Title: Ma
1(No Transcript)
2Programmes de maîtrise et de doctorat en
démographieFécondité et familleCours 9Séance
du 11 mars 2014
Benoît Laplante, professeur
3Théories
- Laction rationnelle et lapproche
micro-économique
- Lexplication économique et la rationalité
- Exemples dexplication économique en démographie
- Lacteur rationnel hors de léconomie la
sociologie compréhensive de Weber - La genèse de lacteur rationnel en économie
- La société de marché comme projet politique
- La théorie de la famille de G. Becker
4Lexplication économique et la rationalité
- Ces deux notions sont reliées mais distinctes.
- Toutes les explications économiques ne reposent
pas sur lhypothèse de lacteur rationnel - La macro-économie peut se passer de lhypothèse
de lacteur rationnel. - Marx propose une explication économique ( Les
rapports de production sont le moteur de
lhistoire. ) qui se passe également de
lhypothèse de lacteur rationnel. - Lhypothèse dun acteur rationnel nest pas
utilisée quen économie - La sociologie compréhensive de Weber pose que les
actions humaines sont interprétables du point de
vue de la finalité. - Cela dit, lhypothèse de lacteur rationnel est
au cœur à la fois - de la théorie économique et politique de la
société de marché et - du modèle néo-classique qui demeure le plus
couramment utilisé en économie de nos jours.
5Quelques explications économiques en démographie
- John C. Caldwell, Theory of Fertility Decline.
- Linversion des flux de capitaux
intergénérationnels. - La fécondité est élevée lorsque les parents
profitent du produit du travail des enfants - elle est faible lorsque les parents subviennent
aux besoins des enfants sans espoir de retour. - Richard A. Easterlin, Birth and Fortune.
- La fécondité sajuste aux attentes formées dans
lenfance et à leur réalisation dans les
conditions économique de lâge adulte. - Ester Boserup, Population and Technical Change.
- Les relations entre linnovation technologique,
la diffusion de la technologie et la croissance
la population.
6Quelques explications économiques en démographie
- Becker, Gary S., The evolution of the family
dans A treatise on the family, enlarged edition
(p.342-379). Cambridge MA Harvard University
Press 1993. - Oppenheimer, Valerie Kincade. 1994. Womens
rising employment and the future of family in
industrial societies, Population and Development
Review, 20 293-342. - Oppenheimer, Valerie Kincade .1997. Womens
employment and the gain to marriage The
specialization and trading model , Annual Review
of Sociology, 23 432-453.
7La rationalité
- Quest-ce que la rationalité?
- En sciences sociales, on trouve au moins deux
types de réponses - Linterprétation à la Weber , dérivée de la
philosophie et - qui est une critique ou une réponse à la
seconde - Le paradigme de lhomo œconomicus et son rapport
à la rationalité dans la pensée occidentale - qui est de loin la plus répandue, la plus
communément admise et la mieux partagée.
8Maximilian Weber (1864-1920)
9Maximilian Weber (1864-1920)
10Maximilian Weber (1864-1920)
11Maximilian Weber (1864-1920)
12Maximilian Weber (1864-1920)
13La rationalité dans la pensée occidentale
- LÉvangile selon Saint-Jean, chapitre 1
14La rationalité dans la pensée occidentale
- Eusèbe de Césarée, Louanges de Constantin La
Théologie politique de lEmpire chrétien, 25
juillet 336
15(No Transcript)
16La rationalité dans la pensée occidentale
- Dieu et son Fils.
- La Raison est le Fils.
- La Raison a créé lunivers.
- La Raison gouverne lunivers.
- Le Fils occupe la seconde place dans le royaume
paternel. - La Raison est laffaire de lunivers créé, pas du
royaume paternel qui existe au-delà.
17La rationalité dans la pensée occidentale
- Il sagit dun héritage du stoïcisme.
- Le divin est Raison et la Raison est divine.
- En conséquence, lunivers est intelligible parce
quil sidentifie à la Raison. - La pensée occidentale du début de lère
chrétienne admettait la Raison (le ?????) comme
démiurge, c.-à-d. comme divinité seconde et
subordonnée créatrice du monde. - Le christianisme joue sur les deux sens du mot
????? ( raison et parole ) pour identifier
le ????? - au Fils unique de Dieu (monogène) de lÉvangile
et - à la Parole par laquelle le Dieu de la Genèse
crée lunivers. - Le ????? est la Raison divine (ou divinisée) et
personnalisée et - le christianisme est la religion de la raison
divine (ou divinisée) incarnée.
