Title: Pens
1Pensée sociale, maladie et risques sanitaires
lapproche des représentations sociales
Université de Provence, Master de Psychologie,
Spécialité Psychologie Sociale, PSYQ02B
Psychologie Sociale de la Santé
- Thémis Apostolidis
- Année universitaire 2006-2007
2Quelle place dobservateur ? Une approche de
Psychologie Sociale de la Santé
La Psychologie Sociale de la Santé propose un
ensemble de savoirs dans le domaine de la santé
et de la maladie sappuyant à la fois sur les
outils théoriques et méthodologiques de la
Psychologie (Psychologie Sociale, Psychologie de
la Santé, Psychologie Clinique) et sur les
approches des Sciences Sociales (Épidémiologie,
Sociologie, Économie, Anthropologie, ...). Elle
est centrée sur létude et la résolution des
problèmes de santé dans les différents contextes
sociaux et culturels dans lesquels ils se
manifestent. Morin Apostolidis (2002) In
Fischer G-N. (ed.). Traité de Psychologie de la
Santé, Paris Dunod.
3Santé et maladie des lieux dinteraction entre
lindividu et la société
- Dans de nombreuses cultures, la question de la
santé apparaît au premier plan des interactions
sociales saluer quelquun (salut --gt salus
santé salam, shalom, ).
- La maladie une forme élémentaire dévénement,
cest à dire une forme simultanément
individuelle et sociale, un événement biologique
individuel, dont linterprétation, imposée par le
modèle culturel, est immédiatement sociale
(Augé, 1984).
4Sentir et interpréter les indices corporels le
groupe, lenvironnement social en tant que
vecteurs de décodage
- Les sensations sont-elles des données objectives ?
- Lexpérience de Schachter et Singer (1962)
activation physiologique et émergence des états
émotionnels.
- La mise en scène expérimentale les sujets, des
étudiants masculins, sont invités à participer à
une étude concernant les effets des vitamines sur
la vision. Ils donnent leur accord pour recevoir
une injection de vitamines. En réalité, ils
reçoivent une injection dadrénaline.
5Trois variables sont manipulés 1) la nature de
linjection (2 conditions ADR, PLACEBO) 2)
linformation sur les effets de linjection (3
conditions BI, MI, IGN) 3) le climat émotionnel
(2 conditions Euphorie, Colère).
- Principaux résultats pour euphorie
ADR-MI gt ADR-IGN gt PLACEBO
gt ADR-BI.
6Deux préalables
- Le regard psychosocial (Moscovici, 1984)
- Les quatre niveaux danalyse en psychologie
sociale individuel, inter-individuel,
positionnel, idéologique et culturel (Doise 1982).
7OBJET (réel ou imaginaire, physique ou social)
Le regard psychosocial comme mode de lecture
Relation A/0 (modèles culturels, normes,
conditions dexistence, )
Relation S/O (aspects cognitifs, psychologiques
et comportementaux).
EGO Sujet individuel Agent Acteur
ALTER Autrui Pairs Famille Groupe Autorité
Appartenance socioculturelle Relations
interpersonnelles et sociales
8Le décodage culturel des symptômes
- Une étude menée par Zola I. (1952) il compare
des patients d origine irlandaise ou italienne
lors de consultations hospitalières (échantillons
appareillés selon le diagnostic primaire, le sexe
et l origine).
Diagnostic myopie
Question enquêteur De quoi souffrez-vous ?
Patient Italien Je me sens les yeux tout
brûlants, surtout le droit. Il y a deux ou trois
mois, je me suis réveillé avec les yeux gonflés,
je les ai baignés et cest parti mais je sentais
toujours la brûlure
Patient Irlandais Je ne peux pas voir de
l autre côté de la rue
9Le concept de représentation sociale (Moscovici,
1961)
- Représentations collectives et représentations
individuelles (Durkheim, 1898).
- Moscovici a repris le concept de Durkheim dans
son étude de la diffusion dune théorie
scientifique, la psychanalyse, dans la société
française.
- La notion a engendré un courant de recherches
depuis 30 ans dans différents domaines
thématiques la santé (Herzlich, 1969), la folie
(Jodelet, 1989), les droits de lhomme (Doise,
2001), ...
