Title: D
1Démocratisation de lenseignement bilan et
perspectivesEric Maurin, EHESS, Ecole
dEconomie de Paris
- Conférence CRAP, Lundi 3 novembre 2008.
2Introduction
- La plupart des pays occidentaux ont mené dans la
seconde moitié du 20ème siècle dambitieuses
politiques de démocratisation de lenseignement
(école unique , création de nouveaux
baccalauréats). - Aujourdhui, ces politiques sont sévèrement
remises en question - - à droite, résurgence des critiques
traditionnelles étant donné la diversité des
aptitudes innées, illusoire de vouloir imposer à
tous le même enseignement secondaire. Contraint à
une baisse dramatique du niveau général. Nuit
également à la mobilité sociale, au sens où les
plus doués des milieux populaires perdent la
possibilité dêtre sélectionnés et daccéder aux
institutions délite. - - à gauche, popularité croissante dune vision
malthusienne de léconomie lécole produit un
classement au sein de chaque génération, mais na
aucun effet sur lévolution au fil des
générations du nombre et de la nature des emplois
créés dans léconomie. Dans ces conditions
démocratisation déclassement et frustration. -
3Introduction (2)
- Les bases empiriques de ces critiques sont
extrêmement fragiles. - Il ne suffit pas de constater par exemple que les
bacheliers daujourdhui nont pas accès aux
mêmes statuts que les bacheliers dil y a
quarante ans pour conclure à un échec de la
démocratisation du bac. Cette comparaison ne dit
rien sur lévolution de la valeur du bac. (on ne
compare pas les mêmes personnes), encore moins
sur limpact davoir élargi laccès au bac à de
nouvelles populations sur le destin de ces
populations. - De fait, la question très rarement posée et
pourtant prioritaire quen serait-il aujourdhui
de ces nouvelles générations si la
démocratisation navait pas eu lieu, si une
majorité avaient quitté lécole à 13 ou 14 ans
comme dans laprès-guerre? Les situations à
lentrée sur le marché du travail puis au cours
de la vie serait-elle vraiment similaires à
aujourdhui? Les inégalités selon lorigine
sociale seraient-elles vraiment plus faibles?
4Introduction (3)
- Possible aujourdhui de proposer des éléments de
réponse précis pour des sociétés aussi
différentes que scandinave, anglaise, américaine,
ou française. Conduit à une réhabilitation assez
claire des réformes menées dans la deuxième
moitié du XXème siècle dans pays occidentaux.
Réformes ont clairement coïncidé avec une
amélioration de la situation scolaire et
salariale des générations nées au bon endroit au
bon moment. - Faut-il continuer aujourdhui ? Possible
également déclairer cette question à partir des
données retraçant les évolutions contemporaines
des inégalités devant le chômage ou la précarité
entre salariés de niveau de diplôme différent. - Cette communication mettre à disposition une
série darguments empiriques, solides mais peu
connus, consolidant un diagnostic nuancé sur
lœuvre de démocratisation scolaire aujourdhui
accomplie et indiquant les voies dune poursuite
de cet effort.
5La réforme comme expérience sociale les
expériences scandinaves
- Après guerre, enseignement secondaire tout aussi
sélectif dans pays scandinaves quen France ou
ailleurs énorme majorité des enfants quittent
lécole à 13 ou 14 ans à la fin du primaire (6
1 ou 2). Seule une toute petite minorité, issue
des classes aisées, suit enseignement secondaire. - Idée dun collège unique nest pas moins
contestée dans ces pays quen Europe continentale
ou UK. Réforme par exemple plusieurs fois
ajournée en Finlande. - A lépoque, pas clair pour de nombreux
observateurs scandinaves quil soit pertinent
dobliger les enfants de pêcheurs et de paysans à
rester plus longtemps à lécole plutôt que
commencer le métier de leurs parents dès la fin
du primaire.
6Les expériences scandinaves
- La vraie spécificité scandinave les réformes
scolaires y ont été conçues en même temps que le
protocole permettant dévaluer leurs effets. - En Suède, en Norvège ou en Finlande, lécole
unique na pas été mise en place partout dans le
pays en même temps, mais de manière
volontairement décalée dans le temps dune région
à lautre. - Rend possible de comparer le destin de personnes
nées au même moment, dans le même pays, ayant
traversé la même histoire économique, mais
scolarisés les unes dans lancien système, les
autres dans le nouveau système. - Les individus que le hasard a fait naître dans
une région réformée de façon anticipée ont-ils eu
de meilleurs destins que ceux nés au même moment,
dans le même pays, mais dans une région non
encore réformée.
