Title: N
1Négociations sur les biens et services
environnementaux défis et possibilitésAtelier
de l'OMC sur les biens environnementaux
paragraphe 31 iii) du Programme de Doha pour le
développementGenève 11 octobre 2004
CICDD
CICDD
Centre international pour le commerce et le
développement durable
Centre international pour le commerce et le
développement durable
- -Mahesh Sugathan,
- Centre international pour le commerce et le
développement durable (CICDD)
2Introduction
- Les biens et services environnementaux, toujours
présents dans le programme de "libéralisation des
échanges" mais spécifiquement mentionnés dans la
Déclaration ministérielle de Doha - Le paragraphe 31 iii) préconise "la réduction ou,
selon qu'il sera approprié, l'élimination des
obstacles tarifaires et non tarifaires visant les
biens et services environnementaux". - Quelle est la portée concrète de ce mandat pour
les négociations? Libéralisation accélérée? Ce
n'est pas certain. Absence d'échéances et pas de
consensus international sur la définition des
"biens environnementaux".
3Diffusion du mandat énoncé au paragraphe 31 iii)
- Les négociations sur les biens environnementaux
prescrites par le paragraphe 31 iii) ont été
confiées au Groupe de négociation sur l'accès aux
marchés pour les produits non agricoles (AMNA) - Les négociations sur les services
environnementaux ont pour cadre les Sessions
extraordinaires du Conseil du commerce des
services (CCS) - Les Sessions extraordinaires du Comité du
commerce et de l'environnement (CCE) sont
chargées de suivre les progrès en la matière et
doivent contribuer aux travaux en examinant les
aspects liés à la définition des biens et
services environnementaux et au champ
d'application de cette définition
4Aperçu des négociations sur les biens
environnementaux définition ou listes
- Il n'y a pas d'accord précis entre les Membres de
l'OMC sur la définition des biens
environnementaux et ce que recouvrent ces biens,
malgré le renvoi à la définition que l'OCDE donne
du secteur de l'environnement "activités qui
produisent des biens et des services servant à
mesurer, prévenir, limiter, réduire au minimum ou
corriger les atteintes à l'environnement, telles
que la pollution de l'eau, de l'air et du sol,
ainsi que les problèmes liés aux déchets, au
bruit et aux écosystèmes".
5- Modalités des négociations sur les biens
environnementaux - Les listes de l'OCDE et de l'APEC ont servi de
point de départ pour les discussions sur les
biens environnementaux dans le cadre de l'OMC.
La liste de l'APEC, fondée sur les propositions
des pays membres, fait une large place au
matériel de surveillance et de dépollution en fin
de cycle. De portée plus large, la liste de
l'OCDE inclut des biens et des services répartis
en trois groupes lutte antipollution,
technologies et produits moins polluants et
gestion des produits et des ressources. La liste
de l'APEC bénéficie d'un plus large soutien, les
Membres étant, entre autres, le Canada,
Singapour, les États-Unis, l'Australie et la
Nouvelle-Zélande. - Le groupe C (Gestion des ressources) de la
classification de l'OCDE est vaste et englobe
l'agriculture, la sylviculture et la pêche
durables. Toutefois, il est fait référence aux
biens (matériels, technologies ou matériaux
spécifiques) qui constituent des intrants
nécessaires pour l'agriculture, la sylviculture
et la pêche durables et non aux produits issus de
ces activités.
6- De nombreux Membres préconisent une approche
"fondée sur des listes" plutôt que la recherche
préalable d'une définition précise des biens
environnementaux. Exemple la proposition des
États-Unis visant l'adoption d'une "liste
principale" (produits pour lesquels il existe un
consensus) et d'une "liste complémentaire" qui
comprendrait des produits désignés par chaque
pays. Une libéralisation plus rapide est
"envisagée" pour les produits de la "liste
principale" (droit nul en 2010) et les produits
de la liste complémentaire (que les Membres
pourraient sélectionner) feraient l'objet d'une
libéralisation de x pour cent au minimum
US-TN/TE/W/3. La proposition des États-Unis
est jusqu'ici la seule portant sur des modalités
concrètes pour les négociations sur les biens
environnementaux.
7- La Chine (TN/TE/W/42) préconise une "liste
commune" englobant des produits dont
l'exportation présente un intérêt tant pour les
pays développés que pour les pays en
développement et une "liste pour le
développement" (traitement spécial et
différencié) qui inclurait les biens de la liste
commune pouvant faire l'objet d'engagements de
réduction moins importants. - S'agissant de produits spécifiques, seuls le
Japon (TN/MA/W/15), le Qatar (TN/TE/W/19) et
Taiwan ont présenté des propositions. La liste
du Japon renferme des produits figurant sur les
listes de l'APEC et de l'OCDE et quelques
produits additionnels. L'inclusion de biens de
consommation à haut rendement énergétique est
digne de mention. Le Qatar a proposé des
combustibles et des technologies efficients à
faible émission de carbone et de polluants. La
proposition de Taiwan est axée sur le matériel de
lutte antipollution.
