Title: Les plantes mdicinales issues des zones humides
1Les plantes médicinales issues des zones humides
- A loccasion de la Journée mondiale des zones
humides, 2 février 2008
Réalisé avec le soutien de
Par Francis Muller, coordinateur du Pôle-relais
tourbières, docteur en pharmacie
2La convention de Ramsar et la journée mondiale
des zones humides
- La convention sur les zones humides (dite de
Ramsar) est entrée en vigueur en 1975. Elle sert
de cadre daction pour la conservation et
lutilisation rationnelle des zones humides et de
leurs ressources. Elle compte des pays membres
dans toutes les régions du monde.
Les zones humides, ce sont
Les mares
Les annexes des rivières
Les tourbières
Les marais de lintérieur
Les marais littoraux
La journée mondiale des zones humides a en 2008
pour thème Notre santé dépend de celle des
zones humides
3La valeur des zones humides, avec le cas des
tourbières valeur biologique
Intérêt pour la flore vasculaire
Espèces rares et protégées spécifiques des
tourbières
6 des espèces leur sont inféodées
espèces boréo-alpines, atlantiques ou
hyperatlantiques
6 des espèces de la Liste rouge nationale (27)
espèces témoins de lépoque glaciaire
Ligulaire de Sibérie, ph. F. Muller
9 des espèces protégées au niveau national (39)
Pas plus de 0,2 du territoire métropolitain
français mais
- De nombreuses
- espèces animales
- dépendent des tourbières
- invertébrés en voie de disparition
- - rôle important pour certains vertébrés
16 des classes phytosociologiques présentes
4Valeur économique des tourbières
Paysage original (promenade) et valeur
biologique et écologique
Chasse, pêche,
Pharmacologie
Pâturage par vache gasconne, Le Port 09
Terreaux à base de tourbe et sphaignes
Économie agricole fourrage, litière,
Combustible,
5 Autres valeurs des tourbières
valeurs fonctionnelles
Contribution à la filtration et à lépuration des
eaux
Régulation du régime hydrologique local
(notamment des débits détiage) et mondial
Contribution à la régulation du climat
Stockage du carbone elles contiennent 20 à 35
du carbone de la biosphère terrestre
(IGBP/Wetlands International)
CO2
valeurs historiques et archéologiques
Biomasse
La tourbe est riche en éléments fossilisés, comme
les pollens Successions végétales retrouvées sur
plus de dix mille ans
6Usages autres que médicinaux des plantes des
zones humides
- Plantes comestibles
- Certaines plantes des zones humides sont
comestibles pour tout ou partie, en des
préparations diverses
Hierochloe odorata, herbe à bisons, marais de
Névache 05, ph J Cholet
Ph. Fr. Muller, Estonie
Canneberge et camarine, RN Tanet-Gazon du Faing
88, Ph. JC Ragué
7propriétés autres que médicinales des plantes des
zones humides
Plantes magiques
Magie, croyances et usages médicinaux ont été
longtemps confondus!
En Pologne, les lutins redoutaient, dit-on, les
baies dairelles des marais jetées devant la
porte, qui les faisaient tomber quand ils
revenaient, ivres davoir bu une eau-de-vie
dérobée
Airelle des marais, Ph. Fr Muller,
Lac-des-Rouges-Truites 39
Lycopodiella inundata, ph J Cholet/FMuller 88
Ciguë, Ph. P. Collin
Ciguë, Ph. Fr Muller, Maastricht nl
Les lycopodes étaient des herbes du mauvais
chemin, ils égaraient le voyageur qui posait le
pied dessus
Si les plantes utiles sont légion, les zones
humides recèlent aussi nombre de plantes
toxiques, dont la ciguë de Socrate, laconit, les
prêles despèces aquatiques etc..
Rituels de guérison avec le houblon, dont on
brûlait les cônes dans la chambre du malade, ph
L. Delafollye
8Doù nous viennent les plantes médicinales?
- La connaissance des plantes médicinales provient
beaucoup de lexpérience empirique accumulée au
cours des siècles
Elle est maintenant passée à lépreuve des essais
scientifiques, qui peuvent aussi découvrir les
propriétés de plantes jadis méconnues.
On procède aussi maintenant à une imitation du
vivant, en synthétisant des molécules proches de
celles trouvées dans la nature.
aconitine
Les zones humides ont été mises à contribution
mais davantage de plantes proviennent des milieux
que lhomme fréquentait le plus (abords des
villages, parcours de animaux, lisière des bois)
Ph Espaces Naturels dAquitaine
9Récolte et usage des plantes médicinales
- Beaucoup de plantes sont issues de cueillettes
dans la nature dautres sont cultivées.
