Title: POLYHANDICAP : BONNES PRATIQUES ET EVALUATION
1POLYHANDICAP BONNES PRATIQUES ET EVALUATION
- PALAIS DE LUNESCO
- 23 NOVEMBRE 2006
2SOMMAIRE UNESCO
23 NOVEMBRE 2006
Accueil des participants p
3 Monique RONGIERES, Présidente
G.P.F. PRESENTATION DE LA JOURNEE p
4 Modérateur Philippe GAUDON, Chargé de Mission
G.P.F. Directeur Général Association Le Clos du
Nid DE LEVALUATION A LEVALUATION INTERNE
p 5 Jean-Yves MOINE,
PROMOQUALTS LA LOI DE 2002 ASPECTS LEGISLATIFS
ET MISE EN ŒUVRE p 9
Philippe DIDIER-COURBIN, Sous-Directeur des
Personnes Handicapées (D.G.A.S.) CONSEIL
NATIONAL DE lEVALUATION SOCIALE ET MEDICO
SOCIALE p 13 ORIENTATIONS ET
CLARIFICATIONS, Gérard BASLE, Administrateur
G.P.F., membre du C.N.E.S.M.S., Directeur Général
Adjoint Association Don Bosco CONDITION DUNE
EVALUATION UTILE p
19 Philippe GAUDON LA DEMARCHE
DEVALUATION Modérateur Georges SAULUS,
Psychiatre, Administrateur G.P.F. METHODOLOGIE
DELABORATION DUN REFERENTIEL ASSOCIATIF
p 26 Patrick SORIA, Cabinet ABAQ CONSEIL
(Lyon) PROCESSUS DEVALUATION DANS UN
ETABLISSEMENT p 30 Eliane LE RETIF,
Directrice Association Marie-Hélène (27) Estelle
BACHER PLACE DES USAGERS AU REGARD DE
LEVALUATION p 34 Laurence DESEIGNE, parent
Présidente A.S.S.E.P.H. (45)
POLYHANDICAP ET BONNES PRATIQUES
DES OBJECTIFS
AUX CONDITIONS DE MISE EN ŒUVRE
Modérateur
Gérard COURTOIS, Secrétaire Général G.P.F.
Directeur Général Association Les Tout-Petits
(91) TABLE RONDE MISE EN ŒUVRE DES BONNES
PRATIQUES p 38 VIE QUOTIDIENNE
Joëlle TOBELEM, Chef de Service LOASIS (86)
C. MITTAULT, Parent
LOASIS SOINS Dr Xavier BIED-CHARRETON,
Administrateur G.P.F., Directeur Médical
C.E.S.A.P. p 42 DEVELOPPEMENT DE LA PERSONNE
p 46 Philippe ROSSET, Directeur
I.M.E. Amis de Laurence (75)
Madame HETIER, Parent EVALUATION DES FORMES
DORGANISATION ET DE PARTICIPATION p
49 Roland LEFEVRE, Directeur La Montagne
C.E.S.A.P. (60)
EXEMPLE DE RESEAUX ET DE
COOPERATIONS
TABLE RONDE
Modérateur
Henri FAIVRE, Président Adjoint G.P.F.
Président HANDAS CLAPEAHA LHOPITAL p
56 Dr Philippe DE NORMANDIE, Mission Handicap
AP-HP, Paris LES COOPERATIONS INTER
ETABLISSEMENTS p 59 Michel BELOT, Psychologue
Hôpital Marin dHendaye (64), Coordinateur
national des correspondants G.P.F. Claude SŒUR,
Directrice M.A.S. Mont de Marsan (40) LOISIRS ET
VIE SOCIALE p 64 Alban BEAUDOUARD,
Directeur de Moulin Mer (Loisirs Mer Vacances
Asso DON BOSCO) LECOLE p 67 Estelle
GOUDON, Chef de Service S.E.S.S.A.D., Association
Les Tout-Petits CONCLUSION - Dr Elisabeth
ZUCMAN p 71
3ACCUEIL DES PARTICIPANTSMadame Monique
RONGIERES, Présidente G.P.F.
- Mesdames, Messieurs,
- Cette journée détude sera loccasion dune
large sensibilisation sur la dynamique
dévaluation et permettra dillustrer comment ce
qui apparaissait souvent comme une contrainte
peut être efficacement convertie en valorisation
dune approche pluridisciplinaire réfléchie et
concentrée. - Plusieurs expériences de terrain
illustreront les principes spécifiques pouvant
guider à la réflexion dans lélaboration et
lévaluation des bonnes pratiques auprès des
enfants et adultes polyhandicapés. - Je vous souhaite une bonne journée et vous
remercie de votre fidélité. - Avant de donner la parole à Philippe GAUDON,
je souhaite dédier cette journée à notre ami
Stanislaw TOMKIEWICZ pour les 10 ans du G.P.F. -
-
-
4- PRESENTATION DE LA JOURNEE
- Modérateur Philippe GAUDON, Chargé de
Mission G.P.F. - Directeur Général Association Clos du Nid
(48) - Dans la tradition des journées détudes
du GPF, qui traitent de thèmes associant échange
de pratiques et vision éthique de
laccompagnement des personnes polyhandicapées,
nous avons choisi daborder cette année la
question de lévaluation des établissements et
services médico-sociaux. - Cette question séclaire de lactualité du
secteur et constitue à cet égard une
passerelle avec les Etats généraux du
polyhandicap qui nous ont réunis lan passé. - Nous souhaitons ainsi analyser comment cette
question de lévaluation émerge dans lesprit des
différents acteurs engagés (gestionnaires,
familles, professionnels) et va contribuer à
faire évoluer les pratiques dans une perspective
damélioration de la qualité, de transparence et
de communication. - Au-delà de lactualité législative, il sagit
également pour nous de répondre aux inquiétudes
manifestées par notre secteur, peu familiarisé
avec ces approches et à certains égards craintif
sur sa compatibilité avec nos fondamentaux, nos
valeurs, nos pratiques. - A partir de quelques pré requis, lobjectif de
cette journée est de tenter de faire émerger une
vision commune des conditions de mise en place de
lévaluation dans les établissements et services
pour personnes polyhandicapées, conciliant les
indispensables dimensions éthiques du projet, et
leur traduction en termes de bonnes pratiques
professionnelles . - A cette fin, et dans une démarche allant du
général au particulier, nous vous proposons un
rappel de cadre réglementaire qui nous est
proposé et des bases conceptuelles telles
quelles ont été déjà explorées par des pionniers
du champ associatif, social et médico-social.
