Title: Choix de po
1Choix de poèmes de Daniel VillaperlaPériode du
01-8 au 31-8-2008 (N35)
Attendez que la musique de Mozart démarre et
prenez le temps dapprécier les textes poétiques
que vous aimez dans cette sélection Les
diapositives changent au clic de la souris
2Je t'aimeNathPar mon désir sans finDe
vivre pour donner,Par mon regard éteintQui
voudrait tant briller,Je t'aime.Par tous mes
mots d'amourQue le temps a rongés,Par tous ces
cris d'amourQu'ils ont emprisonnés,Je
t'aime.Par mes rêves un peu fous,Par mes
silences étranges,Par mon regard trop flou,Par
mon espoir en transes,Je t'aime.
3Amour qui voles dans les nues,Baisers blancs,
fuyant sur l'azur,Et qui palpites dans les
mues,Au nid sourd des forêts émues Qui cours
aux fentes des vieux murs,Dans la mer qui de
joie écume,Au flanc des navires, et surLes
grandes voiles de lin pur Amour sommeillant sur
la plumeDes aigles et des traversins,Que clame
la sibylle à Cume,Amour qui chantes sur
l'enclume Amour qui rêves sur les seinsDe
Lucrèce et de Messaline,Noir dans les yeux des
assassins,Rouge aux lèvres des spadassins
Amour riant à la babineDes dogues noirs et des
taureaux,Au bout de la patte félineEt de la
rime féminine Amour qu'on noie au fond des
brocsOu qu'on reporte sur la lune,Cher aux
galons des caporaux,Doux aux guenilles des
marauds Aveugle qui suis la fortune,Menteur
naïf dont les leçonsEnflamment, dans l'ombre
opportune,L'oreille rose de la brune suite
Hymne
4Amour bu par les nourrissonsAux boutons sombres
des Normandes Amour des ducs et des
maçons,Vieil amour des jeunes chansons Amour
qui pleures sur les brandesAvec l'angélus du
matin,Sur les steppes et sur les landesEt sur
les polders des Hollandes Amour qui voles du
hautainEt froid sourire des poètesAux yeux des
filles dont le teintSemble de fleur et de satin
Qui vas, sous le ciel des prophètes,Du chêne
biblique au palmier,De la reine aux
anachorètes,Du cœur de l'homme au cœur des bêtes
De la tourterelle au ramier,Du valet à la
demoiselle,Des doigts du chimiste à
l'herbier,De la prière au bénitier Du prêtre à
l'hérétique belle,D'Abel à Caïn réprouvé
Amour, tu mêles sous ton aileToute la vie
universelle !Mais, ô vous qui m'avez
trouvé,Moi, pauvre pécheur que Dieu
pousseDiseur de Pater et d'Ave,Sans oreiller
que le pavé,Votre présence me soit douce.
Germain NOUVEAU
5MUSIQUE Musique d'un moment, débordant
d'allégresse,Aux accords harmonieux, sensuelles
caressesDu bonheur enchanteur qui te souffle à
l'oreilleLa douce mélodie des matins qui
s'éveillentMusique d'un moment, pétrifié de
chagrinAux accords dissonants, insondables
refrainsD'un désespoir violent qui te siffle a
la têtedes images douloureuses, souvenirs de
défaite.Musique fidèle, compagne éternelle,Tu
sais cristalliser dans le flot de tes notesLes
sentiments mêlés des Homme qui te portentEt dans
le quotidien de nos vies si réelles,Tu donnes du
plaisir aux Hommes qui t'écoutentEn devenant
l'écho de leurs joies, de leurs doutes. Marie
Sambre
mmenathalie
6LÂGE DOR Qui se souvient un peu dans le
soleil enfui,Des grands cieux tournoyant comme
une âme légèreEt des chaudes amours à la couleur
si chère,Où léternité même, un instant, avait
lui ?Cet âge-là mêlait passion et bien-être Le
jour voluptueux chantait en séraphin Cétait
parmi la joie un vertige sans finPeuplé de longs
désirs jamais las de renaître.Au comble de
lextase au beau rire de miel,Chaque enfant tout
pareil à quelque fol artiste,Survolait, radieux,
des marches daméthysteSous le chevalet nu dun
grandiose arc-en-ciel.Les vents clairs
sétoilaient de lunes magnifiques Laurore en
se voilant senivrait de douceur Lazur qui
savançait avec des mains de sœur,Se délectait
pour nous dincroyables musiques.Puis, figure
céleste aux charmes frémissants,Le rêve sur nos
jeux infinis et frivoles,Ouvrait des chemins
purs choyés par mille idoles,Et réchauffait la
vie en ses doigts caressants. Thierry CABOT
7CARESSE La caresse de ta mainComme un rayon de
luneDoucement se posa surMes yeux de bleu
iriséEt l'on entendit le murmureDu néant
s'écrouler à laVague de l'écume morte Tyriel
8Les grandes voiles de la peurse gonflent au gré
de ton absenceil est de ces neiges éternellesoù
mon voyage me tueet les bancs glacés de
l'aubeouvrent mes illusions à leur fincomme il
serait faciled'y glisser et sombrer, encoredu
jour au soirj'attends la nuitcelle qui se
fermesous tes paupièresmon rêve peut
dormir...LouveMathieu
9Réminiscence .La nuit qui rêve sur la terre
Donne d'étranges voluptés, Pendant que ses
blêmes clartés Grouillent dans l'éternel
mystère. Or, lourd, errant et solitaire,Vers
le sol morne et sans beautés, Un souffle aux
froides duretés Gémit dans la vallée
austère. Ce n'est plus la nuit d'autrefois!
