Title: Socio-constructivisme et socio-cognitivisme
1Socio-constructivisme et socio-cognitivisme
- Apprentissage et psychologie sociale
2lexique
- Le constructivisme, théorie de lapprentissage, a
été développé, entre autres, par Piaget en
réaction au behaviorisme. - Le constructivisme suppose que les connaissances
de chaque sujet ne sont pas une simple "copie" de
la réalité, mais une "(re)construction" de
celle-ci. Le constructivisme s'attache à étudier
les mécanismes et processus permettant la
construction de la réalité chez les sujets.
- Le cognitivisme s'inscrit dans les courants
psychologiques et neurophysiologiques en
cherchant à comprendre la genèse du
fonctionnement du cerveau et de ses
manifestations psychiques.
- Le socio-constructivisme est centré sur
l'apprenant. - C'est l'élève qui apprend par l'intermédiaire de
ses représentations initiales.
3plan
- Lexique
- Introduction Quest ce quune compétence?
- I Du constructivisme piagetien au
socio-constructivisme de Vygotski - L'idée fondamentale du socio-constructivisme ou
socio-cognitivisme - 1 La théorie socioculturelle de Vygotski
- 2.Les liens entre apprentissage et développement
- 3 Le symbolique le langage, le signe
- 4 La zone proximale de développement ou zone de
proche développement.4.1 Généralités 4.2.La
définition - 5. De linter à lintra individuel.
- 6. La médiation, le guidage
- 7 .1 Le conflit socio-cognitif
- 7.2. Les conditions du conflit sociocognitif
- 8.Les progrès cognitifs.
- Conclusion
4Introduction
- Comprendre le rôle de lenvironnement social dans
les apprentissages de lindividu est une des
ambitions majeure de la psychologie de
léducation. - Le socio-cognitivisme partisan de
linteractionnisme social considère linteraction
de lindividu avec le milieu social comme la
composante déterminante de ses acquisitions
cognitives. - A linteraction sujet objet du comportementalisme
et approche développementale, lapproche
socio-cognitive introduit sujet, objet, autrui. - En proposant une approche psycho-sociale des
activités cognitives, le socio-constructivisme
remet en cause des modèles psychologiques du
développement cognitif, centrés sur des
mécanismes individuels, et remet au goût du jour
des approches théoriques qui insistent davantage
sur les dimensions sociales dans la formation des
compétences.
5Quest ce quune compétence?
- Il est commun de parler de compétence, ou encore
de compétences professionnelles. Lindustrie
admet que la compétence est avant tout le
savoir-faire en situation. Des travaux récemment
publiés, et très discutés, évoquaient même que le
savoir-être nexiste pas ! Aspect difficile à
entendre pour les métiers du soin ! Cet article
se propose de définir la compétence
professionnelle, en trois notions communément
admises par la plupart des auteurs modernes. - Rémi Gagnayre, Jean-François dIvernois ( ADSP
N52 Septembre 2005). distinguaient trois notions
dans la compétence professionnelle des soignants
appliquée à léducation thérapeutique mais tout à
fait transférable à ce contexte - Dans la mesure où ces compétences sadressent à
des professionnels, notre définition empruntera
aux travaux des domaines des sciences de
léducation, de la psychologie du travail et de
la didactique professionnelle .
6La définition de la compétence professionnelle
sappuie sur trois notions.
- La première la compétence est proche dun
système intégré de savoirs au sens large (savoir,
savoir-faire, savoir-être,) comme le signale F.
Chenu Chenu F., Vers une définition
opérationnelle de la notion de compétence,
Éducation permanente, n 162, p. 201-208 . - Cette notion se retrouve en partie dans la
définition de R. Wittorski Wittorski R. Analyse
du travail et production de compétences
collectives, Paris, Ed. LHarmattan, 1997.
Wittorski R. 1998 La compétence correspond à
la mobilisation dans laction dun certain nombre
de savoirs combinés de façon spécifique en
fonction du cadre de perception que se construit
lauteur de la situation .
7- La seconde la compétence permet daboutir à une
performance, laquelle pour certains auteurs ne
représente que sa part observable voire
mesurable. - De plus, cette compétence est mobilisable dans
plusieurs contextes professionnels ou familles de
situations. - Cependant, pour que les deux notions précédentes
prennent effet, il est important dy adjoindre
une troisième. Une compétence requiert pour son
acquisition et sa mise en oeuvre que le
professionnel soit en mesure de mener une
activité réflexive au cours même de sa
réalisation ou après celle-ci.