5DE LEVALUATION A LEVALUATION INTERNE Jean-Yves
MOINE, PROMOQUALTS
- Jai dirigé pendant 25 ans un établissement
médico social qui était un centre dhébergement
et de réinsertion sociale qui accueillait des
mères avec enfants. - Depuis 1987, une démarche dévaluation a été
développée. Donc, cest plutôt mon expérience que
je vais partager mon côté pointu dans la place
de lévaluation sest centré sur la personne
accueillie, développement des compétences
sociales, valorisation à partir des forces de
projets personnalisés quel que soit lespace
disponible pour valoriser un projet personnel. - Je vais faire un bout de chemin avec vous pour
vous parler de lévaluation début et
aujourdhui . Par rapport à lévaluation, je
voulais vous dire que ce nest pas parce quon en
parle aujourdhui quelle nexistait pas avant.
Quand on circule dans les structures, dabord les
gens travaillent bien dans la majorité des cas et
ont déjà mis en place des stratégies
dévaluation, c'est-à-dire que quand vous faites
une organisation, il y a forcément de
lévaluation, dès que vous définissez des
objectifs, ne serait-ce que sur le principe
méthodologique dune définition dobjectif
(Q.Q.C.O.Q.P., échelle de temps, échelle
dintensité), vous avez toujours quelque part le
mot évaluation pour pouvoir dire avons-nous
atteint lobjectif dans le temps prévu avec les
moyens donnés ? . Lorsque vous faites des
réunions de synthèse ou de projet, cela vient
aussi de lévaluation, quand on embauche
quelquun, on lintègre dans une équipe, il y a
aussi quelque chose qui tient de lévaluation.
Donc, il y a bien longtemps que, tous, vous
faites de lévaluation. - Si vous êtes sur la dimension de la complexité,
effectivement, on est plus à laise pour parler
de systémie en 1987, cétait beaucoup plus
difficile de parler de ce regard. Il y a la
notion de rétroaction, feed-back, tous ces
retours pour en tirer un enseignement et pour en
faire, à partir de ces enseignements, une
continuité, il y a de lévaluation aussi. Et
puis, dans la pratique quotidienne des
acteurs, on saperçoit quon ne peut pas ne pas
évaluer. Aujourdhui, il y a une loi pour vous
dire évaluer mais cette loi veut dire quil
faut évaluer avec une méthodologie, cest cela
lenjeu il faut passer dune culture
dévaluation pratiquée par les uns et les autres
à une culture méthodologique pour pouvoir
coordonner, coopérer, mutualiser mais sil ny a
pas un optimum daccrochage possible avec une
reconnaissance des uns et des autres, cela sera
difficile de monter des systèmes de coopération,
de coordination. - Si on veut aussi aller dans donner du sens à
ces indicateurs , il faut que ceux-ci soient
dans un langage à peu près commun à tous pour que
lon puisse donner du sens à un échange sur le
regard des indicateurs dun côté et de lautre.
Sils sont trop différenciés, on se demande à
quoi ils peuvent servir. Tant que la culture
nest pas plus méthodologique, il est difficile
den faire quoi que ce soit. - Comme les psychiatres disent on ne peut pas ne
pas fusionner , les comportementalistes disent
on ne peut pas ne pas se comporter et en
systémie on ne peut pas ne pas interagir , on
peut dire globalement quon ne peut pas ne pas
évaluer . On est dans une démarche qui nous
amène à avancer sur cette logique. Pour
linstant, les uns et les autres ont déjà fait du
développement de démarche méthodologique avec des
outils qui venaient soit des fédérations, soit de
la créativité des institutions mais la route, le
démarrage de toutes ces logiques est bien entamé.
Quest-ce quon peut faire maintenant pour
regrouper tout cet ensemble ? Lévaluation, cest
bien un système qui va stimuler léchange au
niveau dun regard méthodologique sur ce qui se
passe entre les humains, sur ce qui se passe en
termes dorganisation de façon naturelle
relation à lautre, on est bien dans une logique
où il y a un système déchange soit organisé,
soit naturel. Heureusement, dans notre champ
médico-social, on est bien dans une relation à
lautre, donc forcément il faut que la dimension
déchange naturel reste une des forces de la
rencontre avec lautre. - Ce qui nous est demandé aujourdhui à partir de
cette évaluation un peu implicite, cest de la
rendre plus explicite pour partager et
comprendre, pour contrôler et coordonner, rendre
compte et mutualiser, pour ensuite piloter et
manager. Cest intéressant car, dans cette
journée, la notion dévaluation devrait ressortir
sur une logique de pilotage et de management
cest à dire pas simplement le résultat, cela ne
nous intéresse pas, cest la culture que
lévaluation va mettre en place dans les
institutions culture de pilotage et de
management.
6Jean-Yves MOINE
- Il est certain que, si tous les 5 ans, on
revient sur de lévaluation interne, cest bien
pour dire que, tous les 5 ans, on ne va pas faire
un travail comme si 6 mois avant rien navait été
fait mais cest une continuité dévaluation, de
recherche de stratégie de progrès et donc
vraiment du pilotage et du management le plus
partagés possible en interne avec les
professionnels mais aussi avec les personnes
accueillies et aussi avec lenvironnement. - Pour voir un peu plus clair, il me semble quil
ne faut pas faire de confusion entre tel ou tel
modèle à choisir, il ny a pas de conflit de
modèles, il y a seulement une intelligence de
lharmonisation de ces modèles pour rendre compte
parce quon ne peut pas trouver un seul modèle
universel qui répond à tout puisque chaque
objectif est affublé des indicateurs des critères
dévaluation et que toute organisation a
plusieurs objectifs, on peut très bien imaginer
quil y a plusieurs modèles dévaluation dans vos
structures (et cest dailleurs le cas). - Il y a une culture de lévaluation qui est côté
organisation nous avons des institutions,
des services, des établissements et forcément on
a à répondre à des modèles dévaluation qui sont
de lordre de lorganisation. Mais on ne peut pas
se satisfaire dun choix dune évaluation du côté
de lorganisation pour dire que lon a fait un
projet daccompagnement personnalisé de qualité.