10Les représentations sociales de la maladie
(Herzlich, 1969)
- Une étude qualitative de la construction de la
maladie en tant que réalité sociale a permis de
distinguer trois conceptions de la maladie en
tant que relation de l individu à la société.
- La maladie destructrice (inactivité sociale,
stigmatisation, désocialisation).
- La maladie libératrice (dépassement de soi,
restauration de lidentité, changement des
valeurs).
- La maladie métier (installation dans la maladie,
concentrer ses efforts sur la perspective de la
guérison).
11Représentations sociales et folie (Jodelet, 1989)
- Une étude monographique du rapport à la maladie
mentale dans un contexte particulier celui dun
village du centre de la France hébergeant une
colonie de placement familial de malades mentaux
(dispositif ouvert) .
- Vivre des fous, vivre avec des fous .
- Un régime de ségrégation aux niveaux spatial,
matériel, social, symbolique.
- La folie une maladie contagieuse (système des
humeurs les nerfs, le sang tranché , le
cerveau).
- Une conduite défensive, basée sur un double
sentiment de menace au niveau organique
(contracter la folie par le contact avec les
fous) et au niveau identitaire (être vu comme des
fous par lextérieur).
12La représentation sociale une définition
(Jodelet, 1991)
- Forme de connaissance courante, dite de sens
commun, caractérisée par les propriétés suivantes
- elle est socialement élaborée et partagée.
- elle a une visée pratique d'organisation, de
maîtrise de l'environnement (matériel, social,
idéel) et d'orientation des conduites et
communications.
- elle concourt à l'établissement d'une vision de
la réalité commune à un ensemble social (groupe,
classe, etc.) ou culturel donné.
13Les représentations sociales
- Les représentations sociales sont des programmes
de perception et daction.
- Des systèmes de significations permettant
dinterpréter le cours des événements et des
relations sociales, dorienter et de légitimer
les comportements.
- Elles expriment le rapport que les individus et
les groupes entretiennent avec le monde et les
autres et sont inscrites dans le champ du social
et de la culture.
- Elles sont forgées dans et par les interactions
sociales et les communications.
14- "Les représentations sociales décrivent,
expliquent et prescrivent. elles fournissent un
mode d'emploi pour interpréter la réalité,
maîtriser notre environnement et nous conduire en
société" (Jodelet, 1993)
15Les quatre fonctions des représentations
sociales (Abric, 1994)
- Fonctions de savoir elles permettent de
comprendre et d'expliquer la réalité.
- Fonctions identitaires elles définissent
l'identité et permettent la sauvegarde de la
spécificité des groupes.
- Fonctions d'orientations elles guident les
comportements et les pratiques.
- Fonctions justificatrices elles permettent a
posteriori de justifier les prises de position et
le comportement.
16Un regard en termes de représentations sociales
des relations que les individus et les groupes
entretiennent avec les objets sociaux.
- Lélaboration des savoirs et des significations
concernant les objets (informations, motivations,
fonctions, repères normatifs). - Les rapports entre représentations (images,
significations, opinions) et pratiques. - La construction de ces objets en fonction des
appartenances et des insertions sociales.
17Trois orientations principales de travail
- Celle qui étudie lincidence de la structure
sociale dans lélaboration dune représentation
(Doise, 1990).
- Celle qui analyse la dynamique représentationnelle
et ses caractéristiques structurales, notamment
en relation avec les pratiques sociales (Abric,
1987).
- Celle qui examine le rôle régulateur des
représentations sur les interactions sociales où
elles interviennent en milieu réel (Jodelet,
1989).
18En psychologie sociale de la santé
- Une approche pour mettre en place un travail de
contextualisation et danalyse de la pensée
sociale dans le domaine de la santé et de la
maladie (Morin Apostolidis, 2002).
- Une lecture multi-niveaux qui fonde son
regard sur le questionnement "quelles régulations
sociales actualisent quels fonctionnements
cognitifs dans quels contextes spécifiques ?"
(Doise, 1990, p. 115) en articulant les
différents niveaux d'explication psychosociale
individuel, inter-individuel, positionnel,
idéologique et culturel (Doise 1982).
19- Un cadre théorique et épistémologique pour
analyser la pensée sociale selon un modèle qui
dégage les mécanismes psychologiques et sociaux
de sa production, ses opérations et ses
fonctions (Jodelet, 1984).
