Title: Le secteur des tlcommunications surfetil de bulle en bulle
1Le secteur des télécommunications surfe-t-il de
bulle en bulle ?
- Mission Economie Numérique
- 28 avril 2005
- Pour tous compléments
- mathieu.plane_at_ofce.sciences-po.fr
- Tiré de larticle de la Revue de lOFCE, n88,
janvier 2004.
2Objet de la présentation
- Comprendre les facteurs qui ont entraîné la
formation dune bulle dans le secteur des
télécoms ainsi que ceux qui ont été à lorigine
du retournement des marchés financiers. - Analyse descriptive du phénomène.
- Identifier les risques dune nouvelle bulle avec
la mise en place de lUMTS. - Perspectives de lUMTS mesurer la rentabilité
du projet de lUMTS. - Impact macroéconomique de lUMTS en France
3Part du CA des services de télécommunications
En de la VA totale
- Accélération depuis le milieu des années 1990
avec larrivée de la téléphonie mobile et de
lInternet
4Capitalisation boursière des services de télécoms
en Europe
- Multiplication par six de la capitalisation
boursière des services de télécoms dans les 3
plus grands pays européens en lespace de deux
ans et demi
5Part des services de télécommunications en France
- Valorisation des cours boursiers déconnectée des
réalités économiques
Sources INSEE, Datastream, calculs OFCE.
6- Les facteurs qui ont contribué à la dynamique
haussière de valorisation des entreprises de
telecoms
7Une technologie innovante
- Technologie à fort potentiel
- Avec lexpansion du GSM et larrivée programmée
des générations suivantes de téléphones mobiles,
les marchés voyaient un renouvellement permanent
des équipements et un développement illimité des
services de télécoms. - Dans le secteur des nouvelles technologies, les
télécoms font partie des valeurs les plus sûres.
8Nombre dopérateurs de télécommunications mobiles
dans lOCDE
- Avec la libéralisation du marché des télécoms
(1996 aux USA et 1998 en Europe), le nombre
dopérateurs de télécommunications mobiles a été
multiplié par deux entre 1996 et 2001. - En termes de part de marché, cest dans le
secteur des mobiles que les nouveaux entrants ont
le mieux réussi. En 2001, ils desservaient 48
des abonnés contre 3 pour les réseaux fixes. - En revanche, en 1999, bénéfice net du secteur des
télécoms étaient totalement accaparé par les
opérateurs historiques
9Nombre dabonnés à la téléphonie mobile dans le
monde
- Le marché mondial de le télécommunication mobile
a connu un essor fabuleux dans la deuxième moitié
des années 1990. En 2001, le nombre dabonnés à
la téléphonie mobile concernait 954 millions de
personnes, soit 16 de la population mondiale.
10Taux de pénétration des téléphones mobiles
cellulaires
En de la population
- Croissance exponentielle des taux de pénétration
de la téléphonie mobile a agi directement sur les
perspectives de profits anticipées par les
investisseurs et sur les valorisations boursières
des entreprises de télécommunications
cette donnée est celle de décembre 2001.
cette donnée est celle de septembre 2003.