Lorganisation peut être de qualité mais ce nest
pas suffisant sur la qualité de mission. Quand
vous avez, par exemple, AFNOR normalisation, côté
personne accueillie, on a du mal à dire quon va
normaliser la personne accueillie et cest
une chance quon ne puisse pas le faire. On
laisse ces modèles côté organisation, là où ils
ont leur pertinence. - La démarche dévaluation, il faut bien savoir à
quoi cela sert, pour évaluer quoi. La
rationalisation des choix budgétaires, cest
aussi une tentation car quand on a besoin de
1 200 et quon nous en donne que 1 000, il va
bien falloir faire des choix mais on ne peut
pas faire ces choix en se centrant sur une
définition du prix de la vie humaine en disant
que cette personne ne mérite pas quon investisse
sur elle donc on va faire léconomie sur telle ou
telle personne qui ne le mérite pas ou qui coûte
trop cher. Arriver dans cette logique de
connexion de modèles centrés sur lorganisation
pour en faire une déduction sur les stratégies
daccompagnement, cest un peu difficile ISO,
au départ, cest zéro défaut processus et
procédures et zéro défaut chez lêtre humain, ce
nest pas intéressant car les défauts, cest ce
qui fait la différence, cest ce qui fait
lénergie et cest ce qui fait la vie. - Si vous êtes dans des ateliers (C.A.T., par
exemple), vous avez une possibilité dutiliser
ISO au niveau de la production certains C.A.T.
sont dans cette logique parce quils sont dans
une logique de production. Et puis, vous avez les
modèles qui sont centrés sur les personnes on
aura à répondre, dans lévaluation interne, à ces
logiques centrées sur lorganisation et ces
logiques centrées sur les personnes accueillies.
La personne accueillie fait intervenir toute une
série de métiers et chaque métier a ses propres
outils dévaluation. Il nest pas question de
gommer ces outils, au contraire, il faut que
chaque métier devienne de plus en plus expert
dans sa discipline et pour développer
lexpertise, il faut bien que ces personnes
utilisent leurs outils le mieux possible (les
psychologues ont des grilles spécialisées, dans
les formations, les professionnels ont des
grilles dévaluation qui appartiennent à chaque
métier) et cest là, à un moment donné, si on
respecte les outils dévaluation de chaque
métier, comme ces métiers font une réponse à
cette prise en charge globale, il faut bien que,
dans la contractualisation avec la personne
accueillie, on ait un discours qui soit simple
pour elle donc quon crée, au dessus de tous ces
outils dévaluation, un langage commun et cest à
partir de ce langage commun que lon peut créer
une démarche dévaluation. Ensuite, quand cest
compliqué, il faut mieux aller dans lexplicite
car on maintient la dimension complexe mais on la
rend moins compliquée. On est allé aussi sur
lidée de réfléchir en disant que, quand vous
êtes en train daccompagner une personne
handicapée, il y a toute une série de
prestations/pour c'est-à-dire que la personne
ne peut pas faire quelque chose, il va bien
falloir mettre en place des modalités
daccompagnement pour elle et quand on est dans
la prestation/pour, on est dans une prestation où
lorganisation est assez dominante et on
7Jean-Yves MOINE
- peut dire que la culture de lévaluation des
organisations (protocoles, modalités
daccompagnement, procédures pour les toilettes
par exemple.) peut être mise en place avec une
logique liée à des modèles organisationnels. Et
puis il y a la prestation avec on est dans
léchange avec la personne accueillie et cette
prestation avec doit saffiner pour être dans
une réalité de la relation humaine et pas dans la
mécanique des organisations cest pas lun
contre lautre mais cest lun en complémentarité
car quand vous avez une personne handicapée, vous
avez forcément à répondre à une organisation au
regard du handicap et vous avez à avoir aussi une
organisation en lien avec son projet
personnalisé. Concernant la prestation avec ,
il semble que lenjeu soit intéressant car cest
sur cet enjeu que loriginalité de notre secteur
doit valoriser sa place dans le champ sanitaire
et médico-social c'est-à-dire on doit laisser cet
espace de créativité et de liberté dans la
rencontre avec les personnes accueillies et ne
pas tenter de faire trop de groupes comme on peut
retrouver dans le sanitaire avec des groupes
homogènes Lindividu est unique donc ne
commençons pas à essayer de rassurer les
partenaires financeurs en disant on va mettre
tout le monde dans le même sac et on va vous
définir un coût par rapport aux uns et aux
autres. Gardons la capacité à donner du relief à
laccompagnement comme étant un caractère chaque
fois unique avec la personne accueillie. -
- Dans ce champ, il me parait important, et vous
verrez dans lévaluation, à un moment donné, vous
aurez à faire la démonstration de la qualité du
projet daccompagnement personnalisé en lien avec
les modalités daccompagnement que vous allez
mettre en place à partir dune capacité (dont il
faudra également faire à démonstration) à faire
un diagnostic et puis détablir ce qui est dans
la notion de contrat, quest-ce quon va faire
pour la personne et quest-ce quon attend de la
personne dans ce contrat. Limportant cest que,
quel que soit le rouleau compresseur des
organisations et des moyens financiers, cest de
toujours avoir en sens et valeurs la place de
la personne accueillie est au centre de tout ce
qui est notre engagement et de notre mission. Il
faut se rappeler, pour cela, que, pour nous,
toute lorganisation passe par la personne
accueillie elle est unique et globale, elle a
la maîtrise du projet de vie, elle est inscrite
dans son environnement social et on ne peut pas
la réduire à son handicap. Pour nous, dire cela,
cest déjà induire la façon dont la culture va se
mettre en place quand on dit la personne est
unique et globale, cest la personne accueillie
mais nous-mêmes aussi donc linteraction dans
laccompagnement, cest un caractère unique et
global qui se fait ici et maintenant et il ny a
pas une façon dagir qui dirait faites comme
ceci , il ny a pas de corrélation directe entre
un mode daction et son effet. - On sait que, dans la dimension globale de la
personne, on a une organisation globale à mettre
en place et on sait quil y a des corrélations
entre un ensemble de mode dactions et un
ensemble deffets. En disant cela, je dis que dès
quil ny a pas de corrélation directe avec un
mode daction et son effet, on dit que
lévaluation ne peut pas être un contrôle sur une
personne ou sur les intervenants, on ne peut pas
dire que cest à cause de toi ou grâce à toi
que la personne régresse ou progresse . Par
contre, on peut se poser globalement la question
de linstitution qui est aidante et structurante
pour la personne. Elle est inscrite dans son
environnement social, cest évident, et ne peut
pas réduire la personne à son handicap et cela me
fait penser toute de suite à Jean-Dominique BAUBY
qui a écrit Le scaphandre et le papillon avec
un mouvement de paupière. Cest bien que derrière
le mouvement de paupière, si on avait organiser
des logiques daccompagnement centré sur le
handicap, on aurait stigmatisé le handicap et
enfermé la personne alors que si on est sur le
projet de valorisation, on va chercher au-delà du
handicap cest quoi le projet de vie. La qualité
sociale sur laquelle peut fonder une démarche
évaluation interne nécessite dexpliciter la
qualité de proposition de laccompagnement de
laccueil personnalisé, de démontrer la qualité
de lorganisation mais ce nest pas parce que le
projet personnalisé et la qualité de
lorganisation sont réussis que cela suffit. Il
faut que, simultanément, il y ait un mieux-être
pour les personnes accueillies mais aussi une
valorisation des acteurs et de lexpertise des
professionnels mais aussi que la société y
retrouve des gains sociaux, culturels et
économiques et là, on aura la qualité sociale et
on pourra mettre dans ce tiroir de lévaluation
interne toute cette démonstration.