18La rationalité dans la pensée occidentale
- La nature rationnelle du Fils, et donc de Dieu,
permet de penser la nature comme Raison et les
lois comme divines - Fondement intellectuel de la causalité et du
finalisme - Les théologiens catholiques aiment bien
distinguer - le Dieu chrétien identifié à la Raison
- dont la création est régie par des lois
rationnelles et intelligibles - du Dieu de lislam identifié à la Volonté
- dont la création est perpétuée à chaque instant
par sa Volonté.
19David Hume
20David Hume (1711-1776)
- La raison vaut pour le vrai, pas pour le bien ou
le beau
- Reason is the discovery of truth or falshood.
Truth or falshood consists in an agreement or
disagreement either to the real relations of
ideas, or to real existence and matter of fact.
Whatever, therefore, is not susceptible of this
agreement or disagreement, is incapable of being
true or false, and can never be an object of our
reason. Now it is evident our passions,
volitions, and actions, are not susceptible of
any such agreement or disagreement being
original facts and realities, compleat in
themselves, and implying no reference to other
passions, volitions, and actions. It is
impossible, therefore, they can be pronounced
either true or false, and be either contrary or
conformable to reason -
- A Treatise of Human Nature (1739-1740), Book III
Of Morals, Part I Of Virtue and Vice in General,
sect. I Moral Distinctions Not Derived From
Reason.
21David Hume (1711-1776)
- La raison vaut pour le vrai, pas pour le bien ou
le beau
- This argument is of double advantage to our
present purpose. For it proves DIRECTLY, that
actions do not derive their merit from a
conformity to reason, nor their blame from a
contrariety to it and it proves the same truth
more INDIRECTLY, by showing us, that as reason
can never immediately prevent or produce any
action by contradicting or approving of it, it
cannot be the source of moral good and evil,
which are found to have that influence. Actions
may be laudable or blameable but they cannot be
reasonable Laudable or blameable, therefore, are
not the same with reasonable or unreasonable. The
merit and demerit of actions frequently
contradict, and sometimes control our natural
propensities. But reason has no such influence.
Moral distinctions, therefore, are not the
offspring of reason. Reason is wholly inactive,
and can never be the source of so active a
principle as conscience, or a sense of morals. -
- A Treatise of Human Nature (1739-1740), Book III
Of Morals, Part I Of Virtue and Vice in General,
sect. I Moral Distinctions Not Derived From
Reason
22David Hume (1711-1776)
- La raison vaut pour le vrai, pas pour le bien ou
le beau
- La pensée chrétienne a conservé de la pensée
antique lidée que la raison permet de découvrir
le bien. - Hume soppose à lidée que la raison puisse
servir à déterminer ce qui est bien (et
indirectement également le beau). - En conséquence, dans laction, la raison ne peut
servir à déterminer les fins, elle ne peut servir
quà choisir les moyens darriver aux fins. - On parle donc de rationalisme instrumental et
dacteurs rationnels intrumentalistes.
23David Hume (1711-1776)
- La pensée chrétienne a conservé de la pensée
antique lidée que la vraie liberté consiste à
agir selon la conception du bien que permet de
découvrir la raison. - La Raison et la Révélation ne sopposent pas. La
Raison permet de retrouver ce que dit la
Révélation. - Dans le monde antique, la recherche de la vérité
et du bien par lexercice de la raison est
laffaire de chacun. - Dans le monde catholique, énoncer ce qui est bien
et vrai, et le prouver par la raison sont des
privilèges de lÉglise. - La vraie liberté consiste à suivre librement
lenseignement de lÉglise.
24Adam Smith
25Adam Smith (1723-1790)
- The whole of the advantages and disadvantages
of the different employments of labour and stock
must, in the same neighbourhood, be either
perfectly equal or continually tending to
equality. If in the same neighbourhood, there was
any employment evidently either more or less
advantageous than the rest, so many people would
crowd into it in the one case, and so many would
desert it in the other, that its advantages would
soon return to the level of other employments.