L'automne effeuille les grands bois, L'ouragan
pleure entre les branches Et sur la plaine aux
tons défunts, Ivres de leurs derniers parfums,
Agonisent des roses blanches. Arthur de
Bussières
Evanescent_Dream
10Louis Aragon - Est-ce ainsi que les hommes vivent
? Tout est affaire de décor Changer
de lit, changer de corps A quoi bon puisque
c'est encore Moi qui moi-même me trahis Moi qui
me traîne et m'éparpille Et mon ombre se
déshabille Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays
Cœur léger, cœur changeant, cœur lourd
Le temps de rêver est bien court Que faut-il
faire de mes jours Que faut-il faire de mes
nuits Je n'avais amour ni demeure Nulle part où
je vive ou meurs Je passais comme la rumeur Je
m'endormais comme le bruit
Est-ce ainsi que les hommes
vivent Et leurs baisers au loin les suivent
suite
11C'était un temps déraisonnable On avait mis les
morts à table On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens Tout
changeait de pôle et d'épaule La pièce
était-elle ou non drôle Moi si j'y tenais mal
mon rôle C'était de n'y comprendre rien
Dans le quartier
Hohenzollern Entre la Sarre et les casernes
Comme les fleurs et la luzerne Fleurissaient
les seins de Lola Elle avait un cœur
d'hirondelle Sur le canapé du bordel Je venais
m'allonger près d'elle Dans les hoquets du
piano, là
Est-ce ainsi que les hommes vivent Et leurs
baisers au loin les suivent suite
12Le ciel était gris de nuages Il y volait des
oies sauvages Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais Je les voyais
par la fenêtre Leur chant triste entrait dans
mon être Et je croyais y reconnaître Du Rainer,
Maria Rilke Elle était brune et pourtant blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches Et la
semaine et le dimanche Elle ouvrait à tous ses
bras nus Elle avait des yeux de faïence Et
travaillait avec vaillance Pour un artilleur de
Mayence Qui n'en est jamais revenu
Est-ce ainsi que
les hommes vivent Et leurs baisers au loin les
suivent suite
13Il est d'autres soldats en ville Et la nuit
monte les civils Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en ira bientôt Encore un verre de
liqueur Ce fut en avril à cinq heures Au petit
jour que dans ton cœur Un dragon plongea son
couteau
Est-ce ainsi que les hommes vivent Et leurs
baisers au loin les suivent Adaptation du
poème de Louis Aragon Bierstube Magie
allemande pour la chanson par Léo Ferré
14AuroreSous la faible lueur de ton
phare,polarisée de toi,j'émerge à peine du
brouillard.Avant de lever l'ancre,accoste-moi
une autre fois.MidiJ'entrouvre tout juste mes
mainset les referme sur mon épave.Rade de
toiJ'angoisse, je migraine, je soupire,je
tangue et retiens mon trouble.CrépusculeJ'écume
tes photos, tes missives parfumées.J'amarre une
sombre pensée,flotte dans une baie de
désir,prête l'oreille, hisse la voile,écluse
mes projets, tes promesses.MinuitTe revoilà
contre vents et marées.Le récit de ton odyssée
m'émoustille.Je bois tes paroles,je champagne,
je pétille.Dérive sous tes longues
caresses.LuneVagues, frissons et tempête,nous
immergeons à nouveau.Mon corps cingle le
tien,fusionne, tourbillonne, s'abandonneS'éloign
ent goutte à goutte tous mes doutes...