7Expérience suédoise (1)
- Réforme en question mélange dallongement des
études et dintégration. Nombre dannées de
scolarité obligatoire passe à 9 ans pour tout le
monde (soit jusquà 16 ans). Abolition de la
sélection à 11 ans sur la base des résultats
scolaires. Tout le monde dans les mêmes
établissements secondaires. Aide spécifique pour
familles ayant à compenser une entrée plus
tardive de leurs enfants dans la vie active. - Protocole un quart des municipalités passent à
ce système de façon anticipée (ex. cohorte née
en 1948). Une agence nationale créée pour
loccasion sélectionne les municipalités passant
de façon anticipée en sorte quelles soient
représentatives de lensemble des municipalités. - Autre spécificité scandinave la qualité des
registres administratifs (et la qualité de
laccès à ces registres!). Permet de comparer de
façon extrêmement précise les carrières
salariales des différentes générations selon la
municipalité de naissance et donc selon le type
de système éducatif fréquenté. -
8Expérience suédoise (2)
- Méthode analyser lévolution au fil des
générations des différences de scolarité et de
salaire entre municipalités réformées de façon
anticipée et municipalités réformées plus
tardivement (Meghir et Palme, AER, 2002). - Exemple de ce que lon peut faire
- Génération 1948 une partie de cette génération
(A) grandit dans réforme anticipée et va à
lécole unique, lautre (B) partie non. - Génération 1953 tout le monde va à lécole
unique, municipalités A comme municipalités B. - Question observe-t-on un décrochage ou un
rattrapage (scolaire et/ou salarial) de la partie
A par rapport à B entre les générations 1948 et
1953.
9Expérience suédoise (3)
- Impact sur les destins scolaires comme prévu, la
réforme a un effet très net sur le nombre
dannées détude de la population,
particulièrement sur les enfants dorigine
modeste. - Impact sur les carrières salariales la réforme
a également un effet positif sur les salaires
moyens reçus au cours de la vie active. En
moyenne 1 année détude 11 de salaire à
chaque âge de la vie. - Résultat moins attendu effets salariaux très
différents selon la catégorie de la population.
Effet positif très fort sur la moitié des enfants
des catégories modestes qui réussissent le mieux
dans le primaire (les doués des milieux
modestes), effet positif faible sur la moitié des
enfants des catégories modestes qui réussissent
mal dans le primaire, effet nettement négatif
pour la minorité denfants issus des milieux
aisés. Effet moyen masque ainsi une combinaison
deffets très différents. La mise en concurrence
avec les doués des milieux modestes a fait
reculer les positions salariales des enfants
dorigine aisée.
10Expérience Finlandaise (1)
- Jusquau début des années 1970, vaste majorité
des enfants fFinlandais passent (42 ou 3)
années de primaire et sortent à 13 ou 14 ans de
lécole. - Après débats houleux et ajournements, école
unique même enseignement primaire et
secondaire, dans mêmes établissements, jusquà 16
ans. - Comme en Suède, la réforme mise en oeuvre en
sorte de rendre évaluation rigoureuse possible
le pays est divisé en 6 régions et une région
seulement est réformée chaque année entre 1972
(génération 1961) et 1977 (génération 1966), du
Nord au Sud, dEst en Ouest. On commence en 72
dans la région du Grand Nord, on finit en 77 dans
la région dHelsinki. - Protocole permet de tester si le passage à
lécole unique dans une région saccompagne
dune montée ou dune baisse des inégalités
scolaires et sociales entre enfants nés dans des
milieux sociaux différents, par rapport aux
régions voisines.
11Expérience Finlandaise (2)
- Résultats qualitativement similaires à ce que
lon observe en Suède le passage à lécole
unique favorise spécifiquement les enfants issus
des milieux les plus pauvres. - Les chercheurs ayant eu accès aux données
administratives finlandaises montrent que le
passage à lécole unique saccompagne dune
baisse dun quart environ du lien entre revenu
des parents et revenu des enfants. (dans lancien
système, 10 de revenu parental implique 2,9
de revenu enfant, dans le nouveau 10 parental
implique 2,2 enfant seulement). - Expérience norvégienne, même type de protocole,
même diagnostic effet positif sur les salaires,
effet plus net dans les familles les plus
pauvres.