This at least would be the case in a society
where things were left to follow their natural
course, where there was perfect liberty, and
where every man was perfectly free both to choose
what occupation he thought proper, and to change
it as often as he thought proper. Every mans
interest would prompt him to seek the
advantageous, and to shun the disadvantageous
employment. - An Inquiry into the Nature and Causes of the
Wealth of Nations, Book 1, Of The Causes Of
Improvement In The Productive Powers. Of Labour,
And Of The Order According To Which Its. Produce
Is Naturally Distributed Among The Different
Ranks Of The People . Chapter 10 Of Wages and
Profit in the different Employments of Labour and
Stock
26Adam Smith (1723-1790)
- As every individual, therefore, endeavours as
much as he can both to employ his capital in the
support of domestic industry, and so to direct
that industry that its produce may be of the
greatest value every individual necessarily
labours to render the annual revenue of the
society as great as he can. He generally, indeed,
neither intends to promote the public interest,
nor knows how much he is promoting it. By
preferring the support of domestic to that of
foreign industry, he intends only his own
security and by directing that industry in such
a manner as its produce may be of the greatest
value, he intends only his own gain, and he is in
this, as in many other cases, led by an invisible
hand to promote an end which was no part of his
intention. Nor is it always the worse for the
society that it was no part of it. By pursuing
his own interest he frequently promotes that of
the society more effectually than when he really
intends to promote it. - An Inquiry into the Nature and Causes of the
Wealth of Nations, Book 4, Of Systems Of
Political Economy , Chapter 2 Of Restraints
upon the Importation from Foreign Countries of
such Goods as can be produced at Home
27Adam Smith (1723-1790)
- Smith propose une conception de la société régie
par des mécanismes naturels de régulation au
niveau de lensemble de léconomie fondés sur la
quête individuelle de lintérêt par des acteurs
rationnels instrumentalistes dont la liberté
nest pas entravée par lautorité. - Le monde social est régie par des lois naturelles
rationnelles et connaissables. - Ces lois disent quon atteint le plus grand
bien-être social lorsquon laisse les individus
libres de satisfaire leur intérêt personnel. - Lautorité qui entrave la liberté au nom du bien
commun éloigne la société du plus grand bien-être
plutôt quelle ne len rapproche. - Sa conception est systémique avant la lettre.
28Lutilitarisme
- Lutilitarisme est une doctrine développé dans le
monde anglo-saxon. - Elle est dérivée de lépicurisme antique.
- Lépicurisme pose que le but de la vie humaine
est de rechercher le plaisir et de fuir la
souffrance. - Lépicurisme soppose notamment au stoïcisme.
- On accorde généralement à Jeremy Bentham
(1748-1832) la paternité de lutilitarisme. - Louvrage le plus marquant est cependant celui de
John Stuart Mill (1806-1873), Utilitarianism,
publié entre 1861 et 1863.
29John Stuart Mill
30(No Transcript)
31(No Transcript)
32John Stuart Mill, LUtilitarisme, 1861
33Thomas Jefferson
34Thomas Jefferson, 1776
- La déclaration dindépendance des États-Unis
dAmérique
- We hold these truths to be self-evident, that
all men are created equal, that they are endowed
by their Creator with certain unalienable Rights,
that among these are Life, Liberty and the
pursuit of Happiness.--That to secure these
rights, Governments are instituted among Men,
deriving their just powers from the consent of
the governed, --That whenever any Form of
Government becomes destructive of these ends, it
is the Right of the People to alter or to abolish
it, and to institute new Government, laying its
foundation on such principles and organizing its
powers in such form, as to them shall seem most
likely to effect their Safety and Happiness
35Le marginalisme et la maximisation
Mark Blaug, Economic Theory in Retrospect, p. 279.
36Le marginalisme et la maximisation
Mark Blaug, Economic Theory in Retrospect, p.
280-281.
37(No Transcript)
38Le marginalisme et la maximisation
39Le modèle néo-classique
- Ce quon nomme le modèle néo-classique est à la
fois une théorie scientifique de la société et un
programme politique. - Il considère que la rationalité et
lintelligibilité de lunivers compris comme
création rationnelle de la raison divine - est remplacée par la rationalité instrumentale
dacteurs individuels créés libres et égaux en
droit, dont la conjonction des actions
individuelles mène au meilleur usage possible des
ressources.
40Les fondements naturels du modèle
néo-classique
- Armen Alchian
- Uncertainty, Evolution and Economic Theory ,
Journal of Political Economy, 1950. - Milton Friedman
- Essays in Positive Economics (1953)
41(No Transcript)
42Armen A. Alchian (1950)
43(No Transcript)
44- La société de marché est-elle naturelle ?
45Thomas More (1478-1535)
46Karl Polanyi (1886-1964)
47Karl Polanyi (1886-1964)
48- La théorie de la famille de G. S. Becker
49(No Transcript)
50A Treatise on the Family
Gary Becker, A Treatise on the Family, enlarged
edition, Cambridge MA, Harvard University Press,
1991, p. ix-x.
51A Treatise on the Family
Gary Becker, A Treatise on the Family, enlarged
edition, Cambridge MA, Harvard University Press,
1991, p. ix-x.
52(No Transcript)
53 The demand for children
54 The demand for children
- Leffet du prix et leffet du revenu
- Rappel de Malthus
- Lorsque les revenus baissent parce que
laccroissement de la population dépasse celui
des subsistances, les mœurs (report du mariage et
baisse de la fréquence des rapports sexuels) et
la misère (la mortalité et notamment la mortalité
infantile) entraînent la réduction de
laccroissement de la population. - Les mœurs seraient le principal facteur de
réduction de lexcès de population si la demande
denfants était élastique au revenu. - Rappel de Darwin
- Si la fécondité se transmet dune génération à
lautre, les populations doivent être
principalement composées dindividus féconds. - Ainsi formulées, aucune des deux théories ne peut
expliquer la baisse séculaire de la fécondité des
sociétés européennes puisque le revenu des
familles a augmenté au cours de cette période.