11Taux de pénétration (en variation) des téléphones
mobiles en France et cours boursier de France
Télécom
- A partir de la fin 1999, en France et dans la
plupart des pays européens, déconnexion entre la
croissance du nombre dabonnés aux téléphones
mobiles et lévolution des cours boursiers des
opérateurs - Vision de court terme des marchés qui nont pas
anticipé la saturation du marché
12Principales acquisitions dans la téléphonie
mobile en 2000
- Multiplication des opérations de croissance
externe rachat dentreprises, le plus souvent à
prix dor - Modalités dacquisition différentes ont pesé plus
ou moins fortement sur lendettement des
entreprises. Cas de Vodafone qui a lancé une
gigantesque OPE hostile qui lui a coûté 177 Mds
deuros en actions. A linverse, rachat dOrange
par FT financé par une augmentation de capital de
18 Mds deuros, 22 Mds en cash et 9 Mds de
reprise de dette. - Ces rachats seront en grande partie à lorigine
des mauvais résultats des opérateurs par le biais
de lamortissement des survaleurs
13Endettement total (dette brute /CA) agrégé des 6
plus grands opérateurs européens
- Prêts syndiqués aux opérateurs ont atteint au
niveau mondial, près de 320 Mds deuros pour les
10 premiers mois de 2004, contre 237 Mds en 1999
et 149 en 1998. Prêts aux opérateurs représentent
plus de40 du capital de certaines banques et 5
de leurs actifs totaux. - Selon la BRI, FT arrivait, début 2001, en tête
des emprunteurs avec 30 Mds deuros. - Les émissions obligataires des opérateurs ont
atteint 94 Mds de sur les 9 premiers mois, soit
plus du quart des émissions mondiales
14- Éléments qui peuvent expliquer le retournement
des anticipations des investisseurs et la chute
vertigineuse des cours boursiers
15Spirale de la chute des valorisations boursières
16PER (capitalisation boursière / résultat net) des
principaux opérateurs
- Au regard du niveau des PER, les profits
escomptés nont pas été à la hauteur des
capitalisations boursières (censées anticiper les
résultats futurs de lentreprise), incitant les
investisseurs à vendre leurs titres.
17Indices boursiers des services de
télécommunications
- A partir de mars 2000, les cours boursiers des
entreprises de télécoms ont commencé à baisser en
France, en Europe, aux Etats-Unis et au Japon et
ont décrû fortement pour atteindre un point bas
en octobre 2002. - En lespace de deux ans et demi, les services de
télécommunications ont perdu, en moyenne, 90 de
leur valeur en France, 81 dans lUnion
européenne, 76 au Japon et 74 aux Etats-Unis.
18Prix relatif des licences UMTS et indice de cours
boursier des services de télécoms dans lUE
- Quel que soit la procédure dattribution des
licences retenue, on saperçoit que les
opérateurs (dans le cas des enchères) ou le
régulateur (dans le cas du concours de
beauté ) ont fixé le prix des licences en grande
partie en fonction des cours boursiers des
entreprises de télécommunications censés
représenter la somme actualisée des profits
futurs
le prix de la licence décidé en France en juin
2000 était de 83 euros par habitant
en Espagne, au prix de la licence sajoute une
taxe sur les recettes des opérateurs. En
contrepartie du faible prix des licences UMTS,
les quatre opérateurs s'étaient engagés a
investir 16,3 milliards d'euros dans un délai de
dix ans
19Prix des licences UMTS obtenues par les
opérateurs en Europe
- Limportante charge des licences avant même le
déploiement des infrastructures et la mise en
place des services de lUMTS, apparaît comme un
véritable fardeau dans les bilans des opérateurs
de télécommunications. Selon lOCDE (2003), sur
le montant total payé pour les licences UMTS en
Europe, plus de 76 milliards de dollars ont été
versés par huit opérateurs.
20Taux dendettement (dette brute / capitalisation
boursière) des grands opérateurs européens
- Retournement des marchés financiers a enclenché
les problèmes de soutenabilité du secteur des
télécoms, qui, en retour, ont accéléré la chute
des cours boursiers. - Face à cette défiance des investisseurs, agence
de notation ont dégradé la note des
opérateurs. Notation des opérateurs européens est
passée en moyenne de AA à BBB en 2 ans,
renchérissant le coût des crédits bancaires et
obligataires ultérieurs - Crise de financement du secteur télécoms
restriction du crédit bancaire, défiance des
investisseurs vis-à-vis des valeurs télécoms et
émissions obligataires à des taux très élevés en
raison de la dégradation de leur note
21CA annuel par abonné de téléphonie mobile en
Europe, aux USA et au Japon
- A ce problème de financement sajoute le très
fort ralentissement des recettes de téléphonie
mobile, avec larrivée à la phase de saturation
du marché en Europe, et la baisse tendancielle du
chiffre daffaire annuel par abonné de téléphonie
mobile. - Dans tous les pays, excepté les Etats-Unis, la
recette moyenne par abonné (ARPU) diminue avec
lintensification de la concurrence et la baisse
des coûts conséquente aux gains de productivité
et à la rentabilisation des infrastructures.