8Biens environnementaux défis et
possibilités pour les pays en développement
-
- Les négociations sur les biens environnementaux
se déroulent actuellement au Groupe de
négociation sur l'accès aux marchés pour les
produits non agricoles (AMNA). Les aspects liés
aux définitions sont examinés par le Comité du
commerce et de l'environnement (CCE) réuni en
Session extraordinaire
9- 1. Rendre opérationnel le paragraphe 16 du mandat
de Doha - Pour les pays en développement, le défi de
l'accès aux marchés pour les produits non
agricoles consiste à voir comment rendre
opérationnel le paragraphe 16 de la Déclaration
ministérielle de Doha en ce qui concerne les
biens environnementaux - Conformément au mandat énoncé au paragraphe 16 de
la Déclaration ministérielle de Doha, les
négociations sur l'accès aux marchés pour les
produits non agricoles visent - à réduire ou éliminer les crêtes tarifaires, la
progressivité des droits, ainsi que les obstacles
non tarifaires, en particulier pour les produits
dont l'exportation présente un intérêt pour les
pays en développement - à tenir pleinement compte des besoins et intérêts
spéciaux des pays en développement et pays les
moins avancés participants, y compris au moyen
d'une réciprocité qui ne soit pas totale pour ce
qui est des engagements de réduction - à tenir pleinement compte du principe du
traitement spécial et différencié en faveur des
pays en développement et des pays les moins
avancés
10- 2. Identifier les produits dont l'exportation
présente un intérêt pour les pays en
développement Qu'en est-il de l'agriculture? - Les listes de l'OCDE et de l'APEC contiennent
surtout des produits dont les pays en
développement sont des importateurs nets - Parmi les rares produits figurant dans les listes
de l'OCDE et de l'APEC et dont les pays en
développement (en tant que groupe) sont des
exportateurs nets figurent le méthanol,
l'éthanol, les nattes et claies, les lampes
fluorescentes et les articles en matières
plastiques. Les principaux exportateurs sont,
pour la plupart, des pays à revenu intermédiaire
ou des économies émergentes (Mexique, Singapour,
Corée, Malaisie et Brésil) (document de la CNUCED
TD/B/COM.1/EM.21/CRP.1)
11- Si les produits agricoles dont l'exportation
présente un intérêt étaient traités au titre du
paragraphe 31 iii), dans quel cadre aurait lieu
la négociation et quelles seraient les modalités
applicables? Voir la proposition présentée par
le Kenya, le Ghana, Maurice et d'autres Membres
TN/MA/W/40. Dans l'Annexe B de la décision
prise le 1er août 2004 (WT/L/579), le Conseil
général encourage le Groupe de négociation sur
l'accès aux marchés pour les produits non
agricoles à "travailler en étroite collaboration"
avec le Comité du commerce et de l'environnement
(CCE) "en vue de traiter la question des biens
environnementaux non agricoles". Faut-il pour
autant exclure ce Groupe de négociation comme
cadre pour traiter des biens environnementaux
"agricoles"? La question est ouverte. - Le paragraphe 49 de l'Annexe A de la décision du
1er août (cadre pour l'établissement de modalités
concernant l'agriculture) mentionne les
"initiatives sectorielles" parmi les autres
questions présentant de l'intérêt. Les Membres
de l'OMC voudront peut-être envisager de situer
dans ce cadre la question des biens
environnementaux "agricoles" au cas où il serait
décidé d'intégrer ces biens dans les négociations
sur l'agriculture.
12- 3. Traiter la question des produits
écologiquement préférables (PEP) - Les PEP diffèrent des produits et technologies de
lutte antipollution ils ont des effets
bénéfiques pour l'environnement durant le
processus de production, d'utilisation ou
d'élimination, soit en réduisant la pollution ou
en permettant des économies de ressources. Ils
ne servent pas à traiter ou à résoudre les
problèmes environnementaux en tant que tels. - Pour la plupart des pays en développement, les
produits dont l'exportation présente un intérêt
sont des PEP plutôt que du matériel de protection
de l'environnement à proprement parler.
