Title: Prison, rcidive, rinsertion
1Prison, récidive, réinsertion
- Séminaire APE, Février 2009
2 Going off parole , Ilyana Kuziemko, Nber
13380, 2007
- Entre fin XIX siècle et années 1980, aux US, le
juge détermine fourchette pour les peines (ex 10
ans-perpétuité) et une commission ( parole
board ) détermine en cours de peine, au vue du
comportement du détenu, quand exactement la
remise en liberté peut avoir lieu. Origine
religieuse prison comme lieu de rédemption. - A partir des années 1980, remise en cause et
abandon de ce système au profit dun système
fixed sentence où le juge détermine ex ante
de façon beaucoup plus incontournable la peine
qui sera purgée.
3 Going off parole (2)
- But de cette réforme allonger la durée
effective des peines. Les parole board perçus
(à droite) comme laxistes et (à gauche) comme
trop discrétionnaires. A droite, réformateurs
espèrent aussi avoir deux effets soustraire les
criminels plus longtemps à la société civile
(neutralisation), accroître leffet dissuasif des
peines encourues (general deterrence effect). - Dans les 1970s, les avantages du parole board
ainsi peu à peu perdus de vue. Danger de la
réforme diminution de lincitation à investir
dans réinsertion durant la peine, non prise en
compte des informations révélées en cours de
peine sur la capacité des détenus à se réinsérer. - Dabord très populaire, cette réforme est
aujourdhui remise en question. Pour faire face à
la surpopulation carcérales certains Etats
commencent à revenir à des paroles board.
4Comparaison parole vs fixed sentence
- Lintérêt relatif des deux modes de fixation des
peines purgées dépend de 3 paramètres
fondamentaux - - leffet causal du temps passé en prison sur la
récidive (specific deterrence effect) - - la capacité dune commission dapplication des
peines à bien évaluer le risque de récidive des
détenus libérables. -
- - l élasticité de linvestissement du
prisonnier durant sa détention à limpact de cet
investissement sur la durée de peine.
5Comparaison parole vs fixed sentence
- Lestimation de ces paramètres structurels est
complexe - - les détenus qui obtiennent les réductions les
plus importantes sont plutôt a priori ceux dont
les risques de récidives sont les plus faibles
(pb de sélection). - - la décision dun parole board a en
elle-même un effet sur la récidive (à travers le
specific deterrence effect) donc la différence
de récidive entre ceux qui bénéficient dune
remise de peine et les autres ne mesure pas bien
la capacité des juges à repérer ex ante les
détenus à faible risque de récidive.
6Cadre théorique
- Soit un détenu déjà resté D en prison. Couts de
le laisser d de plus (c x d)où c capte le coût
marginal dincarcération (repas, logement,
soins) supposé constant (discutable). - Bénéfice direct soit P(D) la probabilité de
récidive et S le cout moyen dune récidive pour
la société. - Bénéfice de neutralisation S x P(D) x d
- Bénéfice de (léventuel) specific deterrence
effect - -(P(Dd)-P(D)) x S x (Dmax-D)
- Bénéfice indirect I(D) general deterrence
effect sur les autres criminels potentiel.
7Cadre théorique
- Hypothèses (discutables) P(D) décroit avec D,
P(D)lt0, mais de moins en moins vite (i.e.,
P(D)gt0). Sous ces hypothèses, le bénéfice
marginal dincapacitation et le bénéfice marginal
de specific deterrence sont décroissants avec D.
Par ailleurs, le bénéfice marginal de deterrence
est plausiblement décroissant lui aussi (faire
passer les peines de 1 à 2 ans a a priori plus
deffet dissuasif que de 4 à 5 ans). - Sous ces hypothèses, le bénéfice marginal décroît
tandis que le coût marginal est constant. Il
existe une durée optimale D telle que bénéfice
et coût marginal sont égaux et qui maximise le
benefice social net de la prison. - En gros, D est alors tel que c S x
P(D)-SxP(D)x(Dmax-D), - avec P(D)lt0 et P(D)gt0.