- Il pose une conception de lindividu comme
sujet-acteur, socialement et culturellement
situé, dont la pensée n'aurait pas comme seule
finalité la curiosité intellectuelle (Heider,
1958) mais aussi une logique de maîtrise des
situations (Jodelet, 1989).
20Le regard des représentations sociales de la
santé et de la maladie (Herzlich, 2001)
- Elles constituent une mise en relation de lordre
biologique et de lordre social et participent de
visions du monde plus larges ainsi que de
logiques plurielles.
- Nos représentations ne nous renseignent pas
seulement sur la relation que nous entretenons
avec les phénomènes corporels et notre propre
état de santé, mais sur les relations quà
travers eux, nous entretenons avec les autres,
avec le monde et lordre social.
21COMMISSION AMERICAINE DE PRESERVATION CONTRE LA
TUBERCULOSE EN FRANCE 1917
22Deux notions clefs
- La notion de sens elle renvoie à la
signification attribuée à un objet donné, à la
fois au niveau individuel et au niveau social.
- La notion de filtre elle renvoie au cadre
interprétatif constitué par les réseaux d'ancrage
des informations et des significations concernant
l'objet.
23Les différents sens du cannabis dans lespace
social
Le cannabis un objet polysémique dans la
communication sociale.Un exemple La diffusion
de linformation concernant lexpertise de
lINSERM sur le cannabis (22/11/2001) par quatre
quotidiens français.
24Régulations psychosociales et représentations (1)
Variations du sensen fonction des appartenances
sociales.
25Représentations sociales et sida
- Deux modèles interprétatifs et prescriptifs à
légard du sida le modèle corporatiste
(contagion, groupes à risque, distance) et le
modèle libéral-individualiste (transmission,
comportements à risque, pas de distance) Paez
Paicheler, 1990 Deschamps all., 1993 ...
- Ladhésion à ces systèmes de représentations
varie en fonction des caractéristiques
sociodémographiques des individus (âge), de
ladhésion religieuse, du niveau détudes, du
degré dintégration sociale, ...
26Représentations de la santé et niveau de
précarité (Population usagers du CES DORIA
Corpus Association des mots Analyse ALCESTE
Olivetto Apostolidis, 2003)
Deux univers cognitifs distincts
Satisfaction et réseau social - Bonne qualité
de vie (vivre pleinement, bonheur, détente,
plaisir, joie) - Entourage social (famille, amis)
- Condition physique
- et dynamisme
- Corps à entretenir
- (besoins primaires, hygiène de vie, forme
physique, endurance) - - Vitalité et pouvoir daction
- (énergie, dynamisme, action, bouger)
LES NON-PRECAIRES
LES PRECAIRES
27Variations du sens en fonction des pratiques.
Régulations psychosociales et représentations (2)
28Représentations de la drogue et du cannabis (Dany
Apostolidis, 2002) Technique associations
spontanées (N300, inducteurs cannabis,
drogue) Le lexique associé varie fortement en
fonction de lusage de cannabis
29Les représentations comme filtres (1)
En situation de jeu (dilemme des prisonniers), la
représentation de lautre agit comme filtre
interprétatif et conducteur dans linteraction
(Abric, 1987)
les pourcentages expriment la proportion des
choix coopératifs sur l'ensemble du jeu.
30Les représentations comme filtres (2)
Lintégration des nouvelles informations
concernant le sida en fonction des
représentations pré-existantes des sujets
(Echebarria Echabe Paez Rovira, 1989)
En pourcentage des réponses erronées
(comparaisons à laide duchi2, p lt .001).
31Quelle conception de la pensée sociale ?
- Sujet optimal vs. Sujet social
(Rouquette, 1994 Guimelli, 1999).
- Une conception informationnelle de la
représentation (Jodelet, 1985) la logique du
paradigme du traitement de l'information ,
réduit les opérations mentales aux données
objectives de l'informatique (Bruner, 1990,
p. 23), et ne conceptualise pas ce qu'il y a
d'affectif et de subjectif (Jodelet, 1985
Bruner, 1990).
- Exemple Biais cognitifs (une conception
déficitaire de lactivité cognitive Joffe,
2003) .
32Comment analyser la pensée sociale dans le
domaine de la santé et de la maladie ?