22Poids des actifs intangibles dans le bilan agrégé
des 6 plus grands opérateurs européens
- Accroissement important des actifs immatériels
dans les bilans des entreprises, conséquence
directe de la phase dengouement pour les FA au
cours de laquelle les grands groupes ont racheté
des entreprises à des prix déconnectés de leur
valeur comptable. - Dépréciation de ces actifs diminue dautant les
bénéfices et fonds propres de lentreprise et
augmente mécaniquement la part des dettes au
passif.
23LUMTS un avenir incertain
- Marchés financiers et banquiers sinterrogent sur
la rentabilité de lUMTS techniquement
difficile à réaliser et coûte très cher
(licences, infrastructures, RD) - UMTS va induire un décalage de trésorerie plus
de la moitié des investissements liés à lUMTS
devant être réalisés entre 2005 et 2009 alors que
sur la même période lUMTS ne devrait rapporter
que 10 des recettes attendues entre 2005 et
2015. - Problème de financement pourrait samplifier si
lUMTS ne connaît pas le succès escompté et que
les consommateurs de cette nouvelle téléphonie
mobile nenrichissent pas leur facture par
lutilisation de nouveaux services autres que la
voix. - Concurrence des technologies alternatives, moins
ambitieuses et moins onéreuses qui font
progressivement leurs preuves.
24Crédits fournisseurs accordés aux 6 grands
opérateurs européens
- Équipementiers ont accordé des crédits très
élevés aux opérateurs, leur propre survie
dépendant de ces derniers - La spirale infernale pour les équipementiers,
semblable à celle des opérateurs, sest
enclenchée, avec en plus le désavantage dêtre le
dernier maillon de la chaîne du secteur des
télécommunications chute des cours, fort
endettement, dégradation des notations, coût du
financement très élevé, assèchement des sources
de financement et risque de faillite
25Indices boursiers des équipementiers
- La forte dégradation des cours boursiers des
opérateurs de télécoms va entraîner dans sa chute
les valeurs des équipementiers, mais avec un
certain retard en France et dans lUnion
européenne. Lampleur de la chute est colossale
entre le pic de septembre 2000 et le point bas
doctobre 2002, -96 en France, -88 en Europe et
aux Etats-Unis.
26Etats-Unis la déroute dInternet
- Bulle des télécoms sur le marché américain na
pas atteint la même ampleur quen Europe. - Une des raisons taux de pénétration bien moins
élevé et progression beaucoup plus lente quen
Europe, notamment en raison des problèmes de
normalisation de la technologie 2G. - Retournement des cours boursiers des télécoms aux
USA sexplique essentiellement par une crise
de surproduction des capacités de transmission de
données liée à la fois au bogue de lan 2000 et à
la révision des anticipations sur lavenir du
trafic Internet (Didier et Lorenzi (2002)).
Entre 1998 et 2001 la capacité de réseaux a été
multipliée par 500 quand le trafic Internet
naurait été multiplié que par 5 (Gassot (2002)).
- A partir de 1999, remise en cause du modèle
économique des sociétés Internet. Chute des
sociétés Internet va entraîner celle dun bon
nombre dopérateurs de télécoms alternatifs aux
Etats-Unis, dont les investissements se
justifiaient par lexplosion du trafic Internet
généré par les services de dot.com (Didier et
Lorenzi (2002)).
27- Une nouvelle bulle avec larrivée de lUMTS ?
28Facteurs contributifs à une nouvelle bulle
29Perspectives de lUMTS modèle simple de
projection financière
- Hypothèses
- Projections démographiques de lINSEE.
