Title: La contrefaзon, un mal endйmique
1(No Transcript)
2Séminaire international sur la lutte contre la
contrefaçon et la piraterie
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3I. Introduction
- Selon le Petit Robert, la contrefaçon est une
reproduction par imitation de toute œuvre
(littéraire, artistique ou industrielle) au
préjudice de son auteur ou de son inventeur .
Elle transgresse les droits de la propriété
industrielle et tire sa référence du non respect
de la qualité. - La contrefaçon touche tous les produits
maroquinerie, produits alimentaires, chaussures,
cigarettes, produits numériques, matériel
informatique, jouets, billets de banque,
textiles, cosmétiques, parfumerie, médicaments,
pièces détachées dautomobiles, ...
4II. Historique
- La contrefaçon nest pas un phénomène récent
elle est en effet apparue avec le commerce des
produits conditionnés, il y a plus de 8 000 ans. - Ainsi, on a retrouvé des amphores gallo-romaines
qui portaient des inscriptions imitant celles des
vins de Campanie. Ces amphores sont dailleurs
exposées au Musée de la Contrefaçon à Paris, rue
de la Faisanderie. - Il y a vingt ans, la contrefaçon était considérée
comme un problème touchant essentiellement les
fabricants de sacs à main onéreux.
5III. Evolution de la contrefaçon
- Avec la mondialisation, la contrefaçon a pris de
lampleur. Elle sest enracinée, délocalisée et
internationalisée. - Dans les années 80, 70 des entreprises
concernées par la contrefaçon appartenaient au
secteur des produits de luxe. - Or, en 2004, plus de 4,4 millions de faux
produits alimentaires et de fausses boissons ont
été saisis aux frontières de lUE, ce qui
représente une augmentation de 196 par rapport à
lannée précédente. - Aux Etats-Unis, les saisies dordinateurs et de
matériel informatique contrefaits ont triplé
entre 2004 et 2005.
6III. Evolution de la contrefaçon
- Les contrefaçons concernent également les
appareils électriques, les pièces de véhicules
automobiles et les jouets. - Les contrefaçons représentent plus de 10 du
marché mondial de médicaments, selon la Food and
Drug Administration - Même des pièces davions ont été piratées
laccident du Concorde en 2000 a, semble-t-il,
été causé par une pièce contrefaite, tombée dun
autre avion
7IV. Une logique industrielle
- La contrefaçon est passée à partir des années
1990 dune activité artisanale - de petits
ateliers clandestins -, à une logique
industrielle, sappuyant sur des installations
coûteuses et modernes. - Les contrefacteurs nagissent plus de manière
isolée et ponctuelle et sont devenus de
véritables entrepreneurs internationaux ,
reliés à de grands réseaux extrêmement organisés.
- La pratique démontre que les contrefacteurs
apprennent très rapidement à utiliser les progrès
technologiques. Equipés de matériels
sophistiqués, les réseaux de contrefaçon
sapparentent à une véritable industrie de
production de masse.
8IV. Industries à portée de main
- Il est de plus en plus courant de découvrir que
des usines, situées dans des régions en voie
dindustrialisation (comme en Chine, en
Thaïlande, en Turquie, au Maroc) ou dans les pays
de lex URSS au premier rang desquels évidemment
la Russie, fabriquent du faux avec un outil de
production à la pointe de la technologie. - Parallèlement, se développement à un rythme
effréné, la contrefaçon dœuvres artistiques,
musicales et de logiciels sur supports
numériques avec des stations de travail à
dimension hyper réduite voire familiales.
9V. Etendue du mal
- Une soixantaine de pays gros contrefacteurs.
- Près de 70 des produits contrefaits proviennent
de lAsie - 30 du Bassin méditerranéen.
- Léconomie de la contrefaçon générerait entre 75
et 90 milliards dEuros. - La contrefaçon occupe entre 8 et 10 du commerce
international. Une part bien au-dessus de celle
de lAfrique. - Le continent ne pèse que 2 dans les échanges
commerciaux au niveau mondial.
Source OCDE
10VI. Consommateurs et producteurs floués
A. Produits courants
- La contrefaçon ébranle le commerce international
et met les grandes marques (Nike, Sony, Adidas,
Lacoste, Puma,...) dans la tourmente - Car, elle repose aussi sur lusage du faux et de
la confusion. Ainsi Abidas, Mike, Laccoste,
Sonny ou Yves Saint Lorent sèment le trouble
aussi bien sur les marchés que dans lesprit des
consommateurs. - Lacoste, la marque au crocodile débourse à elle
seule, quatre (4) millions dEuros par an soit 3
milliards de F CFA, pour lutter contre la
contrefaçon.