12Expérience anglaise abolition des grammar
schools
- Ce qui vaut dans les sociétés scandinaves,
égalitaires et centralisés, vaut- il ailleurs en
Europe et notamment au Royaume-Uni ? - Expérience anglaise après guerre, système
ultra-élitiste du Eleven-test et des Grammar
Schools, abandonné sous linitiative des
travaillistes à partir du milieu des années 1960.
Débat toujours extrêmement vif. - Système éducatif très décentralisé (LEAs).
Labandon sest fait dans un grand désordre (par
rapport aux scandinaves), selon des modalités et
un agenda différent dans chaque LEA. - Deux panels extrêmement intéressants NCDS
(génération 1958) et BCS (génération 1970).
Permettent de tester si lévolution des résultats
scolaires à 16 ans a été similaire selon que le
LEA avait mis ou non la réforme en place entre
les deux générations (et le degré auquel mis en
œuvre).
13Evolution des scores à 16 ans selon le degré de
comprehensivisation
14Evolution des scores à 11 ans selon le degré de
comprehensivisation
15Abolition des grammar schools et mobilité sociale
- Système des grammar schools être bon élève
plutôt que moyen dans le primaire a peu deffets
sur la scolarité et la carrière des élèves issus
de milieux modestes (quel que soit leur niveau,
très peu vont en grammar) en revanche, très
importants effets sur les élèves issus de milieux
favorisés (dès quils ont le niveau, ils vont en
grammar). - Après labolition être bon élève plutôt que
moyen a le même effet quel que soit le milieu
social dorigine, sur la scolarité, mais
également sur les performances ultérieures. - Abolition du système des grammar schools a ainsi
contribué à réduire les inégalités entre enfants
dorigines sociales différentes, notamment au
moment de ladolescence. - Toute une partie de lopinion britannique reste
pourtant aujourdhui convaincue que labolition
de la sélection a été contre-productive.
16Abolition des grammar schools et mobilité sociale
- Derrière cette conviction les décennies de
réforme du grammar school system sont une période
où la mobilité sociale a baissé en Angleterre. - Examen attentif des données (Blanden, Machin)
lessentiel de la montée des inégalités est tout
entier perceptible à 11 ans, avant le collège. - La baisse de la mobilité sociale coïncide en fait
avec la montée de la pauvreté enfantine dans les
années 70 et 80 en Angleterre (multipliée par
deux entre NCDS et BCS par exemple). - Baisse de la mobilité sociale effet de la
montée de la pauvreté des enfants, mitigé de
leffet contraire de la réforme. - Leçon de portée très générale montée ou baisse
des inégalités sociales selon lorigine sociale
tendent à être interprétées de façon mécanique
selon lécole devient plus ou moins injuste .
En fait, évolution du système éducatif nest
quun élément parmi dautre déterminant
lévolution des inégalités selon lorigine
sociale. Exemple RU très frappant.
17France les grandes étapes de la démocratisation
scolaire
- Réforme française encore plus compliquée à
évaluer (pas de NCDS et BCS). - Lente et progressive mise en place dun
enseignement primaire et secondaire unifié
( collège unique ) à partir des années 1950
jusquau début des années 1980. - 43 de sans diplôme au sein de la génération
1946 et moins de 30 au sein de la génération
1965. - Démocratisation du bac et de laccès à
luniversité à la fin des années 1980. - 35 de bacheliers au sein de la génération 1965
et plus de 60 au sein de la génération 1975.
18Débat
- Ces politiques de démocratisation ont-elles
réellement eu un effet sur la qualité des emplois
des générations qui en ont bénéficié? - Ou bien nont-elles contribué quà une inflation
de parchemins au sein des générations
successives? - La formation initiale a de forts rendements
privés, mais a-t-elle un quelconque rendement
social? - Chacun a intérêt à investir dans sa formation
initiale, mais que gagne-t-on, collectivement, à
cette compétition?
19Débat
- Ce qui est bien connu les personnes diplômées
sont mieux payées, ont accès à de meilleures
situations que les non diplômées (7 à 10 de
bonus salarial par année détude) . - Ce qui fait débat linterprétation à donner à
cet avantage des diplômés sur le marché du
travail et partant, la pertinence de diffuser la
formation initiale dans la population. - En caricaturant, deux modèles dinterprétation
celui selon lequel formation initiale produit
bien un surcroît de capacités valorisées par le
marché du travail (école émancipatrice, grand
rendement social) et celui selon lequel cela ne
produit quune information sur les capacités
préexistantes des personnes (école
classificatrice, pur rendement privé). Dans ce
second cas rendement social a priori faible.