Claudette Francoeur
15La Soif des AmoursViens, accours, fille jolie
!Viens, que j'oublie en ton seinLe
chagrin,Qui, partout, dans cette vie,Suit le
pauvre pèlerin Qu'un autre envieux de la
gloireDans le tracas coule ses jours Moi,
toujours,Riant de ce mot illusoire,Je n'ai que
la soif des amours !Viens, accours, fille jolie
!Viens, que j'oublie en ton seinLe
chagrin,Qui, partout, dans cette vie,Suit le
pauvre pèlerin.Qu'un buveur, la tasse
remplie,Aux coteaux consacre ses jours Moi,
toujours,Sans goût savourant l'ambroisie,Je
n'ai que la soif des amours !Viens, accours,
fille jolie !Viens, que j'oublie en ton seinLe
chagrin,Qui, partout, dans cette vie,Suit le
pauvre pèlerin.
16Qu'un ladre accumulant sans cesse,Sur ses
trésors traîne ses jours Moi,
toujours,Méprisant honneurs et richesse,Je n'ai
que la soif des amours !Viens, accours, fille
jolie !Viens, que j'oublie en ton seinLe
chagrin,Qui, partout, dans cette vie,Suit le
pauvre pèlerin.Qu'un Anglais trace sur la
tombeDes vers sombres comme ses joursMoi,
toujours,Sur des fleurs ma lyre retombe,Je n'ai
que la soif des amours !Viens, accours, fille
jolie !Viens, que j'oublie en ton seinLe
chagrin,Qui, partout, dans cette vie,Suit le
pauvre pèlerin.Le temps éteindra sous ses
ailesLes feux ardents de mes beaux joursMoi,
toujours,Je serai galant près des belles,Je
n'ai que la soif des amours !Viens, accours,
fille jolie !Viens, que j'oublie en ton seinLe
chagrin,Qui, partout, dans cette vie,Suit le
pauvre pèlerin.
Petrus Borel
17La lune, imprudemment La lumière argentée
qui vrille les collinesOuvre des horizons, des
ombres et des abîmes.En rasant les maisons que
le destin domineLa lune, de lorient perdu, vers
loccident chemine. Passager clandestin,
satellite égaré,Morphée sest dévoilée en rêve
inachevé.Bijou, perle moirée dans la nuit
étoilée,La lune, lentement, éclaire les
nuées. Palissant le réel et dominant le
ciel,Apaise les inquiets, transforme dirréelLe
moindre objet banal et puis le renouvelle.La
lune, imprudemment, me fait pousser des ailes
Jean Louis Lastague
HeliotropeClaire
18Un saule Dabord il y a ses longs doigts de
fée. Puis sa robe qui se mire à la rivière.
Assis sur la berge en été. Une allée de cèdres
sétend, là-bas cest le bout du monde. Lespace
entre est planté de jonquilles sauvages comme
leau. Le soleil a des rayons de rosée. Un
traîneau de colombes se fraie un passage. Un
rocher affleure où jai posé ma vie. Je lance
des regards mélancoliques vers londe où se
reflète mon visage. La nuit berce les étoiles,
dérobe au jour sa clarté transparente. Le saule
déploie ses branches sombres dune éclipse de
lune. Daniel Brochard
dr_nilyram
19Terre des libertés!Dans les ors des étésLes
cieux t'inondentDe fleurs et de chansons Pour
que dans les moissons Courent les chauds
frissonsQui te fécondent. Terre des bois
ombreux Et des lacs plus nombreux Que les
étoiles!Tes rameaux infinisTamisent dans les
nids Tous les rayons bénisComme des
toiles. Toi que deux océans Baignent de flots
géants, Terre chérie!Que tes fils désormais
Réunis à jamais,Labourent dans la paix, Ô ma
Patrie! Gonzalve Desaulniers
Canada
Bornofthenight
20Puisque tu es libre mon enfant Alors
dis Que ton père achète des chevaux
Alors parle De la tique sur son dos
Des trous dans sa poche Alors dis
Que les eaux ne coulent pas, Que certains
te regardent De haut Puisque tu es
libre mon enfant Alors raconte
Comment l'histoire se répète, Comment s'en
vas Tout ce qu'on a dans la main?