Culture dairelles rouges Estonie, ph Fr. Muller
On peut parfois sélectionner des variétés riches
en les principes actifs recherchés
On détermine les parties de la plante les plus
aptes à être utilisées et la période de récolte
Gélules de poudres de plantes Sirop et pâtes
homéopathiques ph M. Hurtu
On sèche avec soin (souvent) ou on réalise des
préparations on vérifie la conformité
déchantillons.
On utilise la plante sous différentes formes
tisanes, comprimés, granules homéopathiques
(après dilution dune teinture-mère), pommades,
etc..
10Monographies de plantes médicinales Laulne
(Alnus glutinosa), Bétulacées
Parties utilisées les écorces des jeunes
rameaux, les feuilles
Principe actif tanin, salicoside (fébrifuge,
antispasmodique)
Propriétés fébrifuge
photo Jean-François Cart
photo Fr Muller, Montbé 58
Les bouleaux (Betula sp.) sont dautres
Betulacées pouvant vivre en zones humides
utilisés comme plantes médicinales (bourgeons,
écorces ou sève), en dépuratif, cholérétique,
cicatrisant, stimulant
photo ENC
11Le frêne (Fraxinus excelsior), Oléacées
Parties utilisées les semences, les feuilles
les bourgeons (gemmothérapie et homéopathie)
Principe actif glucosides, sucre, résine, acide
malique
Propriétés astringent, diurétique, laxatif,
sudorifique,
La frênette est une sorte de limonade
rafraîchissante préparée avec les feuilles
12Le saule blanc (Salix alba), Salicacées
Parties utilisées lécorce, éventuellement la
feuille
Principe actif tanin, salicoside (fébrifuge,
antispasmodique)
Le saule, vu par les anthroposophes, dessin W.
Roggenkamp
Grippe, états infectieux, rhumatismes
Salicoside
Aspirine
Saule à 5 étamines, photo F Muller,
Fort-du-Plasne 39
13Les peupliers (Populus sp.), Salicacées
Parties utilisées les bourgeons et le charbon
de bois
Principe actif glucosides, tanins, huiles
essentielles
Parties utilisées les bourgeons fluidifiant
bronchique, analgésiques utilisés en
gemmothérapie contre les artérites des jambes (P.
nigra) Le charbon de bois absorbant, contre les
troubles digestifs
Peupliers en vallée dAuthie 62 Photo F.
Muller, FCEN
Feuillage de tremble Populus tremula Peupliers
noirs aux Arsures 39, Photos P. Collin, ENC
14La bourdaine (Rhamnus frangula), Rhamnacées
Partie utilisée écorce des rameaux conservée au
moins 1 an avant emploi
Principes actifs composés anthracéniques
(rhamnosides, frangulosides)
Laxatif ou purgatif (traitement non prolongé).
Lécorce fraîche a un effet drastique.
Bourdaine envahissante au marais de Chautagne
après coupe 73, photos E. Bouron, CPNS
Bourdaine, photos L Delafollye, ENC et G. Lemoine
15Le houblon (Humulus lupulus), Cannabinacées
Photos Sylvain Gaudin, CRPF CA
Les cônes, la plante étant cultivée (Alsace,
Flandres) ou sauvage (liane au bord des rivières)
Huile essentielle à terpènes résine avec
principes amers instables
Une autre liane, la vigne sauvage (Vitis vinifera
sylvestris, Vitacées) vit, comme le houblon, dans
les vallées alluviales boisées encore préservées
(bords du Rhin)
Effets eupeptiques et arômes (bière) Sédatif
léger (emploi traditionnel dans des oreillers)
photos L. Delafollye, ENC
16La bruyère cendrée (Erica cinerea) La callune
(Calluna vulgaris), Ericacées
Callune et sphaignes, Géradmer 88 Photo J.
Cholet, FCEN
Parties utilisées les sommités fleuries
Substances actives du tanin, de larbutoside
Usages astringent, diurétique, antiseptique des
voies urinaires
Erica cinerea, Photo L. Gartempe
Erica tetralix, photo Fr. Muller, Allemagne
Callune, photo ENC
17Lairelle rouge (Vaccinium vitis-idaea) Ericacées
Partie utilisée les feuilles, les fruits
Principes actifs acides organiques, tanin, . Un
glucoside larbutoside
Astringent (diarrhées), antiseptique (cystites),
dépuratif, hypoglycémiant,
Ces 3 plantes sont protégées dans certaines
régions ou départements
Alesund no Photo JC Ragué
Usages Protecteur vasculaire, améliorant de la
vue (vit. A et C)
Dautres Ericacées
Usages Inflammations des voies urinaires
(cystites, urétrites)
Myrtille Vaccinium myrtillus et Raisin dours
Arctostaphyllos uva-ursi, TGF 88 Photos JC
Ragué
18Le lédon (Ledum palustre), Ericacées
Plante non indigène en France (régions boréales).