8Jean-Yves MOINE
- Donc, on est parti de lévaluation pas
grand-chose , naturelle, à une évaluation coté
organisation , côté personnes . Lévaluation
interne cherche à lambition de la qualité au
travers du management et dun pilotage
participatif dans le respect de la personne
accueillie. Je vous rappelle la Loi 2002.2 qui
pose un cadre fort - tous les cinq ans,
- le contrôle de lactivité (cela
viendra mais après avec lévaluation externe) - et depuis le 01/09/2006, il y a un
guide de lévaluation consultable pour voir
lambiance - plutôt de lordre des recommandations
et la de culture qui va être développée - Exigences
- Une évaluation interne
- Des activités de qualité des prestations
délivrées - Evaluation tous les cinq ans
- Des résultats formalisés dans un rapport
communiqué à lautorité ayant délivré - lautorisation
- Sur la base des références professionnelles
- Une évaluation externe sur le même champ que
lévaluation interne (tous les 7 ans) - 1 guide en préambule
- Impulser une culture propre au secteur
- Respecter la marge dautonomie dont les
établissements doivent bénéficier - Fixer des orientations générales
9LA LOI DE 2002 ASPECTS LEGISLATIFS ET MISE EN
ŒUVREPhilippe DIDIER-COURBIN, Sous Directeur des
Personnes Handicapées (D.G.A.S.)
- Je vais essayer de mettre laccent sur un
certain nombre de sujets qui sont des sujets
dactualité qui montrent comment la Loi du 11
février 2005 vient, dune certaine façon, donner
un éclairage nouveau et un prolongement à un
certain nombre de dispositions qui avaient trouvé
leur place dans la Loi 2002.2. Cette dernière
était une loi très axée sur les institutions
sociales et médico-sociales (quil sagisse des
établissements et des services) en mettant un
accent très marqué sur la place de la personne
usager de ces structures. - La Loi du 11 février sinscrit dans ce
prolongement et porte sur le cadre beaucoup plus
large que celui des institutions sociales et
médico-sociales accueillant des personnes
handicapées mais, au-delà de cela, cest
également une loi qui, en quelque sorte, met un
accent extrêmement marqué sur quelque chose
dambitieux qui est le parcours de la personne et
qui est le projet de vie. Cette notion de projet
de vie était naturellement déjà présente dans la
loi 2002.2 mais je pense que la loi de février
2005 lui donne peut-être une dimension et une
dynamique beaucoup plus importantes. - Ce que je voulais également vous dire, cest que
les grands principes et objectifs de la Loi de
2005 concernent certes lensemble des personnes
qui sont confrontées à une situation de handicap,
quelles quen soient les raisons, la cause du
handicap, lâge des personnes et ce sont des
principes naturellement dont on peut se dire
est-ce que tous concernent de près le publics et
les personnes, dont vous, professionnels du champ
du handicap, êtes en charge ? Je crois que oui, y
compris quand on parle de principe de non
discrimination, lorsquon parle de principes de
choix de vie, lorsquon parle de compensation
personnalisée, lorsquon parle même de
participation effective des personnes, on se dit
mais attendez, il y a un certain nombre de
personnes dont on a voit mal comment elles
peuvent être concernées par la Loi . En
définitive, quil sagisse de la personne
elle-même ou de son entourage familial proche, on
voit bien que ce sont des objectifs qui
naturellement les concernent et auxquels elles
doivent être associées. - Quelque chose à noter dans cette Loi de 2005,
cest que, pour la première fois, a été inscrite
une définition du handicap. Le législateur sest
bien gardé de définir ce quest une personne
handicapée, il a essayé, par contre, de mettre en
lumière ce quest le handicap, ce quest cette
situation et ce quil a permis de faire, cest de
faire ressortir une définition qui montre bien le
lien et linteraction qui existent entre la
déficience, dont la personne peut être porteuse,
et également la réponse ou la non réponse que lui
apporte son environnement (social, familial,
établissements) autre chose quil faut noter
cette définition du handicap tente de balayer
lensemble des principales manifestations du
handicap et naturellement le polyhandicap est
mentionné. Cette Loi évoque des situations qui
sont nouvelles, non pas dans la réalité, mais
dans leur prise en compte par des textes
notamment le handicap psychique et notamment
les troubles de santé invalidants. Cest une
façon de montrer que le handicap peut frapper à
tout âge et quil convient dy apporter des
réponses dans le cadre des dispositions prévues
par cette Loi et cette définition du handicap
signifie, notamment concernant le champ du
handicap psychique, quil ny a pas lieu dopérer
cette distinction en disant dun côté nous avons
certaines personnes en situation de handicap et
dun autre côté, des personnes frappées par la
maladie. Cela na pas de sens. Des personnes
peuvent être frappées par un problème de santé et
qui, du fait de linstallation dans la durée de
ce problème, se retrouvent en situation de
handicap. Cest toute la problématique de
larticulation entre le sanitaire, le social, le
médico-social et larticulation avec les
dispositifs de droit commun. - Cette Loi également tend à opérer un équilibre
entre une volonté de mise en œuvre de
dispositions daccessibilité au sens large la
Loi parle de laccessibilité en termes
daccessibilité des transports, des logements
mais aussi daccessibilité au sens daccès
(accès à léducation, accès à la scolarisation,
accès à lemploi, accès à la vie sociale) et un
balancement dans cet aspect accessibilité et un
autre volet dit de la compensation. Cette
compensation est souvent confondue avec la mise
en place dune nouvelle mesure qui sappelle la
prestation de compensation. Le principe de la
compensation va beaucoup plus loin la
compensation cest en quelque sorte lensemble
des réponses individualisées apportées à une
personne dès lors que le droit commun,
lenvironnement, même avec des accompagnements,
10Philippe DIDIER-COURBIN
- même avec des adaptations, narrive pas
totalement à apporter la réponse qui permet de
faire face à la situation de handicap. Les
établissements, les services, lensemble des
dispositifs social et médico-social, que vous
connaissez, fait partie de ce champ de la
compensation. En ce qui concerne la prestation de
compensation, cest un des nouveaux dispositifs
prévus par la Loi. Il est complexe, lourd, il a
été long à mettre en place et, sur un certain
nombre dengagements qui ont été pris notamment
dans le cadre du plan polyhandicap action , je
comprends que vous puissiez vous demander où on
en est. La mise en œuvre de cette Loi 2005, avec
près de 80 décrets, ce qui est énorme mais pas
étonnant étant donné la diversité des champs
couverts par la Loi sur ces décrets, 40 étaient
des textes qui relevaient, pour lessentiel, de
la D.G.A.S. qui a fait au plus vite. Cependant,
on a passé pas mal de temps sur la mise en place
de la compensation et on a passé également pas
mal de temps, au préalable, sur la construction
et la proposition de nouveaux outils
dévaluation. Cela ne concerne pas lévaluation
par les services, par les équipes, des
prestations quelles offrent aux usagers mais
cest lévaluation de la situation de handicap.