Puisque tu es libre mon enfant Alors dis
Que ton père achète des chevaux Üzeyir
Cayci
byaki14
21La très-chère était nue, et, connaissant mon
Elle avait programmé l'antique phonographeDont
le noir pavillon crachait jusqu'au dégoûtSes
cris et sanglots longs comme un cou de
girafe. Quand il jette en grattant son bruit
sourd et pleureur,Ce monde palpitant de douceur
frénétiqueMe ravit en extase, et j'aime à la
fureurLes choses où le son se mêle à
l'érotique. Elle était déployée et se laissait
toucher,Tristan bramait son rut, Iseult miaulait
d'aiseA mon désir saurien tendu comme un
archetQui frottait wagnérien un contre ut en si
dièse.Les yeux fixés sur moi, comme un tigre
dompté,D'un air vague et rêveur elle osait
l'ouverture,Et l'ut majeur joué à la
lubricité,Donnait un charme neuf à sa rude
aventure.Et son dos et ses reins, et son ventre
et ses seins,Polis comme une suite, unis comme
une fugue,Répondaient à l'oreille ô cher
Jean-SébastienAu contrepoint à l'orgue et au
chour qui subjugue.Ange et Bête à la fois,
antilope et lion,Claveçon ou bassin, solo ou
symphonique,Elle m'exécutait l'antique
partitionDe notre accord parfait connaissant La
musique.Quand le phono se fut résigné à
mourir,Comme son seul point rouge illuminait la
chambre,Chaque fois qu'il lançait un flamboyant
plaisir,Il inondait de vie, ce rubicond de
membre.d'après Baudelaire, Les bijoux) Gypoète
MUSIQUE DE CHAMBRE
The_Lady_of_Shalott
22Entre le sommeil et le songe Entre le sommeil
et le songe, Entre moi et ce qui en moiEst
lêtre que je me suppose, Coule un fleuve
sans fin.Il est passé par dautres rives,
Toujours autres et plus lointaines,Au cours de
ces nombreux voyages Que connaissent les
fleuves.Il est arrivé où jhabite à présent
Cette maison quà présent je suis.Il passe, si
je me médite Si je méveille, il est
passé.Lêtre que je ressens et qui se meurt
Dans ce qui menchaîne à moi-mêmeSommeil où le
fleuve sécoule Ce fleuve qui na pas de fin.
Fernando Pessoa
CrazyB
23Souvent je t'écrismais je ne t'écris pas.Nos
mondes sont si éloignés,Rien ne pourrait nous
rapprocher.Après cette année loin de tout,Je me
suis sans façondépouillée de ma culture,Même la
connaissancesemble mavoir quittée.Je ne
pourrais restersi longtemps ignorante.Je pense
à toi,tu mest devenu un souvenirPas encore de
ceux que lon chéritAvec le désir de les
revivre.Non, une image imprécise, impalpableQui
me rend parfois heureuseet parfois mal à
laisePar moments, tout me semblaitpréférable à
cette vieQue tu as quelquefoissi bien
incarnéeLorsque jétais à tes côtés.Juge
toi-même de mon hypocrisie.
Souvent je t'écrisGabrielle Fric
24Pierre de RONSARD Maîtresse, embrasse-moi,
baise-moi, serre-moiMaîtresse, embrasse-moi,
baise-moi, serre-moi,Haleine contre haleine,
échauffe-moi la vie,Mille et mille baisers
donne-moi je te prie,Amour veut tout sans
nombre, amour n'a point de loi. Baise et
rebaise-moi belle bouche pourquoiTe gardes-tu
là-bas, quand tu seras blêmie,A baiser (de
Pluton ou la femme ou l'amie),N'ayant plus ni
couleur, ni rien semblable à toi ? En vivant
presse-moi de tes lèvres de roses,Bégaie, en me
baisant, à lèvres demi-closesMille mots
tronçonnés, mourant entre mes bras. Je mourrai
dans les tiens, puis, toi ressuscitée,Je
ressusciterai allons ainsi là-bas,Le jour,
tant soit-il court, vaut mieux que la nuitée.
25La nuit La nuit, une porte,Le silence
tourne la clef.Clef ouvrant le rêve,Sur une
main fleurie.Fleur de mots odorante,Le lys
libertaire et insoumis ! Philippe Brasseur
InvectivePhotography
26Port De la vie nous ne connaissions que
lennuinous étions ces rameurs pensifs et
sans voyagesur le bronze dune monnaie de Tyr.
Luciano Erba
27Jupes des quinze ans, aurores de femmes, Qui
veut, enfin, des palais de mon âme ? Perrons
d'œillets blancs, escaliers de flamme,
Labyrinthes alanguis, Edens qui Sonneront sous
vos pas reconnus, des airs reconquis.