Représentations sociales versus Cognition
sociale Considérer les deux processus de
construction dune représentation dans le sens
commun, lobjectivation et lancrage versus
Evaluer le sens commun sur la base des
standards du raisonnement rationnel et à partir
dune conception déficitaire de lactivité
cognitive (Joffe, 2003)
331er exemple Représentations des relations
intimes sexuelles et perceptions des risques liés
au sida (Apostolidis, 2003)
- Le sida en tant quobjet médical (e.g. une
maladie sexuellement transmissible).
- Le sida en tant quobjet de sens commun (e.g.
une maladie transmisse par certaines formes de
sexualités dévalorisées socialement).
34Changements déclarés depuis lépidémie de
sida(Source ACSF, 1993)
35Le potentiel amoureux dune relation sexuelle
est fonction dun certain nombre de paramètres
socialement marqués (rapports sociaux, culture).
- La typologie de partenaire (Avec qui ?).
- Le lieu de la rencontre (Où ?).
- Les modalités de la relation (Comment ?).
- Lobjectif recherché (Dans quel but ?).
36Le délai dattente séparant la première rencontre
et laboutissement à une relation sexuelle
- Ce genre de rencontres qui se font lors d'une
soirée, tout de suite ça se termine au lit et le
lendemain plus personne n'en entend parler quoi,
je veux dire que c'est le genre de choses qui
arrivent, c'est un peu banal quoi, et c'est ça
qui tue le reste, qui tue l'amour, qui tue les
vrais sentiments, qui tue plein de choses
(Femme 23 ans)
- Connaître quelquun dune certaine manière, un
certain temps, même une semaine, je crois que tu
peux comprendre à peu près qui est la personne
(Homme 22 ans)
37Recherches quasi-expérimentales avec la variable
délai (populations estudiantines)
38Scénarii expérimentaux
- Rapport sans délai
- Paul est en vacances pour quelques temps dans un
village près de la mer. Marie passe ses vacances
d'été dans les environs. Un matin Paul et Marie
se rencontrent au moment du petit déjeuner dans
un café à côté de la plage. Ils font connaissance
et après avoir bavardé un peu, ils décident
d'aller se baigner ensemble. Ils passent le reste
de la journée l'un avec l'autre à la plage. Le
soir, ils vont manger dans un petit restaurant.
Ils passent la soirée dans les bras l'un de
l'autre. Ils finissent la nuit en faisant l'amour.
- Rapport avec délai
- Paul est en vacances pour quelques temps dans un
village près de la mer. Marie passe ses vacances
d'été dans les environs. Un matin Paul et Marie
se rencontrent au moment du petit déjeuner dans
un café à côté de la plage. Ils font connaissance
et après avoir bavardé un peu, ils décident
d'aller se baigner ensemble. Ils passent le reste
de la journée l'un avec l'autre à la plage. Le
soir, ils vont manger dans un petit restaurant.
Le lendemain, ils se rencontrent à nouveau et ils
ne se quittent plus. Quelques jours après, ils
passent la soirée dans les bras l'un de l'autre.
Ils finissent la nuit en faisant l'amour.
39Perception de la valence sentimentale et du
risque VIH dans le cadre d une relation sexuelle
- 482 étudiant(e)s en France et en Grèce.
- Les participants étaient invités à qualifier la
relation induite par les scénarios.
- Questions Relation qui vous plaît sans avenir
sexuelle sentimentale pour le plaisir pour
construire quelque chose de communication
superficielle à risque.
403 ACP sur 9 traits décrivant la relation.
Échelle utilisée 1 pas du tout daccord / 10
tout à fait daccord.
Saturations supérieures à .30.
41La valence sentimentale perçue (sentimentale
versus superficielle, VD) varie en fonction du
délai (VI)
Échelle 1 pas du tout daccord / 10 tout à
fait daccord. (ANOVA, p . 002)
42Valence sentimentale perçue (VI) et perception
du risque VIH (VD)
Échelle 1 pas du tout daccord / 10 tout à
fait daccord. (ANOVA F(1,480) 21,21, p .
000)
432e recherche (N660, Apostolidis Deschamps
2003) ACP (solution varimax) à 3 facteurs
(55,16 VE KMO.906).
Saturations supérieures à .30.
44VAL. SENTIMENTALE
La Valence sentimentale une variable
médiationnelle
bêta -.300 (p. lt .001)
bêta .314 (p. lt .001)
DELAI (VI)
RISQUE SIDA (VD)
bêta -.129 (p. lt .001)
bêta -.035 (ns)
45Deux enjeux pour la psychologie sociale de la
santé ...
