Title: 1.
1 1. Étymologie / Définitions 2. Notions
/ Concepts Causalité / Finalité
Déterminisme / Finalisme / Fatalisme.
Aristote, Spinoza et Cournot. 3. Questions /
Discussion 4. En guise de conclusion Sondage
conférence André Comte-Sponville
Hasard
Réunion préparée avec Evelyne Mancel, Michel
Rumeau et la participation dAngélique et
Thorolf Glumann
2Étymologie et définitions
- Étymologie
- Hasard vient de lArabe az-zahr (le dé), par
lintermédiaire de lEspagnol azar. - Définitions
- Larousse grand format 1996
- 1) Cause imprévisible et souvent personnifiée
attribuée à des événements fortuits ou
inexplicables. - 2) Evénement imprévu, heureux ou malheureux.
- Dictionnaire philosophique de Comte-Sponville
(extrait) - Le hasard est une détermination
imprévisible et involontaire, qui résulte de la
rencontre de plusieurs séries causales
indépendantes les unes des autres, comme disait
Cournot, rencontre qui échappe pour cela à tout
contrôle comme à toute intention. Ce nest pas le
contraire du déterminisme cest le contraire de
la liberté, de la finalité ou de la providence.
3- Causalité / Finalité.
- Causalité Tout fait a une cause et, dans les
mêmes conditions, les mêmes causes produisent les
mêmes effets. Cest le principe de causalité qui
suppose la rationalité du réel, la constance de
ses lois, lantériorité de la cause sur leffet. - Finalité Cest le fait de tendre vers une fin
ou un but. Cest le cas de la plupart de nos
actions. Cela ne prouve pas que cette fin soit la
cause de lacte, ce qui reviendrait à inverser la
chronologie du principe de causalité puisque
alors, leffet (la fin) précéderait la cause.
Comment une fin qui nexiste pas encore
pourrait-elle être une cause ? En revanche, si
cest le désir de cette fin qui est la véritable
cause, alors, finalité et causalité ne se
contredisent pas. - Déterminisme / Finalisme / Fatalisme
- Déterminisme Cest la doctrine selon laquelle
tout est soumis à des conditions nécessaires et
suffisantes qui sont elles mêmes déterminées. En
ce sens, le déterminisme est une généralisation
du principe de causalité. - Contrairement au Prédéterminisme qui
est un déterminisme absolu, le déterminisme ne
suppose pas quil existe une chaîne unique et
continue de causes, de telle sorte que lavenir
serait tout entier inscrit dans le présent.
Autant, le prédéterminisme exclut le hasard
considérant que ce qui nest pas prévisible,
nest quun manque de connaissance (démon de
Laplace 1749-1827), autant le déterminisme
nexclut pas le hasard et ne prétend pas que tout
soit prévisible. - Finalisme Toute doctrine qui accorde aux causes
finales, à la finalité, un rôle effectif. - De grands philosophes depuis Platon et
Aristote jusquà Bergson et Teilhard de Chardin
-que lon qualifie parfois didéalistes par
opposition à matérialistes- sont finalistes. - Nous avons des yeux pour voir
pensent les idéalistes la fonction précède la
matière. - Nous voyons parce que nous avons des
yeux pensent les matérialistes - déterministes
la matière précède la fonction. - Spinoza sur cette question est
matérialiste. Le finalisme, pour lui renverse
totalement la nature il considère comme effet
ce qui en réalité est cause, et met après ce qui
de nature est avant Les hommes supposent
communément que toutes les choses de la nature
agissent, comme eux-mêmes, en vue dune fin
4- Notions / Concepts (suite)
- Fatalisme Tout serait écrit à lavance, de
sorte que lavenir serait aussi impossible à
changer que le passé. Le finalisme y prédispose
tout présent est prescrit par le futur. Le
déterminisme absolu (prédéterminisme) aussi
tout présent est prescrit par le passé. La
liberté ny a guère sa place. Le hasard non plus.
On peut même se demander pourquoi les fatalistes
pour lesquels lavenir est déjà tout tracé-
continuent à agir. - Aristote, Spinoza et Cournot
- Aristote (384-322 av J-C) Contrairement à
Platon, Aristote pense que cest en suivant les
enseignements de lexpérience que lon peut
découvrir les principes qui gouvernent le réel.