Instincts-levants souriant par les fentes,
Méditations un doigt à la tempe, Souvenirs
clignotant comme des lampes, Et, battant les
corridors, Vains essors, Les dilettantismes
chargés de colliers de remords. Oui, sans
bruit, vous écarterez mes branches, Et verrez
comme, à votre mine franche, Viendront à vous
mes biches les plus blanches, Mes ibis sacrés,
mes chats, Et, rachats ! Ma Vipère de Lettres
aux bien effaçables crachats. Puis, frêle mise
au monde ! ô Toute Fine, Ô ma Tout-universelle
orpheline, Au fond de chapelles de mousseline
Pâle, ou jonquille à pois noirs, Dans les soirs,
Feu-d'artificeront envers vous mes sens
encensoirs ! Nous organiserons de ces parties !
Mes caresses, naïvement serties, Mourront, de
ta gorge aux vierges hosties, Aux amandes de tes
seins ! Ô tocsins,Des cœurs dans le roulis des
empilements de coussins. suite
painislove
28Tu t'abandonnes au bon, moi j'abdique Nous
nous comblons de nos deux esthétiques Tu
condimentes mes piments mystiques, J'assaisonne
tes saisons Nous blasons, A force d'étapes sur
nos collines, l'horizon ! Puis j'ai des tas
d'éternelles histoires, Ô mers, ô volières de ma
mémoire ! Sans compter les passes évocatoires !
Et quand tu t'endormiras, Dans les draps D'un
somme, je t'éventerai de lointains opéras.
Orage en deux cœurs, ou jets d'eau des siestes,
Tout sera bien, contre ou selon ton geste, Afin
qu'à peine un prétexte te reste De froncer tes
chers sourcils, Ce souci Ah ! Suis-je née,
infiniment, pour vivre par ici ? -Mais j'ai
beau parader, toutes s'en fichent ! Et je repars
avec ma folle affiche, Boniment incompris,
piteux sandwiche Au Bon Chevalier-Errant,
Restaurant, Hôtel meublé, Cabinets de lecture,
prix courants. Jules Laforgue Complainte du
pauvre chevalier-errant
The_Dark_Silhouette
29Ma demeure est haute,Donnant sur les cieuxLa
lune en est l'hôte,Pâle et sérieux En bas que
l'on sonne.Qu'importe aujourd'hui ?Ce n'est
plus personneQuand ce n'est plus lui ! Aux
autres cachée,Je brode mes fleursSans être
fâchée,Mon âme est en pleursLe ciel bleu sans
voiles,Je le vois d'iciJe vois les étoiles
Mais l'orage aussi ! Vis-à-vis la mienneUne
chaise attend Elle fut la sienne,La nôtre un
instantD'un ruban signée,Cette chaise est
là,Toute résignée,Comme me voilà !
Ma chambre
MARCELINE DESBORDES-VALMORE
30INTRODUCTION À LA LECTURE Des livres ouverts à
la préface, mamènent à briser la glace Il
nest point de pire mystère que lassaut
littéraireEt poursuivant mon ascèse comme une
ascension à un diocèseCent et uns ouvrages mont
pris en otageDevant la vastitude de
lencyclopédie des écritsJe continue le carnage
sacré de lespritLa pensée est devenue un luxe,
et le luxe sest mis à penserIntrinsèquement de
mon moi engourdi voici ce qui sensuit Des
pages sautent comme dautres sexportentLa
beauté des phrases croulent sous le firmament
dun soleil levantEt je reçois en cadeau les
messages subliminauxDe mes auteurs évocateurs de
chimériques idéauxDe la bible à connotation
anesthésisteAux grimoires ensorcelants dun
espoir évanescentDes narrateurs prônant un
alphabet hallucinant de véritéMais diffamatoire
de par sa complexitéMe jurent que cest ici que
se trouve mon impure destinéeMa cure de jouvence
passera par léloquence travestie dune armureOu
perdrait tout son sens, ainsi le drame ferait
vaciller mon âme et ses fêluresChaque matin ma
boite à lettres sera mon coffre fort épistolaire
Le renfort de mes nourritures célestes et
spirituellesUne cargaison de manuels qui
empestent léternel La pensée universelle
dressée comme seul étendardLa lecture de mes
avatars ne doit jamais avoir de retard.