20Débat difficile à trancher empiriquement
- Au sein dune cohorte, quel que soit le bon
modèle - bonus salarial des diplômés rendement social
effet de sélection scolaire. - Si expérience contrôlée (ou quasi expérience)
dans laquelle on accorde surplus de formation
initiale à un petit groupe tiré au sort au sein
dune cohorte - bonus salarial des diplômés rendement social,
si et seulement si modèle est capital
humain . - Si bon modèle est signal , alors les tirés au
sort bénéficient toujours de leffet de sélection
scolaire. Le débat reste alors ouvert, même dans
ce cas de figure idéal.
21Débat difficile à trancher empiriquement
- Une solution comparer des groupes également
sélectionnés du point de vue scolaire, mais
clairement identifiables par les employeurs et
ayant reçu des niveaux de formation initiale
différents (ex des cohortes successives). - Problème des comparaisons de cohortes il faut
pouvoir supposer que la politique scolaire est le
principal déterminant de lévolution des
situations professionnelles moyennes au fil des
cohortes. - Une sophistication possible analyse des
inégalités au sein des cohortes entre
sous-groupes définis non pas par leur niveau de
formation, mais par leur degré de sélection
scolaire.
22Les enseignements de la réforme du collège unique
- La réforme processus à lissue duquel
lensemble dune génération bénéficie de droit
dun même enseignement primaire et secondaire
gratuit jusquà 16 ans. - Processus extrêmement long des ordres
scolaires daprès guerre jusquà la fin de la
pré-orientation en 5e au milieu des années 1980.
Résistance idéologique très forte. - Principales étapes loi Berthoin (1959), loi
Capelle-Fouchet (1962-1963), réforme Haby (1975),
quasi abolition de lorientation en 5e au milieu
des années 1980 (Chevènement). - Point clef pour notre analyse le système de
sélection des élites scolaires (grandes écoles et
plus généralement le supérieur long) reste
largement à lécart de ce mouvement.
23Premier âge évolution des diplômes entre
générations 1946-1966
24Les enseignements de la réforme du collège unique
- Entre les cohortes 1946 et 1964, système des
grandes écoles et proportion de la population
sélectionnée dans ce système très stable (1 si
définition stricte et 4,5 si lâche). - Lorigine sociale des élèves de grandes écoles
très stable également sur cette plage de
générations. - En revanche, pour tous les GE0, cest une
période de fort allongement des études et de
diffusion de qualifications professionnelles
secondaires courtes (CAP, BEP). - Question lécart salarial observé dans les
années 1990, entre les GE1 et les GE0 est-il
plus faible pour les cohortes dont les GE0 ont
reçu davantage de formation intiale?
25Différentiel salarial très grandes écoles-reste
du monde, générations 1946-1974
26Evolution du différentiel GE non GE (1946-64)
27Résultats
- Ecart salarial GE-nonGE se réduit régulièrement
denviron 6,5 entre génération 1946 et 1964. - La sélectivité des GE na pourtant pas décru,
mais en revanche la proportion de diplômés sest
accrue régulièrement (denviron 13 points en 18
générations) au sein de la population non-GE. - Si on interprète le 6,5 comme leffet du 13
points, cela suggère un impact denviron 50 des
diplômes qui se sont diffusés sur les salaires. - En terme dannées études, le rendement social
dune année détude supplémentaire est évalué
entre 5 et 9.
28Remarque de conclusion sur collège unique
- Argument fréquemment avancé peut-être ne
faut-il pas revenir à système dantan (que
ferait-on denfants de 14 ans sur le marché du
travail?), mais sans doute à une école davantage
différenciée, avec des filières mieux marquées
dès le début du collège. - Comparaison internationale de lévolution des
performances moyennes et des inégalités de
performance entre 11 et 16 ans (Hanushek,
Wossman) - les inégalités selon le milieu dorigine
augmentent clairement dautant plus entre 11 et
16 ans que le système est sélectif stratifié. Les
performances moyennes augmentent en revanche
dautant plus que le système est intégré
(compréhensif) même si leffet est moindre que
sur les inégalités.