11B. Logiciels
- 80. Cest le taux de piratage de logiciels en
Afrique occidentale et en Afrique centrale que
subit Microsoft. - Cette situation est en plein essor avec la
démocratisation de loutil informatique. - La régression de ce taux de 10 seulement,
représenterait un doublement du chiffre
daffaires de la firme de Bill Gates. - Il passerait de 9 à 18 millions de dollars pour
les 23 pays concernés de la sous-région.
12C.Œuvres artistiques et musicales
- Au Sénégal, tous les supports contenant des
œuvres artistiques et notamment de la musique
sont contrefaits. Des cassettes audio et video,
Cd-Roms, Vcd, Dvd, sont reproduits par des
centaines de pirates ou importés et et vendus
dans la rue, à ciel ouvert et au vu de tous. - Les producteurs, réunis, estiment que la
piraterie n'est qu'un des aspects qui menace la
production musicale et artistique dans ce pays,
mais c'est le plus saillant. - Le Cipeps précise que 90 des produits musicaux
et artistiques vendus sur le marché sont des
contrefaçons.
13D. Billets de banque
- Une contrefaçon sans précédent des billets de la
gamme 1992 de lémission de la BCEAO, en
particulier de la coupure de 10 000 FCFA, était
apparue de manière simultanée dans ces Etats,
sest ensuite propagée en Europe. - Plusieurs industries étaient impliquées dans
cette affaire (imprimerie, papeterie fiduciaire,
production déléments de sécurité, numéroteurs et
encres de sécurité). - De même, les principaux cerveaux de
lorganisation criminelle internationale à
lorigine de cette contrefaçon ainsi que leurs
multiples complices ont été identifiés et
plusieurs arrestations opérées.
14E. Equipements électriques
- Le marché sénégalais est inondé déquipements
électriques contrefaits et non-conformes qui
causent chaque année plusieurs incendies et
débuts dincendie. - Ces équipements sont en général, des câbles,
disjoncteurs, rallonges, fiches multiples,
connecteurs et petit matériel divers, - Parfois cest du plomb que lon retrouve à
lintérieur de ces disjoncteurs contrefaits. Ce
qui pourrait être une explication toute simple
par rapport aux incendies qui se produisent très
souvent dans les marchés du Sénégal, à côté des
installations non-conformes.
15F. Pièces détachées
- Selon lUnifab, la contrefaçon des pièces de
rechange automobile représenterait 5 à 10 sur le
marché européen. - En France, selon Philippe Kearney, de la
Direction générale des douanes, "Alors que 3000
pièces détachées avaient été saisies en 2004, ce
chiffre est passé à 45 000 en 2005". - En Algérie, deuxième grand marché en la matière
sur le continent après lAfrique du Sud, selon
des estimations, la contrefaçon concurrence à
hauteur de 50 le marché légal des pièces
automobiles et constitue aujourdhui un véritable
fléau .
16F. Pièces détachées
- Les pièces détachées automobiles constituent de
véritables dangers pour les automobilistes. - En effet, en dehors des accessoires, certaines
pièces telles que les freins et les amortisseurs
peuvent provoquer des accidents mortels. Dautres
pièces dites de friction (plaquettes de freins,
disques dembrayage, mâchoires de freins...)
peuvent être cancérigènes, car certaines sont
fabriquées à partir damiante. - Autre conséquence et non des moindres, les
préjudices financiers sont estimés à 70 millions
deuros chez Peugeot et entre 90 à 130 millions
chez Renault.
17G. Produits pharmaceutiques
- La contrefaçon des médicaments, au même titre que
celle des pièces détachées pour les voitures, est
la plus dangereuse de toutes selon lOMS. - Plusieurs cas dintoxications mortelles
consécutives à la prise de ces médicaments ont
été notifiés. Elle est à lorigine de ravages
sanitaires énormes. La dangerosité de ces
produits contrefaits tient du fait quil ne
contiennent parfois, aucun principe actif
susceptible de soigner. - Daprès une étude publiée dans la revue médicale
britannique, The Lancet, sur le million de
personnes décédant du paludisme chaque année en
Afrique, 200 000 auraient pu être sauvées si les
médicaments nétaient pas mal administrés ou
contrefaits.