- Logique du sens et construction des risques (le
risque perçu varie en fonction de la valence
sentimentale attribuée).
- Les construction des risques puise dans la
boite à outils (Bruner, 1989) quoffre la
culture (e.g. la distinction entre une sexualité
valorisée et une sexualité dévalorisée).
462e exemple Représentations sociales et cannabis
perspectives socio-cognitives
Pourquoi le cannabis ? (Dany Apostolidis, 2002)
- Un objet polémique (drogue / pas drogue
légaliser ou pas).
- Un objet - enjeu pour la santé publique
(conséquences aux niveaux physique, psychologique
et social).
- Un objet de tension normative (législation versus
loi des pairs).
- Un objet idéo-logique (construction de la
jeunesse en tant catégorie sociale en danger ou
dangereuse).
47(No Transcript)
48Opinions sur le cannabis et perception de la
dépendance dun fumeur régulier dans des
conditions socialement normées (Apostolidis
Roche, 2002)
- Population 320 étudiant(e)s en sciences
humaines à lUniversité de Provence, 160 hommes
et 160 femmes Age moyen 21 ans (18-25). - 232 déclarent avoir consommé du cannabis et 87 le
contraire. - Un rapport à lusage déclaré qui varie en
fonction du sexe (p lt .001)
49 QUESTIONNAIRE DOPINIONS SUR LE CANNABIS 20
questions Effets Fonctions Images Statut
VARIABLES DÉPENDANTES 17 traits de
personnalité. 13 questions sur les raisons et
les conséquences de lusage. 15 indicateurs sur
le caractère addictif de lusage.
SCÉNARIO DINDUCTION EXPÉRIMENTALE ltSP2C2F2gt
SP (Sexe acteur) - Homme - Femme C
(Contexte) - Groupe - Seul F (Fréquence)
- Occasionnel - Quotidien
IDENTIFICATION DES SUJETS Sexe Age Usage et
modes dusage du cannabis Usages dautres
produits psychoactifs. Orientation religieuse et
pratiques.
50- Nous vous présentons, ici, un court extrait
dentretien réalisé auprès dune personne
consommatrice de cannabis, dans le cadre dune
recherche sociologique Les consommateurs de
cannabis en France. (Département de sociologie.
Université de Provence, 1998-1999). Nous vous
demandons de bien vouloir lire cet extrait
dentretien de façon attentive. - Vincent (Julie) est âgé(e) de 25 ans, il(elle)
vit seul(e) et travaille depuis six mois. - INTERVIEWER Dans quel contexte avez-vous
consommé du cannabis pour la première fois ? - VINCENT (JULIE) Euh il me semble que cétait
dans une fête oui, cest ça, cétait avec des
copains plus âgés que moi javais 18 ans je me
demandais ce que ça allait me faire, mais
finalement, il ny a pas eu trop deffets - INTERVIEWER Pouvez-vous me parler de votre
consommation, actuelle de cannabis ? - VINCENT (JULIE) Euh moi jaime bien fumer,
tranquille avec des copains (tout seul )En fait,
ce qui me plaît, cest daller chez les uns ou
chez les autres et de fumer (cest dêtre chez
moi et de fumer) - INTERVIEWER Quelle est votre fréquence de
consommation ? - VINCENT (JULIE) Oh, de temps en temps, mais en
fait, cest jamais plus dune fois par semaine
(Oh, assez souvent, en fait, cest tous les
jours) - INTERVIEWER Quels sont les effets du cannabis
sur vous ? - VINCENT (JULIE) Beneuhje sais pasça me
procure une sensation agréable.
51(No Transcript)
52Laddiction perçue de ce fumeur régulier
varie significativement en fonction des modalités
dusage induites par les différentes versions du
scénario SEUL gt GROUPE (ANOVA, plt.003)
Cette norme de jugement est fortement liée aux
représentations antérieures des participants à
propos du cannabis (attitude normative
permissive, vision hédoniste) et à leurs usages
déclarés.
53Représentations du cannabis et perception de la
dépendance du fumeur en fonction du contexte
dusage
F(1,281) 16,073 p.000
54Deux remarques
- Linformation sociale est traitée à partir des
représentations préexistantes des sujets
(linduction expérimentale na pas les mêmes
effets en fonction du positionnement des sujets
sur le principe qui organise la représentation du
cannabis cest une drogue versus ce nest pas
une drogue).