29Deuxième âge démocratisation du bac et accès à
luniversité
- Fin des années 1980 achèvement du collège
unique (réduction des redoublements, suppression
effective pré-orientation 5e, 95 dune
génération en 3e vs 70 au début années 80). - Création du bac pro (1987), 100 000 nouveaux bac
pro entre 87 et 93. - La dépense par élève dans le secondaire croît 3
fois plus vite entre 1987 et 1993 que dans les
années précédentes et ultérieures. - Multiplication des places en universitaire
technologique court et notamment STS 100 000
entre 87 et 93.
30Evaluation de la démocratisation du lycée
- Autre évaluation possible de cette seconde phase
(i.e., autre que celle sappuyant sur le
différentiel GE-nonGE) tirer parti du fait
quelle sest déroulée sur une plage de temps
plus courte et a inscrit des inflexions nettes
dans lévolution des niveaux déducation en
France que le passage au collège unique. - Cohortes 1959-1964 bac croît de 0,8 point
par cohorte. - Cohortes 1964-1972 bac croît de 2,5 points
par cohorte. - Cohortes 1972-1978 bac croît de 1,95 point
par cohorte.
31Proportion de bacheliers cohortes 1959-1978
32Evaluation de la démocratisation du lycée
- Question ces inflexions ont-elles modifié le
rythme de création demplois de cadres et
professions intermédiaires offerts par les
entreprises aux salariés en début de vie active
(emplois cadre et PI mesure de revenu
permanent, peu sensible au smic). - Proportion de cadres et professions
intermédiaires 4 à 5 ans après la sortie de
lécole - Cohortes 1959-64 cadre et PI croit de 0,2
point/cohorte. - Cohortes 1964-72 cadre et PI croit de 0,9
point/cohorte. - Cohortes 1972-1978 cadre et PI croit de 0,6
point/cohorte.
33Proportion de cols blancs 4-5 ans après la sortie
de lécole
34Rapports entre surcroît de (bac. et ) et
surcroît de cols blancs
35Réforme française synthèse
- Dans la mesure où les inflexions à la hausse,
puis à la baisse de la proportion de cadres et
professions intermédiaires à lentrée sur le
marché du travail sont bien le reflet des
inflexions de la politique éducative, on obtient
une évaluation très similaire pour chacune des
deux inflexions - un surcroît de 10 points de bacheliers au sein
dune cohorte génère un surcroît denviron 3,9
points de cadres ou professions intermédiaires au
sein de cette cohorte 4-5 ans après la sortie de
lécole. - Explication profonde léconomie se renouvelle
sans cesse, vision malthusienne, statique,
complètement dépassée. Il se crée et se détruit
chaque année un volume considérable demplois,
bien plus considérable que ne le laissent
supposer évolutions nettes (quand 0 en net,
cest léquilibre entre 8 de nouveaux créés et
8 danciens détruits). Les formes que prennent
ces renouvellements, la nature des emplois
nouveaux qui se créent dépendent crucialement du
niveau de qualification des personnes présentes
sur le marché du travail et particulièrement des
nouveaux venus.
36Quelques remarques de méthode
- La comparaison de générations entières
successives (par opposition à des comparaisons
within générations) mesure bien un effet social
(par opposition à effet privé). - Il sagit dune analyse des rendements sociaux
moyens sur la période de la réforme, pas de leur
évolution (confusion extrêmement fréquente entre
débat sur le niveau des rendements et sur leur
évolution) - Evolution du rendement social concept plus
délicat encore à définir (la population
formée change) et à mesurer (il faut deux
expériences et non plus une seule) que le
rendement moyen sur une période. - En tous cas, pas appréhendable à travers
lévolution des bonus salariaux et statutaires
dont bénéficient les diplômés ou à travers
lévolution de la situation professionnelle des
jeunes (les 15-24 ans par exemple) en
période dexpansion scolaire, ces méthodes
captent mécaniquement leffet de lévolution de
la sélection scolaire. Interprétation donc très
difficile.
37Quelques remarques de méthode
- Pour les générations du début des années 1960,
les bacheliersle meilleur tiers des élèves Pour
les générations du milieu des années 1970, les
bachelierstout le monde sauf le tiers le plus
faible. - En 15 générations, la sélection dont la
population de bacheliers est le résultat sest
ainsi considérablement relâchée. Dans ces
conditions, le fait que la proportion de cadres
et professions intermédiaires parmi les
bacheliers 4 ou 5 ans après la sortie de lécole
soit passée de 55 à 50 sinterprète très
difficilement. Ne dit rien sur ce que nous
mesurons effet pour les nouveaux bacheliers
davoir bénéficié du nouveau système plutôt que
de lancien. - Même type de problème quand on raisonne sur les
actifs de 15-24 ans. En période dallongement des
temps de formation initiale, cette population
représente une fraction bien plus faible
scolairement en fin de période quen début de
période.