Moins idéaliste que Platon, Aristote est
néanmoins, comme lui, finaliste, puisquil
accorde à la cause finale (la finalité) un rôle
déterminant notamment en tant que cause première
quil estime être de nature divine (un acte pur).
-
- Spinoza (1632-1677) Nest pas finaliste Pas
plus concernant nos actes, quil estime être
lexpression de nos désirs et non pas des fins
quils poursuivent-, que concernant la cause
première de toute chaîne causale, quil explique
par le principe de cause de soi. - Jentends par cause de soi
écrit-il, ce dont lessence enveloppe
lexistence, autrement dit ce dont la nature ne
peut être conçue sinon comme existante . Ce
nest pas un principe abstrait, souligne Laurent
Bove, cest la position du réel -en son essence
identique à sa puissance- comme affirmation
absolue ou comme autonomie. C est la
puissance dexister de tout ou du Tout, sans quoi
aucune cause jamais ne serait possible Ajoute
C-S. - Cournot (mathématicien - philosophe 1801-1877)
Estime que Laplace se trompe lorsquil pense
quune intelligence (démon de Laplace) qui
connaîtrait toutes les forces dont la nature est
animée, ainsi que la disposition de tous ses
éléments, serait en mesure de prévoir avec
certitude le devenir entier de lunivers. - Il estime, au contraire, que la
rationalité du monde laisse une large place à des
faits sans raison quon appellera
aléatoires ou fortuits (ils auraient pu ne
pas se produire). Un tel constat nimplique pas
une démission de la raison car le hasard peut
être rigoureusement traité. Certains évènements
résultent, en effet, de la rencontre de séries
causales indépendantes (ex le promeneur qui
reçoit une tuile sur la tête), ce qui les rend
unitairement imprévisibles, même si,
collectivement (dans leur masse), on peut
statistiquement les prévoir. - Le réel nest ni décousu, ni absurde il
est ordonné globalement, mais pas dans ses
moindres détails. -
- Principales références Dictionnaire
philosophique dAndré Comte-Sponville.
5QUESTIONS
- Le hasard existe-t-il ou est-il seulement un
manque de savoir ? - Le hasard est-il compatible avec le destin ou la
fatalité ? - Le hasard est-il inhérent aux événements ou aux
jugements que nous portons sur eux ? - Le hasard se calcule-t-il ?
- Sans hasard, pourrait-on parler de liberté ?
6- Le hasard existe-t-il ou est-il seulement un
manque de savoir ?
7 1. Le hasard existe-t-il ou est-il seulement un
manque de savoir ?
- Le démon de Laplace , est-ce bien sérieux ?
- Le démon de Laplace refuse le hasard. Pour lui,
hasard est synonyme dignorance. Mais, est-il
bien raisonnable de penser quune intelligence
puisse tout connaître, dans le moindre détail,
des causes et du milieu auquel elles sappliquent
pour en prévoir tous les effets avec certitude ?
- Peut-on raisonnablement penser quun jour la
science permettra de prévoir en certitude, ne
fut-ce même que la face gagnante dun jet de dé,
alors quon nen sait pas plus, à ce sujet,
aujourdhui que du temps de Laplace. Au plus
grand profit des Casinos sinon des joueurs ! - Etre intelligent, nest-ce pas dailleurs faire
fi des détails pour se concentrer sur ce qui est
essentiel ? - Et puis, le hasard pur (celui qui ne serait pas
dû à lignorance ) ne fut-il pas débusqué par la
physique quantique au début du XX s ? le fait
dopérer une mesure (sur un électron) implique en
effet de passer dune définition par une somme à
une position déterminée, mais déterminée par le
hasard. Einstein considérant que Dieu ne jouait
pas au dé, ne voulu pas y croire, mais, la suite
de lhistoire, lui donna tort.
Sil paraît illusoire aujourdhui plus que
jamais, de vouloir tout connaître afin de tout
prévoir, nest-ce pas, paradoxalement, à ce démon
qui le refusait que nous devons ce que nous
savons sur le hasard ?
- Du déterminisme absolu à la théorie du chaos et à
lincertitude quantique Vive le hasard !