Partie utilisée feuilles et sommités fleuries
Principes actifs une huile essentielle à
terpènes, des tanins et flavonoïdes
Ledum palustre - Cena (Lettonie) ph F Muller
Utilisation Astringent En homéopathie,
souvent contre les rhumatismes, articulations
douloureuses, gonflant et froides au toucher
Vu par W. Roggenkamp
Employé en Amérique du nord sous le nom de Thé
du Labrador
19Les rossolis (Drosera sp.), Droséracées
La plante entière. Peut servir sous forme de
teinture fréquente en homéopathie
Plantes protégées au niveau national
Naphtoquinones, qui se montrent antispasmodiques
voire antibiotiques
Usage antitussif (toux de type coqueluche),
antiseptique
Ce nest quà la fin du XIXe siècle quon a
découvert quil sagissait de plantes carnivores!
D. intermedia, La Bresse88 Photo J.C. Ragué
D. rotundifolia, plateau des Allebasses 63,
Photo J. Cholet, FCEN
20Les grassettes (Pinguicula sp.), Lentibulariacées
P. vulgaris est protégée dans 8 régions
Parties utilisées feuilles fraîches ou séchées
Usages adoucissante, antispasmodique, béchique,
cicatrisante
Principes actifs mucilage, tanins, saccharose,
enzymes
Photo P. Collin
Pinguicula grandiflora, Andorre, ph Fr. Muller
Plantes carnivores excrétant des enzymes par leur
feuilles
21Le nymphéa (Nymphaea alba), Nymphéacées
Partie utilisée la fleur
Alcaloïdes (proches de ceux du nénuphar jaune)
Sédatif nerveux (emploi traditionnel dans des
oreillers)
Photo P. Collin
Photo JC Ragué
Nénuphar jaune (Nuphar lutea), ph Hervé Georget
10
Plante protégée dans 1 région, le nénuphar jaune
dans 4
22Le trèfle-deau (Menyanthes trifoliata),
Ményanthacées
Partie utilisée la feuille
Photo CSN Picardie
Photo P. Collin
Hautes-Alpes, Photo Pierre Bonnel, Holocène.
Photo JC Ragué
Principes amers (hétérosides)
Tonique amer employé dans les troubles digestifs
également en homéopathie
23La bistorte (Polygonum bistorta), Polygonacées
Parties utilisées la plante entière ou le
rhizome
Principes actifs du tanin, surtout dans le
rhizome
Surtout dans certains troubles intestinaux. A
servi comme tonique dans la prévention de la
tuberculose avant lavènement des antibiotiques
Pré humide à bistorte, Fort-du-Plasne 39, photo
F. Muller
Vallée du Risse 74, photo J. Cholet
Tourbière du Creux 39 ph E. Sardet
photo P. Collin
Son nom lui vient de sa racine doublement tordue.
La plante est un hôte pour de nombreux papillons
comme le cuivré de la bistorte (Lycaena helle).
Ici Clossiana selene
24La ficaire (Ficaria ranunculoides), Renonculacées
Partie utilisée la racine (tubercule allongé).
Principes actifs saponosides triterpéniques
Isoprène, structure en C5, base des triterpènes
en C30 (dont les stérols)
Améliorant de la circulation veineuse, surtout
contre les hémorroïdes (pommade) Cest lune des
rares renonculacées pouvant être comestibles
(jeune)
Photo L. Delafollye, ENC
25La valériane (Valeriana officinalis),
Valérianacées
Partie utilisée la partie souterraine
(malodorante!) à létat frais
Huile essentielle avec entre autres de
lisovalérate de bornyle
Effets antispasmodiques et neurosédatifs.
Hypnotique léger
Cest là lune des herbes à chats, attirant ces
animaux
Une epèce voisine, Valeriana repens, photo
Sylvain Gaudin, CRPF CA
26La reine-des-prés (Filipendula ulmaria), Rosacées
Principe actifs un précurseur du salicylate de
méthyle, un glucoside
Partie utilisée les sommités fleuries, à
lodeur agréable, à sécher et à utiliser
rapidement
Photo A. Laforest
Diurétique, antirhumatismale dans dassez
nombreuses tisanes. Employée comme complément
dans les régimes amaigrissants
Photo CPNCA R. Leconte
27La consoude (Symphytum officinale), Borraginacées
Létymologie de Consoude et de Symphytum se
rapporte aux propriétés cicatrisantes de la plante
Partie utilisée rhizomes et racines, à bien
sécher (feuilles pour consommation)
Principes actifs beaucoup de glucides dont un
abondant mucilage de lallantoïne
Usages émolliente par son mucilage, béchique
cicatrisante par son allantoïne (plaies et
ulcères en usage externe) Feuilles comestibles
Source Robert Quinche Heilpflanzen für Dich,
Ringier Verlag, 1976
Photo L. Pont
28Leupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum),
Astéracées
Partie utilisée feuilles avant floraison,
racines (malodorantes)
Principes actifs résines, tanins, huile
essentielle, inuline, fer
Utilisations apéritive, cholagogue, laxative,
stimulante
Dans les marais pâturés, leupatoire est refusée
par les animaux et peut rester abondante dans les
parties assez piétinées.