Cependant, un certain nombre de PEP, par exemple
ceux qui sont économes en énergie
(réfrigérateurs), soulèvent des questions
concernant la classification appropriée et
l'évolution des technologies. - Beaucoup de pays en développement, dont l'Inde
(TN/MA/W/10), se sont dits favorables à
l'inclusion de produits respectueux de
l'environnement comme les produits en jute ou les
produits issus de la biodiversité, mais aucune
liste spécifique n'a été présentée au Groupe de
négociation sur l'accès aux marchés pour les
produits non agricoles.
13- De nombreux pays en développement s'intéressent
aux exportations liées à l'agriculture biologique
ici les PMP posent problème s'ils ne se
rapportent pas aux produits. La plupart des
Membres (pays en développement et pays de l'OCDE
compris) souhaiteraient éviter un critère lié aux
PMP. MERCOSUR TN/MA/W/23 Inde
TN/MA/W/10. Les questions de la certification
et de l'étiquetage doivent être examinées dans le
contexte des obstacles non tarifaires. - Il existe, pour la plupart des PEP, des "produits
similaires" ou de "proches substituts" qui sont
moins "écologiques". Une question se pose ici
le mandat de Doha prévoit-il d'établir une
préférence commerciale pour les PEP par
opposition aux produits non écologiques? Dans
l'affirmative, pour combien de temps? (puisque
l'objectif ultime est de supprimer les droits de
douane et les obstacles non tarifaires pour tous
les produits). - L'UE, par exemple, préconise des réductions plus
importantes (TN/MA/W/11/Add.2) tandis que le
Chili a proposé d'inscrire les réductions dans le
cadre des réductions générales de droits de
douane sur l'ensemble des produits. Toute
réduction additionnelle portant sur des biens
environnementaux devrait être "compensée" dans
d'autres domaines (TN/MA/W/17).
14- De même, si l'intention est d'établir une telle
préférence, comment concilier cette préférence
avec les dispositions en matière de libre-échange
qui couvrent déjà de nombreux produits de
remplacement des PEP (par exemple les accords
préférentiels ou les zones de libre-échange). - 4. Avantages d'une approche "sous l'angle des
importations" - Les pays en développement pourraient s'attaquer à
bon nombre de problèmes environnementaux
critiques comme la pollution de l'air, de l'eau,
etc. s'ils bénéficiaient d'un accès plus large
aux biens environnementaux grâce à la réduction
des droits de douane et des obstacles non
tarifaires ce qui améliorerait les indicateurs
sanitaires et faciliterait la réalisation des
objectifs du Millénaire pour le développement. - Un meilleur accès aux biens environnementaux
pourrait être synonyme d'une utilisation plus
rationnelle de l'énergie et des ressources dans
les secteurs productifs de l'économie. - L'accès à la technologie et au "savoir-faire"
devrait être intégré aux importations
toutefois, la pratique de prix abordables et
l'adéquation aux conditions locales sont
importantes.
15- L'abaissement des obstacles au commerce ne rendra
pas nécessairement ces produits abordables si
d'autres coûts, tels que les frais de licence,
demeurent élevés. Cela pourrait entraver l'accès
aux produits et les transferts de technologie
pour les PME les DPI pourraient être une
considération importante. - Outre l'aspect commercial, il faut examiner la
filière de l'investissement pour les biens
environnementaux car cette filière pourrait
contribuer davantage au renforcement des
capacités nationales dans les pays en
développement tout en créant des emplois et en
créant des liaisons en amont et en aval dans
l'économie. - L'importation de certains biens environnementaux
pourrait faciliter le respect des prescriptions
environnementales sur les marchés d'exportation.
Les pays voudront peut-être identifier les biens
environnementaux qui sont déterminants à cet
égard. - Le renforcement des capacités, les
infrastructures et la formation des agents des
douanes seront également importants, surtout si
de nouvelles classifications ou subdivisions
tarifaires sont créées pour les biens
environnementaux.
16Autres considérations transversales concernant
les pays en développement
- Les considérations ci-après pourraient être
importantes pour permettre aux pays en
développement de tirer un résultat valable des
négociations sur les biens et services
environnementaux
17- Cohérence dans les négociations et
l'établissement de règles à l'OMC - La réduction des droits de douane et des
obstacles non tarifaires frappant les biens et
services environnementaux suppose une
coordination étroite entre les négociations qui
se déroulent dans différents domaines AMNA,
Session extraordinaire du CCE, services, OTC
(normes) et peut-être agriculture. - Au cas où les négociations sur les produits issus
de l'agriculture biologique (quel que soit le
critère de base) se déroulent de manière
accélérée dans le cadre du mandat relatif aux
biens et services environnementaux, la relation
avec les modalités de la libéralisation de
l'agriculture (subventions à l'exportation,
soutien interne) pour les produits non
biologiques doit être définie.