- Cest environ un siècle après Laplace, vers 1910,
que Poincaré jeta le premier pavé dans la mare du
déterminisme absolu . Sa théorie des 3 corps (3
seulement !) en attirance gravitationnelle,
montre toute lincertitude qui sattache à la
prévision à long terme de leurs trajectoires, en
raison de leur extrême sensibilité aux conditions
initiales Non seulement expert comptable,
le démon laplacien devait être un parfait
géomètre! -
- En 1970, la théorie du chaos généralisa la
description de ces systèmes à petit nombre de
degrés de liberté, souvent très simples à
définir, mais dont la dynamique nous apparaît
comme très désordonnée. En 1974, les fractales,
conceptuellement distinctes, vinrent corroborer
que la complexité chaotique se nichait dans les
choses les plus simples (parfaitement définies).
Ce qui nétait pas fait pour simplifier la tâche
du démon !
- Dès 1927, lincertitude quantique
dHeisenberg, avait déjà montré quon ne pouvait
à la fois connaître avec - précision la position et la vitesse dun
électron. Comme si la nature se refusait au
déterminisme absolu.
Au seuil du XXI s, le hasard paraît bel et bien
exister, jusquau cœur même de la matière, ce qui
ne signifie pas pour autant quil soit tout et
nimporte quoi !
8- Le hasard est-il compatible avec le destin ou la
fatalité ?
92. Le hasard est-il compatible avec le destin ou
la fatalité ?
- Du destin et de la fatalité.
-
- Destin A.C-S fait une distinction entre destin
et destinée - Le destin, cest le réel même. Cest lensemble
de tout ce qui arrive. Ce nest pas une cause de
plus, cest lensemble de toutes. Ce qui ne
signifie pas que cétait écrit à lavance, mais
simplement que ce qui est ne peut pas ne pas
être. Tout passé est donc fatal. Il ne dépend
plus de moi. Ce qui ne signifie pas pour autant
que mon futur nen dépende pas. - La destinée, cest une fatalité qui aurait un
sens. Son contraire est le hasard, qui est une
nécessité insensée (un nœud insignifiant de
causes) - Fatalité Tout serait écrit à lavance, de sorte
que lavenir serait aussi impossible à changer
que le passé. Cest soumettre le réel au vrai
dit C-S alors que toute action suppose
linverse . Généralisée en fatalisme (en
fatalité de tout), cela revient à vider toute
action de son sens.
Le destin pris au sens de destinée, cest de
lanti-hasard. La destinée pris au sens de
fatalité, cest de lanti-action.
- Du hasard et de laction / du déterminisme absolu
et du finalisme. -
- Hasard et déterminisme Le déterminisme au sens
absolu, cest du prédéterminisme. Tout présent
serait la conséquence sensée du passé et
irrémédiablement inscrit en lui. Tout serait en
principe prévisible. Tout serait donc fatal et ne
laisserait aucune place au hasard. Même nos
actions seraient captives du passé et non pas
tournée vers le futur. Le prédéterminisme revient
au fatalisme. Le hasard nie les deux. - Action et finalisme Quoique finalité, laction
soppose au finalisme puisquelle tend à
saffranchir tant du passé prédéterminant que du
futur prédéterminé. Autrement dit, laction
soppose à toute destinée qui ne libèrerait aucun
espace de liberté, puisque elle tend à modifier
ou à infléchir le cours des choses. En ce sens,
laction est à la fois une anti-destinée, une
anti-fatalité, un anti-prédéterminisme et un
anti-finalisme
Hasard et action ne paraissent-ils pas sassocier
pour nier la destinée, tant dans du point de vue
finaliste que prédéterministe ?
Sil paraît relativement clair que le hasard soit
incompatible avec la destinée au sens finaliste
et/ou prédéterministe, nest-ce pas une bonne
nouvelle de penser que, parallèlement, cela nous
ouvre aussi un espace sensé et libre pour
laction ?
10- Le hasard est-il inhérent aux événements ou aux
jugements que nous portons sur eux ?
113. Le hasard est-il inhérent aux événements ou
aux jugements que nous portons sur eux ?
- De laléatoire et du fortuit.
-
- Aristote distingue tuckhê
,traduit par fortune ou chance et automaton,
traduit généralement par hasard - Tuckhê, cest ce qui est aléatoire, incertain,
consécutivement à une action ou une volonté. La
tuchhê est anthropocentrée, voire
anthropocentrique, doù sa dimension religieuse. - Automaton, cest ce qui est fortuit. Cest ce qui
qualifie un événement qui nous apparaît en marge
de la norme objective des choses et pour
lequel aucune action na été entreprise. - Tout ce qui est aléatoire est fortuit, mais tout
ce qui est fortuit nest pas nécessairement
aléatoire. - Dans les deux cas, il y a apparence de finalité
-
- finalité intentionnelle pour la chance ou la
malchance, doù sa dimension subjective - finalité non intentionnelle pour le hasard, doù
peut-être sa dimension plus objective.