- Les perceptions conditionnelles de la
dépendance montrent que le cannabis commence à
occuper chez les jeunes cette même place
ambiguë quoccupe depuis longtemps lalcool
dans la société française (e.g. le bien-boire
et le boire-alcoolique ). - Lévolution des représentations une facette du
phénomène de banalisation du cannabis chez les
jeunes ?
55Pensée sociale et modes de pensée (Bruner, 2000)
- Deux modes de pensée qui coexistent pensée
paradigmatique et pensée narrative .
- La pensée paradigmatique ou
logico-scientifique elle s efforce
datteindre l idéal d un système formel et
causaliste.
- La pensée narrative elle est centrée sur
lintention et laction, aux conséquences de leur
accomplissement largumentation nobéit pas aux
règles de la logique formelle.
56La pensée narrative elle puise dans le
réservoir culturel
Lintention (Le personnage, le cadre et laction)
- La présupposition la création dune
signification implicite qui sert de cadre pour
linterprétation.
- La subjectivation la description de la réalité
au travers du filtre de la conscience des
protagonistes.
- La perspective multiple la présence de
plusieurs prismes possibles pour penser et pour
agir face à la réalité.
57Représentations du sida dans des situations de
précarité (Apostolidis Eisenlohr, soumis).
- Les inégalités sociales de santé un enjeu de
santé publique en France.
- Un programme de recherches sur la construction du
rapport à la santé chez des jeunes vivant dans
des conditions de précarité économique et sociale
à Marseille.
- Une démarche de type grounded theory (Strauss
Corbin, 1990) trois opérations de recherche
articulées par entretien et/ou questionnaire sur
la base dune procédure déchantillonnage sur
place entre 1999-2003.
58Une co-existence entre le vrai et le faux
au niveau des opinions concernant la
transmission du sida
59MÉFIANCE, SENTIMENT DE NON-MAÎTRISE,HÔPITAL ET
RISQUE DE CONTAMINATION
Parce quy pas de médicaments, y a rien que la
mort. Ça me fait trop peur, le sida et le cancer,
ça me fait trop peur. Surtout le sida, je me
méfie de ça. À prendre mes précautions. Et cest
pas seulement pour coucher avec quelquun, paraît
quon peut attraper le sida là où il y a des
microbes, que je peux attraper sans faire quelque
chose. Cest pas seulement parce que tu as couché
avec quelquun, que tas pris tes précautions. Ça
peut arriver comme ça le sida, tu peux aller à
lhôpital et y a quelquun qui sest trompé, il
va prendre une aiguille que quelquun il a
oubliée, il ma piqué et puis ça y est ! Il avait
le sida. Je suis contaminée directement ! Et ça
fait tellement peur si jattrape le sida, je
préfère mourir dun coup. Les gens vont parler du
mal de moi. Ils vont pas chercher pourquoi jai
le sida, mais vont dire directement que jai
couché avec nimporte qui. Je préfère mourir
directement quêtre là, que les gens regardent
là, je sais déjà quun jour, je vais mourir, ça
va me faire souffrir, je préfère mourir
directement. (F, 25 ans)
60Quelle interprétation ?
- Le sida une thématique narrative (Bruner,
2000) le sujet, les autres, le monde et
laction sont les éléments inséparables dans la
construction de la réalité.
Des scènes narratives qui objectivent le rapport
entre les sujets et les risques de contamination
dans des perspectives multiples dévénements
possibles, selon des modes de raisonnement qui
nobéissent pas aux lois des probabilités
( logique du si ).
--gtRisque probabilité / Risque possibilité
Les représentations des risques (le système de
soins en tant que situation à risque) en tant que
constructions dune forme de rapports sociaux et
symboliques (expression dune méfiance à légard
du système de prise en charge et de ses acteurs).
--gtUne facette révélatrice de la
désaffiliation (Castel, 1991)
61Trois remarques générales pour la discussion
- Le regard des représentations sociales
larticulation système / métasystème (Doise,
1990).
- La double nature de la cognition (produits,
processus (Jodelet, 1984).
- Deux modes de pensée pensée paradigmatique et
pensée narrative (administration de la preuve /
présupposition Bruner, 2000).