38Proportion de diplômés du supérieur long
39Proportion de Cadres (4 à 6 ans après sortie de
lécole)
40Faut-il poursuivre louverture?
- Ce qui valait dans les années 1980 ne vaut pas
nécessairement aujourdhui. De fait, une nouvelle
étape dans la démocratisation concernerait de
nouvelles franges de la population, pour
lesquelles les effets à attendre sont peut-être
plus faibles (mais peut-être plus forts aussi). - Que nous enseignent les tensions actuelles du
marché du travail? - Avec le renouvellement des générations, la part
des diplômés (bac et plus) dans la population
active (dans loffre de travail) continue
mécaniquement daugmenter, chez les H comme chez
les F. Environ 5 points de bac2 entre début des
années 1990 et début des années 2000. - En parallèle, pour les employeurs le coût de
lemploi dun (bac et plus) par rapport au coût
de lemploi dun non bachelier est très stable
dans le temps (cf baisse de charges ciblées sur
non qualifié). Rapport de 1 à 2.
41Faut-il poursuivre louverture? (2)
- Si la demande des entreprises restait inchangée,
on devrait donc assister à une hausse relative du
chômage et de la précarité des (bac et plus) par
rapport aux non bacheliers (ils restent aussi
chers quavant mais sont de plus en plus
nombreux à se disputer les places offertes par
les entreprises leur situation relative devrait
séroder). - Or cest exactement le contraire que lon
constate la situation des (bac et plus) dans
lemploi tend à saméliorer par rapport à celle
des non bacheliers. Ils sont de plus en plus
nombreux en compétition, mais en comparaison avec
les non bacheliers, de moins en moins exposés au
chômage et aux emplois instables (entre 1990 et
2002, la proba. de contrat instable a cru de 60
pour les non bacheliers par rapport aux bac et
plus) - Très cohérent avec ce que lon observe dans la
plupart des autres pays développés la demande
de travail des entreprises tend à se déformer au
profit des personnes les mieux diplômées et au
détriment des personnes les moins diplômézs.
Evolution récente polarisation, décrochage des
diplômes intermédiaires.
42Autres formes deffets purement sociaux de
léducation
- Aux Etats-Unis (travaux dE. Moretti), recherches
démontrent que lorsquune loi élève lâge minimum
de fin de scolarité dans un état par rapport aux
états voisins, non seulement le niveau
déducation de la population de cet état sélève
par rapport à celle des états voisins (ce qui
est attendu, effet direct de la réforme), mais
les taux globaux dincarcération et de
criminalité tendent simultanément à diminuer très
sensiblement dans cet état par rapport aux
voisins. Coïncidence suggérant effet très positif
de léducation sur le niveau de violence et de
criminalités dans une société. - Aux Etats-Unis toujours, recherches démontrent
quun même type dentreprises (au sens même
niveau de diplôme et dexpérience des salariés
employés) tendent à être plus productives quand
elles sont implantées dans une ville où la
population est par ailleurs mieux formée. La
productivité et les revenus générés par une
entreprise dépendent non seulement du niveau de
formation des salariés quelle emploie, mais
également de celui des personnes de la localité
dans laquelle elle interagit.
43Eléments de conclusion débats en cours
- tout ne va pourtant pas très bien
- Maternelle bilan social positif, bilan
scolaire plus mitigé. - Remédiation Politiques zones prioritaires vs
politiques individualisées (redoublement, SEN).
Solution à la hollandaise ? - Collège pilotage par résultats (socle commun)
plus que moyens? - Carte scolaire, concurrence, libéralisation.
Expériences étrangères ne laissent rien espérer
de très bon. Problème de civilisation. Pour
autant comment permettre aux bonnes pratiques de
se définir localement et de se généraliser? - Transition lycée/université politique de
soutien en première année? - Dualisme de lenseignement supérieur sans
doute lun de nos problèmes de fond. Surdétermine
les comportements de nombreux acteurs, parents et
professeurs. - Politiques sociales et performances scolaires
seule véritable voie vers une plus grande justice
scolaire?