photo ENC
29Langélique (Angelica archangelica), Apiacées
Angélique archangélique cultivée, source Tela
Botanica
Parties utilisées fruits, feuilles fraîches et
racines. Jeunes tiges et pétioles en confiserie
Huile essentielle à terpènes résine avec
principes amers instables
Usage médicinal eupeptique et carminative
Angélique confite et liqueur, photo Ambassade des
confréries
Plante protégée dans 2 régions
Angélique sauvage Angelica sylvestris, source
Tela botanica
30La gratiole (Gratiola officinalis),
Scrophulariacées
Partie utilisée plante fleurie
Plante protégée au niveau national
Principes actifs cucurbitacines, principes
amers triterpéniques (surtout abondants chez les
Cucurbitacées)
Usages (limités vue la toxicité) purgatif
violent, dans certaines affections digestives
Ph CPNCA
Source Tela botanica
Source Flore de lAbbé Coste
Ph Jean-François Cart
31La salicaire (Lythrum salicaria), Lythracées
Ph Virginie Pierron
Partie utilisée sommités fleuries, jeunes tiges
feuillées
Principes actifs une grande quantité de tanins
galliques
Ph Hervé Georget
Utilisation antidiarrhéique, hémostatique
Plante commune et classique en Europe elle est
devenue une envahissante en Amérique du Nord
après introduction
32La salicorne (Salicornia herbacea), Chénopodiacées
Partie utilisée plante entière
Ph F. Muller, Vic sur Seille 57
Elle est riche en iode, phosphore, calcium,
silice, zinc, manganèse ainsi qu'en vitamines A,
C et D
Parfois utilisée comme diurétique, dépurative,
reminéralisante Plante comestible (au vinaigre p.
ex.)
Le nom traditionnel de passepierre se rapportait
à la capacité quelle aurait eu à dissoudre les
calculs
Source Tela botanica
33Losmonde royale (Osmunda regalis), Osmondacées
Partie utilisée rhizomes et feuilles, à sécher
rapidement
Principes actifs tanins
Plante protégée dans certaines régions
Utilisation astringent, dépuratif, purgatif,
tonique
Ph Virginie Pierron Corse
34Le lycopode en massue (Lycopodium clavatum)
Lycopodiacées
Partie utilisée les spores très fines, poudre
jaune imperméable à leau
On utilise simplement laction isolante de la
poudre
RN Tanet-Gazon du Faing 88 Photo J. Cholet, FCEN
Emploi surtout externe pour protéger lépiderme
dans les irritations ou certaines affections
cutanées. Usage fréquent en homéopathie divers
symptômes liés au foie, à la digestion et à la
dépression nerveuse
35Menaces sur les espèces médicinales des zones
humides et leurs habitats
Si beaucoup despèces de zones humides sont
communes et peu menacées, dautres le sont
- par la destruction des habitats drainage,
plantations, dépôts de gravats, ordures,
urbanisation
- par la destruction directe arrachage, pour
usage médicinal ou autre, par transplantation ou
cueillette abusive
Photo P. Collin
36La protection des plantes médicinales de zones
humides et de leurs habitats
- - La loi protège plusieurs des plantes concernées
- Des arrêtés préfectoraux limitent certains
prélèvements (par exemple pour le Ményanthe dans
le département de la Meuse) - Les sites dintérêt naturel peuvent être
protégés de manière réglementaire (réserves) ou
par des acquisitions ou locations de terrains,
assorties dune gestion appropriée.
Source V. Fers, RNF, in Zones humides Infos
Ph Fr. Muller
- Mais la vigilance reste nécessaire pour
défendre ces milieux, en France et dans le monde
37Parmi les ouvrages consultés
- BEZANGER-BEAUQUESNE L. et al., 1986, Les plantes
dans la thérapeutique moderne, 469 p., Maloine. - COLLECTIF, 1995, Secrets et vertus des plantes
médicinales, Sélection du Readers Digest, 464 p.
- CUNNINGHAM S., 1987, Lencyclopédie des plantes
magiques, Sund éd., 508 p. - PELIKAN W., 1958/1986, Lhomme et les plantes
médicinales, 3 tomes, 956 p., Triades éd. - VALNET J. Phytothérapie, traitement des maladies
par les plantes, 639 p., Le livre de poche. - Merci aux auteurs des photos utilisées, à G.
Barnaud (MNHN), P. Collin et léquipe dENC, M.
Hurtu, J.C. Ragué