Il sagissait bien entendu dapporter aux
nouvelles équipes pluridisciplinaires des maisons
départementales des outils nouveaux puisque, en
quelque sorte, il ne sagit plus dattendre des
équipes qui viennent se substituer aux anciennes
C.D.E.S. et aux C.O.T.O.R.E.P. simplement un rôle
de guichet qui vient répondre de manière
ponctuelle à une demande pointue dorientation,
de prestation, dallocation, ce qui était
malheureusement un peu le cas auparavant, mais il
sagit dorénavant dessayer de porter sur une
personne un regard plus transversal, plus global,
sur non seulement sa situation, ses besoins mais
aussi sur ses attentes pour, avec elle et son
entourage, essayer détablir quelque chose qui
soit du domaine dun projet de vie. Donc, nous
avons été amenés à mettre à la disposition des
maisons départementales qui se mettaient en place
et notamment des équipes pluridisciplinaires, un
outil multidimensionnel dévaluation qui est un
instrument que je vous invite à examiner puisque,
je pense, cest assez intéressant car cela sera
également non seulement un outil de dialogue
interne aux M.D.P.H. et aux équipes
pluridisciplinaires pour dialoguer avec les
personnes handicapées mais ce sera aussi un outil
qui doit permettre de dialoguer avec les
services, les équipes qui ont vocation à
accompagner notamment les personnes
polyhandicapées car, malgré toutes les ambitions
que lon porte sur les M.D.P.H. et les équipes
pluridisciplinaires, cest quelque chose qui va
mettre du temps à se mettre en place, qui pose
des difficultés, que la C.N.S.A. ait des crédit
dEtat et laction des départements dans des
financements nouveaux, tentent daccélérer au
maximum, mais on voit bien quune évaluation
sérieuse réussie, pas seulement à un moment donné
mais qui est sur la durée du parcours de
quelquun ne peut se faire quen liaison et avec
un dialogue extrêmement étroit avec les
établissement et les services qui doivent jouer
le rôle déquipes ressources pour les nouvelles
M.D.P.H. - On a commencé par la mise en place de la
prestation de compensation dite à domicile, il y
a ensuite un deuxième volet qui vous intéresse
peut-être encore davantage cest la mise en
place de prestation de compensation pour les
personnes qui sont admises en établissement. La
prestation de compensation en établissement,
cest un texte qui est maintenant stabilisé, qui
a été soumis au C.N.C.P.H. et pour lequel, compte
tenu dun certain nombre de demandes de
modifications damélioration du texte, il a été
nécessaire de le remettre sur le métier et
nous venons dobtenir des arbitrages
interministériels qui nous permettent, dans les
semaines qui viennent, de pouvoir le publier. - Ce quil faut en retenir, cest que, en ce qui
concerne la prestation détablissement, le choix
a été fait, sachant que de plus en plus de
personnes sont, en quelque sorte, à la frontière
entre ce qui est létablissement proprement dit
et puis des formules autres daccueil des
personnes et également la réalité du retour
souvent de plus en plus fréquent des personnes
dans leur entourage familial à un certain moment
de la semaine ou de lannée, amène à ce quil ny
ait pas césure mais un continuum entre les deux
dispositifs prestation à domicile et prestation
détablissement afin que les personnes qui sont
amenées à quitter un certain moment
létablissement puissent bénéficier de lensemble
des droits financiers offerte par la prestation
de compensation à domicile mais également, et
cela fait partie des avancées les plus récentes
de la Loi, de veiller à ce que les personnes qui
sont en établissement puissent bénéficier dune
certaine portion de lélément des aides humaines
de la prestation y compris pendant les moments où
elles sont hébergées. Cétait une question
complexe comme dailleurs a été complexe la
question de se dire comment ouvre-t-on le droit
aux autres éléments (aides
11Philippe DIDIER-COURBIN
- techniques, frais de transports) à des personnes
qui sont accueillies de manière générale dans les
établissements. Cétait complexe parce quil
sagissait à la fois, bien entendu, ne pas priver
ce public-là des avancées de la prestation de
compensation et, en même temps, de veiller à ce
quon nencourage pas le désengagement de
certains autres financeurs. Pour être clair, la
personne, qui est prise en charge dans une
structure, y est accueillie avec lensemble de
laccompagnement humain qui est nécessaire. Il
faut faire attention à ne pas mettre le doigt
dans une mécanique qui ferait que
progressivement, au prétexte quil existe une
prestation de compensation, y compris accordée
dans une certaine limite lorsque la personne est
en établissement, que cela puisse inciter
certains mauvais esprits à verrouiller un peu
plus les moyens donnés aux établissements et aux
services au prétexte que la prestation de
compensation peut compenser un certain nombre de
manques. Ce nest pas le choix qui a été fait ni
proposé par la D.G.A.S., ni celui qui a été
retenu. Ce qui peut expliquer une certaine
lenteur et précaution à sortir des textes dont on
voit tous les aspects positifs mais dont il faut
faire attention à verrouiller certains retours et
certaines récupérations qui pourraient en être
faites. - Un petit mot sur deux sujets
- Le plan daction en faveur des personnes
handicapées parmi les choses qui avait été
actées dans ce plan daction, il y avait
notamment la poursuite dun effort de création de
places en faveur des personnes polyhandicapées et
également la nécessité de poursuivre le
rééquilibrage entre les différentes régions et
les différents départements. La réponse à cet
engagement est naturellement la poursuite du plan
daction pluriannuel 2005-2007 qui, depuis le
démarrage, comporte des moyens spécifiquement
dédiés aux personnes polyhandicapées quelles
soient en établissements pour adultes ou en
établissements et services pour enfants.