18G. Produits pharmaceutiques
- Le marché illicite des médicaments sest
développé de manière considérable en Afrique,
depuis plus dune dizaine dannées. Selon
lOrganisation mondiale de la Santé, il
représente dans certains pays jusquà 60 des
volumes vendus. - Ce fléau planétaire (10 du marché mondial des
médicaments) est à lorigine des millions de
morts, victimes de ce dangereux trafic. - Au cours de lépidémie de méningite au Niger en
1995, plus de 50 000 personnes ont reçu des faux
vaccins provenant dun don dun autre pays qui
les croyait sûrs. Cette contrefaçon a été à
lorigine de 2500 décès.
19G. Produits pharmaceutiques
- La consommation de sirop contre la toux contenant
du paracétamol préparé avec du diéthylène glycol
(un produit chimique toxique utilisé comme
antigel) a provoqué 89 décès en Haïti en 1995 et
30 décès de nourrissons en Inde en 1998. - Une étude effectuée en Asie du Sud-Est en 2001 a
révélé que 38 des 104 antipaludéens en vente en
pharmacie ne contenaient aucun principe actif et
avaient provoqué des décès évitables. - Au Nigeria, sur 10 médicaments vendus, 6 ne
seraient pas homologués. En Guinée, plus de 60
des médicaments commercialisés seraient issus de
la contrefaçon.
20G. Produits pharmaceutiques
- En 1999, au moins 30 personnes sont mortes au
Cambodge après avoir absorbé des antipaludéens
contrefaits, contenant de la sulfadoxine-pyrimétha
mine (un ancien paludéen moins efficace), et
vendus sous le nom dartésunate - Au Sénégal, le marché parallèle du médicament
fait un chiffre d'affaires de plus de 7
milliards. - Les vendeurs de "Keur Serigne Bi" se frottent
les mains au vu et au su de tout le monde. Même
si "Keur Serigne Bi" existe depuis 1959, l'Etat
continue de fermer les yeux.
21VII. Le rôle incontournable de la Normalisation
- Personne na intérêt à contrefaire des produits
de mauvaise qualité ou qui ne répondent pas aux
normes. Aussi, il est impossible de traiter de
manière sérieuse la contrefaçon sans traiter des
normes qui, sont de plus en plus utilisées pour
déterminer le faux du vrai avec laugmentation de
la performance des contrefacteurs. - En effet, les produits contrefaits ne répondent
presque jamais aux normes invisibles
(composition, pureté, teneur en principes actifs,
etc.) - Aussi, nous déplorons labsence de lAssociation
sénégalaise de normalisation (ASN) à ce
séminaire..
22VIII. Quand le faux se légalise
- Aujourdhui, il est légal de fabriquer un faux
jus dorange avec de leau, du colorant (E102,
ou E104) de larôme de synthèse (fausse), et des
édulcorants tel que (E951, E952, E954) qui sont
de faux sucres autorisés - Il est légal de faire de fausses cuisses de
poulets en les rengraissant avec des protéines de
porc - Il est légal de faire du faux beurre (beurre
allégé, margarine), du faux lait en diminuant
la matière grasse ou en la substituant, de faire
du faux sucre ! - Il arrive même parfois que le faux soit plus
bénéfique pour le consommateur que le vrai - La seule condition imposée cest de dire que
cest du faux!... Et parfois cette condition
nest même pas obligatoire
23IX. Quand le faux se légalise
- Il est légal de mettre sur le marché de vrais
produits sous lapparence de faux, (produits
dégriffés, produits sous emballage générique
utilisés par certaines chaînes de distribution
etc.) - Tout ceci donne le tournis au consommateur qui se
trouve ainsi balloté au gré des intérêts des
producteurs et des distributeurs et des faiseurs
de règles.
24X. Le niveau déducation, facteur de frein et de
promotion
- Des consommateurs analphabètes et non
sensibilisés, achèteront plus de produits
contrefaits dangereux comme les médicaments, les
pièces détachées et les équipements électriques,
et seront moins attirés par le nom dune marque
imitée qui leur est inconnue, alors que - Les consommateurs avertis et les
branchés seront plus enclin à tenter de se
payer des produits de marque contrefaits à des
coûts défiant toute concurrence, mais ils seront
les premiers à comprendre et à mesurer les
dangers des médicaments, des pièces détachées et
des équipements électriques et contrefaits.