55 The demand for children
- La quantité et la qualité des enfants
- On peut reformuler ces théories en distinguant le
nombre des enfants (leur quantité) et les
ressources que les parents consacrent à chacun
(leur qualité). - Dans la mesure où lusage des ressources
(dépensées en éducation et en attrait )
augmente la probabilité que lenfant ait lui-même
des enfants, la représentation des parents dans
la génération suivante augmente même si le nombre
de leurs enfants est réduit. - La famille maximise une fonction dutilité qui
comprend le nombre des enfants ( leur quantité,
n), les ressources consacrées aux enfants (leur
qualité, q) et les quantités dautres biens (Z1 à
Zm)
56 The demand for children
- Becker se concentre tout dabord sur la seule
quantité. - Le budget peut alors sexprimer comme suit
- La demande denfants dépend alors du prix relatif
de lenfant (qui varie dune famille à lautre)
et du revenu I. - À revenu constant, laugmentation du prix de
lenfant réduit la demande denfants et augmente
la demande dautres biens. - On a longtemps eu plus denfants à la campagne
quà la ville parce que le prix des enfants y
était plus faible, en partie parce que
lalimentation et le logement étaient moins chers
à la campagne quà la ville et en partie parce
que les enfants contribuaient à la production
familiale. - La différence entre le coût des enfants à la
ville et le coût des enfants à la campagne a
diminué lorsque lagriculture est devenue trop
complexe pour y faire participer les enfants et
quil est devenu impératif déduquer les enfants,
notamment parce que léducation prolongée coûte
plus cher à la campagne quà la ville à cause de
la faible densité de la population.
57 The demand for children
- Laide aux mères de famille monoparentales réduit
le coût des enfants, réduit la participation des
femmes au marché du travail et augmente les
naissances illégitimes. - Léducation des femmes augmente la valeur du
temps des femmes et donc le coût des enfants. La
baisse séculaire de la fécondité sexplique en
partie par léducation des femmes.
58 The demand for children
- L interaction de la quantité et de la
qualité
- Becker réécrit ensuite léquation de budget de
manière à tenir compte de la différence entre la
qualité et la quantité des enfants. - La qualité et la quantité des enfants doivent
être pensés comme des biens qui peuvent se
substituer lun à lautre. À revenu constant, on
choisit plus de lun lorsquon choisit moins de
lautre et inversement.
59 The demand for children
60 The demand for children
- Dans une équation où la demande de quantité
dépend du prix de la qualité et la demande de
qualité dépend du prix de la quantité, la
variation même faible du prix de la quantité ou
du prix de la qualité peut entraîner une
substitution importante. - Une petite augmentation du prix de lenfant peut
entraîner une demande beaucoup plus grande pour
la qualité. - Une petite diminution du rapport du coût marginal
de la qualité à son coût moyen pourrait également
entraîner une demande beaucoup plus grande pour
la qualité. - Ces deux effets pourraient expliquer à la fois la
baisse générale de la fécondité et laugmentation
générale de la scolarisation.
61Léconomie comportementale
- Critique radicale du postulat de rationalité
- Les personnes nagissent pas comme des acteurs
rationnels - Pour rendre compte de leurs comportements, il
faut étudier comment ils prennent vraiment leurs
décisions. - Les personnes prennent leurs décisions en suivant
des règles empiriques, pas en analysant
rationnellement chaque situation. - Lien amusant avec le marketing
- Le marketing consiste à amener le consommateur à
choisir un produit peu importe que la décision
dacheter ce produit soit rationnelle pour lui - Léconomie comportementale ressemble un peu à du
marketing inversé.
62Léconomie comportementale
- La recherche sest surtout développée dans le
secteur de la finance, en réaction à lhypothèse
du marché efficient - Le marché boursier est efficient parce que les
acteurs disposent de toute linformation
disponible et prennent les meilleures décisions à
partir de cette information. - Les fluctuations sont dues à de nouvelles
informations, imprévues, et donc les cours
évoluent de manière essentiellement aléatoire. - Le Nobel déconomie de 2013 a récompensé
- Eugene Fama qui a formulé lhypothèse et
- Robert Shiller qui a montré quelle ne tenait pas
la route.
63Dan Ariely, The upside of irrationality the
unexpected benefits of defying logic at work and
at home, New York Harper, 2010.