8Est compétent un professionnel qui
- 1 Mobilise et organise différents savoirs et
gère les émotions révélées au cours de leur
acquisition et de leur mobilisation. - 2 Analyse le contexte dans lequel il utilisera sa
compétence pour rester performant. - 3 Régule sa compétence au cours même de sa
réalisation et lanalyse à distance tant sur le
plan de son processus que de sa performance - 4 Transfert cette compétence dans différentes
familles de situations, tout en gardant un niveau
de performance attendu. - 5 Sait que toute famille de situations suscitera
des conflits de nature éthique questionnant alors
la valeur de sa compétence.
9Premier point Du constructivisme piagetien au
socio-constructivisme de Vygotski
- Vygotski expose sa thèse générale du
développement cognitif à travers les rapports de
la pensée et du langage la vraie direction du
développement de la pensée ne va pas de
lindividuel au social mais du social à
l individuel 1 - Piaget décrit le développement comme une
construction interne du sujet, issue de
linteraction avec les objets, Vygotski
lenvisage comme lappropriation de la
connaissance élaborée dans les interactions
sociales.
10Second point Deux grands courants actuels ont
mis en évidence les insuffisances du
constructivisme piagétien
- Il s'agit
- d'une approche cognitiviste, s'intéressant à
l'étude des processus strictement
intra-individuels, aboutissant à des
conceptualisations théoriques particulièrement
riches - d'une approche psycho-sociale, mettant l'accent
sur l'origine sociale de l'intelligence et
étudiant les processus socio-cognitifs de son
fonctionnement et du développement (3). - C'est cette dernière qui sera développée ici.
11L'idée fondamentale du socio-constructivisme ou
socio-cognitivisme
- est qu'il est nécessaire de passer d'une
psychologie"binaire" (interaction individu-tâche)
à une psychologie"ternaire" interaction
individu-tâche-alter (4). - Le développement ne peut plus être considéré
comme indépendant de l'apprentissage, et
l'apprentissage ne peut pas être seulement une
relation"privée" entre un enfant et un objet.
121 La théorie socioculturelle de Vygotski
- Les thèses développées par Vygotski sur la
construction sociale des fonctions cognitives ont
aujourdhui une audience majeure en psychologie
du développement. - On la retrouve dans léducation par le rôle
prévalant accordé à lintervention de ladulte
dans la progression des apprentissages de
lenfant. Cest une approche socio historique. - Vygotski inscrit la question du développement
dans une perspective à la fois sociale et
culturelle. - A l'origine du développement, les connaissances à
acquérir sont extérieures à lindividu et
matérialisées dans les œuvres humaines (la
littérature, les œuvres dart, le langage) - Ce processus de développement est composé de 2
composantes primordiales les systèmes symboliques
et linteraction sociale.
132.Les liens entre apprentissage et développement
- Vygotski défend la thèse selon laquelle il ne
peut y avoir de développement cognitif sans
apprentissage et les processus dont il dépend
relèvent donc d'une analyse ternaire des
relations individu-tâche-alter au cours
d'interactions de guidage (au sens large). - Cette position s'oppose à la conception
behavioriste maturationniste du développement
intellectuel et à la conception piagétienne, qui
certes reconnaît que les facteurs de milieu (dont
l'éducation) influencent ce développement, mais
qui ne fait pas dépendre le développement
cognitif de processus constructeurs intégrant des
variables sociales, réelles ou symboliques (19).
14- Pour Vygotski, le développement des fonctions
mentales supérieures (la mémoire, le langage, la
conscience, ne seraient possibles que par la
manipulation des systèmes symboliques (ou
sémiotiques) (le langage, lécriture, les
nombres). - Lapprentissage des signes est un enjeu capital
du développent individuel. Le rôle des signes est
fondamental car il permet une série de contrôle
sur autrui, sur le comportement, et sur la
pensée. - Par exemple, lécrit dont lappropriation et la
maîtrise permettent pas seulement dexprimer la
pensée mais surtout de lorganiser et de la
réguler. - Pour Vygotski toutes les fonctions psychiques
supérieures (attention, mémoire, volonté, pensée
verbale,...) sont directement issues de rapports
sociaux par transformation de processus
interpersonnels en processus intrapersonnels
153 Le symbolique le langage, le signe
- Instrument psychologique de premier ordre, le
langage occupe une place exemplaire dans ce
schéma développemental. - Moyen dinteraction avec autrui, le langage
remplit alors une fonction externe, qui va
progressivement se perfectionner. - Ensuite le langage adressé à soi-même langage
dit égocentrique devient pour lenfant un moyen
dorganiser ses propres actions sur le monde.
Evoluant en langage intériorisé ou interne, le
langage égocentrique devient finalement un
outil intellectuel , instrument de
planification et de régulation des activités
mentales. - Le langage dans le développement est une des
différences entre Piaget et Vygotski.Pour Piaget
le langage égocentrique est un signe dimmaturité
destiné à involuer. - Pour Vygotski ,le langage est un instrument de
pensée destiné à progresser.