25XI. La satisfaction du consommateur au cœur du
problème
- Cependant, lune des problématiques essentielles
qui compliquent la situation reste la définition
de la qualité par le consommateur. - En effet, si la différence entre le produit
original et la copie est considérée comme
marginale par le consommateur, ce dernier
nhésitera pas une seule fois pour faire son
choix. - Si le consommateur na aucune référence quant à
la qualité qui sied au produit quil doit
acheter, il se contentera, bien évidement, de son
propre niveau de jugement qui risque dêtre
conforme à celui du produit contrefait.
26XII. Un mal endémique
- La contrefaçon sest beaucoup développée au
lendemain des indépendances en Afrique, en
général, et au Sénégal en particulier où beaucoup
de produits de contrefaçon étaient considérés
comme japonais . - Elle est aujourdhui beaucoup plus diversifiée
avec une tendance chinoise , pour les
textiles, les chaussures, les bibelots et
certains équipements domestiques, nigériane
pour les pièces détachées automobiles,
gambienne pour les vêtements, les médicaments
et les produits alimentaires et même
sénégalaise pour les chaussures, les CDs et
DVDs, dans limagerie populaire. - Cette imagerie populaire est à la base de la
persistance au Sénégal du succès des produits
contrefaits au niveau des consommateurs.
27XIII. Une imagerie populaire biaisée
- Les différentes tentatives de lutte contre la
contrefaçon sont souvent considérées par la masse
comme étant des moyens de préservation dintérêts
dindustries et de puissances financières au
détriment du consommateur. - En effet, pour la plupart des sénégalais, obtenir
une baisse des coûts pour les membres de la
collectivité, même par la contrefaçon, est plus
important que le respect de la propriété
industrielle. - De même, dans le comportement individualiste du
consommateur africain, en général, et sénégalais,
en particulier, il ny a pas de place pour la
prise en compte des répercussions macro
économiques de son acte isolé
28XVI. Une imagerie populaire biaisée
- En outre, une répression sévère de contrefacteurs
ou de distributeurs de produits de contrefaçon
(médicaments, œuvres artistiques, etc.) est
considérée par la grande masse, comme une
violence gratuite faite à des gens (des jeunes la
plupart) qui se battent pour survivre . - Cette imagerie populaire biaisée, à côté, de la
corruption de certains fonctionnaires, de
lapproche politisée des problèmes, du poids de
la religion, a pour conséquences une lutte contre
la contrefaçon très difficile à mener et à
maintenir.
29XV. Généralisation des génériques
- Les principes directeurs pour la protection des
consommateurs adoptés par les Nations Unies en
1986 prône, entre autres, le droit daccès du
consommateur aux biens de base. - La protection de la propriété intellectuelle et
industrielle ne doit pas être un frein à ce droit
inaliénable du consommateur, particulièrement du
consommateur des pays pauvres. - La mise en place de médicaments génériques par
une déprotection volontaire du droit de leur
fabricant est, entre autres, une solution quil
faut généraliser.
30XI. Généralisation des génériques
- Aussi, le grandes firmes devraient elles,
travailler vers une création de génériques
sur tous les produits à léchelle de la
générisation à laquelle le monde est entrain
dassister avec lapparition du low cost - Au lieu de rester figés dans la définition
traditionnelle des normes de qualité, il faut
revoir le système sur toutes les normes non
sécuritaires, et répondre à un besoin de
plusieurs milliards de personnes. - Car beaucoup de marques protégées peuvent
améliorer leur productivité, sans baisser leur
qualité fondamentale.
31XVI. Les associations de consommateurs des
alliés incontournables
- Afin de faire face à la contrefaçon des produits
de consommation courante, une bonne implication
des associations de consommateurs est une
nécessité absolue. - En effet, ayant la confiance des populations dont
elles défendent les intérêts, elles sont beaucoup
plus écoutées que le secteur privé et
ladministration dans la sensibilisation des
consommateurs. - Aussi, des programmes conjoints, de partenariat
avec les associations de consommateurs devront
être élaborés afin de mieux convaincre les
populations dans la nécessité de lutter contre la
contrefaçon.
32Merci de votre attention