8Cadre théorique (2)
- Dans un monde homogène et parfaitement informé on
choisit D et le bénéfice social est maximisé
quil y est un PB ou une fixed sentence. - Dans un monde hétérogène, un Parole Board bien
informé peut faire mieux que fixed sentence
dans la mesure où il peut allouer le D optimal à
chacun des types de délinquant (on évite par
exemple les coûts de laisser longtemps en prison
des gars qui ne récidiveront jamais). - Parole Board incite également à la réhabilitation
la fonction de récidive P(D) a priori plus
faible à D donné sous parole board que sous fixed
sentence. Permet de faire mieux avec même durée
en prison.. - Hypothèse clef Parole Board identifie mieux le
D de chaque type de détenus et partage
effectivement lobjectif de minimiser les coûts
dont ont parle (pas laxiste , ce qui est
contesté)
9Question 1 evaluation de leffet de dissuasion
spécifique
- Cet effet est a priori ambigu et empiriquement
mal connu. - Dun côté prison comme expérience quon a pas
envie de revivre et ce dautant plus quon la
connue longtemps. Prison comme éloignement de
linfluence criminelle du quartier, des anciens
réseaux. Opportunité de bénéficier des programmes
de réinsertion. - Mais à lopposé prison comme expérience
déshumanisante, comme école du crime, comme
expérience qui éloigne de la vie civile et
professionnelle normale . - Pas de consensus dans la litérature.
10Identification méthode 1, mass release
experiment
- Libération de 900 prisonniers le 18 mars 1981
pour désengorger les prisons de létat de
Georgie. - Sélectionnés parmi ceux désignés comme
non-violents et parmi ceux là, les 900
libérations les plus proches dans le temps. - Dans ce sous-ensemble, à durée de sentence
initiale fixée, la réduction de peine obtenue
dépend uniquement de la date dincarcération.
Hypothèse didentification la date
dincarcération est exogène.
11Identification methode (1)
- Yrécidive dans les 3 ans qui suivent la
libération. - Isentence initiale Tdate incarcération
- Tc18 mars.
- D durée passée en prison au 18 marsTc-T.
- Modèle Y aD bIu sur lechantillon S des
libérés. - Hypothèse E(Du/I,S)0.
- En fait, pas évident du tout. Si S1(Ta(u)IgtTc)
par exemple. Il faut supposer que la sélection
des survivants au jour du 18 mars ne dépend
pas des facteurs u.
12Resultats methode 1
- Au sein du groupe relâché, à sentence initiale
fixée, chaque mois supplémentaire en prison est
associé à un risque de récidive 3 ans après la
libération de - -2,5 points plus faibles (environ 7 de 37
points). - Ne pas perdre de vue quil sagit dun type très
particulier de détenus et très particulier de
réductions de peine collective dune part (peut
faire perdre de vue le lien entre effort
personnel et sanction) et dautre part sans
préparation aucune (les détenus ont appris leur
libération le matin du 18 mars).
13Methode 2 Regression discontinuity design
- A larrivée en prison, chaque prisonnier est
associé à un score de 1 à 20 (fonction histoire)
censé refléter risque de récidive. - Une version censurée du score (1-8 9-13 14-20)
est utilisée par le PB pour qualifier le risque
de récidive (low, medium, high) et formuler une
durée de peine recommandée. Les parole board
sappuie étroitement recommandation pour leur
décision - Régression discontinuity design soit RLow ou
medium0 ou 1, le niveau de risque, et Y0 et Y1
les potentiels de récidive. - Hypothèses R croît avec le score s et Y1-Y0
indépendant de S au voisinage de S8 et E(Y0/Ss)
continue en s8.
14Methode 2 (suite)
- Sous ces hypothèses, le ratio entre la
discontinuité de récidive et la discontinuité de
risque estimée au point s8 peut sinterpréter
comme leffet causal de se voir allouer un risque
medium plutôt que risque faible sur la
probabilité de récidive (pour les compliers
tout le monde a priori). - Dans lhypothèse où le risque attribué affecte
récidive uniquement via lallongement de la durée
effective passée en prison, cela permet dévaluer
leffet du temps passé en prison sur récidive
(pour les compliers).