16Récapitulons
- Le développement est conçu comme une socio
construction qui suit une progression strictement
inverse à celle conçue par Piaget. Cest
lapprentissage social qui cause le
développement. - Ainsi, le développement intellectuel ne peut pas
être envisagé indépendamment des situations
éducatives et est à considérer comme une
conséquence des apprentissages auxquels l'enfant
est confronté - "les processus du développement ne coïncident pas
avec ceux de l'apprentissage mais suivent ces
derniers..." et ce sont les apprentissages qui
fondent ce que Vygotski appelle la"zone proximale
de développement" (5).
17 4 La zone proximale de développement ou zone de
proche développement.
- 4.1 Généralités
- Considérer que lapprentissage est la condition
du développement ne signifie pas que tout
apprentissage est possible à tout moment. Les
capacités dapprentissage de lenfant ne doivent
pas être confondues avec le niveau cognitif quil
atteint à un moment donné. - Dans quelque domaine que ce soit, il existerait
un espace potentiel de progrès dans lequel
les capacités individuelles pourraient être
dépassées lorsque certaines conditions sont
réunies. Lassistance dautrui cest à dire
linteraction sociale est une de ses conditions.
182.La définition que donne Vygotski de la zone
proximale de développement est la suivante
- "c'est la distance entre le niveau de
développement actuel tel qu'on peut le déterminer
à travers la façon dont l'enfant résout des
problèmes seul et le niveau de développement
potentiel tel qu'on peut le déterminer à travers
la façon dont l'enfant résout des problèmes
lorsqu'il est assisté par l'adulte ou collabore
avec d'autres enfants plus avancés" . - Autrement dit, le développement actuel marque ce
qu'un individu maîtrise déjà seul, le type et le
niveau de fonctionnement cognitif qu'il est
capable de mettre en oeuvre de façon autonome
pour résoudre un problème. La zone proximale
marque ce qui peut constituer la prochaine étape
de son développement actuel pour peu qu'une
interaction sociale (avec un adulte ou des pairs)
soit initiée.
19La zone proximale de développement ou zone de
proche développement est une composante cruciale
du processus de développement car elle
présage et prépare ce que lenfant pourra
ultérieurement réaliser seul.
- Lapprentissage précède le développement, La zone
proximale de développement ou zone de proche
développement assure le lien entre les deux. - Favoriser les acquisitions chez lenfant consiste
pour ladulte à aménager la transition de
lactivité en tutelle (ou guidage externe) à
lactivité en autonomie (ou autoguidage). Pour ce
faire il faut ajuster les contenus et les
conditions dinstruction non pas aux capacités
présentes de lenfant, mais à son potentiel de
progrès.
205. De linter à lintra individuel.
- Lindividu progresse par appropriation de la
culture dans les interactions sociales. La
découverte de lenvironnement, laction sur les
objets mais aussi est surtout lappropriation des
systèmes symboliques, des signes dépend de la
médiation dautrui. - Bien quil reconnaisse lintérêt capital de
lactivité individuelle, Vygotski souligne que
les activités menées sous la tutelle de ladulte
permettent les apprentissages.
21- Le développement cognitif résulte dune double
formation , externe puis interne dans un
mouvement allant du social vers lindividuel. - Dabord, lenfant manifeste ses capacités grâce à
une relation entre individu où lenvironnement
social, la famille, les éducateurs, assure le
guidage de lenfant. - Ce processus est décrit par Bruner comme un
processus dassistance ou de collaboration entre
lenfant et ladulte 1. - Le déclenchement et le contrôle individuel
(autorégulation) des activités apparaissent que
dans un second temps, à lissue dun processus
dintériorisation favorisé par la répétition des
interactions sociales. - Ainsi, chaque fonction apparaissent 2 fois dans
le développement culturel de lenfant () dabord
entre individus (interpsychologique) et ensuite,
dans lenfant (intrapsychologique).2
226. La médiation, le guidage
- Cette distinction entre développement actuel et
zone proximale permet à Vygotski de préciser le
sens du développement du social (médiation)
vers l'individuel (développement actuel). - Le médiateur doit, en effet, situer son
intervention dans la zone proximale de
développement pour permettre à l'apprenant de
dépasser ses compétences actuelles grâce à une
activité conjointe avec le médiateur ou avec
d'autres apprenants. - Le médiateur doit également permettre
l'intériorisation des procédures acquises dans
l'interaction sociale pour que l'apprenant puisse
les mettre en oeuvre de façon autonome, c'est à
dire les intégrer dans le développement actuel.
237 Le conflit socio-cognitif
- Les études expérimentales réalisées dans ce cadre
théorique ont montré que pour aboutir à des
progrès cognitifs les interactions sociales
devraient donner lieu à un conflit sociocognitif.