18- Les services et les biens environnementaux étant
souvent liés, il peut s'avérer important de
coordonner l'accès aux marchés dans ces deux
domaines. Par exemple, ouvrir le secteur des
services de traitement des déchets solides tout
en maintenant des droits et des obstacles non
tarifaires élevés sur le matériel de traitement
des déchets peut ne pas entraîner un accès aux
marchés véritable, à moins, peut-être, que le
pays en développement ne dispose d'un secteur des
biens environnementaux adéquat et compétitif qui
soit à même de fournir ces services. - Le rôle du CCE et du CCD en vertu du paragraphe
51 du mandat de Doha pourrait être important pour
garantir cette cohérence et pour identifier les
aspects liés au développement et à
l'environnement dans les négociations sur les
biens et services environnementaux.
19- Biens environnementaux à utilisations multiples
- La libéralisation des biens ayant de multiples
utilisations finales (y compris des utilisations
environnementales) exige une analyse minutieuse
car il peut s'avérer difficile de vérifier
l'"utilisation finale" à laquelle ces biens sont
destinés.
20- Les "ressources naturelles" peuvent-elles être
considérées comme des biens environnementaux? - La proposition du Qatar sur le gaz naturel pose
la question de savoir si les ressources
naturelles peuvent aussi être considérées comme
des biens environnementaux et bénéficier d'un
abaissement des droits et des obstacles non
tarifaires (y compris les subventions pour les
combustibles de remplacement comme le charbon).
Si l'intention est de promouvoir les combustibles
respectueux de l'environnement, il faut garder à
l'esprit les considérations de "relativité". Par
exemple, hydrogène gt éthanol gt gaz naturel gt
pétrole gt charbon. Qu'adviendrait-il des
préférences commerciales pour le gaz naturel une
fois que l'usage de l'éthanol ou de l'hydrogène
deviendrait courant? Dans ce cas encore,
l'abaissement des obstacles devrait aussi tenir
compte non seulement des droits de douane mais
aussi des taxes intérieures, des subventions
pouvant constituer de fortes incitations ou des
désincitations à utiliser un combustible
particulier. - "Technologies à haut rendement énergétique"
concilier la classification tarifaire, la
"relativité" et l'"évolution continue" - La proposition du Japon sur les produits à haut
rendement énergétique soulève la question de
savoir comment établir des différences de
classification tarifaire et des préférences
commerciales appropriées entre, par exemple, une
machine à laver standard et une machine à laver à
haut rendement énergétique, cette dernière
pouvant devenir désuète l'année suivante, avec
l'évolution de la technologie. -
21- Obstacles non tarifaires quand et comment s'y
attaquer? - Dans les pays développés, les taux de droits
applicables à la plupart des produits industriels
sont peu élevés (les obstacles non tarifaires,
par exemple l'étiquetage, les subventions et les
taxes, peuvent être plus importants).
L'identification de ces obstacles et les
négociations visant à les supprimer peuvent
prendre du temps. Il faut garder ce facteur à
l'esprit compte tenu du délai pour l'achèvement
des négociations de Doha ainsi que de
l'éventuelle libéralisation accélérée des biens
et services environnementaux, si elle est
acceptée. Le défi sera plus important si les
négociations portent aussi sur les produits
agricoles. - Il faut examiner la question de la coordination
et de la communication entre les négociateurs
commerciaux et les décideurs régionaux (autorités
chargées du commerce, de l'industrie, de
l'agriculture et de l'environnement, et autorités
municipales) ainsi qu'entre les différentes
parties prenantes au niveau national. - Les négociations commerciales sur les biens et
services environnementaux pourraient tenir compte
des priorités nationales et régionales en matière
de développement durable qui se dégageraient de
cette communication.
22- 5. Les pays en développement voudront peut-être
utiliser certains instruments tels que les
subventions en guise d'incitations, pour
développer le secteur national des biens
environnementaux. Dans ce contexte, il serait
possible d'envisager une certaine forme de
traitement spécial et différencié limité dans le
temps, comme l'indique par exemple la proposition
de la Chine sur les "modalités" (TN/TE/W/42) - 6. La prise en compte des négociations
commerciales bilatérales et régionales est aussi
importante pour pouvoir évaluer le cadre pour
l'accès aux marchés et l'investissement dans le
domaine des biens environnementaux. - 7. Même s'il n'en est pas directement question
pendant les négociations à l'OMC, les décideurs
et les négociateurs commerciaux pourraient
également garder à l'esprit les mandats provenant
d'autres enceintes (par exemple le mandat issu du
sommet mondial sur le développement durable de
Johannesburg et les objectifs du Millénaire pour
le développement), surtout si l'accès à certains
biens environnementaux est crucial pour la
réalisation de ces mandats.