15Methode 2 (fin)
- Discontinuité très nette du temps passé en prison
entre scores 8 et 9 (-2 mois 22 versus 20 mois).
En revanche pas de discontinuité dans les
pre-treatment variables. - Discontinuité également dans la fréquence des
récidives observées. En fait récidive à s8
plus forte quà s9 et plus forte également à
s10 quà s9, mais plus forte à s8 quen s9
rupture de monotonie au seuil attendu. - Le rapport des ratios conduit à des évaluations
très similaires à ceux de la méthode 1, i.e.,
chaque mois supplémentaire en prison génère 2,5
points de moins de récidive 3 ans après la
libération.
16Question 2 les parole boards estiment-il
correctement les risques?
- Supposons Rr-bt, ou Rrisque actuel, rrisque
tel que peut lavoir pris en compte le PB et t
durée effective en prison, et b specific
deterrence effect . - Supposons que PB propose bel et bien t tel que
si suivi alors on aurait RR0 où R0 équilibre
social costs and benefits. Dans ce cas,
t(r-R0)/b et donc rR0bt - Donc sous les deux hyothèses précédentes on a
donc RR0bt-bt. Pb t et t quasi colinéaires
en temps normal puisque PB très suivi en
pratique.
17Parole Boards et risques (2)
- Quasi experience de la mass release en Georgie
rompt le lien mécanique entre t et t pour
léchantillon aucun lien entre t et t. - Résultats à t fixé, une variation de 1 mois de
t est associé à un surcroît de récidive de 2.5
point, soit à peu près exactement le specific
deterrence effect précédemment estimé. - Les PB semblent donc bel et bien ajuster les
peines en prenant correctement en compte leffet
de leur décision de raccourcissement de peines
sur les risques de récidive.
18Question 3 effet désincitatif des peines
planchers
- Dernière question quand on supprime les PB, on
supprime le lien entre bon comportement et
possible réduction de peine. Cela modifie-t-il
les comportements des prisonniers vis-à-vis des
prgms préparant la réinsertion et cette
modification contribue-t-elle à accroitre les
risques de récidive? - Reforme dite des 90 en Georgie en 1997. Pour un
ensemble de crimes violents, à partir du 31
décembre 1997, le détenu ne peut plus effectuer
moins de 90 de la peine. Cette loi a-t-elle
modifié le comportement dinvestissement des
prisonniers dans les programmes de réinsertion?
19Réforme des 90 en Georgie
- Comparaison graphique de lévolution de la
situation du treatment group (détenus ayant
commis lun des crimes concernés par la loi) et
control group - - pas deffet très évident sur de la peine
(parce quavant même la réforme bcp de criminels
90 faisaient déjà 90). Effet très net si on
se concentre sur le dernier décile au sein de
chaque groupe. - Note le fait que leffet sur le effectué
soit faible, nimplique pas un effet faible sur
les incitations (que lon songe à un concours par
exemple). - - Effet très net sur fréquence des actes
dindiscipline en rpison fréquence des cours
suivi en prison sur la récidive 3 ans après la
libération.
20Réforme des 90 en Georgie
- Analyse économétrique
- Y dummy 90 crime dummy incarcération
après 31-12-1997 interaction entre ces deux
dummies - variable de contrôle (i.e., dont on a vérifié
quelles nétaient pas affectées par la réforme
sexe, race age à la libération, durée
dincarcération (sans doute la plus problématique
a priori). - Ces régressions suggèrent 4 daccroissement
des actes dindiscipline -12 de la proba. de
réussir un programme de cours pour réinsertion
8 daccroissement de la proba. De récidive 3
ans après la libération.