Concernant le rééquilibrage, les instruments qui
nous sont donnés pour tenter dy répondre sont
notamment la mise en place des P.R.I.A.C. Cest
un nouveau dispositif qui permet aux Préfets de
Région, en liaison avec lensemble des services
de lEtat, de pouvoir établir, de façon peut-être
plus formalisée et plus projetée dans le temps
quantérieurement, de pouvoir programmer la façon
dont il va utiliser les moyens qui lui sont
donnés par lEtat ou par la C.P.A.M. ou par la
C.N.S.A. pour pouvoir dire voilà quels sont les
moyens dont je vais pouvoir disposer et voilà
comment je vais pouvoir à la fois prendre part et
donner une réalité aux fameux schémas
déquipements départementaux mis en place en
liaison et sous lautorité des présidents des
conseils généraux mais en liaison avec les
Préfets, ce qui lui permet également de nouer non
seulement ce dialogue avec les départements mais
aussi avec le secteur sanitaire notamment avec
les ARG. Les P.R.I.A.C. ont été mis en place fin
2005 et commencent à sappliquer en 2006. Cest
nouveau et la D.G.A.S. a exercé une assez forte
pression sur les D.R.A.S.S. pour quelles
sapproprient cet outil avec le soutien de la
C.N.S.A. on a conscience quon essuie les
plâtres. Lorsquun programme de ce type a été
adopté, ce nest pas figé dans le marbre, il doit
vivre et évoluer et si on se rend compte quune
appréciation de besoins et de réponses na pas
été suffisamment pensée et calibrée, à tout
instant, la mécanique prévoit de faire évoluer
les choses. Egalement, le plan daction en faveur
des personnes polyhandicapées appelait à
développer, au sein de chaque M.D.P.H. et
doffrir aux personnes polyhandicapées et à leur
entourage, la possibilité de bénéficier dune
évaluation et dun plan de compensation. Tous les
outils réglementaires et financiers ont été mis
en place pour permettre la mise en place des
M.D.P.H. et des équipes pluridisciplinaires en
direction des personnes polyhandicapées et en
direction de lensemble des usagers de pouvoir
établir cette compensation. On connaît à la fois
toutes les ambitions des textes concernant les
M.D.P.H. et on en mesure actuellement toute la
complexité dinstallation qui est réelle et qui
doit saccompagner dun certain nombre de
précautions et prendre un temps minimum pour se
stabiliser, qui va demander, selon nous, un à
deux ans. -
- Il est également évoqué, dans le plan, la place
des aidants familiaux dont la Loi de 2005
reconnait de manière très précise le rôle. Elle
prévoit un dispositif de dédommagement des
aidants familiaux et prévoit même des
dispositions qui permettent à des personnes de
faire le choix entre la mécanique du simple
dédommagement et, dans certains cas, de permettre
y compris le salariat dun aidant familial. Cela
a été un débat difficile car cela
12Philippe DIDIER-COURBIN
- pose des problèmes pratiques et financiers
auxquels nous avons souhaité répondre mais, en
même temps, cela pose des problèmes dordre
éthique plus délicats. On a essayé de trouver un
équilibre qui permet de répondre à une attente
très financière et pratique et en même temps de
ne pas tomber dans des dérives qui pourraient
être complexes. - Pour terminer, un mot sur un autre engagement,
pris dans le cadre du plan daction, qui est
ladoption dune réglementation concernant les
établissements et services qui accueillent des
personnes handicapées. Il y a deux choses qui se
sont surajoutées on a la Loi 2002.2 qui dit que
les établissements et services doivent donner
lieu à la sortie de textes, de décrets qui
déterminent les conditions techniques de
fonctionnement. Il existe déjà pour les
établissements pour adultes, notamment les
M.A.S., un texte, déjà ancien, qui définit ces
conditions de fonctionnement. La Loi de 2005
donne une commande complémentaire, ce quelle
nous oblige à faire, cest de sortir un texte qui
concernerait la loi que le législateur défini
ainsi les personnes adultes nayant pu acquérir
un minimum dautonomie et de définir, dans un
texte, les obligations en termes de composition
et de qualification des équipes qui interviennent
dans ces structures. La question que lon sest
posée, cest de se dire est-ce, compte tenu de la
définition prise par le législateur (et on voit
bien quon est sur une définition qui concerne un
public qui peut être très hétérogène personnes
polyhandicapées, traumatisés crâniens, personnes
très lourdement handicapées, à domicile), on
voit également que, dans cette définition, on ne
vise pas nécessairement quun seul type
détablissement (M.A.S. ou F.D.T.), cela vise un
champ beaucoup plus loin. - Ce chantier, nous navons pas pu louvrir
jusquici puisque nous avons dû traiter les 40
autres décrets. Les premiers contacts pris avec
les têtes de réseaux, nous amène à se dire quon
na pas tellement lintention en quelque sorte de
faire une annexe 24 de plus (dans lesprit des
anciens textes) ni de refaire nécessairement un
nouveau décret M.A.S. car on est sur quelque
chose de plus large. Ce que nous allons tenter de
faire, cest plutôt de revisiter, au sein dun
groupe de travail qui va être mis en place sous
légide à la fois du C.N.C.P.H. et de la D.G.A.S.
pour déterminer un certain nombre de besoins et
de se dire les textes, notamment sur les M.A.S.,
doivent être complétés pour aller plus loin. Une
fois quon a déterminé les besoins, il faut, en
face, définir un certain nombre de réponses
(censées y répondre). Quest-ce qui va se
passer ? On a le choix de rester dans un système
avec un contrôle a priori et qui est de dire que
pour pouvoir accueillir des personnes ayant tel
ou tel type de besoins, il faut absolument, pour
être agréé, aligner telles personnes, offrir tels
types de locaux, de prestations. On resterait
dans un mécanisme traditionnel. Lexercice que
lon va tenter, en liaison avec des
professionnels et des têtes de réseaux, cest de
plutôt sorienter vers quelque chose qui aurait
laspect dun cahier des charges et de dire dès
lors quun organisme, quelle que soit son
appellation (M.A.S., F.A.M.), a pour vocation
daccueillir des personnes qui présentent des
besoins définis de telle sorte, il sengage à
offrir une réponse et des besoins sur lesquels on
va se mettre daccord avec les autorités de
tutelle et il sengage à respecter ce cahier des
charges. On sera moins dans une culture dun
contrôle à priori mais dans une pratique de
contrôle a postériori compte tenu des engagements
pris par lorganisme, cest là-dessus quil sera
évalué pour en tirer des conséquences. Ce travail
va être conduit au cours des semaines, des mois,
à venir. Notre ambition est de pouvoir dans un
espace denviron 2 mois lancer ce groupe de
travail à un rythme accéléré (1 séance
hebdomadaire). Une équipe va sen charger au sein
de la D.G.A.S. (bureau chargé des adultes
handicapés) et on aura également à réfléchir,
pour les organismes qui accueillent certains
types de publics présentant un certain type de
besoins et qui entreraient dans cette démarche de
cahier des charges qui sera la réponse apportée
en termes financiers (un organisme qui ferait des
engagements de plus grande exigence compte tenu
de lexigence des besoins des personnes quil
accueille demandera à en avoir la traduction dans
le contrat quil passera avec lautorité de
tutelle). Voilà lesprit dans lequel on
sengage cest quelque chose qui est ambitieux
car il va falloir faire la jonction entre les
exigences de la Loi 2002.2 et en même temps les
attentes nouvelles de la Loi de 2005. Jajoute,
quand je parle dexigence au cahier des charges
des établissements et service, on envisage bien
entendu que cette exigence puisse concerner un
établissement donné, un service donné mais aussi
quelle puisse concerner un ensemble ou un réseau
de services et détablissements puisque, dès lors
quon parle de parcours et de projet, on peut
avoir plusieurs équipes qui peuvent, en liaison
entre elles, se coordonner pour apporter cette
réponse. Cest une façon également de mettre en
synergie des moyens et davoir une réponse de
qualité qui noblige pas à chaque fois, dans
chaque équipe et dans chaque établissement, à
exiger et à prévoir des objectifs que lon ne
pourrait atteindre.