- Taux de pénétration de lUMTS évolue comme celui
du GSM mais avec un décalage de 10 ans. - ARPU de lUMTS en 2015 deux fois plus importante
que celle du GSM en 2004 (50 transmission de la
voix, 50 communication de données). - Taux de marge évolue comme le cycle de vie du
produit. En moyenne sur la période 2003-2015
25 - Investissements liés à lUMTS de 25 Mds deuros
dont 14 Mds entre 2005 et 2009. - Les 3 opérateurs verseraient environ 3 Mds
deuros à lEtat (1,9 Md pour les licences, le
reste correspondant à une taxe de 1 sur les
recettes de lUMTS)
30Résultat de la projection
- Flux de trésorerie ne sera positif quà partir de
2009. - 3G ne sera rentable, au regard des flux cumulés
de trésorerie, qu à partir de 2012. - Taux de rentabilité moyen du projet (flux de
trésorerie cumulé / cumul des recettes) sur la
période 2003-2015, sétablit à 9,7. - Si la rentabilité du projet à long terme nest
pas remise en cause, le défi pour les opérateurs
sera de faire face au décalage de trésorerie
engendré par la mise en place de lUMTS.
31Tableau de variantes
32- Impact macroéconomique de lUMTS en France
33Investissements réalisés dans le GSM et lUMTS
- Selon lAFOM, investissements réalisés pour le
GSM sur la période 1993-2005 sont estimés à 17
Mds deuros. Pour le GSM, investissements estimés
à 25 Mds sur la période 2003-2015 dont plus de la
moitié entre 2005 et 2009.
34Contribution annuelle (en valeur) des
investissements GSM et UMTS à la croissance de la
FBCF des SNFEI en France
- Les investissements dans la technologie du GSM
ont commencé en 1991, puis se sont accélérés à
partir de 1996 avec laugmentation du nombre
dabonnés, et ont atteint leur maximum en 2000.
Depuis 2000, ces investissements diminuent et
devraient contribuer négativement à la croissance
de la FBCF. - A partir de 2004, les investissements liés lUMTS
vont se substituer à ceux du GSM. La forte
croissance des investissements nécessaires au
déploiement du réseau UMTS entre 2004 et 2006 va
avoir un impact important sur la croissance de la
FBCF. A partir de 2007, le montant des
investissements devrait rester important mais
inférieur à ceux réalisés en 2005. A partir de
2007, le montant des investissements devrait
rester important mais inférieur à ceux réalisés
en 2005. A partir de 2011, les investissements
liés à lUMTS ne devraient plus avoir dimpact
sur la croissance de la FBCF totale. Si une 4G
venait à prendre le relais de lUMTS avant 2015,
les investissements liés la téléphonie mobile
contribueraient plus fortement que nos
prévisions. - Cependant, certains de ces équipements réseaux
seront importés, ce qui atténuera les effets nets
des investissements UMTS sur la croissance.
En pts de
35Consommation en services de télécoms et taux de
pénétration du GSM
- Depuis la fin de la diffusion du tel fixe à tous
les ménages (76-81), la contribution des services
de tel a été relativement stable jusquen 1997
(0,07 en moyenne en volume). - Depuis 1998, contribution des services de
telecoms à la croissance de la conso a décollé
(0,37 en moyenne entre 1998 et 2002).
Sexplique largement par le développement du GSM. - Envolée de la consommation en volume des services
de telecoms fortement corrélée à lévolution du
taux de pénétration du GSM.
36Contribution annuelle (en valeur) des services du
GSM et UMTS à la croissance de la consommation
des ménages en France
- La contribution des services du GSM à la
croissance de la consommation devrait rester
positive jusquen 2004, date à laquelle lUMTS va
progressivement se substituer au GSM. A partir de
2005 jusquà sa disparition, la contribution du
GSM va être négative. - La contribution en valeur de lUMTS à la
croissance va dépendre à la fois de la vitesse de
diffusion de cette nouvelle technologie et de la
facture moyenne que chaque abonné est prêt à
consacrer à ce nouveau service. On retient les
mêmes hypothèses que celles du modèle financier
pour lévolution taux de pénétration et de lARPU
de lUMTS. - Hypothèse alternative dune ARPU évoluant comme
linflation.
lARPU de lUMTS passe de 30 euros en 2004 à 51
euros en 2015 (croissance de 5 par an)
lARPU de lUMTS croît comme linflation
(croissance de 2 par an)