Valérie BERGMANN
Wind117
31CARRÉ BLEU Un carré de ciel bleuS'éparpille
dans l'ombre ondulante d'un chêneUne tourterelle
termine son vol silencieuxSur la ligne brune
d'un toitUn éclat de soleil glisse doucementSur
un mur imparfaitLa silhouette blanche et rose
d'un enfantVirevolte et se trouble à mes
yeuxUne aquarelle emplit ma fenêtreMon âme
frémit bercée de nonchalance. Bérège
32On pose des mots, ... On pose des mots,
comme on pose des boîtes, les
unes sur les autres, dans le sens
de la hauteur. Mais parfois, il
arrive que ce travail,se complique
tellement, qu'on décide de prendre
des risques, en montant le plus haut
possible,sur un escabeau bien souvent
instable, pour ouvrir toutes ces boîtes
qui intriguent, et mater ainsi,
sans aucune AUTORISATION PREALABLE,
tout ce qui se passe à l'intérieur.
Christophe Lacampagne
prismes
33Voici Voici lécumeur de mémoire, Le
vapeur des flaques mineures,Entouré de linges
fumants Etoile rose et rose blanche.O
caresses savantes, ô lèvres inutiles ! René
Char
34Lis entre les lignesCe que je n'ose écrireLis
entre les lignesCe que je n'ose te direLis dans
mes yeuxL'ampleur de mon amourLis dans mes
yeuxQue ça durera toujoursLis dans mes
penséesMes désirs les plus fousLis dans mes
penséesMes souhaits les plus douxLis dans mon
cœurUne tendre promesseLis dans mon cœurToute
ma tendresseLis entre les lignesCe que je n'ose
écrireLis entre les lignesCe que je n'ose te
direMaggy
35Sapho Confidences Je dis que l'avenir se
souviendra de nous. Je désire et je brûle.A
nouveau, l'Amour, le briseur de membres,Me
tourmente, doux et amer.Il est insaisissable, il
rampe.A nouveau l'amour a mon cœur battu,Pareil
au vent qui, des hauteurs,Sur les chênes s'est
abattu.Tu es venue, tu as bien faitJ'avais
envie de toi.Dans mon cœur tu as alluméUn feu
qui flamboie.Je ne sais ce que je dois faire,Et
je sens deux âmes en moi.Je ne sais quel désir
me garde possédéeDe mourir, et de voir les
rivesDes lotus, dessous la rosée.Et moi, tu
m'as oubliée. Lamartine
36Auprès de cette grotte sombreOù l'on respire un
air si doux,L'onde lutte avec les cailloux,Et
la lumière avecque l'ombre. Ces flots lassés de
l'exerciceQu'ils ont fait dessus ce gravier,Se
reposent dans ce vivierOù mourut autrefois
Narcisse. C'est un des miroirs où le FauneVient
voir si son teint cramoisi,Depuis que l'amour
l'a saisi,Ne serait point devenu jaune. L'ombre
de cette fleur vermeilleEt celle de ces joncs
pendantsParaissent être là dedansLes songes de
l'eau qui sommeille.Les plus aimables
influencesQui rajeunissent l'univers,Ont relevé
ces tapis vertsDe fleurs de toutes les
nuances.Dans ce bois ni dans ces
montagnesJamais chasseur ne vint encor Si
quelqu'un y sonne du cor,C'est Diane avec ses
compagnes.Ce vieux chêne a des marques saintes
Sans doute qui le couperait,Le sang chaud en
découlerait,Et l'arbre pousserait des plaintes.
Le promenoir des deux amants
Suite
37Ce rossignol, mélancoliqueDu souvenir de son
malheur,Tâche de charmer sa douleur,Mettant son
histoire en musique. Il reprend sa note
premièrePour chanter, d'un art sans pareil,Sous
ce rameau que le soleilA doré d'un trait de
lumière. Sur ce frêne deux tourterellesS'entreti
ennent de leurs tourments,Et font les doux
appointementsDe leurs amoureuses querelles. Un
jour, Vénus avec AnchiseParmi ces forts s'allait
perdant,Et deux Amours, en l'attendant,Disputaie
nt pour une cerise.Dans toutes ces routes
divines,Les nymphes dansent aux chansons,Et
donnent la grâce aux buissonsDe porter des
fleurs sans épines.Jamais les vents ni le
tonnerreN'ont troublé la paix de ces lieux,Et
la complaisance des dieuxY sourit toujours à la
terre.Crois mon conseil, chère Climène Pour
laisser arriver le soir,Je te prie, allons nous
asseoirSur le bord de cette fontaine.