13CONSEIL NATIONAL DE LEVALUATION SOCIALE ET
MEDICO SOCIALEORIENTATIONS ET CLARIFICATIONSGér
ard BASLE, Administrateur G.P.F., membre du
C.N.E.S.M.S.Directeur Général Adjoint
Association Don Bosco (29)
- La Loi du 2 janvier 2002, rénovant laction
sociale et médico-sociale, instaure une
obligation dévaluation pour lensemble des
établissements et services sociaux et
médico-sociaux. - Cette obligation comporte deux modalités
- Une évaluation interne réalisée par les
structures elles-mêmes, - une évaluation externe confiée à des
organismes extérieurs habilités. - Afin daccompagner cette obligation, la loi a
prévu la mise en place dun Conseil National de
lÉvaluation Sociale et Médico-sociale
(C.N.E.S.M.S.). Ce conseil, placé auprès du
ministre chargé de laction sociale, est chargé
principalement de quatre missions - Valider les procédures, références et
recommandations de bonnes pratiques - professionnelles au regard desquelles
seront évalués les établissements et services - Examiner les dossiers déposés par les
organismes qui sollicitent une habilitation à - pratiquer lévaluation externe et
donner un avis au ministre sur ces organismes - Promouvoir la culture de lévaluation dans le
secteur social et médico-social - Participer à lévaluation détablissements et
services expérimentaux - La composition du Conseil National de
lEvaluation Sociale - Installé en avril 2005, le Conseil National de
l'Evaluation Sociale et Médico-Sociale associe
professionnels, usagers, personnes qualifiées,
gestionnaires de lensemble des institutions et
services qui répondent aux besoins des enfants et
familles en difficulté, des personnes
handicapées, des personnes âgées, et des
personnes en situation dexclusion. Le Conseil
comprend également des élus locaux, des
représentants de lEtat, des organismes de
protection sociale.
14Gérard BASLE
- Les travaux du Conseil national de lévaluation
sociale - La diversité des acteurs et des secteurs du
domaine social et médico-social qui se reflète
dans la composition du Conseil est également
reconnaissable dans la multiplicité des
initiatives et dans la disparité des travaux
réalisés, ainsi que dans leur état davancement
en matière de références, de procédures ou de
bonnes pratiques professionnelles. - Dans ce contexte, le Conseil sest rendu compte
que sa mission de validation devait comporter une
étape préalable visant à recueillir des éléments
permettant de mieux cerner la compréhension
quont les acteurs du domaine social et
médico-social, de ces concepts de procédures,
références et recommandations de bonnes pratiques
professionnelles . Avec laide dun laboratoire
universitaire un état des lieux a été réalisé. - Deux notes dorientations
- La première, relative au champ de lévaluation
et à la complémentarité entre évaluation interne
et évaluation externe est parue en novembre 2005. -
- La deuxième relative aux procédures, références
et bonnes pratiques professionnelles a été
communiquée en janvier 2006. - Un groupe de travail chargé de coordonner la
rédaction du guide de lévaluation interne prévu
dans la note dorientation n 2 a reçu du
Président du CNESMS sa lettre de mission en
février 2006. Destiné à tous les établissements
et services du secteur social et médico-social,
ce guide a vocation à donner un cadre commun. Il
sera également une aide pour tous ces
établissements et services, soit pour sengager
dans une démarche évaluative, soit pour continuer
à améliorer une démarche déjà avancée. - Lévaluation interne nest pas une pratique
fondamentalement nouvelle des démarches visant
à apprécier les activités et la qualité des
prestations ont dores et déjà été initiées au
sein de nombreux établissements et services. Pour
autant, de façon à ce que ces démarches puissent
porter tous leurs fruits et que les
établissements et services partagent une
véritable culture de lévaluation , ces
démarches devront progressivement sorganiser, se
formaliser et tendre à respecter les exigences
suivantes. - ? Une démarche intégrée
- Lévaluation interne nest pas un exercice à
part , en plus ou à côté elle doit
être intégrée à la politique et à la stratégie de
létablissement ou du service. Si elle demande un
investissement plus particulier lors des
premières années (notamment en raison de la
nécessaire construction doutils répondant aux
spécificités de létablissement supports
dévaluation, critères et indicateurs
pertinents,) et si elle comporte un temps
spécifique danalyse et de production de
résultats, elle doit cependant sarticuler
pleinement au fonctionnement régulier des
établissements et services.