21Synthèse
- Un mois de plus en prison décroît
significativement les risques de récidive. - Les parole board parviennent bel et bien à
faire varier leur recommendations en fonction des
risques potentiels de récidive - La suppression des parole board au profit de
logique plancher déteriore la vie en prison,
diminue les incitations à sinvestir dans sa
réinsertion et augmente la récidive. - On peut calibrer une fonction de récidive à
laide de ses résultats et utiliser cette
calibration pour prédire le bénéfice de la
prison sous différent régime (parole board vs.
fixed sentence). Milite en faveur des parole
board .
22Crime, Punishment and Myopia
- David Lee (UC Berkeley)and Justin McCrary (U.
Michigan), NBER 11491
23Motivation
- Les jeunes délinquants prennent ils en compte
lavenir? Est-il réellement dissuasif de leur
infliger des peines plus lourdes? - Pour répondre à cette question
- (a) données longitudinales permettant destimer
comment évolue avec lâge la probabilité dêtre
ré-arrêté pour des échantillons de délinquants
(P(Aa/Agta-1) en fonction de la sévérité des
peines encourues - (b) un système judiciaire (US, Floride)
impliquant une discontinuité très importante de
la variation de la lourdeur des peines encourues
avec lage des délinquants.
24Contexte
- Dans le contexte de la Floride, un délinquant
arrêté avant son anniversaire des 18 ans est jugé
(en théorie) par une juvenile court , tandis
quil est jugé par une adult court normale dès
après son 18eme anniversiaire. - A infraction donné, les juvenile courts
infligent des peines de 3 à 7 fois moins longues.
25Données et variables
- Données données administratives retraçant
lensemble des interpellations survenues en
Floride entre 1989 et 2002. Identifiant individus
permet de retracer les re-arrestations. -
- Léchantillon central les 65,000 individus
ayant été interpellé au moins une fois avant 17
ans. Pour chaque individu i et chaque semaine s
entre le 17eme et le 19eme anniversaire, A(i,s)1
si i arrêté durant s et 0 sinon. - Hasard empirique P(s)Pr(A(i,s)1/A(i,s)0,
slts). Si délinquant sensible aux peines
risquées, on devrait avoir une chute de P(s)
juste après le 18eme anniversaire.
26Résultats
- Conditionnellement à être arrêté, discontinuité
très nette dans la probabilité dêtre jugé comme
un adulte juste après le 18eme anniversaire (le
système marche bien comme en théorie il le doit).
- Aucune discontinuité dans la probabilité dêtre
ré-arrêté juste après le 18eme anniversaire.
(Courbe de hasard identique à celle quon obtient
quand on fait un test de falsification sur la
période de 19eme-21eme anniversaire).
27Interprétation
- Question de fond étant donné la différence de
peine anticipable entre adult et juvenile courts,
quel effet était-il raisonnable dattendre sur la
fréquence des interpellations? - Modele structurel Crime ssi ptUs,t(1-pt)
Ucr,tgtUa,t - soit crime ssi ptgtpt (Ucr,t -Ua,t)/(Ucr,t
-Us,t) - On suppose que les opportunités dactivités
criminelles arrivent chaque période (semaine),
caractérisée chacune par une proba. pt dêtre
interpelé et lon suppose pt tirée au sort à
chaque période dans une loi logistique de
distribution Ft
28Interprétation
- On suppose quaux alentours de t0 18eme
anniversaire, Ucr,t ,Ua,t et Ft restent
constants. - Dans ce cadre Pr(crime à t0)Ft0(pt0) et
Pr(crime à t0-1)Ft0(pt0-1) où pt0-1 (Ucr,t0
-Ua,t0)/(Ucr,t0-1 -Us,t0) et ce modèle prédit un
discontinuous negative drop dans la probabilité
de commettre un crime au moment de la
discontinuité du régime des peines. - La probabilité de subir une arrestation entre t1lt
t0 et t est plus complexe à écrire mais,
elle-aussi, discontinue en t0 - Si lon accepte ce modèle, on peut le calibrer
avec un taux dactualisation annuel de 0,95, des
temps dincaceration 3 fois plus long dans adult
court etcet on narrive à prédire un très petit
effet pour un tel choc de peine encourue quavec
des present-biased preference (hyperbolic
discount factor).