ? pour
1 ? - ? Sous évaluation du diagnostic de dépression
chez ladolescent. - Comorbidité et difficulté du diagnostic
- 50 à 70 des adolescents avec un EDM ont un
trouble associé troubles anxieux, troubles du
comportement, consommation de produits Parfois
au devant de la scène - ? Méconnaissance durable de la dépression chez
ladolescent. -
19Pour le diagnostic
- Le diagnostic est clinique, doù limportance de
lentretien clinique avec ladolescent(e). Cela
nécessite - ? Un climat de confiance
- ? De lempathie
- ? Du temps
- ? Un dialogue avec
- Une exploration claire et
- Des questions ouvertes
- ? Sans les parents
20Remarques
- En pratique courante
- Pas déchelles (Recherche).
- Pas de tests psychométriques.
- Pas de scanner !
- La consultation 30 - 45 minutes.
- ? Si pas le temps Fixer un autre RDV
21Pour le diagnostic
- Explorer systématiquement
- 1 - Le symptôme - La plainte éventuelle
- 2 - Le contexte
- La famille
- La scolarité
- Les activités extra scolaires / Sociales
- 3 - Lintime
- Puberté / Sexualité
- La Santé psychique (le moral) et physique
(acné) - Le Sommeil et lAlimentation
- Lhygiène et les habitudes de vie
- Les consommations (Produits, Internet)
22Pour le diagnostic
- Et évaluer particulièrement
- Les répercussions scolaires (infléchissement des
résultats, absentéisme) - Les investissements et activités extrascolaires
(arrêt) - La qualité des relations familiales et des
relations aux pairs, aux parents (isolement,
repli) - Les capacités délaboration et le vécu subjectif
- Les projections sur lavenir (projets)
- Les troubles comorbides
- Lidéation et les velléités suicidaires
23La consultation dévaluation
- Doit prendre en compte la double réalité
- Réalité externe (familiale, médicale, scolaire,
corporelle) et - Réalité interne (psychique)
- A parfois des effets thérapeutiques.
- Est parfois une première occasion pour le jeune
de parler de son monde interne, de ses affects,
de ses émotions, de ses pensées, ses rêves Sans
être jugé ni être pris dans un relation
dautorité - Et doit sinscrire dans un projet et un cadre
thérapeutique (prise en charge bifocale). - Doit faire une place aux parents.
24Derrière la dépression, la question du suicide
- Bien repérer et distinguer
- Les idées suicidaires
- Les conduites suicidaires
- Les tentatives de suicide
25Idées suicidaires
- Différencier les pensées sur la mort (classiques)
et les idées de suicide (problématiques) - Élaboration mentale consciente dun désir de mort
(actif ou passif) - Idées de se tuer - Idées (parfois exprimées) de la manière dy
parvenir Projet suicidaire. - ? Importance si durables et intenses.
26Conduites suicidaires
- Conduites à risque qui témoignent dun désir de
mort inconscient, dun jeu avec la mort. - Ces conduites, tout comme certaines lésions ou
attaques auto-infligées du corps
(scarifications), non suicidaires, ne doivent pas
être considérées comme des tentatives de suicide - Appel à vivre, voire appel à laide qui sollicite
une reconnaissance, qui doit interpeller - Il y a toujours une souffrance psychique sous
jacente.
27Tentatives de suicide (TS)
- Tout acte délibéré par lequel un individu met sa
vie en jeu, consciemment, soit de manière
objective, soit de manière symbolique et
naboutissant pas à la mort. - Conduite pathologique
- Rarement un désir de mort chez ladolescent !
Mais un désir de vivre et de se sentir exister,
autrement. - Pose toujours le problème de lintentionnalité
- Place du passage à lacte et de limpulsivité.
28Passage à lacte et impulsivité
- Une tentative de rupture
- Une panne de sens
- Une recherche de temps
- Un court circuit de la pensée, de la vie
mentale - Une rupture avec un fonctionnement habituel ?
Jai disjoncté ! Jai pété les plombs ! - Qui nest pas un choix
- Mais une manière den finir, avec quelque chose
- Le passage à lacte est du côté de langoisse. Il
nest pas synonyme de pathologie psychiatrique
29Passage à lacte chez ladolescent
- Un moyen dexpression privilégié
- Une réponse à un sentiment dimpuissance
- Une traduction de lintensité de ses tensions
- Une conduite active / vécu de passivité
- Une tentative daffirmation de soi
- Une source dexpérience, souvent initiatique
- Un moyen de confrontation
- Un essai de séparation, dautonomisation
- Un bricolage inconscient
30Dépistage Signaux dalerte
- Les propos ou écrits
- Les comportements de retrait et de repli
- Les conduites agressives, violentes,
destructrices - Consommations répétées (Produits, Internet)
- Symptômes à expression somatique répétés
- Certains troubles neuropsychiques
31DANGER
- De la précocité dapparition des conduites à
risque - (Avant 15 ans)
- De lintensité des symptômes
- De leur atypicité
- De leur ampleur, de leur extension, de leur durée
- De la répétition (des passages à lacte)
- Du cumul des facteurs de risque
- Des explications linéaires et causaliste
- (Un train peut en cacher un autre)
- Enfin, le danger de minimiser
32Traitement de la dépression à ladolescence (1)
- Quel cadre ? Quels moyens ?
- Par le médecin généraliste ou le psychiatre ?
- Psychothérapies ou non ? Lesquelles ?
- Médicaments ? Antidépresseurs ?
- intervention sur lenvironnement ?
- Prise en charge des comorbidités ?
- Hospitalisation ? Où ?
- Sans oublier la Prévention
33Traitement de la dépression à ladolescence (2)
- Se préoccuper, avoir le souci de Et cest déjà
soigner - Commencer par décrire. Prêter son psychisme ,
pour relancer la pensée. - Traduction et non interprétation Écoute à
haute voix - Retisser du lien Sans lâcher (contenir sans
détenir) - Temps et disponibilité
- Ladresse à un collègue psychiatre ne doit pas
être vécu par ladolescent comme un lâchage. - Le problème des urgences Rendez-vous
téléphoniques (?) -
- ? Le danger, cest quand il ny a plus de
plaintes.
34Bibliographie
- AFSSAPS. Mise au point le bon usage des
antidépresseurs chez lenfant et ladolescent.
12 p. 2008. - Alvin P, Marcelli D. Dépression de ladolescent.
Médecine et santé de lAdolescent. Ed. Masson,
2000, 17, 151-161. - Catry C, Braconnier A, Marcelli D. Dépressions à
ladolescence. EMC Psychiatrie/Pédopsychiatrie,
37-214-A-10, 2007. - Corcos M, Jeammet P. Les dépressions à
ladolescence. Ed. Dunod, Paris, 2005. - Marcelli D, Berthaut E. Dépression et tentatives
de suicide à ladolescence. Ed. Masson, Paris,
2001. - Revol O, Desombre H. La dépression de
ladolescent. Actualités en Psychiatrie de
lEnfant et de lAdolescent. Médecine Sciences.
Ed. Flammarion, Paris, 2001, 26, 262-276.