Pris au sens de chance ou de malchance, le
caractère subjectif, tendrait à faire dire que le
hasard serait plutôt inhérent aux jugements
quaux événements auxquels ils se rapportent.
- De la subjectivité et de lobjectivité
- Objectivité / subjectivité Etre objectif,
cest voir ou connaître les choses comme elles
sont ou comme elles nous apparaissent,
indépendamment, si cest possible de notre
subjectivité, ou en tout cas de ce que notre
subjectivité peut avoir de particulier ou de
partial. En pratique, cest voir les choses comme
peut les voir tout observateur de bonne foi,
quand il est sans passion et sans parti pris
Ecrit A.C-S - Que lobjectivité ne soit jamais absolue, même
pas en sciences (malgré le contrôle expérimental)
-puisquil ny a pas de connaissance possible
sans un sujet pour la penser- nautorise pas à
dire quelle soit impossible ou impensable car
alors les sciences et la justice le seraient
aussi, comme dailleurs toute recherche de la
vérité dans nimporte quel domaine. -
Pris au sens de fortuit, le caractère moins
subjectif, plus scientifique, tendrait à faire
dire que le hasard serait plutôt inhérent aux
événements quaux jugements portés sur eux.
Quelle signification pourrait bien avoir un
événement, sans un sujet pour la penser ? Sans
sujet jugeant, tout serait ce quil est. Un
point cest tout ! Un hasard indépendant du
jugement, inhérent aux seuls événements, ça na
aucun sens. Cest pourquoi lobjectivité du
jugement en a un.
12- Le hasard se calcule-t-il ?
134. Le hasard se calcule-t-il ?
- De la pertinence de la question
-
- Si le hasard était absolument nimporte quoi un
chaos pur un désordre absolu, aucune loi ne
serait à même de le conceptualiser, ne fut-ce
quun peu. Il serait vain de vouloir calculer
quoi que ce soit. - Limprévisibilité au niveau dun événement pris
unitairement, ne lest pas forcément dans la
masse de tous les événements possibles. Cest un
peu comme si la nature rejetait le
prédéterminisme tatillon pour cacher sa vérité
intime et sauvegarder sa liberté daction ,
tout en acceptant de livrer ses tendances au
travers de lois dites des grands nombres . - Comme pourrait le dire Cournot, les événements
dont la chaîne causale nest pas linéaire mais
résultent de la rencontre de chaînes causales
relativement indépendantes ne peuvent se prévoir
quen terme de probabilité doccurrence
(statistiquement) et non en certitude.
Cest parce que le hasard nest pas nimporte
quoi, quon peut calculer la probabilité
doccurrence des événements qui, pris isolément,
restent imprévisibles et/ou incertains.
- Deux exemples dévénements dus au hasard parmi
tant - Du hasard de la vie / lunicité individuelle La
probabilité que deux individus nés des mêmes
parents soient strictement identiques au niveau
génétique natteint pas 1 sur 70 000 milliards !
Notre planète portant un peu plus de 6 milliards
dhumains, il ny pratiquement aucune chance
(probabilité quasi nulle) que chaque homme ne
soit pas un spécimen unique. Si chacun de nous
est un être unique, cest au plus fécond des
hasards que nous le devons. (Science et vie, août
2007) - Du hasard des trajectoires moléculaires / le
mouvement brownien Depuis sa découverte (1927),
le mouvement dit brownien (mouvement complètement
erratique des molécules dans les corps fluides)
est souvent considéré comme lexemple le plus
frappant de ce quest le hasard. Une découverte
récente vient néanmoins de montrer que ce
mouvement nest pas, malgré tout, nimporte quoi
une fractale de dimension 4/3 permettrait de le
modéliser.
Même sil conserve une part de mystère pour un
regard prédéterministe ou finaliste, et pour
cause. le hasard nest pas nimporte quoi !
Le hasard nest-il pas la part
structurellement voilé ? Compréhensible,
certes, de mieux en mieux, dans sa masse mais
irrémédiablement insaisissable dans son détail ?
Nen va-t-il pas de la sauvegarde de sa fonction
créatrice, tout comme de la nôtre ?
14- Sans hasard, pourrait-on parler de liberté ?