autumn_nightingale
Suite
38N'as-tu pas soupirer Zéphire,De merveille et
d'amour atteint,Voyant des roses sur ton
teint,Qui ne sont pas de son empire ? Sa
bouche, d'odeur toute pleine,A soufflé sur notre
chemin,Mêlant un esprit de jasminÀ l'ambre de
ta douce haleine. Penche la tête sur cette
ondeDont le cristal paraît si noir Je t'y veux
faire apercevoirL'objet le plus charmant du
monde. Tu ne dois pas être étonnéeSi, vivant
sous tes douces lois,J'appelle ces beaux yeux
mes rois,Mes astres et ma destinée.Bien que ta
froideur soit extrême,Si, dessous l'habit d'un
garçon,Tu te voyais de la façon,Tu mourrais
d'amour pour toi-même. Vois mille Amours qui se
vont prendreDans les filets de tes cheveux Et
d'autres qui cachent leurs feuxDessous une si
belle cendre.Cette troupe jeune et folâtreSi tu
pensais la dépiter,S'irait soudain précipiterDu
haut de ces deux monts d'albâtre
Suite
39Je tremble en voyant ton visageFlotter avecque
mes désirs,Tant j'ai de peur que mes soupirsNe
lui fassent faire naufrage. De crainte de cette
aventure,Ne commets pas si librementA cet
infidèle ÉlémentTous les trésors de la
Nature. Veux-tu par un doux privilège,Me mettre
au-dessus des humains ?Fais-moi boire au creux
de tes mains,Si l'eau n'en dissout point la
neige. Ah ! je n'en puis plus, je me pâme,Mon
âme est prête à s'envoler Tu viens de me faire
avalerLa moitié moins d'eau que de flamme. Ta
bouche d'un baiser humidePourrait amortir ce
grand feu De crainte de pécher un peuN'achève
pas un homicide. J'aurais plus de bonne
fortuneCaressé d'un jeune SoleilQue celui qui
dans le sommeilReçut des faveurs de la
Lune. Climène, ce baiser m'enivre,Cet autre me
rend tout transi.Si je ne meurs de celui-ci,Je
ne suis pas digne de vivre.
promis
Tristan lHermite
40Vie dangereuse Aujourd'hui je suis peut-être
l'homme le plus heureux du monde Je possède
tout ce que je ne désire pasEt la seule chose à
laquelle je tienne dans la vie chaque tour de
l'hélice m'en rapprocheEt j'aurai peut-être tout
perdu en arrivant Blaise Cendrars
CoffinFairy
41Un jour comme les autresoù je marche sans
regardermes pas me portentloin de toutloin de
moi.Je suis là, inconscienteJalourdis
linstantdes souvenirs en éclipseun orage
sannonce.Je suis lasse mais javancedun
regard perdujen oublie quil fait froidloin de
toutloin de moi.Quimportent les
effortsquimporte lexistenceil est
inévitablequun jour ou lautremes paupières
sombresséteignent sans bruit.Annie Prévost
42Petite chanson Sur l'eau calme du fleuveOù
décline le soleilDoucement glissent les
chalands.Dans le soir ils s'en vont,Doucement
ils s'en vontEt leur âme est sereine...Ils s'en
vont,Amoureux de silence et de ciel,Doucement
ils s'en vont,Doucement ils promènent leurs
rêves...Pas un souffle de vent,Pas un vol
d'oiseaux,Mais l'or du couchant,Le bruit frêle
du flot.Sur l'eau calme du fleuveOù s'efface le
soleil,Dans la nuit chaude et chantante,Doucemen
t s'éloignent les chalands... Marie-Amélie
Chavanne
vampireswillnvrhurtu
43Qu'est ce que la poésie ?Une part de rêverieAu
gré de la fantaisie,Un soupçon de réalitéEt
parfois de félicité. Avec un peu d'audaceElle
peut être très loquaceEt même parfois
cocasse,Seule une petite dose d'humourPeut la
parer de ses atours. Mais pour chanter
l'amour,Pas besoin d'hilarité,Tout juste un peu
de gaieté,Beaucoup de libertéEt un brin de
bravoure. Une mesure d'humanité,Une larme de
bonté,Un regard plein de tristessePour
attendrir la rudesseDans un monde immodéré. Une
goutte de paresseLe temps d'une caresseUne
rumeur de détresse,Issue d'un cœur très purPour
admirer la nature. Est ce une étrange
gageureQue d'oublier sans pudeurAujourd'hui,
toutes les peurs,De croire en la promesseD'un
univers de tendresse.Ce n'est pas une utopieUne
vision de l'esprit,En vérité la poésie Elle
décrit à l'enviTous les sentiments de la vie.