- Confrontés à des situation- problème à résoudre,
les partenaires dune interaction doivent, dune
part présenter une différence de centration
cognitive (point de vue, méthodes, réponses) et
dautre part rechercher une réponse commune au
problème. - Lopposition sociale de point de vue caractérise
le conflit sociocognitif pivot de linteraction.
24 7.1 Le CSC intègre 2 conflits
- un conflit interindividuel (donc social) engendré
par lopposition de réponses au problème posé, - un conflit intra individuel, de nature cognitive
consécutif à la prise de conscience par le sujet
dune réponse contradictoire, lincitant à douter
de la sienne. - Lexpression et la confrontation des points des
vues rendent plus dynamique et tangible le
conflit sociocognitif. - Le dépassement du déséquilibre intra individuel
est facilité par la recherche dune réponse
commune donc par la résolution du conflit inter
individuel. - Le CSC favorise lactivité cognitive
individuelle.
257.1. Les conditions du conflit sociocognitif
- Pour être efficace et favoriser les progrès
individuels, il faut évaluer - 1 lhétérogénéité des réponses est la condition
sine qua non de linstallation dun CSC. Mais
elle nen garantit pas lefficacité. - Dans le cadre expérimental, ladulte est parfois
contraint dintervenir afin de susciter une
dynamique de conflit, expliciter les oppositions,
impulser les échanges. A l évidence, les
contraintes de fonctionnement du CSC en limitent
les occasions dapparition et les contextes
dutilisation. - .
26 Pour être efficace et favoriser les progrès
individuels, il faut évaluer
- 2 la coordination des partenaires Si la
confrontation avec un partenaire plus avancé dans
lacquisition est un facteur favorable, elle
nest pas une condition ni nécessaire, ni
suffisante. - Le CSC nest pas ladoption par mimétisme ou
complaisance dun point de vue différent. - Linteraction doit faire acte dun engagement
actif des partenaires dans la confrontation des
arguments et leur coordination en une réponse
unique. - La négociation se déroule sous forme déchanges
contradictoires permettant une réelle
co-élaboration de la réponse. Mais des entraves
de communication, un accord par complaisance font
obstacle à lexpression du CSC - En situation expérimentales, les interactions
fonctionnant de manière hiérarchique et la
confrontation sont inefficaces
27Pour être efficace et favoriser les progrès
individuels, il faut évaluer
- 3 les capacités individuelles
- Concernant les capacités individuelles, le CSC
est source de progrès à partir du moment où
lenfant dispose de capacités minimales
(cognitives, sociocognitives) pour sinsérer dans
une interaction sociocognitive. - 4 le déroulement de linteraction
- Le fonctionnement de linteraction dans la
résolution du problème oblige à une paire au
moins où il nest pas posé comme condition que
lun des deux dispose de la réponse correcte.
288.Les progrès cognitifs.
- Lorsque les conditions de déroulement dun CSC
sont satisfaites, les interactions entre enfants
permettent à chacun des partenaires de progresser
davantage que ceux qui ont agis seul (pour un
groupe de même niveau). - Les effets de linteraction sont mesurés aux
progressions individuels et non à lamélioration
dune performance collective.
29Le progrès se repère en fonction de 3 critères
- la généralisation de lacquisition à des notions
similaires. Conservation des de la surface vers
la conservation des volumes. - La stabilité de lacquisition dans le temps,
évaluation différée. - Lamélioration des arguments et des
justifications entre les différentes évaluations
30Conclusion
- Plus généralement, le développement prend des
chemins qui peuvent varier en fonction d'un
certain nombre de facteur - 1. diversité des sources d'apprentissage dans un
environnement social complexe, - 2. spécificité et diversité sociale de la
communication verbale, - 3. formation de concepts quotidiens par activité
pratique et communication avec l'entourage - 4. formation de concepts scientifiques par
transmission formelle, avec des interactions
complexes entre les deux qui vont permettre une
intégration des concepts dans des domaines de
connaissance. -
31CRITIQUES
- Cette diversité va s'exprimer dans les actions
médiatisées dans la zone proximale de
développement. Le médiateur devra en assurer la
gestion. Il devra aussi faire des choix par
rapport à l'orientation du travail de groupe dans
la zone proximale de développement. - Il n'est donc pas légitime de réduire le
processus de développement proposé par Vygotski à
un modèle comprenant des étapes hiérarchisées et
une progression au pas à pas vers un but commun à
tous les caractéristiques de la socialisation
donnent au modèle de Vygotski une dimension
qualitative qui laisse ouvertes les orientations
développementales. Nous sommes loin d'un
développement "préorienté" sous l'effet de
facteurs endogènes.