155. Sans hasard, pourrait-on parler de liberté ?
- De la liberté.
- Etre libre, cest faire ce que lon veut.
- De là, A.C-S donne trois sens principaux au mot
liberté, selon le faire dont il sagit - Liberté daction Je fais ce que je veux
- Liberté de la volonté Je veux ce que je veux
- Liberté de lesprit ou de la raison Je pense ce
que je veux, à la vérité près, puisque penser
sans elle naurait aucun sens. La vérité nobéit
à personne, pas même au sujet qui la pense, cest
en quoi elle est libre et libère (de quoi ? de
soi), si on la cherche
Contrairement à ce que disait Sartre, A.C-S dit
Ce nest pas la liberté qui est le fondement
du vrai (si cétait vrai il ny aurait pas de
vérité du tout) cest la vérité qui libère
- Le hasard gage ou obstacle à la liberté ?
- On peut parler de hasard et de liberté selon deux
optiques - Anthropocentrée / subjective ? Les
événements imprévus ou, plus encore, ceux qui
sont imprévisibles (dus au hasard) peuvent nous
contraindre à modifier nos projets ou à revoir
nos conceptions. Cest dans cette optique,
semble-t-il quA.C-S se place, quand il dit que
le hasard est contraire à la liberté (cf sa
définition du hasard) - Exocentrée /objective ? Dans cette optique,
qui tend à placer lobservateur en position
neutre (en vacuité de soi !?), le hasard
apparaît plutôt comme lexpression même de la
liberté de la nature un peu comme si, elle se
refusait à se laisser enfermer dans tout
déterminisme pour que vive la vie toujours
nouvelle.
Tantôt gage, tantôt obstacle, le hasard ne paraît
pas sans lien avec la liberté.
- Où Sartre et Comte-Sponville peuvent peut-être se
rejoindre ? - Pour Sartre On est condamné à être libre, à
se créer . Libre et auto-créatif comme la
nature ! On peut penser que Sartre se place du
point de vue de la matière des choses. - Pour C-S La liberté nest pas donnée, elle est
à conquérir. Cest la vérité qui libère. On ne
naît pas libre, on le devient. La vérité est une
conquête difficile, jamais totale et libératrice
de soi On peut penser que C-S se place du
point de vue de lesprit humain qui tend à se
libérer de la matière.
Si la liberté de lesprit est une conquête sur
celle de matière Sartre et Comte-Sponville
nauraient-ils pas tous les deux raisons ?
A la fois, gage du libre renouveau de tout
et obstacle à la liberté humaine (toujours à
conquérir), le hasard ne serait-il pas en vérité
le nœud gordien de la réalité ?
16En guise de conclusion
Je considère le déterminisme laplacien
confirmé, comme il semble l'être par le
déterminisme des théories physiques et par leur
succès éclatant, comme l'obstacle le plus solide
et le plus sérieux sur le chemin d'une
explication et d'une apologie de la liberté, de
la créativité, et de la responsabilité humaines.
Karl Popper (1902-1994) extrait de L'Univers
Irrésolu (1984) Dans un univers qui
nest plus un univers de certitudes, nous
rétablissons aussi la notion de valeur. Que
pourrait signifier en effet la notion de valeur
dans un monde déterministe ? En fait, les anciens
Grecs nous ont légué deux idéaux qui ont guidé
notre histoire celui de lintelligibilité de la
nature (...) et celui de la démocratie basée
sur le présupposé de la liberté humaine, de la
créativité et de la responsabilité. Nous sommes,
certes, très loin de laccomplissement de ces
deux idéaux, du moins pouvons-nous désormais
conclure quils ne sont pas contradictoires. La
nature est plus riche, plus inattendue, plus
complexe que lon avait imaginé au début de ce
siècle. Sans doute verrons-nous, au siècle qui
vient, se développer une nouvelle notion de
rationalité dans laquelle "raison" nest plus
associée à "certitude", et "probabilité" à
l"ignorance". Cest dans ce cadre que la
créativité de la nature et donc en particulier
celle de lhomme, trouvent la place qui leur
revient. Ilya Prigogine (1917-2003), prix
Nobel de chimie (1977), Déclaration à lUNESCO
en septembre 1998, dans le droit fil de son livre
La fin des certitudes (1996)
17Prochaines réunions
- 13 novembre Vieillesse (choix des sujets
du 1er T 08) - 11 décembre Tolérance
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