15Gérard BASLE
- ? Une démarche impliquant les instances
décisionnelles -
- Lévaluation doit éclairer et favoriser la prise
de décision de ce fait, elle implique
directement les décideurs à tous niveaux
quil sagisse des administrateurs, des
directeurs ou des responsables détablissements
et de service. Linscription volontariste des
décideurs dans toutes leurs composantes, dès en
amont de lévaluation, est une condition
déterminante de la réussite de ce processus. - Une démarche projet
- Lévaluation est une démarche permettant de
légitimer laction dun service ou dun
établissement par la mise en débat de celle-ci,
en contribuant au positionnement de chacun en
tant quacteur autonome et responsable, dans le
respect de son rôle, de ses attributions, de sa
place dans le système, sans redondance ni
substitution. Dans ce cadre, des espaces de
réflexion et une autonomie de la pensée de chacun
doivent être garantis aux différents acteurs de
létablissement ou du service afin quils soient
en capacité délaborer et dexprimer un point de
vue étayé. - ? Une démarche éthique et déontologique
-
- Lévaluation interne doit se réaliser
conformément aux principes éthiques et
déontologiques garantissant la liberté de parole
et dexpression, le respect des droits
fondamentaux des personnes, la reconnaissance de
la légitimité de chacun elle doit être conduite
en appliquant les règles de discrétion, de
confidentialité, de déontologie professionnelle. - ? Un exercice de prise de distance
- Lévaluation interne suppose de prendre de la
distance par rapport aux contingences
quotidiennes, aux habitudes, aux évidences pour
ce faire, est nécessaire la conjugaison de
plusieurs éléments, notamment les suivants - la pluralité et la confrontation des points de
vue - la pluridisciplinarité
- le recours à un ou des supports dévaluation
adaptés aux spécificités de létablissement
16Gérard BASLE
- Une dynamique collective et plurielle
- Lévaluation interne doit impérativement
impliquer les différents acteurs et composantes
de létablissement ou du service - linstitution (à travers ses valeurs, son
projet, ses missions, sa stratégie, son - organisation et son mode de
fonctionnement) - les personnels (à travers leurs
responsabilités professionnelles, leurs
différentes - qualifications, leurs cultures, leur
positionnement réciproque et leurs
complémentarités) - les usagers (à travers leurs histoires
singulières, leur projet de vie, leurs besoins
mais - aussi leurs attentes à légard de
létablissement ou du service) - Plus quune démarche participative de type
consultatif , cest un engagement et une
co-responsabilité dans une dynamique de progrès. - Lévaluation suppose lengagement des dirigeants
mais aussi celle de tous les acteurs cadres,
salariés, usagers, famillesla démarche
dévaluation pour être utilement conduite
nécessite un accompagnement par un
maïeuticien cest à dire quelquun
dextérieur capable daider a éclairer les zones
de non-dits pour aider chacun dans un mode
participatif à produire des connaissances
partagées, a développer des apprentissages
collectifs. Lévaluation doit permettre de
nourrir une démarche continue damélioration
concrétisée par un plan daction permettant
dengager les évolutions nécessaires. - Lévaluation se tient à distance du contrôle
contrôler cest vérifier, évaluer cest
comprendre (Pierre Savignat) - Une démarche contradictoire et critique
17Gérard BASLE
- Ce guide, pour chaque établissement et service,
retient quatre domaines incontournables
concernés par lévaluation interne - Le droit et la participation des usagers, la
personnalisation des prestations - Létablissement ou le service dans son
environnement - Les modalités de mise en œuvre du projet
détablissement ou de service - Lorganisation de létablissement ou du service.
- Pour chacun de ces domaines le guide précise que
lévaluation doit analyser lensemble des
manières de faire, de dire, et dagir mises en
oeuvre par létablissement ou le service et par
les professionnels dans le cadre de leur
activité - Quels choix ont été réalisés ? Comment cela a
été mis en place ? Quelle est lanalyse des
effets ? Quelles sont les marges de
progrès ? Il sagit au travers de ces
questions dapprécier la façon dont lensemble
des activités et des prestations concrétise le
projet et prennent en compte les bonnes pratiques
professionnelles - Ce guide de lévaluation interne vient dêtre
validé par lassemblée plénière du CNESMS le 15
septembre. - Le Conseil a défini son programme de travail
pour le deuxième semestre 2006 et lannée 2007 .
Ce programme adopté à lunanimité des membres du
Conseil prévoit de valider 16 recommandations de
bonnes pratiques professionnelles. Il sagit dun
programme prévisionnel qui pourra être modifié en
fonction des commandes que le CNESMS recevra mais
son développement dépendra également des moyens
en personnel et en financement que le Conseil
se verra attribuer. - Lévaluation et la personne polyhandicapée
- Appliqué aux personnes polyhandicapées le
processus dévaluation doit permettre tout
particulièrement de mesurer si, au-delà des
déclarations debonnes intentions, les pratiques
quotidiennes témoignent bien dune véritable
personnalisation de la prise en charge de ces
personnes. - Référencée à un projet détablissement élaboré
pour prendre en compte cette manière particulière
dêtre au monde de la personne polyhandicapée,
lévaluation est un processus dynamique dans
lequel tous les acteurs doivent être impliqués.
18Gérard BASLE
- Cette multiplicité des intervenants présente le
risque aujourdhui bien identifié dune
juxtaposition des actions de ces nombreux
spécialistes. Les modalités délaboration de mise
en œuvre et de suivi de chaque projet
individualisé doivent permettre de prendre en
compte les besoins spécifiques de chaque personne
polyhandicapée accueillie dans un établissement
ou un service. -
- Dans ce contexte, lévaluation devra notamment
porter sur la façon dont le projet
détablissement ou de service organise les
modalités dintervention de ces différents
acteurs auprès de la personne polyhandicapée et
de sa famille. Le guide ne vient pas remplacer
des références qui sont toujours dactualité
comme par exemple les annexes 24 du décret de
1989. à propos des relation de létablissement
avec les familles les trois mots clés que tous
nous avons en mémoire sont toujours à prendre en
compte. La démarche dévaluation va nous
conduire par exemple à examiner comment la
famille est informée, comment elle est associée à
lélaboration ainsi qua la mise en œuvre des
différentes actions pluri professionnelles qui
constituent le projet de leur enfant. Quels choix
ont été réalisés, Comment le soutien de la
famille at-il été mis en place du point de vue
de léquipe des professionnels, mais aussi du
point de vue de la famille ? et se sont ces
regards croisés venant de points de vue
différents qui permettront de conduire les
évolutions nécessaires. - Le guide souligne la nécessité dune instance
de coordination et dorganisation de la démarche
dévaluation, en proposant dutiliser ou de
créer une instance plurielle et collégiale,
garantissant limplication de lensemble des
acteurs (les usagers, lensemble des catégories
professionnelles, les bénévoles) je suis
personnellement convaincu que la démarche
dévaluation favorise le développement dun
processus continue damélioration de la qualité
des pratiques professionnelles et des prestations
proposées aux personnes polyhandicapées et à leur
famille. -
-
19CONDITIONS DUNE EVALUATION UTILEPhilipe GAUDON
- Eléments de contexte
- En posant les principes dune nécessaire
(obligatoire) évaluation des établissements et
services sociaux et médico-sociaux, la loi du 2
janvier 2002 na toutefois pas précisé la forme
et les attentes de la Puissance Publique
vis-à-vis de cette démarche.