La poésie
Françoise AMODRU
44 Le corps brûle dans lombre, cherche la
source.Je sais maintenant où commence la
tendresse je reconnais larbuste du
feu.Jai connu le désert de la chauxLa
racine du lin a été mon aliment a été mon
tourment.Mais alors je chantais.De même que la
nuit remonte aux sources, moi-même je reviens
vers les eaux .
iZgo
Eugénio Andrade Chanter
45Ma belle un jour dessus son lit j'approcheQui me
baisant là sous moi frétillaitEt de ses bras mon
col entortillaitComme un Lierre une penchante
Roche. Au fort de l'aise et la pâmoison
procheIl me sembla que son oeil se
fermait,Qu'elle était froide et qu'elle
s'endormaitDont courroucé je lui fis ce reproche
Vous dormez donc ! Quoi Madame êtes-vousSi
peu sensible à des plaisirs si doux ?Lors me
jetant une oeillade lascive Elle me dit Non
non mon cher désirJe ne dors pas mais j'ai si
grand plaisirQue je ne sais si je suis morte ou
vive. Jean Auvray
MoonlitFaerie
46Cet amour Si violent Si fragile Si tendre Si
désespéré Cet amour Beau comme le jour Et
mauvais comme le temps Quand le temps est
mauvais Cet amour si vrai Cet amour si beau Si
heureux Si joyeux Et si dérisoire Tremblant de
peur comme un enfant dans le noir Et si sûr de
lui Comme un homme tranquille au milieu de la
nuit Cet amour qui faisait peur aux autres Qui
les faisait parler Qui les faisait blémir Cet
amour guetté Parce que nous le guettions Traqué
blessé piétiné achevé nié oublié Parce que nous
l'avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
michiko_24
47Cet amour tout entier Si vivant encore Et tout
ensoleillé C'est le tien C'est le mien Beau
comme le jour Fragile comme un enfant Celui qui
a été Cette chose toujours nouvelle Et qui n'a
pas changé Aussi vraie qu'une plante Aussi
tremblante qu'un oiseau Aussi chaude aussi
vivante que l'été Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir Nous pouvons oublier Et puis
nous rendormir Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore Rêver à la mort Nous
éveiller sourire et rire Et rajeunir Notre
amour reste là Têtu comme une bourrique Vivant
comme le désir Cruel comme la mémoire Bête
comme les regrets Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
michiko_24
48Et moi j'écoute en tremblant Et je crie Je crie
pour toi Je crie pour moi Je te supplie Pour
toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment Et
qui se sont aimés Oui je lui crie Pour toi pour
moi et pour tous les autres Que je ne connais
pas Reste là Là où tu es Là où tu étais
autrefois Reste là Ne bouge pas Ne t'en va pas
Nous qui sommes aimés Nous t'avons oublié Toi
ne nous oublie pas Nous n'avions que toi sur la
terre Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours Et n'importe où
Donne-nous signe de vie Beaucoup plus tard au
coin d'un bois Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain Tends-nous la main Et
sauve-nous. Jacques Prévert
michiko_24
49Je ne t'appelle pas Je ne t'appelle pour
faire ta connaissance Je sais tout à force de
ne pas êtreJe te demande de venir et me donner
un peu de toi même où je puisse habiter
Sophia de Melo Breyner Andresen
przemekbrzoskowski
50Ses hauts, ses bas. Avec ses hauts et ses
basQui rythment mon célibatCliquetis de
pacotilleDe ses talons aiguillesLa vie
m'ennuieTrop longue nuit la mort nueEst
venueSes charmes offertsQuitter l'enfer
Julien Saolinc
raneen
51Quand je ferme les yeuxs'apaisent les orageset
c'est une impressionsans corps et sans
visagesans contact et sans motsde n'être plus
tout seulles angoisses du journ'ont plus qu'à
disparaîtreune immense tendresseenveloppe mon
êtregénéreuse et compliceapaisante et si
bleuelors je glisse allégéevers un vide
insondableoù je ne pèse rienoù rien ne fait
obstacleet j'entre dans ma nuitcomme un
vaisseau éteintmes rêves ont pourtantdes
relents de débâclemais il n'en reste rienquand
revient le matin
Colette Haddad
52Musique de Mozart Romance du Concerto pour
piano et orchestre N20 K.466Photos Internet
Daniel 31 août 2008danielvillaperla_at_gmail.com
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